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mercredi 5 octobre 2022

Le livre des sorcières (T 1 et 2) - Ebishi Maki

 Au détour d'un rayonnage de la bibliothèque, mais que vois-je, un titre qui sera parfait pour le mois Halloween.

Et si la magie n'est pas un sujet nouveau en manga, il a le mérite de sorctir du domaine habituel de la fantaisie pour se concentrer sur une période que je n'ai pas souvenir d'avoir vue très souvent en manga: la Renaissance en Europe du nord ( à part peut être Divci Valka titre que je n'ai jamais trouvé à lire, mais dont l'action se déroule au XV° siècle à Prague, donc plutôt Europe Centrale ce qui pique fort ma curiosité. Quelques titres de mémoire se passent à la Renaissance italienne autour des Médicis, mais.. ça reste quand même rare). Et la sorcellerie est ici présenté sous son côté historique, via le délire collectif de la Renaissance, qui a conduit à l'exectution d'un grand nombre de gens soupçonnés de sorcellerie.

D'ailleurs dsions le de suite, le titre japonais est ici très mal traduit. "Le livre des sorcières" ( très banal quand même) s'intule en VO " Mahô wo mamoru" : Protéger, ou sauver, les sorcières. C'est le souhait le plus cher du héros.

On y rencontre quelques personnages célèbres et réels de l'époque, époque qui se caractérise par un mysticisme religieux exacerbé par les tensions entre catholiques et protestants. La rivalité aux Pays-Bas entre les cdeux courants fait rage, chaque camp utilisant à son profit les superstitions d'une population qu'il est plus rentable, au sens le plus bassement pécuniaire du terme, de maintenir dans l'ignorance que d'instruire. En cas d'épidémie, c'est toujours plus simple d'accuser le camp adverse, ces mécréants, d'être la cause, et de demander aux gens des dons, plutôt que de chercher à connaître la nature des choses. Ceux qui ont peur verseront leur oboloe, acheteront des dons, paieront pour des messes si on leur fait suffisamment peur.
Et lorsqu'il n'y a pas d'épidémie? Hé bien la solution est trouvée: c'est la faute aux sorcières, aux démons, aux loups-garous, aux fées...ou pire: aux hérétiques, qui veulent connaître la raison profonde des choses, et commencent à mettre en doute ce que les religieux leur disent de croire. Ceux là sont encore plus dangereux, ils ruineraient le commerce si on n'y met pas bon ordre.

Epoque paradoxale qui voit donc conjointement des avancées sur beaucoup de plans scientifiques, mais aussi l'apogée de la chasse aux sorcières.

Le manga retrace le parcours de Jean Wier, médecin formé auprès de Henrich-Cornelius Agrippa,  autre authentique personnage à la réputation sulfureuse.


Le tome 1 s'ouvre sur Wier, déjà médecin renommé au service du duc de Clèves. Celui-ci a un problème: dans un village de son fief a été signalé un loup garou, qui aurait attaqué une paysanne. Le duc, en homme intelligent, sait qu'une simple rumeur peut mettre le feu aux poudres et dégénérer en massacre lorsqu'une population, se croyant victime des démons, cède à la panique. Il envoie donc son médecin personnel rencontrer la paysanne blessée et recueillir son témoignage, afin d'éviter qu'un ou plusieurs innocents accusés de sorcellerie ne soit victimes d'une vengeance.

Wier lui même sait parfaitement à quelles extrémités peuvent conduire la croyance aux puissances occultes: dans son enfance, il a rencontré une étrange petite fille et sa mère tout aussi étrange. Des femmes, que l'on qualifierait maintenant de névrosées, inoffensives, mais qui parlent seules et prétendent voir et entendre des choses que les autres ne voient pas. C'est extrêmement dangereux d'être différent dans une époque ultra conformiste.
La petite fille, Elma, se promène le visage couvert d'un masque de diable, prétendant que lorsqu'elle le porte, elle peut voir et entendre les fées. Jean, impressionnable mais intelligent, se rend vite compte que quelque chose ne tourne pas rond: la petite prétend faire de la magie, transformer un champ de houblon en champ de fleurs.. mais il n'y a rien. Elle est donc seule à voir les effets de sa "magie".
Ce qui n'empêche pas Jean d'avoir la peur de sa vie, lorsque sa nouvelle amie prétend qu'une fée, qu'elle seule peut voir, veut les emporter au fond de l'étang.
Le remous causé par cette histoire fait conduire la mère et la fille en prison, elles sont jugées vite fait bien fait comme sorcières et décapitées, sous les yeux de Jean. Evénement d'autant plus traumatique qu'avant d'être executée Elma lui a avoué qu'elle n'avait jamais eu la moindre hallucination, qu'elle agissait simplement comme sa mère, pour faire en sorte qu'elle ne soit pas la seule à "voir des choses".
Jean sait donc parfaitement que la peur est contagieuse, il l'a éprouvée, il l'a vue à l'oeuvre chez les paysans qui ont comdammé Elma et sa mère, événement traumatique qui le hante et dont il continue à faire des cauchemars, années après années. Deux personnes ont été décapitées, dont le seul tort était d'avoir trop d'imagination.

