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jeudi 31 mai 2018

Les délices de Tokyo ( film 2016)

Et hop, le second film.
Celui là, je l'avais raté à sa sortie, et là encore quand il a été rediffusé il y a quelques jours sur ARTE. Pas eu le temps de le voir en streaming.

Mais mon pote a eu la bonne idée de l'enregistrer, j'ai donc enfin pu le voir.



Un film qui m'a laissé une impression.. disons mitigée.Tiré d'un roman que je n'ai pas lu, je l'ai bien apprécié sur le moment, mais quelques jours après .. presque oublié en fait.
Pourtant l'histoire est assez mignonne, dans le genre tranche de vie et amitié improbable entre des laissés pour compte.
Mais voilà, est-ce que c'est parce qu'il a eu un assez bon succès à sa sortie? Ou que je l'ai raté plusieurs fois  et qu'à force d'en entendre parler, j'en espérais mieux?

Un monsieur qui n'aime pas ce qui est sucré tient pourtant un stand de rue de dorayaki, ces succulentes crêpes fourrées à la pâte de haricots sucrée ( le goût se rapproche de la purée de châtaigne européenne.
Ses crêpes sont excellentes, mais la farce assez moyenne. Et alors qu'il recherche quelqu'un pour l'aider à tenir le stand, fréquenté par une poignée de lycéennes, la candidate qui va se présenter est une vieille same septuagénaire. Le gérant n'est pas spécialement intéressé par l'idée d'employer une très vieille dame, mais elle insiste, lui fait goûter sa propre pâte An ( c'est le nom de la préparation et le titre original du film), et force est de constater qu'à eux deux, ils peuvent faire des dorayaki comme personne. C'est donc Madame Tokue qui aura le travail, et la nette amélioration de la qualité des produits va faire de la petite boutique un vrai succès commercial.
Mais il y a toujours un mais, que ce soit Sentaro le gérant ou Tokue la vieille dame, tous deux cachent un secret qui fait d'eux des paria. C'est ce versant surtout qui est intéressant:l'oppression d'une partie " invisible" de la population qui n'hésite pas à marginaliser les gens qui ne sont pas aussi lisses que la société le souhaiterait. Le sort qui a été celui de Tokue est, lorsqu'on le découvre, absolument abominable: séquestrée depuis sont adolescence dans une maison de santé, car elle a une maladie, pourtant non contagieuse.
Avec l'aval de sa famille et de la société: on cache les moutons noirs, même s'ils n'ont rien fait de répréhensible, parce qu'avoir une malade dans la famille, c'était la honte- et ça l'est probablement toujours dans certaines familles.

Par contre Wakaba la lycéenne qui hésite à quitter le parcours scolaire pour chercher du travail n'est pas très bien utilisée à mon sens, c'est un personnage silencieux, et au final assez incolore...

Mais Kirin Kiki  l'actrice qui tient le rôle de Madame Tokue campe une mamie absolument adorable et ça fait tellement plaisir que le personnage principal ne soit pas la jolie fille, mais la vieille dame.
Mais c'est un peu le problème, du coup elle est si convaincante qu'elle éclipse les deux autres.

Donc bon, sympathique, à voir une fois, mais sans plus... il ne me laissera pas un très grand souvenir.
Et par contre je meurs d'envie maintenant de manger des dorayaki ...

mercredi 30 mai 2018

Zatoichi ( Film 2003)

Profitant de mon WE parisien chez un pote, afin d'aller en particulier voir les expositions sur les fantômes d'Asie et la cartographie... asiatique, on a joué a fond le jeu et je reviens avec 2 nouveaux sujets films japonais pour conclure le mois japonais.
Qui aurait du finir le 30 avril mais a en fin de compte été prolongé jusqu'à demain.
Et donc premier des deux, Zatoichi, que malgré sa réputation et son lion d'argent, je n'avais pas eu l'occasion de voir.

