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samedi 30 août 2014

Kaguya Hime no monogatari ( long metrage d'animation)

Billet commun avec mon autre blog...

Enfin, Mon cinéma d'art et d'essai qui avait toujours de bonnes programmations jusqu'à il y a quelques années a décidé de le programmer en VO, je n'attendais que ça. Mais j'ai confirmation que la personne qui programme a changé:  Comme pour" le  Vent se lève", il n'est resté que 15 jours à l'affiche, à des horaires improbables. Et plusieurs semaines après la sortie officielle. J'ai failli le louper.  Je décerne un Grand Condor à la personne qui a pris cette décision! ( C'est mérité, ils ont diffusé Lettre à Momo, exclusivement en VF)

Etvraiment ça aurait été dommage de le rater. Car si j'ai émis des réserves sur le dernier des derniers films de Miyazaki, force est de constater, qu'Isao Takahata, qui n'est plus tout jeune non plus, et dont ce sera probablement le dernier long métrage, tire sa révérence de belle manière, avec cette adaptation d'un conte traditionnel, tout en effet crayonné qui lui a pris des années à réaliser.

Adapté d'une histoire très très célèbre au Japon, que l'on peut trouver éditée sous le titre " le conte du coupeur de bambous" en France chez les POF , et qui compte parmi les textes japonais les plus anciens connus (on en trouve trace dès le X° siècle)

L'histoire nous raconte, comment, dans le Japon médiéval, un coupeur de bambou trouve  dans sa bambouseraie ce qui a première vue ressemble à une jolie poupée.
Il s'agit en fait d'une créature fantastique, une sorte de fée si on veut, qui sitôt ramenée à la maison, se transforme en nourrisson semblable en tout point à une petite paysane des plus normales, hormis sa rapidité de croissance proprement incroyable: elle grandit véritablement à vue d'oeil.

Ce qui lui vaut le surnom de "Takenoko" ( pousse de bambou) par les enfants du village. Le paysan lui la nomme " Hime" ( princesse), étant persuadé qu'il s'agit d'une princesse venue d'on ne sait où. Lorsqu'il découvre successivement au milieu de ses bambou des pépites d'or et des tissus précieux il n'a plus de doute: c'est un mesage des dieux qui lui donnent les moyens d'assurer à Hime une éducation royale. La femme du coupeur de bambou préfèrerait quand à elle continuer à vivre tranquillement  dans la campagne avec sa fille adoptive qui a atteint la taille d'une gamine de douze ans en quelques mois...
Je trouve que son chat a un air de famille avec celui du pacte des Yôkai


Mais donc, la volonté du père adoptif est inflexible: la famille va donc déménager à la capitale, faire donner à Hime qui n'en demandait pas temps une éducation digne d'une grande dame, lui préparer un mariage somptueux... et lui faire donner un nom par un vieux sage, chose qui lui permettra d'entrer officiellement dans le grand monde. Takenoko, alias Hime, se retrouve donc dotée d'un troisième nom " Kaguya hime " (princesse lumineuse).
la mode chez les grandes dames de l'ère Heian: on se rase les sourcils pour en dessiner d'autres plus hauts et son se peint les dents en noir. Je suis d'accord, la mode, c'est n'importe quoi!

 Lorsque la nouvelle se répand qu'elle est particulièrement jolie, une foule de prétendants plus ou moins ridicules se presse à sa porte, faisant soudainement fi de ses origines modestes. Auxquels elle oppose refus sur refus, en leur faisant des demandes toujours plus farfelues ( un peu comme peau d'âne et ses robes couleurs de temps)

Mais le temps passe pour Kaguya hime qui n'a révélé à personne son secret: elle vient en fait de la lune, et commence à regretter son pays d'origine. Son peuple devinant sa tristesse et son angoisse va venir tôt ou tard, la chercher pour la ramener sur la lune.