On suit donc deux lignes temporelles en même temps:
- celle en 1551, où Jean découvre vite que la paysanne, Marthe, attaquée par un loup-garou, si elle a bien été mordue par quelque chose ou quelqu'un, est victime d'une illusion: elle prétend avoir été attaquée par un loup dans sa chambre, alors qu'elle allait se coucher. Son père alerté par les cris, prétend, lui avoir vu un homme s'enfuir par la fenêtre, le seul moyen de concilier les deux est de prétendre qu'il s'agit d'un loiup garou, qui, comme c'est pratique, aurait dans sa fuite laissé tomber un gant portant son initiale , un L. D'autant plus pratique que le père de Marthe déteste un de ses voisins, nommé Lambert, depuis qu'il les a chopés en flagrant délit lui et sa fille dans la grange. Lambert en a cependant épousé une autre, et depuis le père le hait. Le faire accuser de commerce avec le diable et d'être un loup-garou, à une époque où les procès de ce genre ne laissent à l'accusé aucune chance de s'en sortir. Il va donc lui falloir trouver un moyen de faire comprendre que cette histoire de loup garou n'est qu'une vulgaire querelle de voisins.

- celle de 1530: Jean adolescent, tourmenté de n'avoir rien pu faire pour sauver Elma et sa mère, étudie la médecine. Entendant parler de Heinrich-Cornelius Agrippa, médecin d'Anvers, il fait tout son possible pour devenir son apprenti. Car Agrippa, médecin grande gueule, qui refuse de prendre parti enctre les catholiques et les protestants, et n'hésite pas à menacer de malédiction les malades mauvais payers, a une réputation d'hérétique. Et surtout, un fait de gloire aux yeux de Jean: il est le seul homme connu qui a réussi à faire acquitter une sorcière. C'est plutôt ça qui l'intéresse. Savoir comment il s'y est pris et à sont tour, faire acquitter les gens accusés faussement de sorcellerie, afin d'atténuer son sentiment de culpabilité. Le talent juridique d'agrippa s emanifeste également quelques temps plus tard, lorsque suite à une épidémie de peste, alors qu'il était resté seul en ville avec un collègue venu de France, mais qui n'avait pas obtenu le droit officiel d'exercer, il prouve par A +B que celui qui est accusé bien que n'ayant pas de droit officiel ne s'est pas défilé et a sauvé beaucoup de malades, et que précisement, les accusateurs sont les médecins qui  on fui et ne sont revenus que lorsque le danger est passé.

Le tome 2 ne suit pas tout à fait la même logique, il ne continue pas directement l'affaire du loup garou, mais constitue tout entier un flashback dans les années 1540: après la peste, Jean a poursuivi son apprentissage auprès d'Agrippa, et compris d'où venait la réputation d'hérétique de celui-ci. Passionné de justice, Agrippa ne supporte pas la corruption des autorités catholiques qu'il soupçonne de monter de toutes pièces ces histoires de possessions et de diableries, afin de s'enrichir en vendant des indulgence au peuple maintenu dans la peur et l'ignorance. Jean lui explique enfin son passé et ce qui le hante, la raison pour laquelle il veut sauver des sorcières. Le maitre comme l'élève ne nient pas l'existence du diable - on est au XVI siècle- mais voient plutôt les sorcières et les possédés comme des malades, les démons profitent de la maladie pour posséder ceux qui seraient de nos jours des dépressif ou des névrosés. Névrose collective entretenue par le climat de peur causé par la religion. Et que s'il s'agit d'une maladie qui ressemble à une possession, un traitement adapté avec des calmants peut calmer les symptômes, ce qui ne serait pas le cas pour une réelle possession.

