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dimanche 27 octobre 2019

Hagakure (version BD) - Yamamoto T. et Wilson S. et W.

Curieux ouvrage: une adaptation contemporaine d'un recueil japonais classique du  XVIII° siècle.
Un manga, publié dans le sens européen, et dessiné et traduit par deux américains.



Et le problème vient que le texte de Yamamoto Tsunemoto ancien samourai du clan Nabeshima devenu moine zen, est un " guide" , un code du samouraï ,qui n'est pas vraiment un traité de la vie et des valeurs des samouraï, mais plutôt une succession d'anecdotes, pur illustrer par l'exemple plusieurs valeurs importantes. .
Apparemment le texte d'origine est très long ( 9 tomes) et seules quelques thématiques sont ici mises en avant: la loyauté, la vengeance, la sincérité, le seppuku...

Donc un texte composé d'anecdotes sans vraiment de lien logique entre elle ( si ce n'est d'avoir pour "personnage" le clan Nabeshima) qui est en plus présenté de manière "Digest", ça donne quelque chose de difficile à suivre, dont on retient finalement que " couper des têtes" est l'activité principale d'un samouraï, qu'il y a une pensée qui sous-tend cette activité, mais qu'elle reste très opaque au lecteur.

Hormis maitre Yamamoto et son disciple Tsuramoto et scribe à qui il raconte ces anecdotes, il n'y a pas de personnage et les noms japonais classiques n'aident pas à s'y retrouver (quand les personnages mentionnés se nomment Ingazaemon, Fudozaemon, Kizaemon, Heizaemon, Gorozaemon, Kichizaemon, Sukeemon, Heizaemon ( 2) , Shozaemon, Gorozaemon (2), Denzaemon, Goroemon... ça devient vite compliqué!) d'autant que le dessin n'étant pas très caractérisé, à part deux ou 3 personnages caricaturés volontairement, tous ces gens aux noms presque semblables ont une apparence très peu différente, et on a un peu l'impression que ce sont sans cesse les mêmes qui reviennent.

L'idée n'était pas mal, mais en soi, on n'apprendra au final pas grand chose de la vie, de la pensée des samouraï,du Bushido..
Donc pour en savoir plus,je préfère encore continuer à conseiller le roman " la pierre et le sabre" ( et qui est parfait pour s'initier à la littérature japonaise, car très linéaire dans son récit, donc assez simple à suivre malgré une foule de personnages) ou Vagabond, sa libre adaptation en manga.

S'il vous fallait une seule raison de lire Vagabond, voilà le genre de dessins d'Inoue

Ou pour les plus motivés les traités " techniques" ou philosophiques écrits sur ce sujet, pourquoi pas ceux de Musashi lui-même.
Ou peut-être Hagakure dans sa version classique , là je ne peux pas en dire plus puisque je ne l'ai pas lu.

Mais cette version Bd est décidément assez frustrante, et finalement j'ai envie de dire très américaine dans sa succession de vignettes d'action.

Dernière chose: en tant que future traductrice, je ne veux plus JAMAIS voir dans une traduction française ( ici de la postface écrite probablement en anglais) la confusion entre " empreint de" et " emprunt".
"Le phrasé poétique et non moins emprunt de dignité", ça n'est pas possible. Surtout quand sont passées une traductrice et une correctrice.

C'est totalement inacceptable de la part de traducteurs et correcteurs professionnels, c'est une confusion qui n'est particulièrement sanctionnée en première année de licence.
Cette erreur trop récurrente me met autant hors de moi que " la gente féminine", voire " la gente masculine"...ce n'est pas une simple faute de frappe comme ça peut aussi m'arriver, mais une vraie méconnaissance des paronymes et c'est du travail à la va -comme-je-te-pousse.

J'assume totalement ce que je viens d'écrire.

mercredi 23 octobre 2019

Les deux Van Gogh - Hozumi

Hoooo un billet!
Non ce blog n'est pas mort, juste au ralenti depuis cet été, pour cause d'études très prenantes.

Et donc, comme je dois bientôt rendre ce manga à un ami, je m'aperçois que je n'avais pas fait de compte rendu à son sujet.Hop, relecture et chronique.



Donc n'y cherchez pas,on va le dire de suite , une biographie de Van Gogh.
De Vincent, il en sera bien sûr question, mais pas seulement. il est un personnage central, mais pas LE personnage central.
D'ailleurs le titre original,probablement trop peu vendeur ne mentionnait même pas l'illustre nom, puisqu'il est " さよならソルシエ" Sayônara Sorcier.
Oui, "sorcier"en français dans le texte , katakanaïsé.

Le sorcier (même si on n'apprend ce surnom que dans les dernière pages), c'est Théo(dore)Van Gogh, petit frère du peintre, et marchant d'art chez Goupil et cie, à Paris.
Ceci est rigoureusement exact, le grand frère peignait, le petit frère vendait des tableaux pour une galerie très académique.
Et c'est ce Théo dont on va suivre la trace, rejoint un peu plus tard par Vincent.
Et là, on se dit que c'est une relecture très personnelle ( ça s'éclaircit à la fin quand même),mais que plusieurs choses ne collent pas. Vincent, que tout le monde connaît pour son autoportrait, n'est pas roux, mais brun. Oui ça m'a interloquée!

De plus, exit l'artiste tourmenté au destin tragique, c'est un brave gars naïf, un grand enfant, très calme, toujours prêt à rendre service..donc tout l'opposé de ce qu'on connait.
Et tout l'opposé de Théo, véritable renard ( qui travaille chez Goupil, oui, le nom est 100% exact), d'une intelligence froide et calculatrice, bien décidé à utiliser son aplomb - pour ne pas dire son culot- pour imposer la peinture du petit frère face à l'opposition des tenants du style académique, officiel, bien peu enclin à la nouveauté. Son idée: puisque les habitués des expositions, , tous de bonne société ne veulent pas voir l'art qui dépeint quotidien, on va amener à l'art les exclus,  qui eux s'y reconnaîtront.

Donc la peinture du petit frère mais pas que.. Il y sera aussi question de Gauguin et de Toulouse-Lautrec (bien arrangé, hein, même s'il est comme il se doit, petit - mais pas tant que l'était le réel Henri, pas loin du nanisme- il ne semble pas avoir un penchant pour l'alcool). On y croise aussi Rodolphe Salis, patron du chat noir (et étonnamment, présenté comme un esthète travesti).
Bref, rien ne "colle" à ce qu'on connait.. et pourtant au final, çe parti pris fonctionne plutôt pas mal.
Et c'est Théo lui qui va nous l'expliquer: pour "vendre" un peintre, si talentueux soit-il, il faut donner envie au public de se déplacer. et quoi de mieux qu'une légende d'artiste torturé et asocial. Car qui irait voir les oeuvres d'un type sociable, gentil, serviable, à la vie très banale. On lui supposerait un art tout aussi plat que sa vie, et.. personne n'irait à l'exposition. Quoi de mieux que le scandale pour vendre?

Un manga agréable, pas le manga de la décennie, mais plutôt sympa, qui a le mérite d'essayer quelque chose, et de proposer une lecture autour des deux frères Van Gogh qui met en lumière le discret Théo, en inversant les caractères. Tout en donnant une justification à son inversion. Le tout est porté par un graphisme crayonné, parfois très travaillé, parfois ébauché.. ce qui n'est pas mal vu puisqu'on parle d'une peinture qui défie les styles classiques.

En tout cas, il m'aura donné envie de lire le recueil de correspondance entre Théo et Vincent. Bien qu'habitant à 40 kilomètres d'Arles, et qu'ayant entendu parler de Van Gogh (et Cézanne aussi) depuis toujours j'avoue ne pas avoir d'attirance particulière pour sa peinture. Mais je suis curieuse de savoir comment les deux frères abordaient l'art, le concept de l'art, son évolution, etc...

mardi 27 août 2019

Le Mari de mon frère t1 à 3 - Tagame Gengoroh

Voilà un titre que j'avais repéré depuis un certain temps déjà, et je pensais à la couverture qu'il s'agissait d'une petite fille qui pour une raison quelconque, habitait avec son frère aîné et le mari de celui ci, et des difficultés sociales de cette famille hors du lot, mais .. pas exactement.

De fait, il y est question de mariage pour tous, mais..plus que celà.


Pour planter le décor, Yaichi est un japonais tout ce qu'il y a de plus normal, à ce détail près qu'étant divorcé, c'est lui qui a la garde de sa fille Kana, 7 ou 8 ans, et non sa mère. Et un père divorcé qui a la garde de son enfant (même si dans le contexte, c'est logique: il a plus de temps, car il est propriétaire d'appartements qu'il loue, un travail qu'il fait le plus souvent à domicile, tandis que son ex-femme a une travail très prenant), c'est déjà plutôt rare.

Et donc ce duo père - fille reçoit un jour la visite de Mike, gigantesque canadien au look de bûcheron.Mike n'est autre que le mari, ou plutôt le veuf de Kyôji ,frère jumeau de Yaichi, décédé un mois plus tôt dans un accident. et ce veuf part donc en pèlerinage en mémoire de Kyôji sur les lieux où il a vécu. La situation gène un peu Yaichi, d'autant que Kana insiste pour que son tonton reste avec eux le temps de son séjour, et n'aille pas à l'hôtel. Mais Yaichi est un homme intelligent, qui se rend compte que ses quelques poussées d'homophobie du début sont, une construction sociale qui n'a rien a voir avec la personne qu'est- réellement Mike, authentique type bien et chaleureux, qui fait tout pour déranger le moins possible et se couler dans le mode de vie japonais en faisant oublier qu'il est " gaijin". Et d'ailleurs Kana est d'emblée conquise par ce tonton " qui vient d'un pays où il y a son nom, le "Kanada". Chose qui achève de convaincre Yaichi d'essayer de voir les choses non comme un adulte formaté par la société, mais comme un enfant, comme elle sont. Et à rétrospectivement se demander comment son frère a pris réellement son absence de réaction à l'annonce de son homosexualité, et comment lui prendrait la chose si Kana adulte lui présentait une petite amie.
Donc de saines réflexions.