Ou plutôt j'avais du en voir un autre, ancien, des années 60, car le personnage est récurrent au cinéma depuis les années 60, et au centre de, je viens de vérifier: 26 films. Mieux que James Bond et Batman réunis.

Et la version de 2003, celle de Kitano, hé bien je ne l'avais pas vue ( de mémoire, j'ai en fait vu peu de films de Kitano: Dolls, oui, j'en suis sure, Sonatine et Hanabi, et je ne sais plus si c'était l'été de Kikujiro ou Aniki.


j'aime beaucoup cette affiche, où le sabre fait presque office de pinceau de calligraphie.
Rappelant au passage que la calligraphie faisait partie intégrante du bushido, le code des samouraï


Et tout tourne autour de ce personnage de l'ère Edo, un mystérieux masseur itinérant et aveugle, mais pourtant redoutable au sabre - et évidemment quasiment imbattable en combat nocturne, puisqu'il se bat à l'oreille - qu'il camoufle astucieusement dans sa canne de marche. Et donc ce curieux  et charismatique personnage va de vile en ville, façon "lonesome cowboy" ou Zorro, et rend service à la population en éradiquant les mafieux qui oppressent les villageois. Il va ici être hébergé par une paysanne, qui vit avec son neveu, adulte mais incompétent notoire, un faignant dont la seule activité dans la vie est de jouer, et perdre, au tripot du coin. Zatoichi va vite se rendre compte que le tripot en question est tenu par des mafieux.
L'histoire va se compliquer d'une vengeance exercée pas un duo de geisha ( une femme et son frère travesti en danseuse) à la recherche des gens qui ont massacré leur famille des années plus tôt.


Et bien sûr la version de Kitano hé bien,c'est un film de sabre, comme tous les précédents de la série Zatoichi..mais revu et corrigé à la sauce Kitano: violence très stylisée ( et rapide, parce que trancher quelqu'un en deux d'un coup de sabre, ça ne prend pas beaucoup de temps, au contraire, donc pour le coup les combats sont assez réalistes), sang rouge plus que vif, et.. gags absurdes venus de nulle part. Tel le voisin de la paysanne, un  dinguo qui se prend pour un samourai et passe son temps à courir en rond autour des maisons, muni d'une lance,  et d'un drapeau dans le dos, chaussé de geta et seulement vétu d'un fundoshi ( slip  traditionnel japonais,ce que portent les sumo, vous voyez?).
Ou le neveu qui, ayant appris que la danseuse est un homme déguisé, se met en tête de se maquiller pour être aussi beau que lui.... vivante preuve que ça n'est pas une question de maquillage.
Beaucoup d'absurde et de gags sortis de nulle part, mais aussi jusque dans le scénario qui est à la fois  un hommage au film de sabre, avec des combats bien classes, mais aussi une parodie avec flashbacks et coups de théâtre pas si loin de ceux qu'on pouvait avoir de manière très sérieuse dans les films de ce genre, mais juste un peu plus poussés, juste un peu " trop", histoire de bien se placer dans la parodie ( l'identité du boss de la mafia.. ha c'est lui, ha non c'est pas lui.. non en fait c'est l'autre..), et final mi bollywood, mi claquettes, avec les "morts" de l'histoire qui reviennent saluer. On est bien dans une perspective très théâtrale ( et bon sang, cette toute dernière image, après le générique, complètement dans la dérision).

Il y a quelque chose d'intéressant, un fil directeur sur l'apparence et la fausseté: des deux fausses geisha, la remarque revient sans cesses: elles sont jolies toutes les deux, surtout la fille en rouge.. qui n'en est pas une. Le chef des bandits est bien caché, et bien malin qui pourra le retrouver. Mais au fait, cet aveugle.. l'est-il réellement?
Le regard aussi est omniprésent: l'aveugle se colle de faux yeux sur les paupières pour faire rire, les bandits regardent les filles.. mais ne voient rien, le neveu veut être admiré

Donc oui, j'ai bien aimé ce film de sabre et d'humour, parodique et qui m'a fait passer un bon moment.