Quelques années plus tard, alors qu'Agrippa est déjà mort, Jean est marié et vit dans une autre ville. Il va suvir un deuxième choc psychologique. Trois femmes meurent soudainement, Jean, mandaté pour l'examen post morteme de la première se rend compte qu'elle a été empoisonnée à l'arsenic, dans une cruche au fond de laquelle a été tracé un symbole magique. Jean retient l'arsenic comme cause, le juge, aussi névrosé que le reste de la société, considère que la mort a été causée par le symbole magique. une malédiction par vaisselle interposée. et qui dit malédiction dit sorcière.
Il ne faut pas longtemps avant que soit accusé la vieille dame un peu bizarre depuis qu'elle a perdu toute sa famille lors de la peste.
Pire chaque symptôme que Jean perçoit comme des preuves de mélancolie, est retenu comme preuve de sorcellerie par la population: " puisqu'elle a été déclarée sorcière, elle l'est, ses actes le prouvent". Elle agit bizarrement parce qu'elle est une sorcière, mais elle est une sorcière parce qu'elle agit bizarrement et puisque le juge l'a dit c'est donc vrai. CQFD. D'autant qu'elle avait en main un sceau magique acheté ( comme l'a fait la moitié de la ville) à un magicien autoproclamé qui les dessine au fond d'une taverne pour de l'argent. Ca vaut les ventes d'indulgences.
Personnene semble même se dire qu'une vieille dame du peuple à la vue basse n'a ni la connaissance, ni le matériel, ni la technique pour tracer un symbole magique parfait au fond d'une cruche étroite.
Or Jean en a vite le soupçon: Nora, la vieille dame accusée, est une coupable idéale derrière laquelle se cache un vrai criminel qui risque de continuer si on ne le trouve pas. Or le juge le met au pied du mur: il y a acte de sorcellerie, doncsi ce n'est pas Nora, il y a une autre sorcière en ville. Pour blanchir la vielle dame, Jean doit donc présenter une autre sorcière. Celui qui veut sauver les sorcières doit en faire accuser une autre.

Et voilà un titre qui est fort prometteur. Il y a 3 tomes parus en France comme au Japon, ma bibliothèque n'a pour l'instant que les  2 premiers, mais j'ai bien accroché à cette histoire policière qui tente de réhabiliter les individus qui ont effectivement souvent du servir de couverture à de vrais crimes.
Graphiquement, il ne sort pas vraiment du lot, rien d'exceptionnellement novateur, mais plutôt sympa. notamment les costumes, la dessinatrice semble avoir bien examiné les tableaux de la Renaissance flamande.
( je note quand même une mini erreur: que ce soit en 1550 ou en 1530, Jean a toujours l'air d'un adolescent, alors qu'il est censé avoir au moins 35 ans au moment de l'affaire du loup-garou), mais ces deux premiers tomes sont prometteurs. apparemment, la série n'a que 3 tomes au total, ça me convient bien, ce ne sera pas une série interminable.
Je ne connaissais pas du tout l'auteur, mais autant pour le cadre et le sujet original, et l'enquête plutôt bien menée, j'ai hâte de trouver le troisième tome.

Enfin, l'auteur est japonaise, mais le sujet est germanique, l'action naviguant entre Pays-bas et Allemagne.




samedi 16 avril 2022

Princesse tutu ( série animation 2002)

 C'est le premier avril  et, tiens, pourquoi ne pas reprendre la bonne habitude de chroniquer un truc barré/ décalé/ n'imp'?
Bon, vu mon retard, dû aux études " c'est avril, c'est le mois pas sérieux"

Et je ne sais pas pourquoi, il y a quelque jours, j'ai repensé à cette série ( enfin, si, au fil de mes études je me suis un peu intéressée à la danse en général depuis 2 ans), qui fête ses 20 ans cette année. Intéressons nous à "Princesse tutu". Déjà, quel titre! plus rose-pailleté-guimauve-fifille, y'a pas ( à prononcer " princesse Tchoutchou" en japonais, ce qui rend la chose encore plus drôle). Une série animée qui n'a pas l'air d'avoir eu un gros succès en France, peut-être à cause de ce titre trop connoté "petite fille".