Lorsque Kana dit que c'est bizarre que deux hommes puissent se marier ensemble eu Canada, mais pas au Japon, ce qu'elle dit en substance, c'est : " trop bizarre que les lois ne soient pas partout pareilles".
Quand elle demande " Mais alors entre toi et Kyôji qui est l'épouse?", elle fait évidemment référence au fait que habituellement , dans un mariage il y a quelqu'un qu'on appelle "mari" ( otto) et quelqu'un qu'on appelle " épouse" ( tsume), donc comment on fait quand les deux sont " otto" et est-ce qu'il peut y avoir des mariages à deux " tsume"?
Pas du tout au fait que ce soit bizarre que deux hommes ou deux femmes se marient ensemble, ou à leurs" rôles" dans le couple .
Evidemment, elle a 7ans, l'amour est une vague notion pour elle, alors la sexualité, n'en parlons pas, elle part du principe " bah, lorsqu'on se marie, c'est parce qu'on s'aime c'est logique.

Car oui, au delà de la thématique gay, il y est aussi question de deuil et de xénophobie. Mike est un étranger, et c'est presque aussi gênant que son orientation aux yeux de certains.


Et les regards en coin, à chaque voyage au Japon, j'en ai eu, sur ma tronche d'occidentale. Surtout qu'étant assez ronde, je ne corresponds pas à l'image d'épinal de la française vhculée par les films, je ne suis ni Carole Bouquet, ni Catherine Deneuve, on me prend à priori pour une américaine et donc, pas la bienvenue depuis la seconde guerre mondiale.
Parce qu'en général à la seconde où quelqu'un a eu le courage de venir me parler et après que je suis française, c'est la détente et la salve de questions sur Paris ( heu, 90% de la population française habite ailleurs, vous savez:D).

Mais le fait est que la xénophobie au Japon est liée à l'histoire récente d'une part et à l'idée que "un étranger ne connaît pas les codes sociaux, il va faire n'importe quoi, nous embarrasser et ce sera la honte sur 15 générations". il est vrai que les groupes de touristes qui arrivent à 50 font souvent n'importe quoi, mais globalement, ce n'est pas une méfiance de l'Etranger à cause de sa nationalité, mais plutôt à cause de sa supposée méconnaissance des codes sociaux japonais ( bon, il est vrai qu'il y a de sombres tartes comme ceux qui demandent le retrait des svatiska indiquant les temples bouddhistes sur les plans parce qu'ils y voient une croix gammée. Prouvant de fait qu'ils viennent en asie sans s'être un minimum renseigné sur la culture locale, et qu'ils ne connaissent rien à l'histoire mondiale non plus car ils sauraient ce qu'est une croix gammée et comment la différencier d'un symbole bouddhiste). Ce n'est pas vraiment, hors groupuscules politiques, une détestation globale de l'étranger.
Et entre mon premier voyage en 2007 et mon dernier en 2013, j'ai vu les choses évoluer: plus d'affichage en anglais, plus de prospectus en plusieurs langues..et les choses vont encore s'améliorer l'an prochain avec les JO de Tokyo, et l'arrivée massive de touristes, avec le vieillissement de la population qui impose un recours aux travailleurs venus des pays voisins. Le Japon va devoir en passer par une plus grande acceptation des étrangers, c'est nécessaire... Et qui dit arrivée d'étranger dit rencontres et mariages internationaux, et enfant binationaux aussi.

En tout cas je remercie l'auteur d'avoir fait un portrait très juste de Mike, un peu cliché du bûcheron canadien, mais pas du tout cliché de la grande folle.
Un homosexuel réaliste mais surtout présenté comme un personnage qui a bien d'autres caractéristiques : débonnaire, passionné par la culture du Japon, amateur de nourriture locale, de voyage, serviable.. son orientation sexuelle est le point de départ mais il n'est pas résumé à ça et ça fait bien plaisir. Un personnage qui ressemble aux gens que je connais dans la vraie vie, à mes amis... un portrait au final très respectueux.

Ce qui m'a fait penser (en plus de la manière très masculine dont sont représentés les hommes) que l'auteur était concerné de près.
Bingo, c'est un militant de la cause LGBT, et un auteur de mangas gays plutôt axés.. violence et SM. Celui-ci est un manga pour tous, absolument pas réservé à un public averti, et franchement j'espère qu'il le poursuivra, car déjà,qui dit plus de public dit une plus grande visibilité, et finalement il se débrouille bien dans le genre tranche de vie humaniste. Sans être le manga de l'année - il y a un côté un peu didactique car le public visé est justement celui qui n'est pas directement concerné, les hétérosexuels qui ne se sont jamais vraiment posé de questions - il y a une justesse de ton qui me plaît, et des réflexions plus profondes qu'il n'y parait, sur la société japonaise où l'homophobie ne semble pas exister.
Ne SEMBLE pas exister, tout est là. On ne fait pas parler de soi, c'est impoli, donc si on sort du placard, c'est le plus souvent au sein de la famille proche, et c'est tout, la société fera en sorte d'ignorer poliment cet état de fait..ce qui veut dire que bon, c'est toléré, mais pas franchement accepté, au nom de la discrétion. Pas formidable non plus comme situation: ça existe, on le sait, mais on n'en parle le moins possible car il est inconvenant de parler de soi ( comme il est inconvenant de parler d'autres sujets épineux: la dépression ou l'alcoolisme par exemple, ou tout ce qui peut déranger l'apparente harmonie de la société)

Donc, je n'ai pu lire que les 3 premiers tomes, car le 4° et dernier en date est sorti des rayonnages de la bibliothèque, il doit y revenir le 30 août, donc s'il n'est pas réemprunté, ou prolongé dans la foulée, je pourrai le lire avant de partir de Belgique.
D'ailleurs ma mère (72ans) arrive demain et je pense que ça l'intéressera de le lire, elle est aussi sensible que moi à ce genres de sujets.

mardi 13 août 2019

Somali et l'esprit de la forêt tomes 1 à 4 - Gureishi Yako

Haaa ça faisait longtemps...
Un manga fantasy plein de créatures mystérieuses pour l'occasion?

Cette fois ci ce ne sont pas des yôkai ou des yûrei au sens strict, des créature fantastiques folkloriques, mais...on en est pas loin.




Dans un univers indéfini, où le monde était partagé entre humain et non-humains qui s'ignoraient , l'équilibre a été rompu à partir du moment où chaque faction a commencé à s'intéresser à l'autre. D'abord avec curiosité, puis méfiance, jusqu'à en arriver à la guerre.Et contrairement àce qu'on pourrait penser, ce sont les humains qui ont perdu: enlevés et utilisés comme animaux de compagnie au mieux, mangés au pire.

Dans cette situation, un jeune humain perdu dans la forêt na quasiment aucune chance de survivre...C'est ce qui arrive à Somali, petite fille de 6 ou 7 ans, sauf qu'elle a la chance d'être trouvée par l'esprit gardien de la forêt nommé " le golem".  Une créature probablement végétale, qui n'a besoin pour vivre que d'eau, de lumière et de la forêt où il est né , et avec laquelle il vit en symbiose. Et bien qu'il soit supposé ne pas quitter la forêt, sinon elle va dépérir,ni ressentir d'émotions, le golem va prendre pitié de la petite Somali, la faire passer pour une créature non humaine ( à l'aide d'un vêtement à capuche muni de cornes qui la déguise en petite fille minotaure) et partir sur les routes avec elle afin d'aller trouver sinon sa famille, du moins d'autres humains. Tant pis pour la forêt, de toute façons, les golems ont une espérance de vie de 1000 ans, pas un jour de plus, et celui ça a déjà plus de 998 ans, donc c'est déjà un petit vieux malgré son apparence puissante, et quoi qu'il advienne à sa mort, la forêt se dessècherait. Il trouve donc une occasion de vivre la seule aventure de sa longue vie et un peu de compagnie.

voilà à quoi ressemble un Golem sans son armure. Oui on dirait un peu qu'il sort de l'attaque des Titans, mais c'st une créature humanoïde végétale, composé de racines et de branches
Et Somali, elle considère cet effrayant protecteur comme son père adoptif, tout en ignorant que le temps à passer ensemble leur est compté.




Tous deux vont donc aller de ville en ville, en passant par le désert, rencontrer un bestiaire étonnant qui tient à la fois de Jérôme Bosch ou Brueghel et des extraterrestres de Star Wars, dans des décors super léchés, qui me rappellent aussi Piranese pour les villes, Nausicaa de la vallée du vent pour les forêts...c'est même dommage que le manga soit en noir et blanc, la couverture donne une idée de ce que seraient des pages en couleur..


On va y croiser des magiciennes bibliothécaires, des lapins à cornes, une harpie, des démons, des mulots dentistes, quelques humains aussi, plutôt isolés et méfiants, déguisés eux aussi. Mais grosso modo ce petit monde est finalement assez bienveillant avec somali, même lorsqu'ils finissent pas découvrir sa nature ou la suspecter.



Et donc, voilà déjà le principal problème: tout va très vite. L'auteur nous plonge dans un univers fantasmagorique, on a à peine le temps d'apprécier les nouveautés de l'épisode que hop.. on passe à autre chose. Hormis Somali et le Golem, qui sont les personnages centraux, tout le reste disparait aussi vite qu'il était apparu, on commence à avoir enfin, au 4° tome seulement, d'autres personnages récurrents ( les 2 démons, et je suppose qu'on va revoir la harpie ou Kikila à un moment donné).


Et la structure en petites histoires d'un chapitre au départ, puis de plusieurs chapitres ensuite, mais sans grand suivi donne une impression assez décousue à l'ensemble. Comme si l'auteur n'avait qu'un fil directeur à son histoire et improvisait totalement la plupart du temps.



Je ne sais pas exactement ce qu'il en est, mais la manière dont je le ressent, c'est qu'on a quelqu'un qui est très doué(e? je ne sais pas exactement s'il s'agit d'il ou elle) pour le graphisme, un illustrateur ou une illustratrice,  mais qui n'est pas vraiment scénariste et tâtonne beaucoup.
C'est le même phénomène en BD européenne avec Enki Bilal, excellent dessinateur, mais pas scénariste ( et il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il travaille avec un scénariste comme Christin, lorsqu'il travaille seul, on peut avoir autant du très bon - la foire aux immortels - ou du très mauvais - Animalz), et là, j'ai la même impression. Ca manque vraiment de structure par moments,même si les choses s'arrangent avec le retour de personnages secondaires qui donnent plus de liant.




