qui vient ici?

Flag Counter

vendredi 27 octobre 2023

Inunaki, le village oublié ( film 2019)

En parallèle avec le challenge Halloween sur mon autre blog, un film sur une légende urbaine.

Enfin, légende urbaine, ou légende rurale plutôt en l'occurrence, puisque le titre signifie exactement "le village du chien hurlant". Un village maudit que partent chercher deux adolescents visiblement amateurs d'urbex (ou rurex pour le coup?) et d'histoires fantastiques.
Explorant un tunnel réputé hanté, ils trouvent un panneau qui indique " la Constitution du Japon ne s'applique pas ici". Cette histoire me dit quelque chose mais je n'arrive plus à me souvenir où est-ce que je l'ai lue ( Apparemment pas dans Yurei Attack, un petit livre consacré aux fantômes.
Peut être dans un des épisodes de Yamishibai ( punaise, on en est à 11 saisons, je me suis arrêtée à 4, j'ai du retard à rattraper!)

Prix du jury au festival de Gerardmer 2020. Ca a du vraiment être la dèche cette année là, parce que bon...
Disons-le de suite, sans être un navet, ce village oublié est loin d'être un film mémorable.


Dans cette histoire, c'est Akina, la fille, pourtant plus énergique et qui se moque de son copain Yuma un peu plus " poule mouillée " qu'elle, qui pète un câble parce qu'elle pense avoir été attaquée par des revenants. Lorsqu'il rentre, Yuma téléphone à sa grande soeur Kanade, psychologue pour lui dire qu'Akina semble avoir un problème mental. Mais ce qu'il attend de sa soeur est moins une aide psychologique que parapsychologique: Kanade avait le don de " voir des choses" quand elle était petite, et ça continue en fait.

Et très vite, on se rend compte qu'il y a bien un problème, mais plus général dans la famille ultra traditionnelle, où le père autoritaire méprise ses enfants et sa femme, qu'il rend responsable elle et son " sang maudit" de la "bizarrerie" de leur fils ( ça va, c'est juste un ado qui joue à se faire peur, rien de très chelou non plus, c'est pas non plus un monstre sanguinaire)
La folie soudaine d'Akina prend un tour inattendu puisqu'elle se suicide le lendemain même de l'escapade en se jetant du haut d'un pylône électrique, sur la route. Problème: le médecin qui l'a autopsiée est formel: elle s'est noyée, elle avait une grande quantité d'eau dans les poumons, or... pas la moindre goutte d'eau en vue. Etraaaaaange, est-ce que ça aurait une signification importante? ( spoiler-qu'on-voit-tous-venir: oui, la flotte va réapparaitre sans cesse.)

Et évidemment les problèmes vont s'amplifier, puisque Yuma (suivi en secret par son petit frère Kota, trop curieux pour son propre bien) veut éclaircir ce mystère... et que ce sont donc rapidement les deux frères de Kanade qui sont portés disparus, tandis que leur mère semble possédée par l'esprit d'un chien enragé. Apparemment la famille est surnommée " les chasseurs de chiens" depuis des lustres, et... cette histoire de village "du chien hurlant" sent le loup-garou à plein nez.

Bon, c'est du film fantastique japonais, donc on n'est pas dans les grands effets, plutôt dans l'ambiance " apparition de spectres dans les miroirs" (encore que celui là décide d'emblée de partir sur une "réelle" histoire de hantise, plutôt que d'entretenir le suspense). Mais il n'est pas franchement très prenant, je dois malheureusement le dire.

Il échoue, là où les bien plus anciens Ringu et Dark Water arrivaient à instiller une ambiance glauque à souhait, et c'est bien dommage. J'attendais quand même un peu mieux vu la réputation de Takashi Shimizu, et.. il m'est soudain revenu que j'avais vu il y a longtemps Ju-On et que je n'avais aucun souvenir de l'histoire. Mauvais signe.
Ben, relisant ma critique d'il y a 6 ans, ça avait déjà été un échec, et j'avais trouvé Ju-on mal ficelé. Et c'est pareil ici, le scénario se perd en chemin d'une histoire annexe autour de Ryotaro le gamin malade que soigne Kanade. C'est cool le Japon, il semble y avoir un psychologue attitré par patient, puisqu'elle vient la nuit prendre sa garde pour le surveiller comme...ben, une infirmière. Bon Ryotaro, c'est un peu Damien de la malédiction: un enfant adoptif, qui ne le sait pas, échangé par le père et le médecin à sa naissance. Sa mère célibataire est morte en couche, l'enfant des autres parents était mort né, donc quoi de plus "logique" que de refiler à sa mère un enfant, sans rien lui dire, en le faisant passer pour le sien, pour qu'elle ne soit pas malheureuse? Mouaif, c'est indéfendable à tous les niveaux.

Allez, bon, on va dire que le fond du film, c'est l'idée que les secrets de famille pourrissent la vie de tout le monde et finissent toujours par ressortir, La famille de Kanade a un secret en forme de malédiction, celle de Ryotaro a un secret, Akina avait un secret, le village caché avait un secret, les gens de la société d'électricité avaient un secret....

