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vendredi 17 novembre 2017

Le château ambulant ( long metrage d'animation 2004)

Après une soirée du 10 novembre assez saignante et violente ( voir ici), il me fallait bien une histoire mignonne (enfin presque) avec un sorcier sympathique, un démon rigolo,une baraque bringuebalante, une mamie de choc et un navet magique pour me remettre de mes émotions.

Celui-ci, je l'avais vu lors de sa sortie au cinéma,mais pas revu depuis. Et j'avoue que j'en avais oublié beaucoup de passages c'est donc une redécouverte pour moi.

l'affiche originale


Bon, comme toujours c'est du Ghibli, donc il y a des grands espaces, de la verdure, une image qui " respire" ( je ne sais pas comment dire autrement, un film Ghibli, c'est vivifiant comme une promenade à la campagne, voilà!), un peu de fantastique et un propos pacifiste...

Voilà très exactement ce que je veux dire par " dans un Ghibli, on respire"

Tout commence dans une petite ville où vit et travaille Sophie, qui a hérité de la chapellerie de ses parents. Ce n'est pas que l'idée d'être chapelière toute sa vie l'enchante, mais elle s'en accommode, en disant à sa soeur, qui a préféré aller travailler dans une pâtisserie, que c'est son devoir en tant qu'aînée.
Rien ne semble de toute façon l'intéresser vraiment, elle n'a pas d'ambition, ne porte aucun intérêt à la guerre qui enthousiasme le reste de la ville et rien ne semble devoir perturber son existence toute tracée.

Même pas la visite à proximité du "château ambulant", curieuse bâtisse métallique mouvante qui ressemble à un gros monstre et que l'on dit habitée par un sorcier dangereux nommé "Hauru" ( Howl dans le texte anglais original, mais je vais garder la transcription nippone des sous-titres)
Personne ou presque ne semble l'avoir vu, mais il y a toujours quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait quelqu'un dont la soeur a été victime d'un maléfice. On prétend même qu'il dévore le coeur de ses victimes. Partant du principe qu'elle n'a aucun risque d'être maudite ou dévorée, Sophie se fiche à peu près totalement de la magie et des magiciens jusqu'au moment où, l'un d'eux vient à sa rescousse alors que des militaires la draguent lourdement. Un dandy blond, plutôt drôle, et sympathique qui propose de l'accompagner pour lui éviter les mauvaises rencontres en omettant de préciser que le chemin va se faire par voie des airs. En marchant dans l'air. Cette rencontre inattendue laisse Sophie songeuse et disons le, un peu sous le charme de cet inconnu aérien et galant.

Moi non plus, je n'en mènerai pas large si quelqu'un m'enlevait au sens propre du terme juste après m'avoir dit "pas de problème, je te raccompagne".
je suis plutôt du genre à hurler " au secouuuuurs, à moi! je veux descendre!"
^$ù*$ù de vertige

Tout le monde l'a deviné, il s'agit ben sûr de Hauru, celui que tout le monde prend pour un monstre. Sauf que Sophie ignore encore son identité.

Manque de chance, il est suivi comme son ombre par la sorcière des Landes, dont il avait pris le parti dans une querelle de sorcier, avant de la laisser tomber pour garder son indépendance. Elle prend Sophie pour la petite amie de Hauru, et pour se venger la transforme en vieille dame octogénaire et rhumatisante. avec impossibilité bien sûr de dire qu'elle est victime d'un sort.

Ce qui serait une catastrophe pour tout le mode est presque un coup de bol inespéré pour Sophie, contrainte de partir, mais qui y voit aussi finalement une occasion de vivre sa vie sans plus se souier des obligations familiales et des conventions. Puisque personne n'ira se soucier de ce que fait une vieille dame.
C'est dans cet état d'esprit qu'elle arrive près du château ambulant, après avoir aidé un épouvantail enchanté, et que.. bon au point où elle en est, autant rentrer, même un méchant sorcier n'ira pas dévorer une coriace mamie.

le "bazar" ambulant serait plus adapté. Mais je kiffe ce truc. Je vous ai dit qu'il y a des portes dimensionnelles qui vous mènent ou vous voulez. Ca n'en a pas l'air mais c'est la classe!



Celui qui l'a laissée entrer se nomme Calcifer, c'est un démon du feu celui qui animé le château métallique: il est condamné à chauffer les lieux, lié par un pacte avec Hauru, et voit la malédiction de Sophie. Et lui propose un marché: qu'elle trouve le moyen de délivrer Calcifer de son pacte, et il lèvera la malédiction qui pèse sur elle.