A voir, la suite devrait paraitre bientôt.

mercredi 3 juillet 2019

Princess Jellyfish T 12 à 14 - Higashimura Akiko

Et dernier sujet sur cette série, car il y a 17 tomes en tout, 15 parus en France , mais la médiathèque n'a pas le dernier..


et donc: grand changement pour Tsukimi: le richissime directeur de la société "Avidy" ( tout un programme) Monsieur Fish ( hahaha, poisson, méduses, lol...) venu de Singapour pour le salon de mode amateur, a repéré ses modèles de robes méduses, et veut acheter les patrons et embaucher Tsukimi. Une aubaine pour n'importe qui, une catastrophe pour une fille timide, qui n'avait ni l'envie ni les compétences pour envisager un travail dans la confection.
Tsukimi est donc presque enlevée par Monsieur Fish et sa secrétaire:il rachète en lot la résidence Amamizu et Tsukimi, afin de la faire former dans sa société.




Société où Tsukimi est immédiatement mal vue: godiche, mal habillée, qui ne connaît pas un mot d'anglais *dépourvue de la moindre compétence dans un domaine où elle manque de la plus basique des notions.. pensez , elle n'a jamais entendu parler de la marque ni tu propriétaire, et ne connait même pas les noms et les visages des mannequins célèbres
(on dirait moi, dans les années 90, la risée de mes copines de lycée, c'était l'époque de gloire des top-models, et si je connaissais quelques noms à force de les entendre par les autres filles, j'étais incapable d'associer un nom et un visage - c'est toujours le cas, je suis incapable de reconnaître les gens, si je ne les connais pas personnellement, ou si je n'utilise pas de stratégie "untel a les cheveux frisés de telle couleur, machine a des lunettes noires, bidule un accent lorrain....", donc va reconnaître des nanas toutes taillées sur le même modèle, habillées pareil et qui ne parlent pas. J'en suis toujours incapable...)


Et donc tout le monde se demande ce que monsieur Fish peut trouver à cette " grosse", cette "bouboule" ( évidemment, les têtes creuses d'Avidy ne fréquentent que des mannequins sélectionnées pour leurs physiques filiformes et en oublient l'existence d'autres femmes non standardisées.  Ce qui est problématique quand on doit VENDRE des vêtements aux gens normaux.
Et c'est ça que recherche monsieur Fish, moins requin (quoique) qu'il n'y parait: un regard neuf, une styliste non formatée, qui ne respecte donc pas les codes intégrés par ceux qui sont passésdans les écoles de stylisme. Il a tout de suite remarqué que ses vêtements tranchent sur la monotonie de l'habillage japonais,  et n'ont donc pas trop de chances de se vendre au Japon, mais ont un potentiel sur le marché de l'Asie du Sud-Est.



Pendant ce temps là, Shû, qui a demandé Tsukimi en mariage profite d'un voyage éclair en Italie pour lui faire fabriquer une bague méduse en verre de Murano.. mais n'est pas au courant de ce semi-enlèvement. aubaine pour Kuranosuke qui a aussi des vues sur elles ( et damn' le retour du triangle amoureux) et fait croire à Shû qu'elle l'a largué pour aller tenter sa chance à l'étranger.
Kuranosuke lui même va donc forcer les autres amars à se faire faire un passeport pour débouler elles aussi à Singapour en cas de nécessité et par en éclaireur... déguisé en jolie fille.aubaine pour la boîte Avidy,qui a besoin d'un mannequin de remplacement sur le champ.. Sa carrière dans la mode pourrait bienêtre une carrière de mannequin  :D

Donc voilà, le manga s'expatrie à Singapour.. et même si je me fous du luxe, j'ai assez envie d'aler voir l'hôtel Marina bay, une des curiosités les plus connues de la région: un hôtel en forme de bateau qui fait le lien entre 3 gratte-ciel.


Connu pour son architecture originale et aussi pour sa piscine aérienne, avec vue imprenable sur la baie.
autant vous le dire de suite, ce n'est pas dans mes prix...

Mais, est-ce que ce déplacement va  amener de la nouveauté? Plus que 3 tomes pour finir l'histoire, et ça commence à sentir la précipitation et donc les triangles, carrés, pentagones, octogones.. amoureux. (Shû et Kuranosuke en pincent pour Tsukimi qui en pince toujours pour Shû  mais est persuadée qu'il l'a larguée, et lui pense la même chose dans l'autre sens, Monsieur Fish semble la draguer, mais probablement pour mieux l'embobiner, Hwaeyon et Kiki se disputent monsieur Fish.. )

Après on aurait pu se passer du très téléphoné passage sur l'enfance forcément malheureuse de Monsieur Fish-le-businessman-qui-s-est-fait-tout-seul, surtout que ça ne tient pas:
un ancien pauvre, qui retourne voir ses camarades de l'orphelinat avec lesquels il récupérait des vêtements abandonnés parles riches pour less modifier et les leur revendre, qui fait des cadeaux somptueux à ses anciens amis.. n'a aucune raison de faire brûler ses invendus au lieu de les distribuer aux défavorisés tels qu'il l'a été (quitte à faire ôter les étiquettes!). A croire qu'il pense que tous les pauvres s'empresseraient de faire comme lui et de les revendre aux riches? Bref ça ne colle pas avec le reste de sa caractérisation: le requin des affaires est un type qui aime les plaisirs simples, les  CoCoCurry House**(une chaîne de curry bon marché au Japon) et la nourriture de supérette.

Par contre un détail que j'ai bien aimé: pour son apprentissage, Tsukimi est logée dans un atetlier-salon-boîte de nuit privée qui appartient à M. Fish. Sa chambre est vitrée, comme un aquarium, où elle se retrouve exactement dans la situation de sa méduse de compagnie ou de celles qu'elle va voir à l'aquarium public: avec des gens qui la regardent et tapotent la vitre pour attirer son attention, telle une bête curieuse. J'aurais bien aimé voir plus souvent dans ce manga ce genre de moments cyniquement bien vus.

Clara la méduse de compagnie. Qui est bien dessinée sous forme de méduse dans son aquarium, mais apparait sous forme de mascotte kawaii rose bonbon pour commenter l'action.
la vraie Clara: Mastigias Papua, ou méduse tachetée des lagons

Un série qui donc fait bien se s'acheminer vers la fin, ça sent la fatigue, et on perd en dinguerie en s'éloignant des amars, on perd tout le côté névroses et angoisses sociales, pour arriver vers une classique histoire de Cendrillon...où l'amûûûûr prend le pas sur les passions étranges des personnages.

*phénomène pas si rare au Japon, même si les choses changent peu à peu. Le pays était fermé à tout commerce extérieur presque jusqu'au 3°quart  du XIX° siècle, il est encore bien ancré  dans les têtes qu'apprendre les langues est un passe temps, plutôt pour femmes au foyer ou retraités. On peut trouver du travail sur place, les entreprises recrutent directement dans les universités le personnel en fonction des qualifications recherchées, et il est globalement acquis que qui veut travailler  l'international sera recruté par une société internationale avant même d'avoir validé son diplôme d'anglais, les filières de langues sont quasiment réservées aux gens qui veulent travailler à l'étranger, et il n'y en a pas tant que ça.
A quoi bon se casser la tête à apprendre une langue pour travailler dans un étranger peuplé de barbares qui ne maîtrisent pas les codes japonais, on est bien chez nous, on ne va pas s'encombrer d'une connaissance sans intérêt.
Oui c'est schématique et il y a surement des japonais(es) otaku des langues? Mais globalement: possibilité de travailler sur place en n'ayant besoin que du japonais = pourquoi se compliquer inutilement la vie.
C'est cependant en train de changer: JO d'été au Japon en 2020 oblige, j'ai vu une plus forte présente d'affichage en anglais dans les transports entre mon premier voyage en 2007 et mon dernier en 2014, plus de gens commencent à apprendre les langues, à la demande des employeurs qui veulent vendre leurs produits au touristes qui vont venir, le tourisme augmente aussi globalement d'année en année, et une compétence en langues devient un atout pour trouver un emploi.

** on en trouve partout et c'est assez marrant: la base est un bol de riz de 300 g avec sauce au curry, la garniture est au choix, on peut ajouter du riz 100 g par 100 g et surtout choisir la "force du curry" de 0 ( pas piquant ) à 10 (extra piquant).C'est du curry japonais,qui a un goût plus proche du 4 épices .
Le 1 est considéré " very spicy" par CoCoCurry, les japonais mangent rarement des choses très épicées ... J'ai testé un niveau 5, et .. ça suffisait. L'équilibre entre saveur du curry et force du piment était ok, toute catégorie au dessus n'aurait aucun intérêt - et ne sont accessibles qu'à ceux qui viennent de se taper une assiette de curry 5, donc 300 g de riz plus la sauce et la garniture -  on y perdrait le goût épicé pour ne plus avoir que du piquant. On peut aussi ajouter du miel ( de 1 à 5, autant dire que si 3 c'est "le goût sucré qu'aiment les enfants", je n'ose imaginer le sucré niveau 5... Sans moi!)

La serveuse a essayé de me faire changer d'avis parce que "habituellement les femmes ne vont pas plus loin que le niveau 3 en curry "  😂.

samedi 29 juin 2019

Princess Jellyfish T.8 à 11- Higashimura Akiko

Suite des aventures de nos amies otaku lancées dans la création de leur marque de vêtements.




Et de tome en tome les choses évoluent lentement. Tsukimi commence un peu a dépasser sa timidité mais à toujours du mal à comprendre les choses même quand elle lui sont dites clairement, tant elle les pense impossible. Son cerveau est paramétré de telle façon que lorsque le frère de Kuranosuke l'invite plusieurs fois à dîner et lui balance un "je t'aime" entre le plat et le dessert, suivi d'une lettre de demande en mariage, elle arrive à la conclusion qu'il lui ment, ou la manipule, ou que les extraterrestres lui ont implanté une puce cérébrale à son insu de telle sorte qu'elle comprend mal ce qu'on lui raconte...

Par contre exit depuis quelques tomes Madame Inari, qui le harcelait sexuellement, au point que je me dis que l'auteur avait lancé cette amorce et qu'elle a changé d'avis en cours de route,et s'oriente vers une relation Shu/Tsukimi et lieu de l'attendue relation Kuranosuke/Tsukimi. Pas de drame, pas de retournement de situation ou de changement d'avis, et, hormis l'héroïne obtue qui semble refuser de comprendre, on semble s'orienter vers une relation sentimentale partagée et sans heurt. Normale. Limite, et même si je ne suis pas friande d'histoire sentimentale, je me doutaisbien que je ne pourrais pas y couper dans un josei, ça fait du bien dans un manga que les choses ne tournent pas au drame 10fois par tome.