Rembobinons. Je l'avais découverte il y a pas mal  d'années, un peu par hasard, au travers du nombre colossal de mèmes qui lui était dédié, en donnant l'image d'un truc particulièrement portenawak (ce qu'elle est... mais pas seulement).
Je me souviens bien ce qui m'avait donné l'idée de la chercher, à l'époque, en VOSTanglais: une discussion dans un forum, où j'avais mentionné la chanson " I dont' feel like dancing" comme étant une des plus mal nommées, puisque je ne peux absolument pas rester en place dès que je l'entend. Et on m'avait redirigé sur "Princesse tutu abridged serie" qui justement utilise ce tube comme ambiance sonore.. et mais c'est quoi ce truc!?
C'est drôle mais ça n'a ni queue ni tête, donc faut que je voie l'original pour mieux comprendre la parodie. Et je suis allée regarderla série, en me disant  " Ok, une série animée de magical girls sur la danse classique, tout ça mis ensemble, c'est too much quand même".  C'était pas gagné, je n'ai jamais vraiment aimé les histoires de magical girls, et, à l'époque je ne m'intéressais qu'à la danse moderne. Double handicap, c'est dire si ce n'était a priori pas pour moi!

Et après quelques épisodes complètement WTF, mais en fait suffisamment WTF pour me donner envie de voir ce que les scénaristes allaient encore inventer,  je l'ai trouvée carrémment pas mal, avec des moments bien trouvés. Et même plus profonde qu'il n'y parait au début, avec une fin qui évite le gros écueil que je redoutais. Avec des thèmes sombres comme la mort, le destin, la manipulation, les apparences et les faux-semblants, la prédestination, la révolte contre le rôle qu'on veut vous faire tenir... cachés sous les plumes, les tutus, les fleurs et l'humour.

Et pourtant si on tente de la résumer... Aheum.
C'est l'histoire d'une fille, prénommée Ahiru, soit" Canard", élève très médiocre d'une école de danse  dans une pays imaginaire qui ressemble à l'Allemagne, et qui rêve qu'elle est... une cane.  Elle se voit, caneton sur un lac, en train d'admirer un jeune homme mélancolique qui danse seul au bord de l'eau. Et il a l'air tellement triste que notre petite cane se fixe pour objectif de lui rendre le sourire.


Sauf qu'en fait, c'est réellement une cane, métamorphosée en petite fille par un conteur passablement effrayant, qui croit être une petite fille et qui rêve qu'elle est une cane. W. T. F!

Notre héroïne, Ahiru, sa vraie apparence étant celle du canard.

Ahiru, donc en pleine crise existentielle, ne sachant plus qui elle est, apprend du conteur-sorcier Drosselmayer qu'elle est l'héroïne de l'histoire qu'il a écrit. Il est mort avant d'en rédiger la fin, les personnages laissés en cours d'histoire ont pris chair dans cet univers et n'en font qu'à leur tête, n'ayant plus de scénario à suivre. Il faut y remédier, et elle, le vilain petit canard, est plus ou moins la seule qui ait la volonté d'agir DANS l'histoire en changeant le destin du héros. Ce qui veut ici dire, que manipulée par Drosselmayer, elle va devoir forcer ses amis ( qui n'ont même pas conscience de leur statut de personnage) à rejouer dans ce qui est maintenant leur quotidien, l'histoire inachevée, telle que l'a décidée le fantôme du conteur.
Vous avez vu The Truman Show? Ben voilà: cette idée-là, mais version magical girl, dans le thème des contes, de la danse et de la musique classique. Et plus on s'avance, plus ça prend l'allure de Truman Show. Je ne m'y attendais pas, je dois dire et c'est une bonne surprise.

HAAAAA!
Drosselmayer le conteur.  Oui, il apparait toujours comme ça, menaçant et.. non en fait carrément flippant et malsain. Bon, c'est un fantôme, c'est légitime.

Ahiru-la-fille est, comme toute héroïne d'anime qui se respecte, raide dingue de son Senpai, un garçon toujours dans la lune, prénommé Mytho (oui, les personnages ont des noms très chelous), avec lequel elle voudrait tant danser un duo. Le meilleur élève et la plus nulle, vous imaginez le résultat.
Ahiru-la-cane, elle, est raide dingue du héros taciturne qu'elle a vu en rêve au bord de son lac.

