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vendredi 19 février 2016

L'art japonais - Sato Tomoko

L'art Japonais, vaste sujet. tellement vaste qu'il est difficile de savoir par où commencer, les références culturelles ne sont pas toujours, voire presque jamais connues en occident.
Et j'ai trouvé par hasard, au détour d'un rayon ce petit livre très sympa. Et apparemment, j'ai eu de la chance, parce qu'il est bien difficile de trouver en ligne des renseignements au sujet de cette collection ( Fenêtre sur l'art) édité chez Milan. Milan est un éditeur que je ne connaissais que de nom, et pour cause, son créneau, c'est plutôt l'édition jeunesse. Et cette collection didactique sur l'art ( d'après la 4° de couverture, il y a un livre sur l'art égyptien, sur l'Impressionnisme, sur le Surréalisme, sur l'architecture moderne et sur la Renaissance) n'a pas du avoir le succès escompté, et c'est bien dommage, en tout cas il ne semble pas qu'il y ait d'autres sujets disponibles, et ceux traités n'apparaissent plus sur le site de l'éditeur

Donc plutôt que de se disperser et d'essayer de dresser un panorama complet de l'art japonais, le livre  examine en détail 20 oeuvres choisies soit pour leur célébrité ( la grande vague de Kanagawa) soit pour l'importance de l'artiste ( Kuniyoshi, Utamaro), soit par leur importance historique ou en lien avec un événement particulier ( un paravent anonyme du début du XVII° siècle représentant l'arrivée de bateaux portugais dans la baie de Suruga)...
Chaque oeuvre est décryptée sur 6 pages: une double page la place d'abord dans son contexte historique, avec les détails tels que les dates importantes de l'époque ou de la vie de l'artiste, la taille de l'oeuvre son importance dans l'oeuvre de l'auteur et ses particularités, le lieu où elle est exposée.. avant de se focaliser sur les 4 suivantes sur les détails, par le biais de fenêtres ménagées dans les pages qui "encerclent" un détail présenté dans son contexte sur la page suivante, analysent les couleurs et les matières employées.
J'ai adoré cette présentation très très futée qui ne noie pas le lecteur sous les termes techniques, ou les dates, met bien en avant le détail important, tout en laissant la part belle à l'image et propose toujours une photo de l'oeuvre en entier.

On découvre donc par ordre chronologique le paravent sur les bateaux " nanban" ( "barbares du sud", le nom un peu péjoratif donné à l'époque aux Européens), une splendide jarre à motif de glycine de Nonomura Ninsei - je n'aime pas spécialement la poterie à la base, mais celle là me plait bien.
Puis le paravent du pont aux huit coudes d'Ogata Korin et une jarre à eau d'Ogata Kenzan ( deux frères l'un versé dans la peinture, l'autre dans la céramique)

Scènes de divertissement populaire de Miyagawa Choshun ( un extrait d'une longue peinture sur rouleau) est associé à un costume de Nô anonyme pour représenter les arts théâtraux


Oiseaux de basse cour de Ito Jakuchu et Tigre et Dragon de Maruyama Okyo représente un versant plus réaliste de la peinture japonaise, qui commence à s'ouvrir aux influences occidentales, et particulièrement flamandes, via le commerce avec les marchands hollandais


Des scènes de la vie quotidienne ( "le mois de février" - Suzuki Harunobu; "averse sur le grand pont" d'Hiroshige), une estampe érotique ( les amants -  Kitagawa Utamaro),


cinq beautés féminines de Hokusai, où les kimonos et accessoires de chaque femme représentent leur statut social: courtisane, femme ou fille de marchand, dame de compagnie... une sorte de gravure de mode de l'époque!

Le même Hokusai se retrouve dans la peinture de paysage, via la grande vague de Kanagawa, , estampe la plus célèbre des 36 vues du mont Fuji, en compagnie des deux paravents "paysages et personnage chinois" de Nagasawa Rosestsu.
Et de A Hara: le mont Fuji dans la lueur du Matin d'Hiroshige ( extrait des 53 étapes du Tokaidô) qui fait sortir le cône du volcan du cadre de l'estampe pour en souligner la masse imposante.
Un luxueux kimono kosode a motif de fleurs de prunier  de Sakai Hoitsu, fait écho a celui tout aussi luxueux mais bien plus chargé de la courtisane Koimurasaki ( une affiche " publicitaire" de Keisai Eisen pour un "Evénements importants de Yoshiwara , guide des quatre saisons dans le quartier des plaisirs"sorte de guide touristique des maisons de thé.. ou maisons closes de Yoshiwara)

Et pour finir, la mythologie et le fantastique: les paravents du dieu du vent et du dieu du tonnerre. Il en existe de nombreuses versions, c'est celle de Sakai Hoitsu qui figure dans l'anthologie; La princesse Taniyasha invoquant un démon squelette de Kuniyoshi ( qui m'a d'ailleurs servi de logo l'an dernier pour le mois O-bon) et l'image fantastique de la grande bataille des grenouilles de Kawanabe Kyosai, satire politique tombée sous le coup de la censure du shogunat.

 Zut, impossible de trouver toutes les illustrations en ligne, notamment des oeuvres  venant de collections privées..
Alors au delà des choses que je connaissais déjà, mes jolies découvertes: la jarre à motif de glycine qui me plaît beaucoup ( alors que je n'ai pas d'affinité avec  la jarre à eau d'Ogata), les deux très beaux, les oiseaux d'Ito qu'on jurerait entendre caqueter et cette énorme bataille de grenouilles... J'aime beaucoup dans les choses plus connues le rendu de la pluie d'averse sur le grand pont)

En tout cas, un petit livre par le format, clair et didactique, qui donne vraiment envie d'en savoir plus, je le conseille comme porte d'entrée à ceux qui voudraient découvrir l'art Japonais.