Rhaaa, j'aurais bien voulu aimer ce film, d'autant plus que je n'avais pas regardé de film fantastique japonais depuis au moins un lustre ( hé oui) mais comme Ju-On, sans être totalement mauvais, il a trop de défauts pour être repêché.
Il y avait justement plus de trouille dans les épisodes de Yamishibai ( qui eux ne durent que quelques minutes, ici c'est 1h44, qui auraient pu être mieux condensées). J'ai regardé jusqu'au bout par acquit de conscience, mais j'ai été tentée de l'accélerer si ça avait été possible. A défaut j'ai sauté quelques passages, mais ce n'est pas franchement le film que je conseillerais le plus.
Un mélange d'histoire de fantômes, de zombies et de chien-garous pas très convainquant. Déjà, je l'ai interrompu plusieurs fois pour écrire ma chronique, c'est signe qu'il n'est pas ouf', du moins pour moi. Il veut trop en faire.. et au final ne creuse réellement aucune idée, et reste assez mou. Mauvaise pioche.
Ghostland ne m'avait pas 100% convaincue, mais au moins il avait une ambiance spéciale. Là, il manque quelque chose, une patte, un style ( à part de considérer que les gamins à coupe au bol dans des histoires de fantôme soient le gimmick favori de Shimizu?). Donc peut vraiment mieux faire.

Mais si vous voulez tenter le coup malgré tout, c'est ici.

mercredi 4 octobre 2023

JoJo's Bizarre Adventure; Phantom Blood (T.1)

 Suite discussion ce printemps, lors du mois japonais, j'ai été tentée de me lancer à la découverte de JoJo, manga fleuve ( 131 tomes au moment où j'écris). Ca fait quelques temps que j'en entendais parler  j'ai toujours été dissuadée par la longueur, je n'ai ni la place ni le budget pour un shônen/ seinen aussi long.
Mais j'avoue que ça me titillait pour une raison bien simple: j'ai vu que l'auteur est un fan de rock et glisse absolument de partout des références parfois super pointues à ce domaine.

Et depuis quelques temps, chaque fois qu'une référence musicale apparait dans le manga ou sa version dessin animé, les fans de JoJo, viennent par curiosité écouter de quoi il s'agit et en débattre dans les fils de discussion youtube. Au grand dam des gens qui connaissent le morceau depuis longtemps et estiment le fil "pollué" par ces nouveaux venus.
Mon point de vue est opposé: non seulement j'estime que peu importe la voie d'accès, vu le nombre de commentaires du style " sans le manga d'Araki je n'aurais pas découvert tel ou tel artiste, et maintenant j'ai envie d'écouter ses autres titres", c'est tout bon si ça peut permettre à certains de découvrir comme ça ELP, Queen, les Stones, Iggy Pop, Led Zep' .
Mais inversement, sans ces commentaires, je ne serais pas aller fouiller les sites dédiés au manga, je n'aurais pas su qu'il y a des milliers de références à de morceaux que je connais, et je ne serais pas allée le lire. Démarche inverse.

Déjà un personnage central qui s'appelle Dio, ça part bien de mon point de vue, mais lorsque je tombe totalement par hasard sur une attaque de manga de baston " Soft and Wet", ma première réaction est d'halluciner en me disant "Est-ce que c'est vraiment une référence à ce que je pense? Nan, pas possible c'est trop peu connu du grand public", d'aller fouiller la liste des références et de trouver des attaques " Gold Experience" ou "Paisley Park", d'éclater d'un rire admiratif, et conclure: "Wow, c'est BIEN une référence à ce que je pense, et re wow, l'auteur et moi, on admire entre autres le même artiste et il va chercher loin, jusque sur ses albums les moins connus, ou plutôt on admire les mêmes artistes en général, ça va être de la balle!" .Rhooo, j'attends presque un "Shockadelica" ou un "Crystal Ball". Sérieusement ça me ferait tripper.

Sans dec' il y a même des références à Emerson Lake and Palmer, je crois rêver!, Queen, AC/DC, Tom Petty, les Stones, Jimi Hendrix... oui, j'approooooouuuuuuuve!

Liste de références musicales,

Liste de références culturelles : parfois des références à une photo

Liste de références culturelles, très complète et en anglais

Apparemment c'est surtout à partir de la 3° partie qu'il se lâche vraiment sur les références.

Et donc comment attaquer un manga de 131 volumes, quand on n'a ni place ni oseille? Va pour les versions numériques, un peu moins chères et qui ne prennent pas la place sur les étagères. Et un peu moins cher, le tome faisant 4,99€ , ça permet de se faire une bibliothèque virtuelle, sans avoir besoin de place dans la chambre. Et les premiers tomes n'étant pas disponibles à la médiathèque, ben.. pas trop d'autre solution.
 Spoiler ALERT: ne prenez pas le chien en sympathie. Apparemment beaucoup de bestioles meurent de mort violente dans ce manga, vous êtes prévenus, et c'est le cas dès ce tome 1. Ca ne va pas faire dans la dentelle au point qu'il est curieux que la série ait commencé comme un shônen pour " plus de 12 ans", avant de finir classée seinen. Ca aurait largement pu être le cas dès le tome 1 (sacrifice humain, accident, cadavres, assassinats, harcèlement moral, banditisme, vol... on est quand même dans de la thématique très lourde, la baston étant le moins violent de tous les sujets en fait). Je vais donc le classer en Seinen.