L'intérêt de la version de Takahata, c'est de prendre le point de vue de Kaguya. Au delà de l'histoire fantastique, avec des passages très drôles lorsque il est question des ministres qui la courtisent, c'est surtout l'histoire triste d'une femme qui n'est jamais maîtresse de sa vie qui nous est racontée. Kaguya ne peut jamais faire ses propres choix et se voit sans cesse imposer ceux des autres, " pour son bien". Son père adoptif lui impose une éducation de grande dame parce que c'est ce qu'il estime être le mieux pour elle. Elle se retrouve privée de liberté, contrainte à apprendre les codes d'une vie de cour dont elle ne veut pas, car le bonheur pour elle c'est simplement manger une poelée de champignons avec ses amis.
Privée d'identité avec son nom qui change en fonction des désidérata des autres, cachée aux yeux de tous ( car c'est ce que doit faire une grande dame: ne jamais se montrer.. ou alors seulement maquillée de manière à être méconnaissable), l'humiliation et l'injustice pour elle culmine lors de la fête donnée en son honneur pour célébrer sa nouvelle identité et son entrée officielle dans le monde: elle doit rester cachée dans un palanquin avec la seule compagnie d'une suivante.: " si cette fête est donnée pour moi, pourquoi est-ce que je ne peux pas aller m'amuser avec les autres?". Et tout ne cesse de le lui rappeler: elle apparait derrière des stores, ou enfermée dans un palanquin, on lui offre une cage à oiseau pour son anniversaire, impossible d'être spontanée ou simplement elle même, il faut toujours correspondre à ce qu'on attend d'elle.
Même le jardin dans lequel elle a reconstitué sa campagne en miniature finit par lui apparaître comme une supercherie
Même pour son retour sur la lune, elle n'aura aucune marge de manoeuvre, aucun choix, aucune échappatoire, ce sont les sélénites qui décideront encore une fois pour elle.
Dans l'absolu, il y a des passages très drôles, mais le fond est très sombre, avec cette réflexion sur la liberté, le libre arbitre, le bonheur qu'on veut vous imposer...

Je dirais même que , dans un style très différent, je l'ai trouvé au moins aussi triste que le tombeau des lucioles du même Takahata, qui est pourtant ma référence en terme de dessin animé triste. Et pourtant c'est souvent drôle. Il sont forts quand même au studio ghibli.

Donc je l'ai dit: graphiquement c'est splendide, dans un style d'estampe classique,  et bien adapté à une légende ( qui a été elle adaptée déjà de trouzmille  façons dans son pays, d'où peut être le succès mitigé qu'il a eu au Japon? comme si on adaptait pour la énième fois "le petit chaperon rouge" chez nous.. ho non, encore?) et je finirais par signaler , quand même, la bande son de Joe Hisaishi, l'éternel compère de Miyazaki.
Un extrait ici

Une très jolie réussite qui va, je pense, prendre place dans mon top 5 des films Ghibli.

vendredi 29 août 2014

Challenge " écrivains japonais d'hier et d'aujourd'hui"

Mon premier challenge officiellement sur ce blog, sugoi desu ne?

En fait, j'ai un peu hésité, mais il était plus logique de le rejoindre sur mon blog spécial Japon, qui a bien besoin d'un peu de visibilité..

Je vous présente donc le Challenge "Ecrivains japonais d'hier et d'aujourd'hui" d'Adalana

Je pars sur 4 livres, dans la mesure où "on " (coucou Sylvain, vas-tu me suivre dans ce nouveau challenge?) m'a prêté les deux tomes du dit du Genji. Je pense dépasser facilement ces 4 livres en un an.

Préprogramme, toujours sujet à variation!

- le dit du Genji, donc ( 2 tomes) - Murasaki Shikibu
- le livre de Chevet - Sei Shônagon
- les 3 tomes manquants de "au coeur du Yamato", de Shimazaki Aki
- j'ai bien envie de découvrir Edogawa Ranpo, croisé au détour d'une adaptation en manga
- j'ai un recueil de haïku de Bashô sous la main, je vais tenter d'en parler même si c'est loin d'être évident de parler de poésie...
-.. on verra bien ce qui croise ma route

lundi 25 août 2014

Le manga en édition numérique, on en est où?

Ce qu'il  y a de bien à être malade et consignée à la maison, c'est qu'ayant beaucoup plus de temps libre qu'à l'accoutumée, je peux rattraper mon retard sur les dernières nouvelles d'il y a 6 mois, entre deux quintes de toux.
J'ai donc eu le plaisir d'apprendre que depuis ce printemps l'éditeur Glénat décide de sortir peu à peu une partie de son catalogue en édition numérique, et ça ça m'intéresse fort! Je savais que la plupart des éditeurs se préparaient à prendre ce tournant, je l'espérais même, sans m'y être encore penchée, mais donc, examinons le cas Glénat!