Le démon le plus chou du monde

Lorsque Mamie Sophie voit enfin Hauru, surprise! Elle s'attendait à tout sauf au secourable inconnu de la veille, aussi avenant avec les jeunes femmes qu'avec les mamies puisqu'il accepte de la loger et de la nourrir en échange de travaux ménagers, et il yen a bien besoin, vu le bric à brac, notre sorcier est aussi flemmard que sympathique.

se retrouver femme de ménage chez le type le plus désordonné de la terre.
Et je sais de quoi je parle, son bureau est aussi en pagaille que le mien
La seule différence c'est qu'il n'y a pas de nourriture qui y traine
Et aussi fanfaron, agaçant, puéril, impatient, qui fuit les responsabilités et la vengeance de la sorcière des landes à qui il a fait faux bond ( bon là, on peut le comprendre, elle est terrifiante et à juré de dévorer son coeur, ce qui ferait peur à n'importe qui. Après, je ne sais pas si en japonais l'image de dévorer le coeur correspond à notre figuré " passer à la casserole", mais à mon avis c'est plutôt ça, vu que la monstrueuse sorcière est visiblement une... " croqueuse d'hommes").

Un excellent magicien, mais doté de la maturité émotionnelle d'un gosse de 10 ans- on saura plus tard pourquoi -  trop content de trouver l'occasion de se faire entretenir par une grand mère d'adoption, voilà pour le monstre que tout le monde craint.
Et c'est super drôle d'avoir un antihéros qui reste attachant tout en ayant autant de défauts qui seraient insupportables chez n'importe qui (punaise pourquoi je pense à mon ex d'un coup? ha oui, il n'avait pas les options " sympa" et "compétent" pour contrebalancer :D)


Alors ce n'est pas le Ghibli le plus facile d'accès, mais il a une qualité qui me le fait classer dans mon top 5: un dessin animé et plus généralement un film, dont le personnage principal est une vieille dame (certes à cause du sort, mais il n'empêche!) et qui nous parle de vieillesse sans  nous dire que c'est une catastrophe parce qu'on a déjà un pied dans la tombe.

J'adore Mamie Sophie, beaucoup plus dynamique, drôle et forte en caractère que quand elle était jeune, 2 jours plus tôt.

Mieux, ajoutons les deux sorcières: Suliman est semble-t-il en fauteuil roulant, mais reste une femme à poigne et une politicienne manipulatrice.
La sorcière des landes cache son âge réel sous un " maquillage" magique ( elle se fait vieille, mêmes ses maléfices ne tiennent plus la route très longtemps et perdent en efficacité), mais reste incorrigible lorsqu'elle retrouve son apparence réelle, de mamie décrépite mais qui n'a pas les yeux dans sa poche quand un bel homme passe dans le secteur.

D'ailleurs, en y réfléchissant, alors que les autres films sont plus axés sur le monde de l'enfance, celui-ci et dans une moindre mesure Porco Rosso, parlent quand même pas mal... disons de séduction, au sens large.
Et des déguisements qu'on met pour plaire aux autres, qui fatalement, empêchent d'être soi: le magicien souffre d'un manque de confiance en lui qu'il tente de cacher (en changeant de couleurs de cheveux puisqu'il se trouve moche en brun!) et se montrer tel qu'il est réellement est une épreuve qu'il ne peut paradoxalement surmonter que face à une mamie... qui n'en est pas une, mais face à qui il peut laisser tomber l'attitude frimeuse. Et n'est jamais aussi adorable que lorsqu'il admet ses faiblesses.

Je trouve cette ironie savoureuse. Et dites moi dans quel dessin animé européen ou américain on pourrait trouver un truc aussi complexe ( d'oedipe, et d'infériorité, oui aussi un peu quand même)

Le film n'a pas eu le succès escompté, mais quelque part ça n'est pas trop étonnant. d'une part il procède part tableaux plus que linéairement.
D'autre part, il est sorti peu après Chihiro, et Hauru ressemble beaucoup à une version adulte de Haku ( magicien? ok. coiffure à frange? ok. Peut se transformer en animal? ok. Peut voler? ok. A mangé un truc ensorcelé qui le rend instable? ok...)
Peut être que les ressemblances étaient trop marquées à peu de temps d'intervalle.

j'ai failli oublier Navet!