Alors précision utilse: oui, le graphisme est très années années 80, et oui il y a un pitiiiiit problème, ces deux gars sont supposés avoir 12 ans pendant la majeure partie du tome ( en tout cas, si le chien apparait c'est qu'il est vivant* et il meurt avant que les deux ne soient adultes, donc.. ouais, 12 ans!)



Tome 1: Ah, ça commence fort, par un sacrifice humain dès la page 2. Loin, loin dans le passé, dans ce qui deviendra le Mexique, un prêtre aztèque sacrifie deux personnes pour enchanter un masque démoniaque censé lui apporter la vie éternelle et une force surhumaine. Et  c'est ce masque qui au XIX° siècle en Angleterre va entraîner Jonathan Joestar, surnommé " JoJo" et Dio dans de bizarres aventures.

Dio, le blond, est le fils d'un bandit, Dario Brando. Des années plus tôt son père, détrousseur de cadavres, a involontairement sauvé le riche Lord Joestar d'un accident, alors qu'il était surtout venu lui refaire les poches le pensant raide. Joestar se croyant redevable a promis à Dario Brando de lui rendre la pareille. Lorsque le vieux Brando meurt, Dio, qui détestait cordialement son père accepte quand même la lettre qui lui permettra de rencontrer Joestar, espérant l'utiliser à son profit pour devenir riche.

De l'autre côté de la barrière, Jonathan Joestar, le brun, fils du lord, aide Erina, un gamine tyrannisée par des gars plus costaud. Pas par esprit chevaleresque, mais par ce qu'il est destiné à devenir gentilhomme et doit en tant que tel, maraver des vauriens (un peu pour gagner des "points de chevalerie", donc).
Premier truc que  Dio va faire en arrivant chez les gens qui vont l'héberger, c'est évidemment, chercher la castagne avec le fils de la famille tout en se faisant passer pour victime, entrer dans les grâces du père Joestar, et tenter se débarrasser de l'héritier légitime et le remplacer. Le plan le plus con de l'univers. machiavélique possible.
Sauf que le fameux masque aztèque présenté en intro se trouve comme décoration chez Joestar et est aspergé de sang lors d'une bagarre entre les deux, ce qui réveille ses pouvoirs maléfiques. Lorsque Dio, juste pour le plaisir de chercher les embrouilles, roule une pelle à la nana que Jojo avait aidée au début et pour qui il commence à en pincer, puis passe à la vitesse supérieure et tue le chien de Jojo,* évidemment la guerre entre le fils légitime et le fils adoptif va devenir sans merci.
7 ans plus tard, les deux ont grandi, fait leurs études, Dio le loubard est diplômé en droit (lol), Jojo s'est spécialité en archéologie pour pouvoir étudier le masque qui est chez lui. Les deux semblent s'être réconciliés, mais ce n'est qu'une façade, ils se détestent encore plus qu'avant. D'autant que Jojo découvre la vraie nature de Dio, qui pratique l'empoisonnement à ses heures perdues depuis l'âge de 12 ans.

Outre le fait que ce début me fait marrer parce que je pense forcément à une version parodique et très violente d'Amicalement Votre, le décalage graphique entre l'âge des personnage et leur apparence m'a bien fait rire.
Et Dio est un personnage absolument détestable, rien à sauver, méchant jusqu'à la moelle et ça faisait longtemps que je n'en avais pas vu un aussi ouvertement négatif, tiens. Le genre qu'on adore détester.
En tout cas ça commence bien et ce premier tome m'a bien accrochée, donc.. c'est parti pour se faire tout l'arc narratif pour ce mois Halloween.

* vous êtes prévenus, apparemment dans chaque saison, un chien meurt, c'est la manière privilégié du mangaka de montrer qu'un personnage est très méchant gratuitement, parce que "s'il tue un chien sans état d'âme, c'est que c'est un pourri, car tout le monde aime les chiens."

Allez go pour les références musicales, il arrive à en caser même dans l'Angleterre du XIX° siècle, des références souvent au rock anglais évidemment.
Chaque arc suit un personnage surnommé JoJo, dont le nom vient de Get Back " Jojo was a man who thought he was a loner, But he knew it couldn't last..". Le nom d' Erina est apparemment une déformation japonaise du nom Eleanor (Rigby) en katakana. Dio, ben... Dio, il n'y a pas de mystère.


mercredi 5 octobre 2022

Le livre des sorcières (T 1 et 2) - Ebishi Maki

 Au détour d'un rayonnage de la bibliothèque, mais que vois-je, un titre qui sera parfait pour le mois Halloween.

Et si la magie n'est pas un sujet nouveau en manga, il a le mérite de sorctir du domaine habituel de la fantaisie pour se concentrer sur une période que je n'ai pas souvenir d'avoir vue très souvent en manga: la Renaissance en Europe du nord ( à part peut être Divci Valka titre que je n'ai jamais trouvé à lire, mais dont l'action se déroule au XV° siècle à Prague, donc plutôt Europe Centrale ce qui pique fort ma curiosité. Quelques titres de mémoire se passent à la Renaissance italienne autour des Médicis, mais.. ça reste quand même rare). Et la sorcellerie est ici présenté sous son côté historique, via le délire collectif de la Renaissance, qui a conduit à l'exectution d'un grand nombre de gens soupçonnés de sorcellerie.