Le conteur lui révèle donc le secret que tout le monde a deviné: Mytho est l'incarnation dans le monde " réel" du prince du rêve, tout comme Ahiru-humaine est l'avatar du petit canard. Si elle veut aider son prince dans le monde du rêve, elle va devoir agir dans le monde "réel", toute godiche et maladroite qu'elle est. Ce qui est, on le voit peu à peu, une grosse manipulation du narrateur pour reprendre la main sur des personnages qui veulent s'émanciper et vivre leur vie, et seul un simple canard est assez naïf pour accepter le rôle ingrat de la redresseuse de tort. Détail important, elle doit gagner l'amour de Mytho, mais sans jamais le lui dire: si elle se déclare, elle disparait instantanément. Drosselmayer est un sadique qui aime torturer ses personnages, et ce n'est qu'un début.

Pour ce faire, il la dote d'une troisième identité: la princesse tutu, qui est tout ce que Ahiru n'est pas: courageuse, décidée, digne... et talentueuse. Et la charge d'une mission: Mytho est impassible car, dans une précédente histoire, il a du sacrifier ses sensations et ses sentiments, pour sauver le monde d'un gigantesque corbeau-démon. C'était le prix à payer. Il est devenu insensible au point de ne pas ressentir de douleur s'il se tord la cheville ou de ne pas comprendre le risque qu'il y a à sauter par une fenêtre. Ahiru doit donc retrouver ces sentiments éparpillés sous forme de gemmes dans toute la ville, et les rendre à leur légitime propriétaire. Toutes évidemment ne sont pas positives mais, et là, c'est un bon point pour l'anime: toutes sont nécessaires. Mytho privé de la colère ou de la honte ne peut faire face au camarade abusif qui l'insulte,et semble (je dis bien semble) en avoir fait à la fois son souffre-douleur, son esclave et son jouet. Et plus généralement, il devient le jouet de tout le monde. Privé de la peur, il ne voit pas le danger qu'il y a à sauter par une fenêtre pour sauver un oiseau tombé du toit ( tiens, il n'a pas perdu la compassion, mais, par contre il a oublié le détail important: les oiseaux volent!).

A ce duo Ahiru - Mytho ( décidément, ce nom qui fait référence au fait qu'il est un mythe et non un humain,  sonne de manière très drôle en français) se rajoute un autre duo: Fakir (le mec tyrannique, qui porte bien son nom: aussi agréable qu'une planche à clous!) et Rue (comme la plante, pas comme la rue de la ville), LA meilleure élève, soliste, celle à qui les meilleurs rôles sont destinés d'office, celle avec qui tout le monde veut faire des duos, pas exactement méchante, mais... très vaniteuse par moments.
Or ces deux là ont aussi des équivalents dans le conte d'origine: Fakir est un chevalier au service du prince qui doit pourfendre le grand démon corbeau, tandis que Rue est la propre fille du démon-corbeau. Elle aussi, sous une apparence de super méchante, la princesse Kraehe, cherche les fragments de personnalité de Mytho... pour lui éviter de développer des sentiments comme l'amitié, l'amour, et en faire sa chose ( avec des motivations disons, très peu honnêtes: le corbeau est scellé dans une dimension parallèle, et il faut par sorcellerie lui rendre la liberté: il lui faut pour celà un coeur jeune et sincère, et Mytho est le pige.. euh le candidat idéal pour lui amener cet ingédient essentiel, à condition qu'il retrouve ses sentiments, car un coeur vide ne vaut rien pour la magie. Rue- Kraehe est elle aussi le pigeon de son père, hein..., elle en pince pour Mytho et ne sait pas qu'il va devoir ...être mangé par son paternel)



Chose intéressante, hormis Ahiru, au début, aucun des autres n'a conscience de sa personnalité cachée, définie par le rôle que l'auteur leur a assigné dans sa précédente histoire: Rue est orgueilleuse et possessive parce qu'elle est un corbeau qui n'est pas doté des sentiments humains. Fakir est tyrannique parce que son rôle de chevalier est écrit comme ça: protecteur dans le conte, il est en fait surprotecteur de son pote, à qui il veut éviter des problèmes. Et tout le monde veut soit rendre au "patient" ses sentiments, soit lui éviter de les retrouver, mais sans se poser une question essentielle: que veut réellement Mytho? Retrouver une personnalité quitte à en souffir, ou rester un imbécile heureux, indifférent à tout.
Vous arrivez encore à suivre? Bon.