"Depuis le 20 mars, 13 séries majeures de la Shueisha sont proposées au rythme de 1 à 3 tomes par mois en numérique!
Ce ne sont pas moins que One Piece, Dragon Ball Perfect Edition, Bleach, Captain Tsubasa, Dr. Slump, Reborn, Neuro, Hana Yori Dango etc. qui s’offrent à la lecture sur écran via les plateformes majeures du marché.

« Nous sommes heureux de proposer une nouvelle expérience de lecture de nos mangas en numérique, » déclare Sébastien Célimon, directeur du pôle numérique aux éditions Glénat.

« Il est important que nos séries soient disponibles sur tous les supports du marché afin que les fans nombreux puissent les lire dans les conditions qu’ils veulent. Se dire qu’à terme on peut avoir dans sa poche l’intégralité de sa série préférée est grisant ! »

Pour trouver ses manga préférés en numérique, rien de plus simple : 
Utilisez vos tablettes et smartphones et recherchez les titres que vous souhaitez télécharger dans les applications des libraires et dans les boutiques en ligne, via les navigateurs

Votre téléchargement ouvrira une longue plage de lecture-plaisir, avec, sous condition d'être connecté, la possibilité de récupérer en quelques secondes les tomes suivants ! "


 
C'est une information qui m'intéresse fort, donc pour trois raisons: 

- d'abord si je suis rétive à la BD numérique, c'est en partie une question de définition, les albums franco-belges sont plus grands, avec un nombre de cases parfois assez conséquents par page, et sur mon pauvre mp3/tablette/mp4/organiseur/wifi/qui ne fait pas encore le café de 5 pouces, je sens mal la chose. Par contre le manga est d'un format à peine plus grand et ne devrait pas trop perdre en qualité. En tout cas, d'après ce que je viens de voir en test, ça marche pas mal, pour peu qu'il n'y ai pas trop de trames partout. 
Bien sur, on perd un peu de fun je suppose, quand il s'agit de doubles pages illustrées mais comme j'ai trainé pendant longtemps sur les sites de scantrad  avant que certaines séries ne soient licenciées en France, je peux déjà dire qu'il y a une différence énorme de qualité entre le bricolage d 'une équipe amateur si motivée soit-elle, qui travaille sur des scans pas toujours propres, et la qualité d'un éditeur pro ( et même chez un pro, on n'est jamais à l'abri d'un ratage d'impression sur une version papier) Et que oui, je suis prête à payer pour un support numérique de qualité. A condition qu'il y ait un VRAI effort consenti au niveau des prix. Ce qui n'est pas toujours le cas, alors même que l'éditeur n'a plus a fournir encre et papier et que la même traduction sert aux deux supports. J'y reviendrais tout à l'heure.

- Les 13 séries proposées chez Glénat pour l'instant ne sont pas forcément celles qui m'intéressent le plus, mais je note surtout qu'il s'agit de série longues. Et qu'il n'y a plus de place sur mes étagères, ce qui a nettement freiné mes achats de livres quels qu'ils soient depuis plusieurs années. Mes derniers achats s'entassent dans des grands sacs, en attendant un hypothétique déménagement vers un lieu plus grand. Sauf que, si je trouve, mieux situé, plus silencieux.. mais moins grand, je fais comment?
Donc, je eux déjà dire que puisque l'idée est lancée, j'aimerais bien voir d'autres séries chez Glénat prendre le même chemin, je me fous totalement de Bleach et One piece, mais j'ai laissé Eyeshield 21 par exemple, en cours de route à cause de ce manque de place chronique.

- 3° raison, et pas des moindres: je ne compte plus les séries abandonnées en cours par les éditeurs, faute de succès, ou les anciens titres qui sont devenus introuvables faute de réimpressions. Je conçois qu'un éditeur soit prudent après un échec, mais si ça peut être l'occasion de redonner une audience à des titres qui n'ont pas trouvé leur public, peut être par manque de chance: une autre série qui trustait les ventes à ce moment et prenait toute la place dans les rayons, une mauvaise conjoncture d'événements, un marketing foiré... ou a des séries qui vont intéresser une quantité limitée de fans, je suis preneuse! Sur la liste des 13 titres proposés pour l'instant, il y a une majorité écrasante de shônen, un shôjo.. il va sans dire que j'espère voir cette bonne idée étendue à la collection seinen et vintage!