D'ailleurs dsions le de suite, le titre japonais est ici très mal traduit. "Le livre des sorcières" ( très banal quand même) s'intule en VO " Mahô wo mamoru" : Protéger, ou sauver, les sorcières. C'est le souhait le plus cher du héros.

On y rencontre quelques personnages célèbres et réels de l'époque, époque qui se caractérise par un mysticisme religieux exacerbé par les tensions entre catholiques et protestants. La rivalité aux Pays-Bas entre les cdeux courants fait rage, chaque camp utilisant à son profit les superstitions d'une population qu'il est plus rentable, au sens le plus bassement pécuniaire du terme, de maintenir dans l'ignorance que d'instruire. En cas d'épidémie, c'est toujours plus simple d'accuser le camp adverse, ces mécréants, d'être la cause, et de demander aux gens des dons, plutôt que de chercher à connaître la nature des choses. Ceux qui ont peur verseront leur oboloe, acheteront des dons, paieront pour des messes si on leur fait suffisamment peur.
Et lorsqu'il n'y a pas d'épidémie? Hé bien la solution est trouvée: c'est la faute aux sorcières, aux démons, aux loups-garous, aux fées...ou pire: aux hérétiques, qui veulent connaître la raison profonde des choses, et commencent à mettre en doute ce que les religieux leur disent de croire. Ceux là sont encore plus dangereux, ils ruineraient le commerce si on n'y met pas bon ordre.

Epoque paradoxale qui voit donc conjointement des avancées sur beaucoup de plans scientifiques, mais aussi l'apogée de la chasse aux sorcières.

Le manga retrace le parcours de Jean Wier, médecin formé auprès de Henrich-Cornelius Agrippa,  autre authentique personnage à la réputation sulfureuse.


Le tome 1 s'ouvre sur Wier, déjà médecin renommé au service du duc de Clèves. Celui-ci a un problème: dans un village de son fief a été signalé un loup garou, qui aurait attaqué une paysanne. Le duc, en homme intelligent, sait qu'une simple rumeur peut mettre le feu aux poudres et dégénérer en massacre lorsqu'une population, se croyant victime des démons, cède à la panique. Il envoie donc son médecin personnel rencontrer la paysanne blessée et recueillir son témoignage, afin d'éviter qu'un ou plusieurs innocents accusés de sorcellerie ne soit victimes d'une vengeance.

Wier lui même sait parfaitement à quelles extrémités peuvent conduire la croyance aux puissances occultes: dans son enfance, il a rencontré une étrange petite fille et sa mère tout aussi étrange. Des femmes, que l'on qualifierait maintenant de névrosées, inoffensives, mais qui parlent seules et prétendent voir et entendre des choses que les autres ne voient pas. C'est extrêmement dangereux d'être différent dans une époque ultra conformiste.
La petite fille, Elma, se promène le visage couvert d'un masque de diable, prétendant que lorsqu'elle le porte, elle peut voir et entendre les fées. Jean, impressionnable mais intelligent, se rend vite compte que quelque chose ne tourne pas rond: la petite prétend faire de la magie, transformer un champ de houblon en champ de fleurs.. mais il n'y a rien. Elle est donc seule à voir les effets de sa "magie".
Ce qui n'empêche pas Jean d'avoir la peur de sa vie, lorsque sa nouvelle amie prétend qu'une fée, qu'elle seule peut voir, veut les emporter au fond de l'étang.
Le remous causé par cette histoire fait conduire la mère et la fille en prison, elles sont jugées vite fait bien fait comme sorcières et décapitées, sous les yeux de Jean. Evénement d'autant plus traumatique qu'avant d'être executée Elma lui a avoué qu'elle n'avait jamais eu la moindre hallucination, qu'elle agissait simplement comme sa mère, pour faire en sorte qu'elle ne soit pas la seule à "voir des choses".
Jean sait donc parfaitement que la peur est contagieuse, il l'a éprouvée, il l'a vue à l'oeuvre chez les paysans qui ont comdammé Elma et sa mère, événement traumatique qui le hante et dont il continue à faire des cauchemars, années après années. Deux personnes ont été décapitées, dont le seul tort était d'avoir trop d'imagination.

On suit donc deux lignes temporelles en même temps:
- celle en 1551, où Jean découvre vite que la paysanne, Marthe, attaquée par un loup-garou, si elle a bien été mordue par quelque chose ou quelqu'un, est victime d'une illusion: elle prétend avoir été attaquée par un loup dans sa chambre, alors qu'elle allait se coucher. Son père alerté par les cris, prétend, lui avoir vu un homme s'enfuir par la fenêtre, le seul moyen de concilier les deux est de prétendre qu'il s'agit d'un loiup garou, qui, comme c'est pratique, aurait dans sa fuite laissé tomber un gant portant son initiale , un L. D'autant plus pratique que le père de Marthe déteste un de ses voisins, nommé Lambert, depuis qu'il les a chopés en flagrant délit lui et sa fille dans la grange. Lambert en a cependant épousé une autre, et depuis le père le hait. Le faire accuser de commerce avec le diable et d'être un loup-garou, à une époque où les procès de ce genre ne laissent à l'accusé aucune chance de s'en sortir. Il va donc lui falloir trouver un moyen de faire comprendre que cette histoire de loup garou n'est qu'une vulgaire querelle de voisins.

