Et donc un manga estival puisqu'il parle de .. méduses. En fait je ne savais pas de quoi il s'agissait, j'ai vu une camarade de fac se marrer en le lisant, donc comme j'avais envie de me vider la tête des révisions, j'ai emprunté les 4 premiers tomes à la bibliothèque.
Première bonne surprise,ça n'est pas un shôjo comme je pensais, mais un jôsei, les personnage principaux ont la trentaine ( physiquement, car dans leur tête.. c'est une autre paire de manches), sauf l'héroïne Tsukimi, qui doit avoir la 20aine et Kuranosuke qui est étudiant. Mais ce n'est pas une comédie lycéenne, ce que j'avais toujours cru, à cause du "princess".
Donc des thèmes un peu plus sombres: une héroïne qui n'arrive pas à se remettre de la mort de sa mère, bien qu'elle se soit passée des années auparavant, un trentenaire qui est tellement timide devant les femmes que sa famille a quasiment parié sur quand et comment il perdrait son pucelage ( il y a de quoi être encore plus coincé!), un garçon abandonné tout jeune par sa mère pour cause de naissance illégitime, du harcèlement sexuel , certes traité humoristiquement, ça passe à peu près parce que l'ensemble du manga est parodique, et que les personnages sont irréalistes, mais non, le harcèlement sexuel en soi n'est pas drôle MÊME si c'est une femme qui harcèle un homme.
Pour le reste, on reste dans du classique, un peu déjanté, avec évidemment une histoire de travestissement, des losers bien plus sympa que les gens à qui tout réussissent... ou n'ont comme seule caractéristique une tête vide et le fait d'être né avec une cuillère en argent dans la bouche.
Toutes les nanas qui vivent là -autoproclamées les "amars" - les "nonnes"- ont quelques points communs: des passions hors du commun, qui entrainent leur mise à l'écart d'une société très lisse - le clou qui dépasse appelle le marteau, proverbe japonais! -, et par conséquent une peur parfois panique des "autres", et particulièrement des gens " normaux", ceux qui se coulent justement dans le moule.
Les nanas qui vivent là sont 6:
- Tsukimi (Lune et mer) la vingtaine, dessinatrice plus ou moins en recherche d'emploi (enfin plutôt moins que plus), est une fanatique de méduses, depuis qu'elle en a vu à l'aquarium avec sa mère peu avant la mort de celle -ci. Depuis quand ça ne va pas elle dessine des méduses, elle va à l'aquarium, qui lui rappelle ces bons moments.
- Mayaya est une dingue d'histoire chinoise, ou plutôt exclusivement de la période des 3 Royaumes. Pas tant de l'histoire en elle-même, d'ailleurs, que de son adaptation en romans, films, séries, dont elle cite des dialogues à longueur de temps, en se déplaçant comme une ninja.
- Banba, sous ses frisettes naturelles que tout le monde prend pour une coupe afro ringarde, adore les trains et la bouffe. Elle se laisse d'ailleurs vite amadouer avec un o-nabe ou un sukiyaki.
- Jiji (surnom qui signifie à peu près " pépère") est fan de manga, et particulièrement de shônen-ai, et fait une étonnante fixation sur les " vieux un peu fanés", comprendre les messieurs d'un certain âge, pour peu qu'ils aient encore du charme. Et passe donc ses journée à dessiner " des vieux".
- Maître Mejiro, surnommée" l'impératrice" par Mayaya, est une hikikomori. On ne la voit jamais, elle ne sort que la nuit pour éviter de croiser des gens, et dessine des manga shônen-aï qu'elle envoie par fax. C'est d'ailleurs la seule qui ait un travail officiel, faisant à l'occasion bosser les autres pour les encrages et tramages.
- Chieko, fille de la propriétaire de la maison, est une collectionneuse passionnée d'antiquités japonaises ( tasses, poupées précieuses, objets de décoration) et ne sort jamais autrement qu'en kimono cousu par ses soins (c'est d'ailleurs une virtuose de la machine à coudre et une vraie passionnée de couture)
Et la propriétaire? Elle est aussi timbrée que les autres, dingue de pop-music et de cinéma coréens, elle vient de partir habiter en Corée pour apprendre la langue dans le seul et unique but de pouvoir discuter avec son acteur préféré " au cas où elle le croiserait".