Pour le reste, ce sont les vicissitudes de la création d'une jeune marque, où chacune trouve progressivement sa place: Jiji se souvient qu'elle a étudié la comptabilité des années avant, et vu qu'elle se débrouille en informatique, a une place toute trouvée pour tout ce qui est compta/ gestion du site internet et des bons de commande. Hormis le fait qu'il n'y a pas de salaire, en voilà une de lancée dans la vie professionnelle, et elle travaille bien!
Nomu-san la collectionneuse de poupées travaille aussi très bien, habituée qu'elle est des salons d'exposition pour les vêtements de poupée qu'elle fabrique et vend déjà...
Chieko sert d'intendante à la société, s'occupant des locaux, et de l'approvisionnement et arrive à être plus roublarde que sa mère ( à qui elle ressemble comme deux goûts d'eau)pour retarder la vente.
Mayaya la grande asperge est toute désignée pour servir de mannequin vivant ( tartinée de colle à bois!) pour la réalisation des prototypes, et Banba.. reste Banba, la mascotte qui n'a pas encore trouvé sa place.
quand à Kuranosuke, son " secret" n'est pas encore découvert, mais au point où on en est, il y a a parier que les amars l'ayant acceptée comme fille, elles ne sont pas loin d'accepter l'existence de la moitié mâle de l'univers, d'ailleurs , malgré les règles d'exclusion de la résidence Amamizu, Shû et son chauffeur commence à pouvoir y entrer sans être fichus dehors et sans que les filles ne se figent à leur vue.




Les jolies filles aussi ne sont plus vraiment des ennemies que ce soit Kuranosuké sous son identité de Kurako ou la jolie indienne au langage très familier qui représente la société de tissus avec laquelle la marque travaille.
Moment sympa: les otaku décident de participer à une manif avec les retraités du quartier pour protester contre leur expropriation, mais surtout parce que c'est une chose qu'elles veulent tenter une fois dans leur vie ( c'est vrai que la manif n'est pas au Japon un sport national comme en France et les occasion d'en rejoindre ou d'en organiser une ne se présentent pas aussi souvent. Par contre leur point de vue de ce qu'est une manif se situe quelque part entre le carnaval (on y va, mais déguisées, qui en méduse, qui en général chinois, qui en mascotte d'une ligne de train..) et mai 68, pavés et cocktails molotov prêts à servir,carrément!




Bref, le manga continue son petit bonhomme de chemin, et perd il est vrai un peu de dinguerie, maintenant que les asociales commencent à devenir " normales". C'est dommage. J'espère que les nouveaux personnages qui arrivent vont redynamiser le tout qui commence à piétiner un peu. Et ce que évidemment comme il s'agit d'une version contemporaine de Cendrillon, tout va immédiatement réussir, même dans un contexte de marasme économique,

Donc bon, je n'en attends toujours rien de spécial. Encore 4 tomes avant d'arriver à la fin de la publication française, que je vais essayer de lire avant de repartir pour un mois et demi dans le sud de la France quand même..après je ne sais même pas si je serai encore là quand les 2 ultimes tomes paraîtront, et je suis quasiment sûre que la série n'est pas disponible  au minuscule rayon manga de ma ville d'origine, donc même pas sure de pouvoir la finir un jour.

mardi 25 juin 2019

Princess Jellyfish T. 5 à 7 - Higashimura Akiko

Suite des aventures cartoonesque de notre groupe d'otaku cornaquées par un fils de politicien travesti ( qui peut vraiment leur faire croire n'importe quoi tant elles vivent dans leur monde)



Obsédé par l'idée de lancer une ligne de vêtements inspirée du design des méduses, le jeune Kuranosuke a réussi a embarquer un peu de force ses nouvelles copines otaku dans l'aventure. Et quoi de mieux pour se faire connaître et débuter une carrière que d'utiliser ses connexions, après tout il est neveu du premier ministre, un premier ministre ne se déplace pas sanspetre suivi par une foule de journalistes...
Bingo: une copine de Kura joue dans une pièce inspirée de Hamlet, "les 24 Ophélies", 24filles sur scène, et un tonton qui aime bien regarder les nanas..Il n'y a qu'à l'inviter, et réaliser les costumes pour toute la compagnie dans le style "méduse". Tonton verra des jolies filles, la compagnie aura du public, les journalistes vont photographier la scène et donc les costumes, et on parlera du ministre proche du peuple, qui va voir un spectacle amateur. Tout le monde y gagne, y compris les otaku, qui vont se faire connaître et peut-être trouver un vrai travail...




Et ça ne loupe pas: succès, demande... et les voilà obligés de lancer en catastrophe une ligne de vêtement, car Kuranosuke s'enflamme beaucoup, mais manque singulièrement d'organisation.
donc, il faut trouver en catastrophe une seconde couturière, ce sera la très bizarre Miss Nomu, copine de Chieko, qui s'habille comme une poupée, réalise des vêtements pour poupées, collectionne les poupées - de types européen, contrairement à Chieko qui se concentre sur les antiquités japonaises ( qu'elle considère comme des humains, quand les vrais humains sont pour elle des vermines. Les autres filles ont l'air saines d'esprit à côté), et accepte de participer, en échange du droit de réutiliser les modèles à petite échelle pour fabriquer et vendre des vêtements de poupées.




Et donc, il va maintenant falloir réaliser suffisamment de vêtements, dans un temps limité, car pour faire connaitre une marque de vêtements, il faut organiser un défilé et donc trouver le lieu ( parfait: la résidence Amamizu, un peu ancienne , fera parfaitement l'affaire et coup double, c'est l'occasion de sensibiliser à la sauvegarde du quartier: les robes seront vendues comme collecte de fond pour sauver la résidence), les mannequins... il y a déjà Kuranosuke, mais.. c'est laque la très grande et très mince Mayaya peut être utile: problème elle est aussi surtout très complexée par ses yeux bridés qui l'ont faite surnommer " la tueuse" depuis toute jeune, par sa maigreur dégingandée et se trouve godiche..Mais elle se laisse aussi facilement soudoyer par la promesse d'une énorme récompense.. en figurines pour sa collection des " 3 royaumes". On imagine mal un mannequin avoir ce genre de loisir, et ça la rend encore plus attachante.

Donc, boulot en vue pour tout le monde.

Voilà donc une série qui continue tranquillement sur ses rails de délire, sans grande prétention, sans prise de tête, même si elle menace de se fourvoyer par moments dans un carré amoureux Kuranosuke - Tsukimi - Shû - Madame Inari un peu attendu.

Mais ça reste frais et parfait pour une période de glandouille...

vendredi 21 juin 2019

Princess Jellyfish T. 1 à 4 - Higashimura Akiko

Voilà l'été, voilà l'été...

Et donc un manga estival puisqu'il parle de .. méduses. En fait je ne savais pas de quoi il s'agissait, j'ai vu une camarade de fac se marrer en le lisant, donc comme j'avais envie de me vider la tête des révisions, j'ai emprunté les 4 premiers tomes à la bibliothèque.


Première bonne surprise,ça n'est pas un shôjo comme je pensais, mais un jôsei, les personnage principaux ont la trentaine ( physiquement, car dans leur tête.. c'est une autre paire de manches), sauf l'héroïne Tsukimi, qui doit avoir la 20aine et Kuranosuke qui est étudiant. Mais ce n'est pas une comédie lycéenne, ce que j'avais toujours cru, à cause du "princess".
Donc des thèmes un peu plus sombres: une héroïne qui n'arrive pas à se remettre de la mort de sa mère, bien qu'elle se soit passée des années auparavant, un trentenaire qui est tellement timide devant les femmes que sa famille a quasiment parié sur quand et comment il perdrait son pucelage ( il y a de quoi être encore plus coincé!), un garçon abandonné tout jeune par sa mère pour cause de naissance illégitime, du  harcèlement sexuel , certes traité humoristiquement, ça passe à peu près parce que l'ensemble du manga est parodique, et que les personnages sont irréalistes, mais non, le harcèlement sexuel en soi n'est pas drôle MÊME si c'est une femme qui harcèle un homme.

Pour le reste, on reste dans du classique, un peu déjanté, avec évidemment une histoire de travestissement, des losers bien plus sympa que les gens à qui tout réussissent... ou n'ont comme seule caractéristique une tête vide et le fait d'être né avec une cuillère en argent dans la bouche.


Ce qui sort de l'ordinaire donc (ou en tout cas sortait de l'ordinaire en 2009, depuis il y a eu Otaku girls que je n'ai pas aimé, et Switch girl un shojo sur l'idée qu'en chaque jolie fille sommeille une ringarde débraillée) c'est le portrait de groupe des filles au centre de l'histoire.Comme dans friends, il s'agit de colocataires. Mais plus du genre "Joey" en fait.  Exclusivement des femmes.
Toutes les nanas qui vivent là -autoproclamées les "amars" - les "nonnes"- ont quelques points communs: des passions hors du commun, qui entrainent leur mise à l'écart d'une société très lisse - le clou qui dépasse appelle le marteau, proverbe japonais! -, et par conséquent une peur parfois panique des "autres", et particulièrement des gens " normaux", ceux qui se coulent justement dans le moule.