- celle de 1530: Jean adolescent, tourmenté de n'avoir rien pu faire pour sauver Elma et sa mère, étudie la médecine. Entendant parler de Heinrich-Cornelius Agrippa, médecin d'Anvers, il fait tout son possible pour devenir son apprenti. Car Agrippa, médecin grande gueule, qui refuse de prendre parti enctre les catholiques et les protestants, et n'hésite pas à menacer de malédiction les malades mauvais payers, a une réputation d'hérétique. Et surtout, un fait de gloire aux yeux de Jean: il est le seul homme connu qui a réussi à faire acquitter une sorcière. C'est plutôt ça qui l'intéresse. Savoir comment il s'y est pris et à sont tour, faire acquitter les gens accusés faussement de sorcellerie, afin d'atténuer son sentiment de culpabilité. Le talent juridique d'agrippa s emanifeste également quelques temps plus tard, lorsque suite à une épidémie de peste, alors qu'il était resté seul en ville avec un collègue venu de France, mais qui n'avait pas obtenu le droit officiel d'exercer, il prouve par A +B que celui qui est accusé bien que n'ayant pas de droit officiel ne s'est pas défilé et a sauvé beaucoup de malades, et que précisement, les accusateurs sont les médecins qui  on fui et ne sont revenus que lorsque le danger est passé.

Le tome 2 ne suit pas tout à fait la même logique, il ne continue pas directement l'affaire du loup garou, mais constitue tout entier un flashback dans les années 1540: après la peste, Jean a poursuivi son apprentissage auprès d'Agrippa, et compris d'où venait la réputation d'hérétique de celui-ci. Passionné de justice, Agrippa ne supporte pas la corruption des autorités catholiques qu'il soupçonne de monter de toutes pièces ces histoires de possessions et de diableries, afin de s'enrichir en vendant des indulgence au peuple maintenu dans la peur et l'ignorance. Jean lui explique enfin son passé et ce qui le hante, la raison pour laquelle il veut sauver des sorcières. Le maitre comme l'élève ne nient pas l'existence du diable - on est au XVI siècle- mais voient plutôt les sorcières et les possédés comme des malades, les démons profitent de la maladie pour posséder ceux qui seraient de nos jours des dépressif ou des névrosés. Névrose collective entretenue par le climat de peur causé par la religion. Et que s'il s'agit d'une maladie qui ressemble à une possession, un traitement adapté avec des calmants peut calmer les symptômes, ce qui ne serait pas le cas pour une réelle possession.

Quelques années plus tard, alors qu'Agrippa est déjà mort, Jean est marié et vit dans une autre ville. Il va suvir un deuxième choc psychologique. Trois femmes meurent soudainement, Jean, mandaté pour l'examen post morteme de la première se rend compte qu'elle a été empoisonnée à l'arsenic, dans une cruche au fond de laquelle a été tracé un symbole magique. Jean retient l'arsenic comme cause, le juge, aussi névrosé que le reste de la société, considère que la mort a été causée par le symbole magique. une malédiction par vaisselle interposée. et qui dit malédiction dit sorcière.
Il ne faut pas longtemps avant que soit accusé la vieille dame un peu bizarre depuis qu'elle a perdu toute sa famille lors de la peste.
Pire chaque symptôme que Jean perçoit comme des preuves de mélancolie, est retenu comme preuve de sorcellerie par la population: " puisqu'elle a été déclarée sorcière, elle l'est, ses actes le prouvent". Elle agit bizarrement parce qu'elle est une sorcière, mais elle est une sorcière parce qu'elle agit bizarrement et puisque le juge l'a dit c'est donc vrai. CQFD. D'autant qu'elle avait en main un sceau magique acheté ( comme l'a fait la moitié de la ville) à un magicien autoproclamé qui les dessine au fond d'une taverne pour de l'argent. Ca vaut les ventes d'indulgences.
Personnene semble même se dire qu'une vieille dame du peuple à la vue basse n'a ni la connaissance, ni le matériel, ni la technique pour tracer un symbole magique parfait au fond d'une cruche étroite.
Or Jean en a vite le soupçon: Nora, la vieille dame accusée, est une coupable idéale derrière laquelle se cache un vrai criminel qui risque de continuer si on ne le trouve pas. Or le juge le met au pied du mur: il y a acte de sorcellerie, doncsi ce n'est pas Nora, il y a une autre sorcière en ville. Pour blanchir la vielle dame, Jean doit donc présenter une autre sorcière. Celui qui veut sauver les sorcières doit en faire accuser une autre.