Tout ce petit monde a quelques règles strictes: pas d'hommes dans la maison, et pas de jolies filles dans la maison, les deux sont considérés comme les ennemis naturels des femmes otaku.
Car toutes évidemment, sont persuadées d'être moches et condamnées à le rester, et amplifient la chose en portant joggings informes et fringues grisâtres... hormis Chieko et ses kimonos.
Evidemment... cette belle organisation est bouleversée par l'irruption dans la vie de Tsukimi d'une jolie fille.
Qui a aussi un grain, et cache quelque chose sous ses jupes hors de prix. Kuranosuke est riche, très riche, élégante, et c'est un homme.
Qui se prend vite d'affection pour ces nanas hors du lot, bien plus drôles et vivantes que le panier de crabe qu'il fréquente en tant que fils d'éminent homme politique. Ses raisons pour se travestir alors qu'il est hétérosexuel? Dans sa famille , on est politicien de père en fils, son grand frère va être politicien, et lui espère que son excentricité le rendra aux yeux de tous inapte à la politique, afin de pouvoir travailler dans le stylisme, sa vraie passion.
Donc, sympathiser ce gynécée en se faisant passer pour une femme dingue de stylisme lui convient tout à fait. Seule Tsukimi est au courant de ce petit secret, qu'elle ne révèle pas tant elle a peur de se faire déménager de force si on découvrait que sa copine cache du poil aux pattes sous ses collants.
Toutes les autres sont d'ailleurs tellement peu familière du concept d'"homme "que lorsqu'elle le voient par hasard torse nu, elle lui accordent enfin du crédit au motif que " la jolie fille est en fait une planche à pain qui porte des faux seins, elle est comme nous: une handicapée de la féminité, hourrah!"
Et cette " planche"pourrait bien s'avérer une planche de salut, face aux vilains promoteurs immobiliers qui veulent faire raser le quartier et par ricochet expulser les otaku hors de leur tanière.
La trame est très classique: menace d'expulsion, filles tartes qui ne le sont pas, pour peu qu'une bonne fée s'occupe de les relooker ( une fée à faux seins, un garçon bien plus "jolie" que la plupart des nanas), otaku qui manquent évidemment de confiance en leur potentiel: pas une n'essaye de faire de sa passion un métier. Chieko pourrait devenir très facilement couturière professionnelle, Banba conductrice de train ou mécanicienne, Mayaya chercheuse en histoire chinoise, Tsukimi étudier la biologie marine...mais non, elles n'y pensent même pas. Bosser ne leur vient même pas à l'idée en fait, attendre l'argent de poche des parents est plus confortable.
C'est Kuranosuke qui va se rendre compte qu'avec Tskukimi au dessin, Chieko à la couture, les autres qui mettent la main à la pâte et son propre sens des affaires, elle pourraient bien toutes créer leur ligne de vêtements, en créant des jupes et des robes inspirées des méduses que dessine Tsukimi. Un comble pour des filles qui se désintéressent à peu près totalement de la mode.
Mais la galerie de personnages secondaires est réjouissante: en particulier Monsieur Hanamori le chauffeur ( otaku des Mercedes et d'un intégrité moral stricte jusqu'à ce qu'on le soudoie en lui promettant de nouvelles jantes pour sa voiture) et Tonton Saburôta, premier ministre à la popularité vacillante, et ses blagues nulles.
Donc sans être le manga de la décennie, c'est une option sympa pour se changer les idées.
et évidemment mes petites chouchous sont Banba et Mayaya, qui assument totalement leur incompétence dans tout ce qui est féminin et sont complètement barrées.
Ca et les titres des chapitres ui font tous références à tes titres de films, j'aime beaucoup
A noter, une adaptation animé qui a été faite - et que je n'ai pas vue- comme souvent, avant la fin de la série papier, et doit donc s'en éloigner assez vite, ou n'adapter que les premiers tomes.
Ce qui était le cas pour Fruits Basket, une nouvelle version animée est en cours de diffusion afin d'adapter l'intégralité de la série.
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