Donc, je viens d'aller voir sur Google play, en installant le play Livres sur mon terminal, et mon test s'est porté sur le tome 1 de Neuro: une série que sont titre français complet  "Neuro le mange mystère" que je trouve quand même pas mal couillon, m'avait fait éviter. En fait, si quelqu'un en m'en avait pas parlé sur un forum, le titre me fait plutôt penser à une série pour enfants. 
Bon, là n'est pas la question pour l'instant, je vais juste noter les points en rapport avec ce que je disais plus haut

- qualité graphique au rendez vous, on arrive bien à lire, même sur mon 5 pouces (bon je ne peux pas capter
- parfois quelques petits problèmes au niveau de la zone centrale qui correspond à la reliure papier, les images ne sont pas déformées, mais les cases semblent coupées un peu abruptement. MAIS, ce sont justement les cases qu'on a aussi du mal à voir sur le support papier, sans risquer de démonter complètement le bouquin page par page. Donc ça n'est pas plus gênant que ça, disons que pour un meilleur confort de lecture , une marge serait bienvenue.
- Bon pour les doubles pages, j'ai eu ma réponse, ça on ne peut rien faire pur la case bien dynamiques qui s'étend normalement sur les deux cotés de la reliure. C'est bien ce que je pensais, c'est ballot.
- je peux agrandir ou rétrécir la page, joie!!!
- un fois téléchargé, j'y accède, même en coupant le wifi, je peux donc farcir mon appareil de bouquins et partir à Pétaouchnok sans réseau, j'accède quand même a ma bédéthèque virtuelle ( ce n'est pas toujours le cas avec certaines applis!)
- le prix: Glénat a vraiment fait un effort: Sur l'exemple que j'ai choisi, la version papier est à 6, 90€, la version numérique à 4, 49€. 2€ 41 de réduction sur un manga, dans les 1/3 du prix c'est appréciable.
Ce n'est pas encore le cas des toutes les maisons d'édition, surtout chez les éditeurs "non graphiques"

Aparté: Quand un éditeur (j'ai cherché au pif, je ne connais pas du tout ni ce livre ni cet auteur)  propose le même livre à 17€32 format papier, 12€99 format numérique, et 7, 70€ format poche, là, il y a clairement foutage de gueule. (qu'on  ne vienne pas me dire que la version numérique coûte plus cher à fabriquer que la version poche  avec papier encre et reliure, et qu'on ne vienne pas m'enfumer: Pocket fait partie des Presses de la cité, c'est donc bien le même éditeur)

Donc pour en revenir au Manga numérique, pour moi, dans ces conditions ce sera un oui, car l'idée d'emmener dans mon sac toute 1 série que je n'aurais pas la place de garder chez moi, ça me plaît!

D'ailleurs en faisant un tour d'horizon ( soit, en tournant la tête vers mon étagère), vérifions si les quelques éditeurs que j'ai ont amorcé ce tournant:
- Kazé: oui.. un bon petit catalogue déjà disponible chez Iznéo, même tarif de 4, 49€, Ca va me permettre de donner une seconde chance à des séries que j'avais arrêtées faute de place.
- Kana: pareil!
- Delcourt,  qui est quand même LE poids lourd avec ses branches Akata, Tonkam et Soleil: Ce n'est pas encore pour tout de suite visiblement. Delcourt semble préférer mettre en ligne une partie de son catalogue sur le site américain Comixology, en mettant en avant surtout les titres franco-belge et comics, donc question manga, c'est un peu le régime sec, un ou deux titres à 4, 98 $ le tome ( donc oui, un peu moins cher que les autres, mais sur une autre plateforme)
-Pika ( je n'ai que XXXholic chez eux, mais vérifions tout de même): toujours chez Iznéo, toujours au même tarif

Bon, ça prend forme, reste à voir si tout sera accessible via Google play, ça m'ennuierai un peu de devoir télécharger tout un tas d'applis et de voir mes bouquins virtuels dispersés ici et là.. mais je devrais quand même trouver de quoi lire dans les prochains mois. Même si je suis un peu déçue par la frilosité de Delcourt sur ce coup là..

dimanche 24 août 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka

Gros succès paru chez 10/18, gagnant du prix Fémina en 2012, je ne l'avais pourtant pas encore lu, malgré les critiques élogieuses trouvées par ci par la sur la blogosphère.
Le Japon vu par.; une américaine, descendante de migrants

