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dimanche 27 octobre 2019

Hagakure (version BD) - Yamamoto T. et Wilson S. et W.

Curieux ouvrage: une adaptation contemporaine d'un recueil japonais classique du  XVIII° siècle.
Un manga, publié dans le sens européen, et dessiné et traduit par deux américains.



Et le problème vient que le texte de Yamamoto Tsunemoto ancien samourai du clan Nabeshima devenu moine zen, est un " guide" , un code du samouraï ,qui n'est pas vraiment un traité de la vie et des valeurs des samouraï, mais plutôt une succession d'anecdotes, pur illustrer par l'exemple plusieurs valeurs importantes. .
Apparemment le texte d'origine est très long ( 9 tomes) et seules quelques thématiques sont ici mises en avant: la loyauté, la vengeance, la sincérité, le seppuku...

Donc un texte composé d'anecdotes sans vraiment de lien logique entre elle ( si ce n'est d'avoir pour "personnage" le clan Nabeshima) qui est en plus présenté de manière "Digest", ça donne quelque chose de difficile à suivre, dont on retient finalement que " couper des têtes" est l'activité principale d'un samouraï, qu'il y a une pensée qui sous-tend cette activité, mais qu'elle reste très opaque au lecteur.

Hormis maitre Yamamoto et son disciple Tsuramoto et scribe à qui il raconte ces anecdotes, il n'y a pas de personnage et les noms japonais classiques n'aident pas à s'y retrouver (quand les personnages mentionnés se nomment Ingazaemon, Fudozaemon, Kizaemon, Heizaemon, Gorozaemon, Kichizaemon, Sukeemon, Heizaemon ( 2) , Shozaemon, Gorozaemon (2), Denzaemon, Goroemon... ça devient vite compliqué!) d'autant que le dessin n'étant pas très caractérisé, à part deux ou 3 personnages caricaturés volontairement, tous ces gens aux noms presque semblables ont une apparence très peu différente, et on a un peu l'impression que ce sont sans cesse les mêmes qui reviennent.

L'idée n'était pas mal, mais en soi, on n'apprendra au final pas grand chose de la vie, de la pensée des samouraï,du Bushido..
Donc pour en savoir plus,je préfère encore continuer à conseiller le roman " la pierre et le sabre" ( et qui est parfait pour s'initier à la littérature japonaise, car très linéaire dans son récit, donc assez simple à suivre malgré une foule de personnages) ou Vagabond, sa libre adaptation en manga.

S'il vous fallait une seule raison de lire Vagabond, voilà le genre de dessins d'Inoue

Ou pour les plus motivés les traités " techniques" ou philosophiques écrits sur ce sujet, pourquoi pas ceux de Musashi lui-même.
Ou peut-être Hagakure dans sa version classique , là je ne peux pas en dire plus puisque je ne l'ai pas lu.

Mais cette version Bd est décidément assez frustrante, et finalement j'ai envie de dire très américaine dans sa succession de vignettes d'action.

Dernière chose: en tant que future traductrice, je ne veux plus JAMAIS voir dans une traduction française ( ici de la postface écrite probablement en anglais) la confusion entre " empreint de" et " emprunt".
"Le phrasé poétique et non moins emprunt de dignité", ça n'est pas possible. Surtout quand sont passées une traductrice et une correctrice.

C'est totalement inacceptable de la part de traducteurs et correcteurs professionnels, c'est une confusion qui n'est particulièrement sanctionnée en première année de licence.
Cette erreur trop récurrente me met autant hors de moi que " la gente féminine", voire " la gente masculine"...ce n'est pas une simple faute de frappe comme ça peut aussi m'arriver, mais une vraie méconnaissance des paronymes et c'est du travail à la va -comme-je-te-pousse.

J'assume totalement ce que je viens d'écrire.

mercredi 23 octobre 2019

Les deux Van Gogh - Hozumi

Hoooo un billet!
Non ce blog n'est pas mort, juste au ralenti depuis cet été, pour cause d'études très prenantes.