Et voilà un titre qui est fort prometteur. Il y a 3 tomes parus en France comme au Japon, ma bibliothèque n'a pour l'instant que les  2 premiers, mais j'ai bien accroché à cette histoire policière qui tente de réhabiliter les individus qui ont effectivement souvent du servir de couverture à de vrais crimes.
Graphiquement, il ne sort pas vraiment du lot, rien d'exceptionnellement novateur, mais plutôt sympa. notamment les costumes, la dessinatrice semble avoir bien examiné les tableaux de la Renaissance flamande.
( je note quand même une mini erreur: que ce soit en 1550 ou en 1530, Jean a toujours l'air d'un adolescent, alors qu'il est censé avoir au moins 35 ans au moment de l'affaire du loup-garou), mais ces deux premiers tomes sont prometteurs. apparemment, la série n'a que 3 tomes au total, ça me convient bien, ce ne sera pas une série interminable.
Je ne connaissais pas du tout l'auteur, mais autant pour le cadre et le sujet original, et l'enquête plutôt bien menée, j'ai hâte de trouver le troisième tome.

Enfin, l'auteur est japonaise, mais le sujet est germanique, l'action naviguant entre Pays-bas et Allemagne.




samedi 16 avril 2022

Princesse tutu ( série animation 2002)

 C'est le premier avril  et, tiens, pourquoi ne pas reprendre la bonne habitude de chroniquer un truc barré/ décalé/ n'imp'?
Bon, vu mon retard, dû aux études " c'est avril, c'est le mois pas sérieux"

Et je ne sais pas pourquoi, il y a quelque jours, j'ai repensé à cette série ( enfin, si, au fil de mes études je me suis un peu intéressée à la danse en général depuis 2 ans), qui fête ses 20 ans cette année. Intéressons nous à "Princesse tutu". Déjà, quel titre! plus rose-pailleté-guimauve-fifille, y'a pas ( à prononcer " princesse Tchoutchou" en japonais, ce qui rend la chose encore plus drôle). Une série animée qui n'a pas l'air d'avoir eu un gros succès en France, peut-être à cause de ce titre trop connoté "petite fille".

Rembobinons. Je l'avais découverte il y a pas mal  d'années, un peu par hasard, au travers du nombre colossal de mèmes qui lui était dédié, en donnant l'image d'un truc particulièrement portenawak (ce qu'elle est... mais pas seulement).
Je me souviens bien ce qui m'avait donné l'idée de la chercher, à l'époque, en VOSTanglais: une discussion dans un forum, où j'avais mentionné la chanson " I dont' feel like dancing" comme étant une des plus mal nommées, puisque je ne peux absolument pas rester en place dès que je l'entend. Et on m'avait redirigé sur "Princesse tutu abridged serie" qui justement utilise ce tube comme ambiance sonore.. et mais c'est quoi ce truc!?
C'est drôle mais ça n'a ni queue ni tête, donc faut que je voie l'original pour mieux comprendre la parodie. Et je suis allée regarderla série, en me disant  " Ok, une série animée de magical girls sur la danse classique, tout ça mis ensemble, c'est too much quand même".  C'était pas gagné, je n'ai jamais vraiment aimé les histoires de magical girls, et, à l'époque je ne m'intéressais qu'à la danse moderne. Double handicap, c'est dire si ce n'était a priori pas pour moi!

Et après quelques épisodes complètement WTF, mais en fait suffisamment WTF pour me donner envie de voir ce que les scénaristes allaient encore inventer,  je l'ai trouvée carrémment pas mal, avec des moments bien trouvés. Et même plus profonde qu'il n'y parait au début, avec une fin qui évite le gros écueil que je redoutais. Avec des thèmes sombres comme la mort, le destin, la manipulation, les apparences et les faux-semblants, la prédestination, la révolte contre le rôle qu'on veut vous faire tenir... cachés sous les plumes, les tutus, les fleurs et l'humour.

Et pourtant si on tente de la résumer... Aheum.
C'est l'histoire d'une fille, prénommée Ahiru, soit" Canard", élève très médiocre d'une école de danse  dans une pays imaginaire qui ressemble à l'Allemagne, et qui rêve qu'elle est... une cane.  Elle se voit, caneton sur un lac, en train d'admirer un jeune homme mélancolique qui danse seul au bord de l'eau. Et il a l'air tellement triste que notre petite cane se fixe pour objectif de lui rendre le sourire.


Sauf qu'en fait, c'est réellement une cane, métamorphosée en petite fille par un conteur passablement effrayant, qui croit être une petite fille et qui rêve qu'elle est une cane. W. T. F!

Notre héroïne, Ahiru, sa vraie apparence étant celle du canard.

Ahiru, donc en pleine crise existentielle, ne sachant plus qui elle est, apprend du conteur-sorcier Drosselmayer qu'elle est l'héroïne de l'histoire qu'il a écrit. Il est mort avant d'en rédiger la fin, les personnages laissés en cours d'histoire ont pris chair dans cet univers et n'en font qu'à leur tête, n'ayant plus de scénario à suivre. Il faut y remédier, et elle, le vilain petit canard, est plus ou moins la seule qui ait la volonté d'agir DANS l'histoire en changeant le destin du héros. Ce qui veut ici dire, que manipulée par Drosselmayer, elle va devoir forcer ses amis ( qui n'ont même pas conscience de leur statut de personnage) à rejouer dans ce qui est maintenant leur quotidien, l'histoire inachevée, telle que l'a décidée le fantôme du conteur.
Vous avez vu The Truman Show? Ben voilà: cette idée-là, mais version magical girl, dans le thème des contes, de la danse et de la musique classique. Et plus on s'avance, plus ça prend l'allure de Truman Show. Je ne m'y attendais pas, je dois dire et c'est une bonne surprise.