Mais bon, voilà, seulement dans le top 5, et non dans le top 3 parce que malgré tout, un oiseau géant ne peut pas rivaliser avec un dragon ( et surtout j'adore Chihiro et sa galerie de monstres et yokai en tout genre)

Voilà mon top 3 pour les curieux
1- Princesse Mononoké
2-Le voyage de Chihiro
3- Porco Rosso ( inattendu, hein? Le corbeau géant est même battu dans mon estime par un cochon volant. Oui,mais Porco Rosso était le film qui m'a fait découvrir Ghibli, alors il mérite son podium)


jeudi 16 novembre 2017

Black rose Alice ( manga en 6 tomes)

A la suite d'une discussion sur Facebook, je me suis rendu compte que je n'avais pas encore chroniqué ici cette courte série de Mizushiro Setona.

et pour cause, autant il est facile de dire qu'on a adoré quelque chose, ou  de descendre en flamme quelque chose  qu'on a détesté (mais toujours en argumentant, la critique n'est jamais gratuite), autant il est plus difficile de trancher quand on est dans le " oui, mais..."
Et la on est pour moi clairement dans le " Oui, mais..."

je suis d'accord, la couverture du tome 1 pique un peu les yeux: du rose, des roses, des ronces et une gothic Lolita qui tire la tronche. Alors que l'histoire au début au moins est plutôt sombre.

Tout commençait pourtant très bien, avec la mise en parallèle de 2 histoires en miroir.
La première au début du XX° siècle, à Vienne: Dimitri est un jeune chanteur d'opéra au talent prometteur qui a eu la chance qu'un noble le prenne en sympathie dès sa jeunesse et lui offre une éducation que ses origines tziganes ne lui auraient jamais permis d'avoir autrement. Mais évidemment, si son talent, son charme et son don pour le baratin lui ouvrent des portes ( et notamment celles des chambres de riches dames avides d'une aventure extraconjugale), il se heurte à ce qu'on appelle maintenant le plafond de verre.
Et ne pourra jamais espérer aller plus haut dans la bonne société: animer des soirées oui, être ami avec le fils du noble, oui, mais être l'égal des nobles non.
Bien évidemment, Dimitri est amoureux d'Agniezka, une femme qu'il ne pourra jamais épousée, car elle est riche, noble et fiancée au fils de la famille qui l'a éduqué.
En tentant de fuir cette situation compliquée, il est écrasé par un fiacre et s'en sort par miracle. Mais pas sans changement:il ne doit sa survie qu'à une graine qui a pris possession de son corps au moment où il allait mourir et l'a maintenant en vie.
Avec un effet secondaire inattendu et problématique pour un chanteur: sa voix peut maintenant, sans qu'il le veuille vraiment, pousser des gens au suicide.
C'est un homme étrange qui lui explique ce qu'il se passe: les vampires existent, le vampirisme ( version Setona) est une sorte de parasitisme végétal, et va devoir maintenant une femme chez qui.. planter la petite graine au sens propre ( oui oui, il est question de reproduction par graines dans cette histoire). Mais attention, il n'a droit qu'à une seule tentative, puisqu'il mourra aussitôt après. Un chanteur qui ne peut plus chanter ET un Don Juan qui ne peut plus séduire!

Pour lui ce ne peut être qu'Agniezka, dans son idée, elle ne pourra pas lui dire non, sauf que...coincée avec quelqu'un qui veut abuser d'elle, elle préfère encore se suicider.
Dans son remord, Dimitri trouve un moyen de garder "endormi" le cadavre d'Agniezka, jusqu'au moment où il trouvera une âme compatible pour la ressusciter, pour quelque part, rattraper son erreur. Mauvaise idée, on est d'accord.

Seconde histoire:au Japon, début du XXI°siècle.
Azusa est enseignante, pianiste amatrice, approche de la trentaine et se débat dans une histoire d'amour compliquée.
En effet, un de ses élèves, mineur, la drague tant et plus et Azusa est sur le point de céder aux avances du jeune homme, et de s'engager dans une relation interdite et condamnée par la société.
Lorsque tous deux sont victimes d'un accident, Dimitri, qui surveillait déjà Azusa avec un certain intérêt, voit là une occasion de faire revivre Agniezka et propose à Azusa un marché: le garçon survivra, sans séquelles, mais en échange, elle doit lui confier son âme.

Azusa accepte et.. se réveille quelques temps plus tard dans le corps d'une blondinette européenne de 18 ans.
Entourée de 4 hommes inconnus.
Qui lui expliquent cash le détail du marché qu'elle a passé avec Dimitri: On lui laisse du temps, mais elle va devoir choisir soigneusement l'un d'entre eux, coucher avec, sachant que ça sera le dernier choix qu'elle fera puisque elle même autant que l'heureux élu mourront peu après. En attendant, c'est elle la reine de la ruche.

Je ne vous ai présenté là que le premier tome, c'est vrai.

Ca part bien hein?
Accidents, suicide,marché démoniaque, une approche totalement différente du thème du vampire ( vu à la fois comme un parasitisme végétal et comme un écosystème symbotique.Amis arachnophobes , je crois que vous feriez mieux d'éviter ce manga), un contexte ouvertement sexuel ( mention à Azusa qui, une fois le choc passé lance directement à la cantonade " alors il faut que je couche avec de morts?... bon, qui passe en premier?" Je n'ai pa le tome sous la main, mais c'est à peu près ça, avant d'apprendre qu'elle n'a qu'une chance et qu'un seul pourra planter la petite graine - oui cette expression n'est pas dans le manga,mais elle aurait du, tant c'est de mise!)