L'histoire, ou plutôt, les histoire que nous raconte Julie Otsuka, c'est celle(s) de femmes japonaises qui ont tout quitté quasiment du jour au lendemain, pour aller épouser un japonais parti vivre aux états-unis. Campagnardes poursuivants l'espoir d'une vie meilleure dans la plupart des cas, issues souvent de familles pauvres , veuves ou orphelines.. mais pas toujours, elles ont accepté d'épouser par correspondance un fiancé qu'elle n'ont vu qu'en phot. On sent déjà venir pour elles la désillusion.. Soit l'homme en photo n'est pas celui qui les accueille - il a préféré faire poser un ami de meilleure apparence - soit c'est bien lui, mais la photo date d'il y a 20 ans.
Et il n'est pas entrepreneur ou riche marchand comme il l'avait fait croire, mais plus souvent ouvrier agricole à la journée. Celles qui avaient quitté le pays pour ne plus se casser le dos à cultiver des légumes se retrouvent exactement à se casser le dos à ramasser des légumes. à l'autre bout du monde, loin de leur famille et de leur pays, dans des conditions parfois proche de l'esclavage
Il y avait la une matière intéressante: le déracinement, volontaire ou pas; le racisme latent envers une main d'oeuvre à bon marché que les états-uniens tolèrent mais n'acceptent pas vraiment; le racisme aussi dans l'autre sens: la suspicion instantanée envers les blanc existe aussi dans le camp des migrants et Julie Otsuka ne l'occulte pas; l'intégration plus ou moins réussie de la deuxième génération née sur place, et le conflit entre enfants et parents qui en découle; le racisme, finalement qui éclate au grand jour avec la seconde guerre mondiale, toute personne d'origine japonaise est alors suspecte d'être un agent ennemi, fut-elle un grand-père ou une grand-mère de 80 ans passés..
Tout celà est très intéressant, et pourtant, j'ai eu beaucoup de mal avec ce récit. Je n'adhère pas au parti pris de l'auteur. Vouloir raconter plusieurs histoires pour n'en faire qu'une n'est pas une mauvaise idée, mais dans le genre, elle va jusqu'au bout. Ca peut passer avec certains lecteurs, mais pas vraiment avec moi. Il n'y a pas de personnage principal, ni même un groupe de personnage principaux, dont on suivrait l'histoire, non.. juste une série de noms "machine à fait ça", "untelle a fait comme ça".. et qu'on ne reverra plus. La somme de leur expérience est censée devenir une expérience collective. Mais narrativement,  je n'accroche pas, j'aime mieux qu'on me raconte à la limite l'histoire de la vie d'un quartier. Sans personnage du tout, j'ai du mal a entrer en empathie avec ce qui est décrit, je reste en dehors.. et je m'ennuie un peu. D'autant qu'à focaliser sur les femmes.; mais vraiment uniquement sur les femmes, les hommes qu'elles ont rejoint sont finalement cruellement absents , rejetés totalement en marge du récit, on n'a jamais accès à une donnée qui me parait pourtant intéressante: pour quelle raison restent-ils aux USA à trimer dans une situation misérable qui ne les satisfait visiblement pas ,eux non plus? Il y a forcément une raison, fut-elle de ne pas perdre la face à cause de l'échec qui fait que rentrer serait plus humiliant encore? Je n'en sait rien, car elle n'est jamais ne serait-ce qu'évoquée de loin. Mais voilà, les hommes n'ont pas voix au chapitre ce qui est au final aussi artificiel qu'un livre qui ne donnerait pas la parole aux femmes. J'aime bien de mon côté avoir toutes les données, et là, j'ai l'impression qu'il en manque 50%.

