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samedi 23 octobre 2021

Hikaru no go - Obata Takeshi et Hotta Yumi

 Haaa que lire, que lire pour ce mois Halloween, qui soit facile à caser entre deux cours?

J'en ai fini avec les fantômes du Japon compilés par Lafcadio Hearn, et l'illumination m'est venue en triant mes mangas pour voir ceux que je garde, ceux que je tente de revendre..
Je n'avais pas touché à cette série depuis presque 20 ans, et pourtant je l'aimais bien.
Je ne l'a jamais finie, pour plusieurs raisons, elle était sympa, mais menaçait d'être longue (23 tomes en tout, j'en ai lu 19), et surtout elle a perdu pour moi pas mal de saveur après le tome 15, j'ai beaucoup moins accroché.

Or, parfait, même si le sujet est comme l'indique le titre le jeu de Go, l'un des personnages principaux est un fantôme et, pour tout dire, mon personnage préféré de cette histoire. Il est régulièrement tordant. Donc cette Chronique ne concernera que les tomes 1 à 15, qui ont une coloration fantastique, via le personnage central qu'est Saï, le fantôme.

Tome 1, voici Hikaru,11 ans, le héros, il porte tout au long de la série des vêtements ornés du chiffre 5 ( prononcé " Go" en japonais)



L'idée de base n'est pas très originale: fin des années 1990, Hikaru, 11 ans, gamin en fin de primaire, élève plus que médiocre a été puni par ses parents: privé d'argent de poche jusqu'à ce qu'il relève le niveau et obtienne la moyenne à ses contrôles d'histoire.
A l'affut d'un moyen de se faire un peu d'argent, il fouille le grnier et trouve un vieux goban, plateau de go qui appartenait à son grand-père. L'objet est joli et ancien, Hikaru espère en tirer un peu d'argent. Mais il est hanté par un fantôme, Saï no Fujiwara. De son vicant à l'époque Heian, Saï était maître de go, professeur de l'empereur. Faussement accusé de triche et acculé au suicide, son fantôme est resté, rongé par la tristesse de ne plus pouvoir jouer. Lorsque le goban est touché par quelqu'un qui peut qvoir du potentiel, Saï en prend possession pour pouvoir joeur à nouveau, faisant de son hôte le meilleur joueur de go de son époque.

Saï prend possession de l'esprit d'Hikaru, qui est le seul a pouvoir le voir et l'entendre. Mais de là à dire qu'Hikaru a du potentiel... il sait à peine que le go existe, ne le perçoit d'abord que comme un passe temps de vieux, ennuyeux, puis comme quelque chose qui peut être lucratif. Le fantôme et Hikaru vont donc monter un plan à la Cyrano: Saï va souffler les réponses en cours d'histoire à Hikaru, l'aider à remonter ses notes, et en échange, celui-ci sera sa main pour jouer au go. Ce qu'Hikaru accepte mollement ( il n'a pas trop le choix, les états d'âme de Saï l'envahissent, s'il ne contente pas le spectre, il est physiquement malade).

Tome 15: Saï le fantôme

Ce gamin déluré et incapable de se concentrer est l'opposé même de l'idéal du joueur de go.
Que se passe-t-il quand un fanraron indiscipliné rencontre par hasard un autre gamin qui lui pratique le go depuis son enfance? Akira Toya, fils du meilleur joueur de go de la planète, 11 ans lui aussi, espoir de la discipline et déjà d'un niveau professionnel, va se voir infliger une cuisante défaite par Saï, via Hikaru.. qui n'a jamais touché une pierre de go de sa vie. Et s'imagine que ce débutant est en fait un rival de très haut niveau qui cache bien son jeu.
De fait, le pauvre Akira ne peut pas savoir qu'il a réellement en face de lui le meilleur joueur du monde, et va s'acharner à vouloir battre Saï et Hikaru. C'est donc cette rivalité, et le développement de la passion d'Hikaru , sur plusieurs années, pour le jeu de go, qui est raconté. D'une part la quête d'Akira à la recherche de cette incroyable compétence quil n'a vu qu'une fois, les rencontres suivantes avec Hikaru l'yant bien déçu, celle d'Hikaru qui prend goût au jeu et se dit que finalement, s'il peut en faire son avenir professionnel, ce ne serait pas mal de passer son temps à jouer plutôt que d'étudier. Et celle de Saï, qui depuis qu'il a vu des parties du père d'Akira, ne rêve que de pouvoir l'affronter.
Or comment faire quand on est mort depuis mille ans, qu'on veut affronter un champion de niveau mondial, et qu'on n'a comme seule solution de faire jouer à sa place un gamin de 11 ans. Comment un gosse inconnu peut-il même avoir l'occasion de jouer contre un pro, et surtout comment ensuite justifier qu'il lui mette la misère?

Donc quelque chose de classique: un manga sur un jeu, tourné à la manière d'un manga de sport ( avec les classiques du manga scolaire: clubs, rivalités de clubs entre le shogi et le go, rivalité des clubs entre collèges...)
C'était un pari osé, qui a payé, au Japon et en occident lors de la publication: un jeu à l'image démodée, qui a regagné en popularité, en Asie comme en Europe.

Et donc il y a deux ou trois personnages que j'aime particulièrement. Saï en tout premier: Saï est l'antithèse d'Hikaru, mais devient son mentor. Raffiné, élégant, d'une intelligence redoutable, intègre mais, bien qu'un tricheur ai causé sa mort, dans sa naïveté, il ne se rend pas compte que le plan qu'il propose à Hikaru est de la triche, puisque dans son idée, il s'agit seulement de s'adonner innocemment à son jeu favori, l'argent ni la gloire ne sont pas un moteur.
Mais ça reste de la triche ... jusqu'à ce qu'Hikaru veuille prendre son indépendance et se vautre.