Et donc Fakir. 'ttendez.., je rêve? cheveux bruns, yeux sombres, teint mat, un personnage oriental, comme son nom le laisse supposer? Youpi!

Jusque-là, vous pensiez que Mytho ou Ahiru sont l'un ou l'autre le personnage principal? Et non, ce sera notre petit brun grognon, mais il ne l'apprendra lui même qu'à la fin. En tout cas, si les 4 personnages pricipaux évoluent, c'est son évolution qui va être la plus intéressante.

En tout cas j'aime bien ce personnage: sarcastique, ironique, cassant.. mais dans le fond c'est juste le type calme qui n'aime rien tant que lire et qu'on lui foute la paix. Sauf qu'il se retrouve par la volonté du conteur propulsé dans un rôle de chevalier protecteur qui ne lui convient pas, pour lequel il n'a pas de prédispositions et dans lequel il est , il faut le dire, assez nul, puisque ce sont toujours les autres qui lui sauvent la mise. Rôle qu'il n'arrive à remplir qu'à l'excès en devenant tyrannique.
Il est aussi doté d'un pouvoir qui lui pose problème: il a un talent littéraire.. mais les histoires qu'il écrit se réalisent, parfois avec un résultat catastrophique. Il a d'ailleurs oublié cette compétence traumatisante, et se voit contraint par le scénario de suivre une voie qu'on lui a désignée et qu'il n'aime pas en renonçant à celle qui est faire pour lui.
Je n'arrivais pas à mettre exactement le doigt là-dessus, mais voilà quelqu'un qui a analysé le personnage et je trouve que ça tient debout. En tout cas, il est beaucoup plus intéressant que les autres, et c'est presque le seul dont je me souvenais clairement.
L'idée est originale en tout cas: un conteur qui a le pouvoir d'influencer la réalité a écrit une histoire, dont un des personnages est aussi doté de ce pouvoir, et va aller peu à peu à l'encontre de ce que son créateur attend de lui.

Bon alors tout ça se passe dans un monde "réel", qui mérite bien des guillemets: comme dans le monde réel, les garçons sont une denrée rare dans une école de danse.
Mais, pas comme dans le monde réel, le professeur est... un chat, qui lorsqu'il s'énerve, menace ses élèves de 13,14 ans d'en épouser une de force. Et se passe la patte sur l'oreille ou se lèche le.. oui, comme un chat. Un autre professeur est une chèvre. Et certains élèves sont chelous. Non vraiment chelous: un chihuahua, un fourmilier, des oiseaux, un hippopotame, un tatou à neuf bandes, des wallabies... (seule ahiru semble se poser des questions à ce sujet, et, chose incroyable, ce fait sera expliqué IN FINE!)

Meilleur argument de vente de la série: le très indifférent héros est enlevé par une fille-fourmilier en uniforme scolaire qui clame en faire son petit ami.
et hop!

La honte intergalactique: cette danseuse - fourmilier est plus douée que je ne l'ai jamais été, même dans ma jeunesse, et a un meilleur équilibre que je n'en aurais jamais, même en m'entraînant tous les jours.

et au passage l'élève de dos me fait penser à Akira de Hikaru no go ce qui est encore plus perturbant.


Oui, cette série est portenawak ET c'est finalement sa force: assumer son côté totalement barré et ses trous scénaristiques dans sa forme pour mieux trancher avec son propos volontiers angoissé: qui suis-je réellement, est-ce que mon histoire est écrite, et si oui par qui? Est-ce que je peux, est-ce que je dois la faire changer?
Dès l'épisode 2, l'héroïne se pose des questions philosophiques: je suis une cane qui se croit humaine, mais laquelle est la vraie? Si j'étais moi hier et encore avant sous une autre forme, est-ce que je suis encore moi aujourd'hui?
Je crois que c'est ce genre de dialogue qui a fait que j'ai continué à suivre la série :) Et je ne regrette pas parce que c'est sympa de voir une mise en abîme où les personnages veulent sortir de leur rôle, ou au contraire jouent avec les codes narratifs ( mention spéciale à Femio, personnage secondaire de la 2° saison, narcissique incorrigible, qui arrive à dos de taureau sur l'air d'Escamillo, balance des mots au pif en français pour mieux draguer, suivi d'un assistant qui lance les bncontournables pétales de roses qui accompagnent souvent ce genre de personnages.  Habituellement, c'est un cliché sorti de nulle part, là, non, c'est un type dans le cadre qui les lance par poignées. Le 4° mur prend cher.)