Je ne l'ai pas lu avec déplaisir, mais pas avec plaisir non plus. Donc demi réussite ou demi échec. J'ai aimé le sujet, mais pas tellement la forme employée, trop impersonnelle et artificielle à mon goût. Un bon livre mais pas un livre mémorable.

dernier détail: le titre originel est " The Buddha in the attic" - le bouddha dans le grenier. Je m'interroge sur ce changement de titre pas si anodin. Le titre français est l'une des phrases des premières pages, et fait plus référence au grand voyage au départ au déracinement. Le titre original est aussi tiré d'une phrase, beaucoup plus loin dans le récit, au moment ou il est question de gommer ses origines de cacher ses spécificités, sa religion, de se fondre dans la masse pour se faire accepter.. donc à l'idée de racisme. Je trouve que c'est dommage, un titre est quand même lié à une intention de l'auteur, et pour le coup, ça n'est plus du tout la même chose qui est mise en avant, c'est dommage.

dimanche 3 août 2014

Library wars ( film)

"Lire c'est penser, nous avons le devoir de garantir cette liberté, les nations qui détruisent leurs livres finiront pas détruire leur peuple", c'est sur cette phrase et sur le réglement intérieur d'une bibliothèque que s'ouvre le film. Immédiatement suivie par une fusillade menée par des costard-cravates dans une bibliothèque, les lecteurs sont dégagés manu militari, les livres sont incendiés.. Nous ne sommes pas en 1984, ni chez Ray Bradbury.. mais dans une uchronie, un futur alternatif.. du genre qu'on a vraiment pas envie de voir arriver.

Et si , en 1988, le Japon avait voté, après maints débats sur la liberté d'expression et la censure, une loi d'amélioration des médias pour restreinte la diffusion d'oeuvres pornographiques, violente ou discriminatoire, ç'aurait été une bonne idée?
Sauf que sous ce prétexte, et grâce à la création d'un "comité de surveillance des médias", les auteurs "à risques" son surveillés, les librairies dépouillées des oeuvres censurées, sous le nez des lecteurs, par des technocrates qui ne cesses de se militariser de plus en plus. Evidemment la population grogne, mais peut difficilement répliquer sous la menace d'armes. Sans compter les groupes de soutien à la loi, extrémistes, qui eux, ne prennent pas de gants avec la vie des lecteurs ou des employés.
2004: le "corps des bibliothécaires" se crée, pour lutter contre la censure: il pourra s'opposer au comité de surveillance et réquisitionner les livres condamnés à la destruction pour les conserver dans les bibliothèques et garantir leur libre accès.
nonon, ce n'est pas une policière, mais une bibliothécaire, puisque j'vous le dis

2019: la mignonne Iku s'engage comme bibliothécaire.. s'engage n'est pas un mot trop fort au vu de l'ambiance et de l'entrainement paramilitaire que nécessite le sauvetage (parfois musclé!) des livres. 15 ans plus tôt, elle a résisté pour sauver un livre pour ados ( du genre aussi subversif que Narnia, hein..), et a été secourue par un type du corps des bibliothécaires.. qui es devenu son modèle, son héros personnel. Mais comment retrouver quelqu'un qu'on a  vu juste une seule fois rapidement, et de trois quart dos, dans une situation tendue?

Ca sent l'histoire d'amour à deux balles hein? Hé bien faux!! Chose inattendue, le film dérive vers la comédie sur le quotidien de cette bibliothèque pas comme les autres: car Iku a de gros problèmes relationnels avec son chef, M. Dojo, petit, complexé, acariâtre, qui la fait bosser comme 15 sous les quolibets de ses collègues. LE chef casse-burette de base. Bon évidemment, elle est du genre flemmarde, on va dire qu'il la malmène car il a senti son potentiel qu'elle n'utilise pleinement que sous la contrainte. Et elle n'a pas son pareil pour repérer les types louches, ceux qui vont aux toilettes feuilleter des revues de mode.. pour en découper les pages " petites culottes et dentelles" - car ça aussi, c'est censuré!

Il y a aussi les collègues, certains cire-pompes, certains compatissants, qui font que finalement, le contexte SF reste en retrait par rapport à la comédie satyrique ( et dans le fond, on parle quand même de deux factions qui' s'affrontent à main armée, difficile de prendre complètement parti pour les bibliothécaires même si leur credo est d'éviter les débordement et surtout les victimes).
Donc autant se focaliser sur la quête d'Iku,  autant chercher  retrouver une aiguille das une meule de foin, sa colocataire ne manque jamais une occasion de la charrier sur ce fantasme , sur le chef ( va-t-il finir un jour par devenir sinon sympathique, du moins, un peu moins casse-pieds?)
j'aime énormément la tronche blasée du chef Dojo, un personnage plus subtil qu'il n'y parait

Ca n'est pas le film de l'année, mais j'ai bien aimé ce mélange bizarre entre comédie et film de guerre. Qui malgré ses gros flingues et ses gros sabots, n'oublie pas d'être assez subtil par moments: j'ai bien ricané sur un passage où on apprend qu'une série de meurtres a été commise par un ado qui possédait chez lui des "livres d'horreur violents" achetés au marché noir.. et on voit clairement le manga " death note".. zut  je l'ai lu, est-ce que ça fait de moi un monstre?. la faute est rejetée sur les livres par le gouvernement, et je trouve ce parallèle très pertinent, à l'époque où à chaque fois qu'un drame se passe, on met en cause  les jeux vidéos...