HAAAAA!
Drosselmayer le conteur.  Oui, il apparait toujours comme ça, menaçant et.. non en fait carrément flippant et malsain. Bon, c'est un fantôme, c'est légitime.

Ahiru-la-fille est, comme toute héroïne d'anime qui se respecte, raide dingue de son Senpai, un garçon toujours dans la lune, prénommé Mytho (oui, les personnages ont des noms très chelous), avec lequel elle voudrait tant danser un duo. Le meilleur élève et la plus nulle, vous imaginez le résultat.
Ahiru-la-cane, elle, est raide dingue du héros taciturne qu'elle a vu en rêve au bord de son lac.

Le conteur lui révèle donc le secret que tout le monde a deviné: Mytho est l'incarnation dans le monde " réel" du prince du rêve, tout comme Ahiru-humaine est l'avatar du petit canard. Si elle veut aider son prince dans le monde du rêve, elle va devoir agir dans le monde "réel", toute godiche et maladroite qu'elle est. Ce qui est, on le voit peu à peu, une grosse manipulation du narrateur pour reprendre la main sur des personnages qui veulent s'émanciper et vivre leur vie, et seul un simple canard est assez naïf pour accepter le rôle ingrat de la redresseuse de tort. Détail important, elle doit gagner l'amour de Mytho, mais sans jamais le lui dire: si elle se déclare, elle disparait instantanément. Drosselmayer est un sadique qui aime torturer ses personnages, et ce n'est qu'un début.

Pour ce faire, il la dote d'une troisième identité: la princesse tutu, qui est tout ce que Ahiru n'est pas: courageuse, décidée, digne... et talentueuse. Et la charge d'une mission: Mytho est impassible car, dans une précédente histoire, il a du sacrifier ses sensations et ses sentiments, pour sauver le monde d'un gigantesque corbeau-démon. C'était le prix à payer. Il est devenu insensible au point de ne pas ressentir de douleur s'il se tord la cheville ou de ne pas comprendre le risque qu'il y a à sauter par une fenêtre. Ahiru doit donc retrouver ces sentiments éparpillés sous forme de gemmes dans toute la ville, et les rendre à leur légitime propriétaire. Toutes évidemment ne sont pas positives mais, et là, c'est un bon point pour l'anime: toutes sont nécessaires. Mytho privé de la colère ou de la honte ne peut faire face au camarade abusif qui l'insulte,et semble (je dis bien semble) en avoir fait à la fois son souffre-douleur, son esclave et son jouet. Et plus généralement, il devient le jouet de tout le monde. Privé de la peur, il ne voit pas le danger qu'il y a à sauter par une fenêtre pour sauver un oiseau tombé du toit ( tiens, il n'a pas perdu la compassion, mais, par contre il a oublié le détail important: les oiseaux volent!).

A ce duo Ahiru - Mytho ( décidément, ce nom qui fait référence au fait qu'il est un mythe et non un humain,  sonne de manière très drôle en français) se rajoute un autre duo: Fakir (le mec tyrannique, qui porte bien son nom: aussi agréable qu'une planche à clous!) et Rue (comme la plante, pas comme la rue de la ville), LA meilleure élève, soliste, celle à qui les meilleurs rôles sont destinés d'office, celle avec qui tout le monde veut faire des duos, pas exactement méchante, mais... très vaniteuse par moments.
Or ces deux là ont aussi des équivalents dans le conte d'origine: Fakir est un chevalier au service du prince qui doit pourfendre le grand démon corbeau, tandis que Rue est la propre fille du démon-corbeau. Elle aussi, sous une apparence de super méchante, la princesse Kraehe, cherche les fragments de personnalité de Mytho... pour lui éviter de développer des sentiments comme l'amitié, l'amour, et en faire sa chose ( avec des motivations disons, très peu honnêtes: le corbeau est scellé dans une dimension parallèle, et il faut par sorcellerie lui rendre la liberté: il lui faut pour celà un coeur jeune et sincère, et Mytho est le pige.. euh le candidat idéal pour lui amener cet ingédient essentiel, à condition qu'il retrouve ses sentiments, car un coeur vide ne vaut rien pour la magie. Rue- Kraehe est elle aussi le pigeon de son père, hein..., elle en pince pour Mytho et ne sait pas qu'il va devoir ...être mangé par son paternel)



Chose intéressante, hormis Ahiru, au début, aucun des autres n'a conscience de sa personnalité cachée, définie par le rôle que l'auteur leur a assigné dans sa précédente histoire: Rue est orgueilleuse et possessive parce qu'elle est un corbeau qui n'est pas doté des sentiments humains. Fakir est tyrannique parce que son rôle de chevalier est écrit comme ça: protecteur dans le conte, il est en fait surprotecteur de son pote, à qui il veut éviter des problèmes. Et tout le monde veut soit rendre au "patient" ses sentiments, soit lui éviter de les retrouver, mais sans se poser une question essentielle: que veut réellement Mytho? Retrouver une personnalité quitte à en souffir, ou rester un imbécile heureux, indifférent à tout.
Vous arrivez encore à suivre? Bon.