Ses réactions au début du manga sont vraiment très drôles: il n'a plus hanté personne depuis 140 ans et ne connait pas la vie moderne, est fasciné par la télévision, les pendules, les distributeurs de boissons, etc...
De plus c'est un personnage graphiquement splendide, dont le costume ancien permet à Obata des illustrations raffinées de splendide qualité, qui tranchent à la foi avec la modernité du Japon d'Hikaru, et avec le caractère imprévisible, pétulant et un peu roublard et manipulateur dont le scénario l'a doté. Un élégant fantôme millénaire à l'air parfaitement digne, doté un esprit très gamin mais qui le rend très attachant.


L'autre personnage que j'aime beaucoup, c'est Akira, le petit champion, au look démodé: coupe au bol et costume marin, coaché depuis ses deux ans par son père, sa vie est loin d'être facile, et il a souvent l'air triste et trop adulte. L'écueil d'en faire un casse-pied orgueilleux fier de son niveau , de son ascendance et de son niveau de vie ( il est de famille riche) a heureusement été évité.
C'est un gamin solitaire et timide, mais qui prend toutes les occasions possibles pour être sociable, serviable. Il ne refuse jamais malgré son niveau de jouer avec qui que ce soit, autres enfants ou retraités, débutants comme joueurs confirmés, avec un sens de la justice et de l'équité. Au contraire, son statut et sa célébrité lui posent problème, il évite de se mêler aux autres non par orgueil, mais parce qu'il a conscience des attentes que les autres projettent sur lui, les camarades de son âge s'attendent à ce qu'il les ridiculise, le détestent par principe, et essayent de le battre par tous les moyens, y compris en trichant. Akira c'est le gosse adorable, mais trop doué qui n'arrive pas vraiment à se faire des amis et est victime d'un a-priori.
Akira, le rival.. 13 ans, oui, oui...

Prenant Hikaru pour un joueur de génie, un rival digne de ce nom, il essaye malgré tout régulièrement de s'en rapprocher pour s'en faire un ami, malgré leur différence sociale. Ce qu'Hikaru, beaucoup moins mature, ne comprend pas vraiment.
Donc oui, j'aime beaucoup Akira, pour ce bon esprit et le fait qu'il essaye autant que possible d'être un gamin normal, bien que son talent au go le prive d'une bonne partie de sa jeunesse. J'ai juste envie de lui dire " vire moi ce costume, met un tee shirt, je t'emmène voir un dessin animé et manger une glace" ( d'ailleurs c'est un peu ce que fait la dame qui tient le club de go où il donne des cours: elle est la seule personne à le traiter normalement, presque comme une grande soeur, vient le chercher au collège en voiture et lui propose des biscuits.)
Et au fil des tomes sont évolution fait plaisir: son sens de la justice et de l'intégrité se confirme et , contraint une fois devenu professionnel de tricher et de perdre des parties contre des sponsors, pour ne pas les vexer ce qu'il se refuse à faire, il trouve la seule solution qui lui permette de ne pas se compromette, ten rendant toute contestation impossible, et tout en les ridiculisant de façon magistrale: calculer afin de faire match nul avec les 4 sponsors, en même temps, qu'ils soient de bon niveau ou complètement nuls.
Désolée Hikaru, c'est tout le héros, mais tu n'as pas la classe du p'tit Akira.

Seulement voilà, même si la série est sympa et continue, après de superbes tomes 13 et 14, le tome 15, abandonne totalement l'élément fantastique: exit le fantôme ( c'est à la fois logique et super triste: Hikaru es devenu pro, Saï s'il restait, deviendrait inutile et gènerait la progression du jeune héros, or, il s'gait d'un shonen, qui doit mettre le gamin en avant. Ce n'est pas le Go de Saï, mais le go d'Hikaru, le titre de la série. Mais ce tome 15 est psychologiquement dur, bien mené, mais ... dur : voir Hikaru, qui n'a pas conpris les avertissement de Saï qui sentait sa disparition très proche, chercher son ami fantôme partout où il pourrait être, et sombrer dans la dépression lorsqu'il comprend que Saï ne reviendra pas.. C'est raide!)

Mais voilà, je n'ai pas vraiment poursuivi après, même si les autres personnages sont attachants, il manque ce qui faisait la saveur de la série. Et aussi à l'époque, faute de place, je ne suis pas allée au delà du tome 19, ne sachant pas combien il y en aurait en tout (23, pour un shônen c'est encore raisonnable j'aurais quand même pu la finir sans trop de problèmes).. mmm je le classe Shônen de sport, car après tout le go est un sport cérébral et le manga a toutes les caractéristique du manga sportif: le dépassement, la rivalité, les compétitions, etc...
Et juste pour montrer l'évolution graphique, le dernier tome.
Ce qui suit une logique, puisque les héros ont maintenant 16/17 ans.

Et juste pour le plaisir des yeux, une illustration automnale.
Saï est un personnage souvent drôle, mais les illsutrations le mettant en scène sont souvent plutôt liés au wabi-sabi, à l'impermanence, à la nature, à la fragilité de la vie, son statut de fantôme en faisant le personnage " philosophique" de l'histoire.

Takeshi Obata a depuis fait à nouveau des étincelles avec Death note, dans un autre style, mais dans les deux cas, je le classe parmi les très grands dessinateurs de manga contemporains, avec Takehiko Inoue. L'un comme l'autre étants non seulement dessinateurs, mais aussi illustrateurs, ce qui apporte beaucoup dans la composition et la colorisation.
Peut être un jour finirai-je la lecture de cette série.