Et donc, comme je dois bientôt rendre ce manga à un ami, je m'aperçois que je n'avais pas fait de compte rendu à son sujet.Hop, relecture et chronique.



Donc n'y cherchez pas,on va le dire de suite , une biographie de Van Gogh.
De Vincent, il en sera bien sûr question, mais pas seulement. il est un personnage central, mais pas LE personnage central.
D'ailleurs le titre original,probablement trop peu vendeur ne mentionnait même pas l'illustre nom, puisqu'il est " さよならソルシエ" Sayônara Sorcier.
Oui, "sorcier"en français dans le texte , katakanaïsé.

Le sorcier (même si on n'apprend ce surnom que dans les dernière pages), c'est Théo(dore)Van Gogh, petit frère du peintre, et marchant d'art chez Goupil et cie, à Paris.
Ceci est rigoureusement exact, le grand frère peignait, le petit frère vendait des tableaux pour une galerie très académique.
Et c'est ce Théo dont on va suivre la trace, rejoint un peu plus tard par Vincent.
Et là, on se dit que c'est une relecture très personnelle ( ça s'éclaircit à la fin quand même),mais que plusieurs choses ne collent pas. Vincent, que tout le monde connaît pour son autoportrait, n'est pas roux, mais brun. Oui ça m'a interloquée!

De plus, exit l'artiste tourmenté au destin tragique, c'est un brave gars naïf, un grand enfant, très calme, toujours prêt à rendre service..donc tout l'opposé de ce qu'on connait.
Et tout l'opposé de Théo, véritable renard ( qui travaille chez Goupil, oui, le nom est 100% exact), d'une intelligence froide et calculatrice, bien décidé à utiliser son aplomb - pour ne pas dire son culot- pour imposer la peinture du petit frère face à l'opposition des tenants du style académique, officiel, bien peu enclin à la nouveauté. Son idée: puisque les habitués des expositions, , tous de bonne société ne veulent pas voir l'art qui dépeint quotidien, on va amener à l'art les exclus,  qui eux s'y reconnaîtront.

Donc la peinture du petit frère mais pas que.. Il y sera aussi question de Gauguin et de Toulouse-Lautrec (bien arrangé, hein, même s'il est comme il se doit, petit - mais pas tant que l'était le réel Henri, pas loin du nanisme- il ne semble pas avoir un penchant pour l'alcool). On y croise aussi Rodolphe Salis, patron du chat noir (et étonnamment, présenté comme un esthète travesti).
Bref, rien ne "colle" à ce qu'on connait.. et pourtant au final, çe parti pris fonctionne plutôt pas mal.
Et c'est Théo lui qui va nous l'expliquer: pour "vendre" un peintre, si talentueux soit-il, il faut donner envie au public de se déplacer. et quoi de mieux qu'une légende d'artiste torturé et asocial. Car qui irait voir les oeuvres d'un type sociable, gentil, serviable, à la vie très banale. On lui supposerait un art tout aussi plat que sa vie, et.. personne n'irait à l'exposition. Quoi de mieux que le scandale pour vendre?

Un manga agréable, pas le manga de la décennie, mais plutôt sympa, qui a le mérite d'essayer quelque chose, et de proposer une lecture autour des deux frères Van Gogh qui met en lumière le discret Théo, en inversant les caractères. Tout en donnant une justification à son inversion. Le tout est porté par un graphisme crayonné, parfois très travaillé, parfois ébauché.. ce qui n'est pas mal vu puisqu'on parle d'une peinture qui défie les styles classiques.

En tout cas, il m'aura donné envie de lire le recueil de correspondance entre Théo et Vincent. Bien qu'habitant à 40 kilomètres d'Arles, et qu'ayant entendu parler de Van Gogh (et Cézanne aussi) depuis toujours j'avoue ne pas avoir d'attirance particulière pour sa peinture. Mais je suis curieuse de savoir comment les deux frères abordaient l'art, le concept de l'art, son évolution, etc...