Les nanas qui vivent là sont 6:
- Tsukimi (Lune et mer) la vingtaine, dessinatrice plus ou moins en recherche d'emploi (enfin plutôt moins que plus), est une fanatique de méduses, depuis qu'elle en a vu à l'aquarium avec sa mère peu avant la mort de celle -ci. Depuis quand ça ne va pas elle dessine des méduses, elle va à l'aquarium, qui lui rappelle ces bons moments.
- Mayaya est une dingue d'histoire chinoise, ou plutôt exclusivement de la période des 3 Royaumes. Pas tant de l'histoire en elle-même, d'ailleurs, que de son adaptation en romans, films, séries, dont elle cite des dialogues à longueur de temps, en se déplaçant comme une ninja.
- Banba, sous ses frisettes naturelles que tout le monde prend pour une coupe afro ringarde, adore les trains et la bouffe. Elle se laisse d'ailleurs vite amadouer avec un o-nabe ou un sukiyaki.
- Jiji (surnom qui signifie à peu près " pépère") est fan de manga, et particulièrement de shônen-ai, et fait une étonnante fixation sur les " vieux un peu fanés", comprendre les messieurs d'un certain âge, pour peu qu'ils aient encore du charme. Et passe donc ses journée à dessiner " des vieux".
- Maître Mejiro, surnommée" l'impératrice" par Mayaya, est une hikikomori. On ne la voit jamais, elle ne sort que la nuit pour éviter de croiser des gens, et dessine des manga shônen-aï qu'elle envoie par fax. C'est d'ailleurs la seule qui ait un travail officiel, faisant à l'occasion bosser les autres pour les encrages et tramages.
- Chieko, fille de la propriétaire de la maison, est une collectionneuse passionnée d'antiquités  japonaises ( tasses, poupées précieuses, objets de décoration) et ne sort jamais autrement qu'en kimono cousu par ses soins (c'est d'ailleurs une virtuose de la machine à coudre et une vraie passionnée de couture)
Et la propriétaire? Elle est aussi timbrée que les autres, dingue de pop-music et de cinéma coréens, elle vient de partir habiter en Corée pour apprendre la langue dans le seul et unique but de pouvoir discuter avec son acteur préféré " au cas où elle le croiserait".

Tout ce petit monde a quelques règles strictes: pas d'hommes dans la maison, et pas de jolies filles dans la maison, les deux sont considérés comme les ennemis naturels des femmes otaku.
Car toutes évidemment, sont persuadées d'être moches et condamnées à le rester, et amplifient la chose en portant joggings informes et fringues grisâtres... hormis Chieko et ses kimonos.

Evidemment... cette belle organisation est bouleversée par l'irruption dans la vie de Tsukimi d'une jolie fille.
Qui a aussi un grain, et cache quelque chose sous ses jupes hors de prix.  Kuranosuke est riche, très riche, élégante, et c'est un homme.
Qui se prend vite d'affection pour ces nanas hors du lot, bien plus drôles et vivantes que le panier de crabe qu'il fréquente en tant que fils d'éminent homme politique. Ses raisons pour se travestir alors qu'il est hétérosexuel? Dans sa famille , on est politicien de père en fils, son grand frère va être politicien, et lui espère que son excentricité le rendra aux yeux de tous inapte à la politique, afin de pouvoir travailler dans le stylisme, sa vraie passion.

Donc, sympathiser ce gynécée en se faisant passer pour une femme dingue de stylisme lui convient tout à fait. Seule Tsukimi est au courant de ce petit secret, qu'elle ne révèle pas tant elle a peur de se faire déménager de force  si on découvrait que sa copine cache du poil aux pattes sous ses collants.
Toutes les autres sont d'ailleurs tellement peu familière du concept d'"homme "que lorsqu'elle le voient par hasard torse nu, elle lui accordent enfin du crédit au motif que " la jolie fille est en fait une planche à pain qui porte des faux seins, elle est comme nous: une handicapée de la féminité, hourrah!"
Et cette " planche"pourrait bien s'avérer une planche de salut, face aux vilains promoteurs immobiliers qui veulent faire raser le quartier et par ricochet expulser les otaku hors de leur tanière.



La trame est très classique: menace d'expulsion, filles tartes qui ne le sont pas, pour peu qu'une bonne fée s'occupe de les relooker ( une fée à faux seins, un garçon bien plus "jolie" que la plupart des nanas), otaku qui manquent évidemment de confiance en leur potentiel: pas une n'essaye de faire de sa passion un métier. Chieko pourrait devenir très facilement couturière professionnelle, Banba conductrice de train ou mécanicienne, Mayaya chercheuse en histoire chinoise, Tsukimi étudier la biologie marine...mais non, elles n'y pensent même pas. Bosser ne leur vient même pas à l'idée en fait, attendre l'argent de poche des parents est plus confortable.
C'est Kuranosuke qui va se rendre compte qu'avec Tskukimi au dessin, Chieko à la couture, les autres qui mettent la main à la pâte et son propre sens des affaires, elle pourraient bien toutes créer leur ligne de vêtements, en créant des jupes et des robes inspirées des méduses que dessine Tsukimi. Un comble pour des filles qui se désintéressent à peu près totalement de la mode.

Mais la galerie de personnages secondaires est réjouissante: en particulier Monsieur Hanamori le chauffeur ( otaku des Mercedes et d'un intégrité moral stricte jusqu'à ce qu'on le soudoie en lui promettant de nouvelles jantes pour sa voiture) et Tonton Saburôta, premier ministre à la popularité vacillante, et ses blagues nulles.

Donc sans être le manga de la décennie, c'est une option sympa pour se changer les idées.
et évidemment mes petites chouchous sont Banba et Mayaya, qui assument totalement leur incompétence dans tout ce qui est féminin et sont complètement barrées.

Ca et les titres des chapitres ui font tous références à tes titres de films, j'aime beaucoup

A noter, une adaptation animé qui a été faite - et que je n'ai pas vue- comme souvent, avant la fin de la série papier, et doit donc s'en éloigner assez vite, ou n'adapter que les premiers tomes.
Ce qui était le cas pour Fruits Basket, une nouvelle version animée est en cours de diffusion afin d'adapter l'intégralité de la série.

jeudi 20 juin 2019

Moriarty T3 et 4 - Takeuchi Ryosuke et Miyoshi Hikaru

Bon, donc les 2 tomes suivants étaient à la bibliothèque, les voilà lus et chroniqués dans la foulée.
Et je confirme que pour moi, ça s'arrêtera là.



Le tome 3 était d'un ennui profond, avec une relecture pathétique d'une Etude en rouge, et une version tape à l'oeil du chien des Baskerville.

Pour une étude en Rouge, c'est surtout le problème de se concentrer sur Sherlock-loubard et Watson l'incolore qui pose problème.Un Sherlock accusé de meurtre par un mort qui aurait écrit son nom avec son sang avant de mourir.
Et quand tu es française, ben, tu sais que c'est aussi crédible que "Omar m'a tuer". Autre problème: "Qui c'est celui là?". Les personnages secondaires arrivent comme un cheveu sur la soupe, sans être présentés, donc c'est au bout de 3 ou 4 pages qu'on apprend que X est en fait Lestrade.
On a droit à Fred, qui fait du parkour déguisé en petite vieille (facepalm).
et toujours le leitmotiv des nobles ( tous salauds tendance marquis de Sade) qui font rien qu'à oppresser les pauvres et les roturiers.

Dans ma tête ça donne Biouman " je suis le méchant et je veux tuer la gentille!".
Cli-Ché!
Spoiler: en fait être noble, c'est juste être né avec un titre ronflant, non seulement ça ne garantit pas la fortune, comme ma copine Mathilde, baronne de par son père mais qui a bossé en usine pendant des années et maintenant à la poste. Et être une ordure n'est ni livré avec le titre à la naissance, ni limité à la noblesse. Que je sache, beaucoup de serial killers ( dzing!) sont roturiers, hein..
Je sais, mais ça commence à me saouler ce présupposé. Pour moi c'est du même acabit que "  tous les noirs sont, tous les juifs sont.." et ça pue.

Le chien des Baskerville: Charles est une sorte d'ogre qui fait enlever des gentils n'enfants orphelins pour les chasser ni vu ni connu, comme des lapins, dans les jardins de son immense propriété, avec ses petits camarades masqués comme des adeptes d'une secte. Outre qu'on a là un scénario de mauvaise série B vue et revue, l'ami Charles est un esthète décadent qui fait de l'art avec les cadavres de ses victimes.
Chasse à l'homme et art macabre, mais mais mais.. c'était dans Psycho Pass tout ça et avec autrement plus de brio car il y avait une réflexion sur la violence, l'art et plus généralement la décadence.
a oui,dans la foulé, on découvre que Louis, le gentil et effacé Louis est un extrémiste qui laisserait mourir sur place une victime blessée pour pouvoir se consacrer à la chasse au criminel. Vaut-il dans ce cas là mieux que Charles Baskerville, J'en doute.

Entre parenthèse, c'est gamins on des nerfs d'acier: torturés pour entraver leur fuite, ayant perdu du sang, menacés de mort, ils voient des gens pas forcément rassurants abattre sous leur yeux leur tortionnaires.
Et ils ne mouftent pas.Ni hébétés, ni sur la défensive.. a priori quand on est  enlevé et torturé, on est aussi immensément stressé, et incapable de réfléchir, on a un minimum peur de celui qui vient de décapiter votre tortionnaire sous vos yeux...en tout cas on ne le suis pas gentiment sans se dire " au secours, c'est moi le prochain, vite, s'enfuir, coute que coûte". Ben là, non. Ils repartent tranquillement avec leur" sauveteurs"- 10 points de crédibilité psychologique.
5 J'en profite pour mentionner  ce que j'avais oublié de dire précédemment: les pamplemousses sont un ressort narratif dans le tome 1ou 2, je ne sais plus. Mais ne peuvent en aucun cas être produits localement au centre de l'Angleterre à la fin du XIX° siècle. Même pas à l'heure actuelle malgré le réchauffement climatique, les agrumes poussent toujours dans les pays chauds: Floride, Israel, Espagne, Italie, un peu dans ma PACA natale, mais là aussi il ne fait pas assez chaud... ( donc un oranger sur le sol irlandais on ne le verra jamais, et j'ajouterai un pamplemoussier sur le sol anglais, c'est pas demain la veille non plus.)Soit dit en passant, et justement vu la provenance, le pamplemousse devait être un produit de luxe à l'époque, certainement pas un fruit de consommation courante trouvable sur un marché local et accessible à la bourse des travailleurs agricoles... En Bretagne on est plutôt forts en pommes.
(Oui je mets des références franchouillardes et peu sérieuses parce que c'est ce qui me permet de tenir le coup,là...)

Enfin, déjà cette histoire était plus supportable parce que pas de Sher-loque à l'horizon ( ce côté non canon étant justifié par Watson qui n'en peut plus de voir son colocataire génial mais infréquentable, et entreprend d'en faire le gentleman qu'il devrait être via la fiction qu'il publie sous le nom de Conan-Doyle.

Je ne suis même pas sure de qui est en couverture.. je crois que c'est Watson, dont on aurait jusqu'à présent: William- Sherlock, Louis, Watson... Logiquement je prends les paris que ça sera 5:Albert- 6 : euh, y'a plus personne côté Sherlock..Madame Hudson ou Lestrade plus probablement. 7: Moran



Tome 4:
Un peu plus intéressant: on quitte l'Angleterre pour l'Inde, où les marchands d'armes ont tout intérêt à faire dure la guerre Angleterre-Afghanistan, celle-là même qui a traumatisé Watson et où Moran a été déclaré mort.