Donc les points faibles: 

Une histoire de magical girl, avec la fille un peu nulle qui doit évidemment se battre pour sauver ses amis et le monde en rassemblant des trucs perdus ça n'est pas nouveau ( Sakura dans Card Captor rassemblait des cartes magiques, la même dans Tsubasa chronicle rassemblait les souvenirs de son meilleur ami éparpillés sous forme de plumes...).
Le monde ou ça se passe est quand même chelou...faut passer le cap, et oui, ça s'explique.
Uzura, l'inévitable mascotte con-con, qui ne sert pas à grand chose, à part à faire des gags-culottes ultra-répétitifs, avec en plus un tic de langage (en fait un avatar chibi d'un personnage plus sérieux disparu dans la première saison, mais que les spectateurs aimaient bien, donc qu'on fait revenir sous une autre forme en version plus "légère". Et ce genre de personnages est en général très pénible)
Le titre qui laisse attendre quelque chose de rose et mignon... et est finalement très trompeur ( dans le bon sens pour moi, mais si vous attendez un truc réaliste sur la danse, ou une histoire pour enfant, ce n'est pas ça)

bon pas à ce point-là, mais ça serait drôle quand même
l'héroïne étant du genre à tout vouloir régler par la non violence, et demande aux gens  "danse avec moi"


Les plus:
une série de magical girl, qui a droit évidemment à sa séquence transformation mais sans musique spécifique, ni phrase magique (vous voyez? le magical gugusse, qui se ressemble comme deux gouttes d'eau avant/après mais que personne ne reconnaît avant/ après avoir braillé un truc du genre "par le pouvoir du crâne ancestral!" ).
Non seulement, de par sa thématique,  la série puise dans les domaines de la danse et des ballets de répertoire, de la musique classique et des contes, mais, c'est encore mieux, elle les utilise à bon escient en lien avec la narration:
-La première apparition d'Ahiru est une double référence au lac des cygnes et au vilain petit canard.
Son apprence d'héroïne "princesse tutu" et l'incarnation maléfique que Rue " Kraehe le corbeau" sont des références encore à Odile et Odette.
-La mystérieuse femme qui se promène en jouant de l'orgue de barbarie et en parlant par phrases incompréhensible se tient toujours en 5° position (là, les pratiquants de danse comprendront), mais c'est aussi un automate, en référence à Coppélia du ballet du même nom, lui même inspiré des contes de ETA Hoffmann. D'où provient aussi Drosselmayer, personnage très ambigu de Casse-noisette, lui aussi emprunté à ETA Hoffmann.
-Une séquence qui se passe dans un cimetière emprunte sa forme et son fond à Giselle, ET les héroïnes ne pourront s'en sortir qu'en reproduisant sans erreur les enchaînements de pas du ballet lui-même. Ce qui me laisse à penser que les scénaristes ont fait un vrai travail de recherche, au lieu de simplement jeter des références un peu au hasard. Souvent les séquences magiques sont aussi une référence discrète ( apparition de tapis de fleurs sur l'air de la Valse des fleurs)
et.. bon la musique, c'est toujours sympa de faire connaître à un plus vaste nombre la musique classique. Pas seulement de danse, d'ailleurs: Outre le lac ces cygnes, Casse-noisette, Shéhérazade, Coppélia, ou Giselle, il y a Carmen, Les tableaux d'une exposition, la 1° Gymnopédie de Satie,