En fait les 3 premiers tomes sont assez sympas, puisqu'ils présentent les 3 autres protagonistes, avec un sérieux concurrent pour Dimitri.
Mais les 3 suivants perdent en intérêt.
Ma Petite Médiathèque est encore plus critique que moi.

 Je suis d'accord sur quelques points: le fait que l'action, et surtout dans les deux derniers tomes, tourne autour du choix qu'Azusa, rebaptisée Alice va devoir faire avec un nombre toujours plus restreint d'options, et le fait qu'elle se "chochotise" de plus en plus, alors qu'elle est supposée être une adulte, avec son vécu d'adulte, dans le corps d'une ado. Pas l'inverse. Et pourtant, c'est un peu comme si la nouvelle apparence extérieure qu'elle revêt vampirisait aussi son esprit.
Je suppose que c'est voulu, mais est-ce que c'est un problème de traduction qui laisse échapper des informations, est-ce que c'est une maladresse scénaristique d'origine, ça, je ne saurais trancher. Peut être un peu des deux.

Pourtant il y avait de bonnes idées, sur, justement l'apparence qui n'est pas forcément révélatrice de ce que l'on est ( j'aime bien Leo, un des autres vampires, qui a tout du type sympa, gentil, prévenant... et incroyablement calculateur, le genre à avoir toujours une solution B sous le coude quand les choses ne vont pas dans son sens); sur le poids des conventions sociales: un tzigane  ne sera jamais intégré dans la bonne société viennoise et toujours renvoyé à ses origines, et une relation majeur-mineur et prof -élève sera toujours sanctionnée par la société ( enfin, sera sanctionné dans le cas où c'est la femme qui est la plus âgée, et même si le garçon est quasi-majeur, soyons clairs, ce n'est pas un gamin de 10 ans, mais un ado de 17 ans qui la trouble),
des choses comme ça qui auraient mérité d'être creusées mais ne le sont pas assez.

Enfin bon, pour moi, le problème majeur, est quand même l'intéressant emploi du cadre musical ( un chanteur dont la voix peut soudainement devenir une arme!) qui disparait presque totalement.
On apprend peu à peu des choses sur les autres personnages, mais finalement leur nombre est un peu trop restreint pour 6 tomes (et il y en a qui quittent le casting en cours de route en plus!), donc on finit par tourner en rond dans un jeu de chaises musicales scénaristique.

donc voilà" Oui, mais..."
Apparemment la mangaka pense ou pensait développer son histoire un peu plus puisque le tome 6 se clôt sur un laconique " fin de la 1° partie". Le dernier tome en date est paru en 2011 au Japon, et pour l'instant, pas l'ombre d'une suite. Peut-être qu'elle aussi se demande comment continuer cette histoire sans trop savoir maintenant par quel bout la prendre pour introduire de nouveaux personnages ( et ça, impossible d'y couper, on ne peut pas faire une suite avec en gros 4 personnages seulement!)

Et pourtant malgré ces réserves je l'ai trouvé sympa, suffisamment en tout cas pour être curieuse de la fameuse suite, si elle paraît un jour. Parce que j'aime bien le graphisme pas facile mais spécial de la dessinatrice, parce que le potentiel sous-jacent n'a pas été assez exploité et que c'est frustrant, alors que les deux premiers tomes étaient très prometteurs.

Ce qui pourrait me tenter, ça pourrait être une préquelle, sur ce qui s'est passé avant Vienne. J'avoue que j'aimerais bien voir le lord cruel qui n'est qu'évoqué dans le tome 1. Histoire d'avoir quelqu'un chose d'un peu plus sombre, dans la lignée de ce que laissait supposer le début
Bon sans aller jusqu'au Marquis de Sade illustré, hein, je n'en demande quand même pas tant!

Nota: je ne comprendrai décidément jamais l'obsession des japonais pour Alice au pays des Merveilles, et étonnamment, la version livre plutôt que celle de Disney. Les références sont partout dans la culture pop, au point d'en devenir un gros cliché qui me sort un peu par les yeux.
Par curiosité je suis allée au café thématique "Alice" à Tokyo - c'était ça ou "Alcatraz", j'ai vite choisi - et c'est très décevant, en tout cas ça l'était en 2011: un café absolument normal, qui ne sert même pas de biscuits inscrits " eat me" ou ce genre de choses. Juste un décor avec des stickers tirés des illustrations du livre, des couleurs de cartes,  et des serveuses vaguement habillées en petites filles anglaises du XIX°