Donc Albert Moriarty, propulsé depuis le tome 2 chef du très secret Mi6, reçoit de la part de son chef Holmes l'ordre d'enquêter sur la mort suspecte en Afghanistan d'un militaire anglais qui avait apparemment découvert des secrets qui..
Euh, minute..
que fait Holmes au Mi6?
Pourquoi c'est le chef d'Albert?
Pourquoi il a changé de coiffure?

Haaaaaa ouais, ce n'est pas dit mais en fait ce n'est pas Sherlock mais probablement ( parce que ce n'est pas dit) Mycroft. M'a fallu quelques pages avant de piger. Je n'ai pas lu tous les livres de Doyle , ni vu tous les films qui en sont adaptés, mais je connais l'existence de Mycroft et j'ai mis quelques temps à comprendre ( en même temps, vu son jeune âge, vous m'excuserez...pour moi Mycroft c'est plutôt Charles Gray ou Christopher Lee). donc mettons nous quelques instants à la place de ceux qui n'ont pas forcément lu les 2 nouvelles où apparaît le frangin de Sherlock.
Ouaip, il y a un truc assez sympa qui s'appelle "le contexte", et là contextualiser un brin aurait été intéressant, juste en présentant le personnage au moins une fois auparavant.

Bon donc, on a donc d'une part Mycroft Holmes-> chef d'Albert Moriarty qui lui donne ses missions, et en parallèle William Moriarty -> utilise Sherlock à son insu comme complice involontaire: la capacité de déduction de Sherlock pour faire savoir au monde de façon tonitruante que ces meurtres ne sont pas gratuits mais interdépendant dans un projet plus global à portée sociale.
 Enfin, donc Cette fois, c'est Moran, bras armé d'Albert et William, qui va aller corriger définitivement le vice-roi d'Afghanistan, un militaire corrompu qui a des intérêts économiques à ce que la guerre continue et provoque des fausses attaques pour la relancer sans cesse. L'une de ces attaques est justement celle qui a décimé la compagnie du capitaine-pas-encore-colonel Moran des années auparavant. Donc, éliminer celui à cause de qui il a perdu sa main droite et été déclaré mort est un boulot tout trouvé pour Moran, accompagné de la secrétaire du Mi6, Miss Moneypenny ( re-facepalm)

Sérieux? Que font Miss Moneypenny et sa coupe de cheveux très contemporaine dans cette histoire?C'était obligé de faire appel à James Bond maintenant?
Donc oui,c'était un peu mieux, parce qu'on part sur quelque chose de plus axé politique/ historique ( encore que je ne connais pas grand chose aux conflits dans les colonies anglaises du XIX° siècles, et je suis prête à prendre le pari qu'il y a pas mal de bullshit là dedans aussi), et qu'on donne une histoire à Moran.

Mais bon, malgré un retournement de situation final et une nouvelle rencontre entre William et Sherlock, qui bluffe ( Martoni) pour savoir si par hasard, p't'être b'en que William serait le " prince du crime" ( le prince.... re-refacepalm. C'est le NAPOLEON du crime), et un cliffhanger de malade jamais vu auparavant-lol ( un mort dans un compartiment de train fermé de l'intérieur - haha, vous attendiez Hercule Poirot, mais j'ai mieux, et franchouillard - alors que Sherlock, William et Louis sont tous ensemble à papoter en copains, difficile de les soupçonner. ), tout ça est tellement tiré par les cheveux que non l'aventure a toutes les chances de s'arrêter là pour moi.

Le sujet était tentant, mais outre les incohérences, les clichés au litre, le manque de contextualisation, il a le traitement platounet vu et revu qui fait que mon intérêt " c'et pas mal" au tome 1 et devenu un " c'est nul" au tome3 et" mouais, y'a du mieux, mais je me fous de savoir la suite" au Tome 4.
Pourtant, je suis plutôt du genre bon public, mais le potentiel est tellement mal exploité...


samedi 8 juin 2019

Moriarty T1 et 2 - Takeuchi Ryosuke et Miyoshi Hikaru

Trouvé par hasard à la bibliothèque, tiens, allons -y ça fera une lecture un peu décalée sur le mois anglais.
Comme le laisse supposer le titre, cette oeuvre dérivée de Conan Doyle va s'intéresser non pas à Sherlock, mais au "Napoléon du crime", donc finalement on sait assez peu de chose dans le canon de Doyle.

Donc, un peu plus de liberté pour l'adaptation, et là, préparer vous, pour ce qui est de la liberté, on en prend Beaucoup, mais alors beaucoup.
Visiblement, l'idée de base est "on sait qu'il est malfaisant et intelligent mais dans le fond, quelles sont les motivations de Moriarty pour être mauvais"

A cette question la réponse du manga est " l'idéalisme".
Et d'ailleurs il n'y a pas un seul Moriarty, mais 3, tels les 3 juges des enfers, ou les 3 parques...




Tout commence dans leur enfance:à l'origine il y a 2 frères Moriarty, fils de comte. L'aîné Albert-James et le cadet William-James. Le "vrai" William C'est Albert l'idéaliste , il ne supporte pas la manière dont ses parents et son petit frère traitent leurs deux enfants adoptifs, le second William et Louis.
Deux orphelins intelligents et adopté juste pour faire "oeuvre de charité", parce que c'est une quasi obligation dans cette société rigide et compassée, lorsqu'on est noble, que de prendre des pauvres roturiers sous son aile. Enfin, là, c'est plutôt les prendre comme larbins gratuits, en échange d'une opération pour Louis qui est cardiaque ( oui, pour toute cette introduction c'est beaucoup beaucoup de clichés sur l'Angleterre, la noblesse et la lutte des classes)

Idée d'Albert, qui ne peut plus supporter les injustices? Embarquer les deux petits frères adoptifs, chez qui il a décelé un potentiel " c'est la lutte finale", dans une révolte en forme d'association de malfaiteurs. Et ça va commencer par éliminer toute la famille, en cramant au passage la propriété familiale pour effacer toute trace de crime.Les 3 malfaiteurs juvéniles étant bien évidemment les seulssurvivants, insoupçonnables - qui irait penser que cet accident est le fait d'un fils de bonne famille et de deux orphelins éperdus de gratitude envers leurs bienfaiteurs...
William "bis" prend donc l'identité de "feu" (c'est le cas de le dire) William-officiel. Une fois adultes, parfaits complices, ils vont continuer de jouer le rôle auto-attribué de justiciers exterminateurs d'oppressions sociales.

Albert, le militaire qui fréquente la haute société,  repère les potentielles victimes, William, le prof de maths ( le Moriarty " habituel), qui trouve les stratagèmes afin de faire passer les affreux de vie à trépas par exemple en faisant manger des pamplemousses à un cardiaque* histoire de camoufler le meurtre en accident, et Louis, le gestionnaire de la fortune familiale, dont le rôle est encore assez peu clair à ce stade.( Il sert pour l'instant si peu qu'il a droit à quelques pages bonus de fin, où il déplorer justement qu'on ne lui attribue pas de vrai rôle, et chaque chapitre se termine d'ailleurs par une petite illustration où les personnages réfléchissent et débattent de ce qu'ils viennent de jouer, réellement comme au théâtre. C'est assez sympa et prouve que finalement, il ne faut pas prendre cette histoire trop au sérieux)

* Je confirme l'incompatibilité des pamplemousses et du traitement contre les maladies cardio-vasculaires, c'est écrit sur la notice d'ailleurs.

Et donc, ce Moriarty là, très rajeuni ( prof d'université qui au final n'a pas beaucoup de différence d'âge avec ses étudiants, au point qu'on le prend régulièrement pour l'un d'eux), devient un personnage étrange, sorte d'improbable mélange entre Robin des bois et Karl Marx, ou Zorro et Bakounine.
Le tout dans une Angleterre si ... vue par le prisme du Japon, telle qu'on la trouvait, dans des registres assez différents, dans Black Butler ou Comte Cain. Ca ne me déplait pas, loin de là mais on est quand même très très loin de la réalité historique.
Donc , il ne va pas falloir être très regardants sur 2 choses
- le canon holmesien
- Sherlock, qui apparait dans le tome2: un type génial mais plutôt excentrique et ... sociable? Si on aime Sherlock au départ c'est plutôt pour son attitude asociale. Celui fait du kung-fu et se chamaille dans la rue avec Mrs Hudson (à qui il adore jouer des tours un peu mesquins)  au sujet du loyer.
Ce qui fait que Sherlock s'annonce comme le L, pendant farfelu, d'un Moriarty-Light
- l'adéquation costumes, coiffures décors, etc...à l'époque supposée ( là où justement, Black Butler faisait le pari d'anachronismes assumés et de franche déconnade... et ça marchait) Ici je le trouve juste un peu à côté de la plaque.



Bon point inattendu: Sebastian Moran en second rôle.Même s'il est lui aussi très éloigné de ce qu'on pourrait imaginer du " second homme le plus dangereux d'Angleterre après Moriarty."

Pour l'instant, je dis " sympa", parce que ça n'est pas non plus le " woahou"total. Le problème de ce genre de personnages à l'intelligence froide et calculatrice c'est que bien menés, on se trouve avec Johann dans Monster ou Makimura Shôgo dans Psycho-Pass ( et d'ailleurs, graphiquement, William ressemble beaucoup à Makimura et...il y a une raison: le dessinateur a travaillé sur un manga adapté de la série Psycho-Pass, donc référence involontaire " par habitude" ou clin d'oeil assumé? )

Et avec de telles références qui me viennent en tête, quand on sait à quel point Psycho Pass est dans le top 3 de mes anime favoris justement POUR sa réflexion sur la violence, le crime, la justice, le bien et le mal... évidemment, ce n'est pas à l'avantage de Moriarty, un peu platounet de ce côté là.