Mais voilà, en dépit de quelques longueurs, j'ai bien aimé ce mélange original, l'acteur principal vraiment bon (Okada Junichi) l'actrice principale attachante ( Eikura Nana) et la fin ouverte.  Je viens de voir qu'il est tiré d'une série de 4 romans, et que seul le premier a été adapté. Et que les romans ont été traduits en français, donc, à mettre dans un coin de ma mémoire. Il y a également une adaptation en manga et en dessin animé, mais je ne sais pas, ça m'inspire moins en fait.

En tout cas à voir si vous avez du temps libre et envie de voir un film divertissant, avec de l'action et de l'humour,  sans être écervelé.

catégorie cinéma

samedi 2 août 2014

Hotaru t.1& 2 - Hiura Satoru

C'est l'été et je n'ai pas vraiment envie de me compliquer la vie, j'ai donc ressorti et relu pour l'occasion un titre que j'avais déjà chroniqué il y a 2 ou 3 ans sur mon autre blog. Mais bon voilà, c'est la saison où les revue pour nanas titrent sur " comment draguer sur la plage", "comment faire durer un amour d'été", "X astuces pour être belle sur la plage", alors par contre pied, je ressors Hotaru, l'histoire d'une nana flemmarde, bordélique et qui se contrefout à peu près autant que moi de se trouver un mec. A peu près, car la grosse différence, c'est que je n'essaye pas en dehors de donner l'impression d'être parfaite. Oui, je suis un poisson séché, qui assume totalement. Un poisson séché? oui, lisez la suite, vous allez comprendre...

C'est assez sympa, dans le genre comédie sentimentale, certes, mais au moins les personnages sont adultes et évoluent dans le monde du travail, c'est déjà un bon point, même si l'héroïne de 28 ans a parfois la plupart du temps des réactions dignes d'une ado.

Mais commençons par le scénario, plaisamment absurde: Hotaru, 28 ans, employée de bureau modèle dans une société de déco intérieure, toujours tirée à 4 épingles, cache bien son jeu. Sitôt rentrée chez elle, elle redevient Hotaru la souillon, qui s'envoie bière sur bière en trainant en vieux tee shirt informe dans un appartement qui ressemble aux écuries d'Augias. Vous vous reconnaissez? Oui, moi aussi ( à part pour la bière). Une vie peinarde et presque sans souci, sauf que bien évidemment, Hotaru est une fille, une vraie, avec un vrai coeur de midinette, une qui soupire au passage du beau gosse de service et que son célibat travaille ( ça c'est déjà beaucoup moins mon style).
La dessus s'ajoute LE coup de théâtre improbable qui vient bousculer le quotidien pépère de Hotaru: le fils du propriétaire de l'appartement qu'elle loue arrive avec armes et bagages, car sa femme l'a fichu à la porte. Et par un sale coup du sort, il s'avère qu'il s'agit du chef de service de Hotaru.
Voilà donc notre miss pagaille obligée de cohabiter avec son patron, le chef Takano, 41 ans, qui s'avère être un maniaque du rangement, doublé d'une langue de vipère. Le duo mal assorti, un grand classique de la comédie, donc. Mais il s'avère que ça marche plutôt bien, la confrontation quotidienne de "poisson séché" (Hotaru vue par le chef) et du "vieux" (le chef vu par Hotaru) n'est bien sur pas de tout repos, mais assez drôle. Car évidemment le chef fait tout pour se débarrasser de son encombrante squatteuse, à commencer par la pousser dans les bras du fameux beau gosse de service ( un personnage au demeurant plutôt sympathique, mais assez terne dans ces deux premiers volumes). Sans se rendre bien compte que, finalement, cette confrontation avec une nana au caractère opposé et aux points de vue "jeunes" lui sont bénéfiques, en le sortant de sa routine au fil des chapitres, en le poussant vers un peu plus de spontanéité...