Le gros plus pour moi: pas de Happy-end et pas d'histoire d'amour attendue.
SPOIL : plus elle avance, plus Ahiru, qui se rend compte que son amour pour Mytho n'était qu'une illusion fondée sur une image d'épinal. Elle l'aimait pour sa beauté et pour sa tristesse: tant qu'il était triste, elle avait un but: lui rendre sa personnalité. Une fois ce but atteint, paradoxalement, elle se rend compte que cette personnalité n'est pas celle atttendue, il n'est plus le Mytho qui lui plaisait. Mieux, elle admet que le seul qui l'apprécie réellement pour ses qualités est précisement, le type qu'elle n'aimait pas du tout au départ: Fakir, ronchon, mais fiable, capable d'évoluer et de revenir sur ses erreurs, et qui ne lui force pas la main à faire des choix qui ne lui conviennent pas.
Devant le choix de ne pas aller jusqu'au bout de l'histoire et de rester humaine, ou de conclure son histoire, mais à sa manière en affirmant sa volonté et en redevenant un canard, Ahiru décide... de rester en phase avec sa nature profonde. Une héroïne d'anime qui préfère renoncer à une vie confortable et des relations basées sur une fausse apparence, et qui choisit sa propre voie en fonction de son ressenti quitte à causer de la peine à ses amis, c'est quand même rare.
Et une thématique plus adulte qu'il n'y parait: choisir, c'est forcément renoncer à quelque chose.

allez, un petit coup de mème pour la route
je ne pouvais qu'aimer cette référence: Usagi la lapine et Ahiru la Cane nous rejouent un gag de Bugs Bunny et Daffy Duck

Pour les curieux ou ceux qui préfèrent la lecture, il y a une version manga, que je ne connais pas. A noter que le manga est l'adaptation papier de la série.

mardi 12 avril 2022

Kawaii dungeon et kawaii nihongo ( applis pour apprendre le japonais)

 Ben voilà, une trouvaille inattendue et fort sympathique.permettant d'apprendre les kanas et les kanjis de niveau JPLT 5, gratuitement.

enfin, plutôt de les réviser, car il n'y pas de tracage, donc pour qui veut les apprendre, il reste impératif d'apprendre non seulement à les lire et les associer à leur transcription romaji, mais aussi d'apprendre à les tracer sur papier, seule vraie méthode pour les retenir vraiment.

cet écran d'accueil tout simple mais soigné est vraiment sympa!
J'aime bien le détail des rayons de soleil, et donc ça augure bien du contenu.


Mais donc , un jeu de rôle, où on doit aider Riko, la renarde à neuf queues à maraver la tronche de bandits ( qui semblent sortis de Men in black). et comme pour tout combattant de jeu de RPG, il faut lui fournir des armes augmenter leur niveau, augmenter le niveau de Riko elle -même, afin qu'elle arrive à battre le boss.
là les captures d'écran sont en anglais, mais le jeu existe en français ( avec quelques bizarreries de traduction, mais rien qui rende le texte incompéhensible), allemand, italien/ espagnol ( allez savoir pourquoi ils sont considérés comme une seule langue), et je pense qu'ils vont en ajouter peu à peu

Or les armes, les éléments pour augmenter le niveau, les pièces d'or ne peuvent se faire qu'en maîtrisant les kanas ( et plus tard, les kanjis). Et donc, on commence avec pour mission d'apprendre à reconnaitre forme, son et romaji des kanas A, I , U, E, O, puis Ka Ki Ku Ke Ko.. et ainsi de suite, avec un boss de fin des hiragana, avant de pouvoir attaquer les katakana, etc....

le tableau des hiragana, c'est bien, mais il ne lance pas de sorts ou ne dézingue pas les bandits avec un sabre en bambou, c'est moins drôle
Pour télécharger l'appli, c'est ici: https://play.google.com/store/apps/details?id=de.mardukcorp.kawaiidungeon&hl=fr&gl=US

Je vois qu'il existe aussi une version  "kawaii nihongo" pour le vocabulaire et la syntaxe, et wow, simplement wow, il y a des illustrations de fou! Je ne sais pas si tout est à l'avenant, mais oui, j'irai voir ça, ça me donne carrément envie de  raviver un peu le japonais., ça à l'air vraiment trop cool. Je suis en train de tester Dungeon, mais définitivement, j'irai voir la version 

雨: la pluie

Ce qui me fait bien sûr penser à ame et yuki les enfants loups.

門: le portail. Et, oui, il y a divers personnages

Certes, je pense que toutes les cartes flash ne sont pas à ce niveau de recherche, digne d'un fond d'écran, mais il y en a quand même pas mal sur la page facebook de l'appli. Trop sympa pour passer à côté.
Hilde, je sens que ça va te tenter!