Le sujet " peut-on faire le mal pour défendre un idéal humaniste?" est toujours plein de potentiel, mais pour l'instant les affaires criminelles manquent d'ambition, plutôt du genre " lui, il est méchant, donc faisons lui la peau en faisant passer ça pour un meurtre/suicide/accident".
Donc comme toujours, je ne jugerai pas sur seulement 2 tomes, et je vais laisser le temps à la série de s'installer et de se donner les moyens de ses ambitions. Evidemment je ne me fais pas d'illusions, je n'attend pas qu'il devienne une série marquante, mais s'il peut passer de "pas mal" à "bien" , ça me fera déjà plaisir. C'est possible, avec un peu plus d'ambition.
Il y a pour l'instant 5 tomes parus au Japon, 2 en France, a priori la série devrait trouver son public et ne pas s'arrêter en cours de route y compris en France. Je ne sais pas si d'autres tomes seront disponibles prochainement en bibliothèque, mai ce n'est pas une série que j'achèterai, ou alors seulement en numérique, parce qu'elle ne m'enthousiasme a priori pas au point de vouloir lui faire une place sur des étagères qui croulent déjà

Et dans la catégorie " bizarrerie", je ne vois pas d'adaptation animée annoncée, ce qui est pourtant un passage presque obligé pour un manga, mais.. en comédie musicale. Ahem. Ca annonce son pesant de kitsch.

lundi 27 mai 2019

Ôke no monshô tome 4 - Hosokawa Chieko

Alors oui, l'an dernier, j'avais dit que ce manga était tellement mauvais que je ne continuerai pas, ou alorspas beaucoup. Un tome par ci par là.
Mais en fait j'ai eu une très grosse semaine, d'examens, le prochain n'est pas avant quelques jours et ça sera de la pure formalité,donc j'avais envie de faire autre chose que de la grammaire allemande ou russe, et surtout pas envie d'attaquer une lecture complexe.
Tiens, ils en sont où de ce pharaonique manga fleuve...

 Pharaonique, fleuve = Nil - la fille du Nil  hahaha.

Ami lecteur et plus probablement lectrice qui arrive ici, si tu trouve ce jeu de mots très nul, je t'assure que c'est loin d'être aussi mauvais que le scénario de ce manga , qui après un Tome 1 plutôt réussi, s'est dégradé aussi vite qu'un papyrus antique laissé à l'air libre.
Ainsi le Tome 2 était une déception ( tiens je note qu'en 2014, l'édition japonaise comptait 57 volumes), le tome 3 était à hurler de rire ( 62 tomes en 2018) , où en est -on?
A 64. (loin derrière Golgo 13, un manga de 1968 toujours en cours de publication, avec 187 tomes)

Les 8 premiers ont finalement été traduits en français,par des équipes qui peuvent changer d'un chapitre à l'autre ( et les noms des lieux et personnages aussi donc) à partir d'édition chinoises ou vietnamiennes . CADAL!
Mais je ne peux pas capter d'images de la version française, désolée. Je vais donc devoir expliquer de manière détaillée.


sur le tome 1 elle avait des cheveux frisés et donnait l'impression d'avoir 8 ans

Résumons:

Nous avions donc laissé Carol, la voyageuse temporelle qui a dû oublier son cerveau dans un autre espace-temps, coincée en pleine Egypte antique. Elle venait d'éblouir le peuple égyptien par ses compétences de survie en milieu hostile : pensez, elle sait filtrer de l'eau à la méthode antique, que même les égyptiens antiques ils ne savent pas faire! Elle vient de l'année 1976, mais ma théorie est qu'elle a dû aller dans le futur de maintenant regarder des tutos sur Youtube, et tomber sur des épisodes de C'est pas sorcier un peu par hasard. C'est pas moins crédible que le scénario ici, hein...

Bon admettons, elle s'est passionnée depuis longtemps pour l'égyptologie et peut connaître, en effet, la manière antique de filtrer l'eau. Mais ça n'explique pas pourquoi elle l'explique à des égyptiens qui l'ont inventée et semblent l'avoir oublié ( en prétendant que là d'où elle vient, tous les enfants savent faire ça)

Mmm, donc ce tour de passe-passe fait qu'elle est considérée comme la fille du Dieu ( ou de la déesse, selon les traductions) du Nil et que donc vox populi oblige, il FAUT qu'elle épouse le pharaon. Lequel, quelques pages plus tôt, en bon psychopathe qu'il est, lui déclarait son amour, puis la menaçait de la réduire en esclavage, et de la couper en morceaux et d'abandonner les morceaux dans le désert, si elle s'échappait en se lamentant " mais pourquoi tu m'aimes pas?"
Seulement voilà, le peuple la prend pour une déesse, et couper une déesse en morceaux, c'est pas trop possible pour un pharaon, qui, même psychopathe, n'a pas envie d'attirer le malheur sur le pays entier.

Et donc, voilà notre Carol bien embêtée, qui a besoin de réfléchir et se promène au marché au milieu des légumes, où elle rencontre, ça alors, un marchand prétendument palestinien.
Dont le lecteur sait déjà qu'il s'agit du frère de la riche princesse hittite que le pharaon devait épouser, que la frangine a disparu sur le chemin, que le gars pense que le pharaon l'a faite soit séquestrer, soit tuer pour pouvoir épouser à la place cette blondasse.
Seule au marché, face à quelqu'un qui pense qu'elle a manigancé pour obtenir les faveurs du pharaon et qu'elle est donc la cause, directe ou indirecte de la disparition de sa soeur....
Question...Combien de pages avant qu'il ne la fasse enlever?

Chapitre 1, accrochez vous, ça va être long. Je précise que ce qui est en italique est une citation textuelle des dialogues ( enfin, de leur traduction)

Surprise: le début du tome 4 commence APRES le marché (et Carol est toujours là!) par Isis, qui se regarde dans un miroir en demandant à quoi elle ressemble, en présence d'un serviteur qui lui dit qu'il n'y a pas plus belle qu'elle. Rappelons qu'elle est aussi un peu sorcière au cas où la référence ne serait pas assez claire. Isis, comme toujours, est en train de comploter pour faire exécuter Carol, tandis que le pharaon s'amuse à torturer quelqu'un, et que Carol pense " ho non, c'est trop cruel de torturer les gens". Une journée tout à fait normale au palais.

 Les illustrations couleur sont assez sympa, on est en 76, la colorisation est à l'aquarelle  et c'est tout autre chose que la colorisation numérique.

Mais, mais,mais !
C'est l'heure du second tuto de Carol: Hé, dis donc Carol, comment on forge une épée?
la tronche que fait le pharaon, c'est à peu près la mienne: WTF?
Accessoirement, faire couper la langue de quelqu'un pour le forcer à parler est une idée à la con, sauf mon respect monsieur Pharaon " hé 'ako'huhahahé! heuhé ou eu' i'e!"

Comme le pharaon veut connaître la manière de forger les épées en métal, et qu'il a beau torturer son prisonnier, celui-ci s'obstine à dire qu'il ne sait pas comment on fait, Sainte Carol fait appel à son instruction de jeune américaine de bonne famille, décidément très exhaustive - rappelons que c'est une gamine de 16 ans - elle va forger à grands coups de marteaux une épée, de toute la force de ses petits bras maigrichons en échange de la libération du prisonnier.

Dialogue:
"Bravo Carol, bon boulot, mais où as-tu appris à forger une épée?" -> "C'est simple je l'ai lu dans un livre, tous les gens du XX° siècle le savent!" ->"Carol, tu es vraiment l'incarnation d'un dieu"-> " C'est malheureux, j'ai fait la seule chose que je n'aurais pas du faire. Il veut plus que jamais se marier avec moi maintenant. Mais si je ne l'avais pas fait, il aurait tué le prisonnier, snif, snif, snif".

Bravo Carol.Tu viens de te tirer une balle dans le pied avec le fusil que tu devrais vite inventer pour te sortir de là définitivement. T'inquiète, ils te feront une jolie boîte décorée.

Accessoirement, j'ai 42 ans et pas mal de compétences variées, mais j'ai loupé ma vie: je ne savais pas forger une épée à 16 ans. Je ne sais toujours pas. Je me tâte: je continue ce manga ou je vais séance tenante potasser "la métallurgie pour les nuls"?  Non parce que même Saori était plus crédible en réincarnation d'Athéna. Et pourtant, c'était aussi une cruche vide.

Pendant ce temps là en Egypte, mais en 1976, la famille de Carol, qui a disparu depuis 2 semaines, mène d'actives recherches qui consistent surtout à pleurnicher et à se demander " si ça s' trouve, elle s'est perdue dans un passage secret en visitant un temple, c'est possible après tout".Ahem, 2 semaines portée disparue sans eau ni vivres dans une région désertique, vous avez le moral...

Pendant - pendant ce temps, Isis a un plan: on a vu Carol discuter avec un marchand au marché, il faut trouver le moyen de les faire se rencontrer, tomber amoureux, qu'elle se tape le marchand, ce qui serait une excellente raison pour réclamer sa tête. Comment prétendre au trône quand on fricote avec le bas peuple?
Isis. Tu la vois toute la journée. Un petit empoisonnement progressif, ni vu ni connu, non?

Mais mais mais, une tentative d'agression au couteau sur la personne de ce si cordial pharaon et c'est l'heure du 3°tuto: le cours de secourisme!
 ->" Merci Carol, tu es vraiment un médecin compétent"
"merde! La boulette! Mais c'est marrant, il m'a promis de s'améliorer alors je ne le déteste plus autant. "Non, je ne serai jamais sa femme, ma vraie vie est avec la technologie dans le siècle civilisé".
Et donc pas avec sa famille, ses amis et son petit copain... belle mentalité.

Donc plan de Carol, qui a reçu une demande de RDV du "marchand" - psst, SPOILER: il veut l'enlever pour l'échanger contre sa soeur, même si elle est très morte - se dit: "cool, je vais essayer de le convaincre de me faire sortir par un passage secret et de m'emmener loin dans son pays avec sa caravane."
Et ouiiiii ça y est chapitre 14: Carol est enlevé par ... Lady Oscar?

Enfin, le marchand, qui selon les cases s'appelle Imisu, Izumi (le bon nom bien hittite), Ismir, Izmir. Je vais garder Izmir, ça sonne plus turc,puisqu'il vient de par là-bas ( et c'est légitime, le pharaon a un nom de ville égyptienne donc lui aussi a un nom de ville de chez lui, Izmir, anciennement  Smyrne a bien fait partie du monde hittite, enfin un truc qui tient à peu près la route dans cette histoire)

Cette jolie fille n'est donc ni une femme, ni marchand(e), mais un homme et héritier du royaume hittite. Oui, fallait le deviner. Il est plus belle que notre héroïne potiche. Mais il ne fait pas très très oriental.
Pour rappel, Carol est prise pour une déesse à cause de ses yeux bleus, ses cheveux blonds et son teint clair très exotiques au proche orient. Lui -en couleur- a le teint clair et les cheveux gris. cherchez l'erreur. Et j'ai de gros doutes quand à l'existence du chèche " Yasser Arafat"  tel qu'il le porte, à l'époque antique.
 