Donc pour l'instant, un manga pas révolutionnaire, mais assez frais et sympathique, qui me rappelle en fait un peu les premiers volumes de Kimi wa Pet (pour rappel, une wonder woman qui n'aime rien tant que glandouiller en regardant le catch à la télé se retrouvait à cohabiter avec un jeune homme de caractère totalement opposé au sien).
Et comme Kimi wa pet, qui partait pourtant bien mais qui perdait beaucoup en délire sur les derniers volumes,  je crains qu'Hotaru ne se dilue aussi beaucoup par la suite, à moins de bifurquer en introduisant de nouveaux personnages et en les développant au lieu de rester centrés sur le trio principal? Heu, j'en doute, en fait. Car oui, bien sûr, je sens gros comme une maison venir le triangle amoureux, quand Hotaru finira par se rendre compte que son maniaque de chef est bourré de qualités bien cachées outre le fait d'être pas mal/ classe/ probablement riche/ chef ( bref tout ce qui peut intéresser une office lady standard). Un type doué en cuisine, qui aime faire le ménage et capable de sortir, comme ça, à l'improviste, des répliques mi-sarcastiques mi-adorables. Oui, hein.. je le vois venir j'vous dis

 Attention ce qui suit dérive un poil en hors sujet, vous voilà prévenus:

Ceci dit, bien que pour l'instant le scénario soit prévisible, mais je peux me tromper et je l'espère, ça reste frais et sympa, l'humour marche bien pour peu qu'on soit bien disposée, et c'est parfois plus subtil que ce qu'on pourrait attendre. Mine de rien, le propos sur la société japonaise est assez cynique, on est quand même dans un pays où l'opinion publique est assez féroce avec les gens qui ne rentrent pas dans le moule, et ou la pression sur les femmes est omniprésente. Je suis finalement assez contente de vivre en France, où on ne traite pas ouvertement les célibataires de plus de 30 ans de "poissons séchés" ou de "chiens perdants". Bon, ici, c'est juste un peu plus faux-derche la pression sociale existe de manière plus souterraine ( genre le marronnier régulier des talk shows,, vous savez, les femmes qui ne veulent pas d'enfants dans un pays ou la fécondité est de 2 enfants par femme, pour qui rappeler que nous sommes ultra minoritaires..et regardez, elle, ça fait 5 ans que son mari essaye de la faire changer d'avis sans y arriver...LE pauvre, etc etc.. hmm bizarre, il n'y a pas vraiment ce genre d'émissions récurrentes sur " ces hommes qui ne veulent pas d'enfants". Et dans mon cas j'aggrave la situation, je ne veux même pas de mari! hooooo la LOSE!)

Donc bon, je m'égare c'est vrai. Tout ça pour dire que si le propos est léger en apparence, une problématique autre affleure là dessous et que j'aimerai bien qu'elle soit exploitée. Enfin, c'est pas du Okazaki (Kyoko) non plus, je ne pense pas que Hiura aille vraiment gratter là où ça fait mal. Mais c'est déjà un rien plus subtil que le "BD de fille" à la mode en ce moment sous nos latitudes (puis surtout, ça fait plaisir d'avoir pour une fois un personnage qui avoue la quarantaine, même s'il fait plus jeune. Le chef est pour l'instant clairement mon préféré, avec son sens de l'humour assez féroce, le manga serait largement moins drôle s'il n'était pas là.. et puis un mélomane, cinéphile, qui aime faire la cuisine, et surtout doté d'un humour cynique, on peut passer sur sa maniaquerie, il n'est pas loin de l'homme idéal dans ma définition à moi ;) Enfin, du genre qu'on ne peut trouver qu'en film ou en BD, donc...

Je ne pense pas cependant que je suivrai régulièrement ce manga, sauf si je trouve les autres volumes en occasion, pour voir comment ça évolue sur la durée ( bon au moins, l'héroïne se trouve un Jules dès le chapitre 2, au moins ça,  c'est fait, ça ne durera pas des tomes entiers). Wait and See.
En Juillet  on se détend les neurones avec un josei sentimentalo-humoristique
 Je sais qu'il existe une série TV adaptée de ce manga, ça peut être une idée à creuser, je ne m'y connais que très peu en série japonaise, donc une truc pas trop prise de chou pour commencer, ça peut me tenter s'il croise ma route.

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