J'avais vu ça venir dès la fin du tome 3: Il a buté ma soeur, je kidnappe sa nana.
"Au secours pharaon Memphis, aide-moi".Mais, mais,... espèce de blonde! Tu voulais te casser avec lui, il t'emmène, un peu de force comme un paquet, mais sans te menacer de te couper les mains et la langue avant de t'abandonner aux vautours...
Isis:"Ce foutu marchand a ruiné mon plan". Mais mais, espèce de nase: il te débarrasse d'un boulet!
Memphis qui se réveille en sursaut d'une sieste" j'ai un mauvais pressentiment"
moi aussi, les gars, le scénario part autant en sucette que les suites de vos films
Bon Carol, toujours aussi sainte, essaye de raisonner son kidnappeur: ramène moi, ne cause pas une guerre pour une vengeance personnelle, ce n'est pas parce que ta soeur est morte dans le palais que le pharaon y est pour quelque chose, il ne le sait même pas, si ça se trouve!
Ramène moi, je te promets de lui demander d'enquêter sur la mort de ta soeur.

Mais non, direction le royaume hittite, et en bateau sur la Méditerranée! Pas de bol, Carol se dit qu'hors d'Egypte, elle ne pourra jamais rentrer dans son monde et demande donc à y retourner ( pour mémoire, elle passe d'une époque à l'autre en tombant à l'eau... Mais comment va-t-elle faire pour tomber à l'eau sur un bateau en mer?). Accessoirement, QUI voulait négocier avec les marchands pour qu'ils l'emmènent à l'étranger?

Mais mais mais, retournement de situation, Unus, le jeune militaire qui devait veiller sur Carol a réussi à suivre les kidnappeurs, à se déguiser en rameur et à s'embarquer sur le bateau. Il passe son temps à dire qu'il l'admire, tant elle est intelligente, mais est bien plus malin qu'elle, le pharaon et Isis réunis.
Carol sait ce qui est arrivé à la soeur d'Izmir, Izmir sait qu'elle sait mais ne veut pas lui dire. Evidemment, Isis a assassiné la fille, et évidemment, si Izmir l'apprend, il va déclencher une guerre " pour des motifs personnels". Le meurtre de k'héritière du royaume d'à côté est-il un motif de discorde valable entre pays? De plus elle sait que ce n'est pas le pharaon qui l'a tuée mais sa soeur, donc elle  se fait complice de son ennemie mortelle en la couvrant, au lieu de disculper un innocent. Fantabuleux!
Et donc devant ce mutisme, Izmir prend la seule décision que peut prendre un type de l'antiquité: saucissonner la donzelle avec une corde et la menacer du fouet pour la forcer à parler.
Bondage time!😂

Mais peu importe Carol est héroïque malgré la fessée: " je dois honorer l'histoire, dans les livres d'histoire, il n'y a pas eu de guerre entre les deux pays" Ouin ouin ouin grand-frère, pourquoi personne ne vient me sauver, je veux retourner au 20°siècle, viens me chercher"

" dis donc, pendant que je te fouettais, j'ai remarqué que tu as la peau vachement claire, tu serais donc réellement une déesse?" Donc tu rosses une déesse, qui risque un jour de se venger, bravo champion.
Arrivée au pays hittite, et ses connaissances à ce sujet se cantonnent " d'après mes cours et la Bible, les hittites commerçaient peu avec les pays voisins et peu de gens connaissent leur langue et leur culture." Ouf, rassurez-vous,elle a été battue,mais  elle va bien et fait du tourisme, donc. Et tape la discussion avec les gens dont on ne connait pas la langue. A croire que " parler hittite" est aussi une compétence basique pour une fille de 16 ans.
Et en accord avec Wikipédia, Babylone n'existe plus depuis l'antiquité, mais bon.
Accessoirement, ils t'emmèneraient plutôt à Hattusa, capitale hittite ( Hattusa est le nom de la ville hittite hittite " hitaito" en katakana, le nom des habitants et du royaume) à peu près au milieu de la Turquie. Babylone est à peu près au milieu de l'Irak. Je viens de vérifier sur la carte,
il y a 1213 kms à vol d'oiseau entre les deux.
  Babylone n'était pas la capitale hittite, à un moment, un roi hittite s'est marié à une héritière kassite de Babylone. Et, si réellement tu tiens tant à l'Histoire, la Bible n'est PAS une source historique fiable, le code d'Hamurrabi, par exemple oui.
Et c'est QUOI cette ^ù$*$ de porte en ogive et ce crénelage? Saint Jean d'acre au moyen-âge?
Tant d'âneries sur une seule page de 2 cases.
On va me dire que je pinaille et que le manga ne vise pas les historiens, MAIS je maintiens qu'à un moment donné, quand on veut parler d'histoire, qu'on a une héroïne qui se laisse martyriser au nom de l'Histoire, un minimum de documentation est nécessaire, pour ne pas faire des erreurs aussi énormes.
Deuxième énorme boulette, géographique : elle arrive par la mer, en bateau. PAR LA MER. Elle le dit elle même au dessus: harbor =le port. Plus tard elle parle de s'enfuir A LA NAGE pour rejoindre un BATEAU, sur la MER.
Maintenant, relisez bien cette phrase, 'tendez je souligne les mots importants:
Hattusa, capitale hittite, à peu près
au milieu de la Turquie. Babylone est à peu près au milieu de l'Irak. Vous voulez des cartes pour mieux comprendre le problème?
L'histoire autant que la géographie sont encore plus mal traitées que Carol. Visiblement elle arrive plutôt vers Smyrne ( Izmir donc, au bord de la mer) et Hilla ( ville où sont les ruines de Babylone, en Irak, dans les terres) et là, on en est à 2000 foutus kilomètres d'écart.

Poursuivons avant que je ne pète un gros câble...

Ha si, le roi hittite veut la faire tabasser pour qu'elle dise ce qui est arrivé à sa fille. Ou la draguer. Ou les deux à la fois. Ou suivre le plan de son fils et s'en servir comme otage. Classique, donc.
Non parce que comme elle est une sorte de mascotte, la garder, c'est pas mal aussi, ça emmerde les égyptiens, et en plus, askiparait, elle porte chance au pays,et on veut bien de la chance, nous.

Carol s'évanouit suite à la perte de sang causée par les mauvais traitements et se réveille enfermée dans une pièce avec une grille en bronze à la fenêtre.
"Le bronze est un métal qui peut être facilement brisé par rapport à l'acier et au fer. Je l'ai déjà fait une fois quand j'étais en primaire"

Tuto n°4: comment casser une grille en bronze avec du tissu et un bâton
Purée, cette gamine c'est McGyver. Je m'en rappellerai si un jour je suis enlevée et enfermée dans une pièce qui a une grille en bronze à la fenêtre. Ca me rappelle un épisode de Columbo, où sa nièce séquestrée ouvre une porte aux gonds rouillés avec l'huile et le vinaigre qu'on lui a laissé pour manger une salade.

Et se fait choper illico par Izmir- ambiance sonore- qui se dit "intelligente et elle brave l'autorité, elle me plaît"
Non, vieux, elle est juste tarée et suicidaire...
Et elle commence à se dire que " dans le passé les personnes de familles royales sont cruelles, ils n'ont aucun respect pour les femmes" Me too, Carol, je le pense!
"Dans quelques jours je trouverai un moyen de m'échapper" -> Izmir doit avoir des compétences de sorcier et lit dans les pensées, ou alors Carol a pensé vachement fort:  " ne pense pas à t'enfuir d'ici à nouveau, j'ai déjà demandé à remettre des barreaux aux fenêtres"


Et pendant ce temps, le pharaon, informé que Carol est prisonnière chez les hittites, s'apprête à engager une guerre pour la récupérer. Et Isis manigance: envoyer un homme de main chez les hittites avec des scorpions bien dangereux, pour faire piquer Carol à mort. Ouaip! Simple comme bonjour.
Le monde entier trouve que ce plan est moisi.
Résumons: Carol n'a rien voulu dire au nom du respect de l'Histoire, pour ne pas déclencher une guerre, qui aurait peut-être été un simple règlement à l'amiable,en mode, "tu me donnes 20000 chameaux et on n'en parle plus", a été tabassée, réduite en esclavage par les hittites, tripotée par le roi.. pour des clous, puisque la guerre aura quand même lieu .
Et d'un seul coup, elle a une épiphanie ( oui à ce niveau, ce n'est plus un simple tilt):"Ho mon dieu! Je suis devenue la raison pour laquelle deux pays vont entrer en guerre"

J'ai un problème, je n'ai plus de facepalm en stock! Il était donc temps d'arriver à la fin, avec une Carol qui a fuit malgré tout en profitant de la confusion et se dit qu'elle peut rejoindre à la nage l'île où attend le bateau d'Unus ( quand s'est il procuré un bateau, vu qu'il est venu sur le bateau hittite à la rame?),île qui n'est QU'à un jour et demi de barque. Or on sait ce qui se passe quand elle se trouve dans l'eau: elle se transforme en homme* voyage temporel en vue?

En fait, ce manga est tellement mauvais que ça devient très drôle de le chroniquer. Un peu le genre de plaisir coupable des amateurs de nanars au ciné. On sent qu'il veut bien faire, qu'il manque clairement d'un scénario, et se vautre terriblement. On sent que madame Hosokawa croit dur comme fer à son histoire et le fait avec le plus grand sérieux. Et son manque absolu d'humour et de recul le rend finalement très drôle.
Le plus étonnant c'est qu'il a de très bonnes notes sur les sites, 4,5/5 ou 9,5/10.
Pourtant, il ne faut même pas être très attentif pour voir à quel point ça tourne en rond rapidement.

Ce qui me fait m'étonner à nouveau: C'est long, très long, ça du succès, comment se fait-il qu'il n'y ai pas d'adaptation animée?Non que je veuille voir ça, mais me surprend.

* oui, vu le scénario  je ne serais même pas étonnée d'y voir un panda et un cochon au sens de l'orientation désastreux nommé P-chan