Et donc Fakir. 'ttendez.., je rêve? cheveux bruns, yeux sombres, teint mat, un personnage oriental, comme son nom le laisse supposer? Youpi!

Jusque-là, vous pensiez que Mytho ou Ahiru sont l'un ou l'autre le personnage principal? Et non, ce sera notre petit brun grognon, mais il ne l'apprendra lui même qu'à la fin. En tout cas, si les 4 personnages pricipaux évoluent, c'est son évolution qui va être la plus intéressante.

En tout cas j'aime bien ce personnage: sarcastique, ironique, cassant.. mais dans le fond c'est juste le type calme qui n'aime rien tant que lire et qu'on lui foute la paix. Sauf qu'il se retrouve par la volonté du conteur propulsé dans un rôle de chevalier protecteur qui ne lui convient pas, pour lequel il n'a pas de prédispositions et dans lequel il est , il faut le dire, assez nul, puisque ce sont toujours les autres qui lui sauvent la mise. Rôle qu'il n'arrive à remplir qu'à l'excès en devenant tyrannique.
Il est aussi doté d'un pouvoir qui lui pose problème: il a un talent littéraire.. mais les histoires qu'il écrit se réalisent, parfois avec un résultat catastrophique. Il a d'ailleurs oublié cette compétence traumatisante, et se voit contraint par le scénario de suivre une voie qu'on lui a désignée et qu'il n'aime pas en renonçant à celle qui est faire pour lui.
Je n'arrivais pas à mettre exactement le doigt là-dessus, mais voilà quelqu'un qui a analysé le personnage et je trouve que ça tient debout. En tout cas, il est beaucoup plus intéressant que les autres, et c'est presque le seul dont je me souvenais clairement.
L'idée est originale en tout cas: un conteur qui a le pouvoir d'influencer la réalité a écrit une histoire, dont un des personnages est aussi doté de ce pouvoir, et va aller peu à peu à l'encontre de ce que son créateur attend de lui.

Bon alors tout ça se passe dans un monde "réel", qui mérite bien des guillemets: comme dans le monde réel, les garçons sont une denrée rare dans une école de danse.
Mais, pas comme dans le monde réel, le professeur est... un chat, qui lorsqu'il s'énerve, menace ses élèves de 13,14 ans d'en épouser une de force. Et se passe la patte sur l'oreille ou se lèche le.. oui, comme un chat. Un autre professeur est une chèvre. Et certains élèves sont chelous. Non vraiment chelous: un chihuahua, un fourmilier, des oiseaux, un hippopotame, un tatou à neuf bandes, des wallabies... (seule ahiru semble se poser des questions à ce sujet, et, chose incroyable, ce fait sera expliqué IN FINE!)

Meilleur argument de vente de la série: le très indifférent héros est enlevé par une fille-fourmilier en uniforme scolaire qui clame en faire son petit ami.
et hop!

La honte intergalactique: cette danseuse - fourmilier est plus douée que je ne l'ai jamais été, même dans ma jeunesse, et a un meilleur équilibre que je n'en aurais jamais, même en m'entraînant tous les jours.

et au passage l'élève de dos me fait penser à Akira de Hikaru no go ce qui est encore plus perturbant.


Oui, cette série est portenawak ET c'est finalement sa force: assumer son côté totalement barré et ses trous scénaristiques dans sa forme pour mieux trancher avec son propos volontiers angoissé: qui suis-je réellement, est-ce que mon histoire est écrite, et si oui par qui? Est-ce que je peux, est-ce que je dois la faire changer?
Dès l'épisode 2, l'héroïne se pose des questions philosophiques: je suis une cane qui se croit humaine, mais laquelle est la vraie? Si j'étais moi hier et encore avant sous une autre forme, est-ce que je suis encore moi aujourd'hui?
Je crois que c'est ce genre de dialogue qui a fait que j'ai continué à suivre la série :) Et je ne regrette pas parce que c'est sympa de voir une mise en abîme où les personnages veulent sortir de leur rôle, ou au contraire jouent avec les codes narratifs ( mention spéciale à Femio, personnage secondaire de la 2° saison, narcissique incorrigible, qui arrive à dos de taureau sur l'air d'Escamillo, balance des mots au pif en français pour mieux draguer, suivi d'un assistant qui lance les bncontournables pétales de roses qui accompagnent souvent ce genre de personnages.  Habituellement, c'est un cliché sorti de nulle part, là, non, c'est un type dans le cadre qui les lance par poignées. Le 4° mur prend cher.)

Donc les points faibles: 

Une histoire de magical girl, avec la fille un peu nulle qui doit évidemment se battre pour sauver ses amis et le monde en rassemblant des trucs perdus ça n'est pas nouveau ( Sakura dans Card Captor rassemblait des cartes magiques, la même dans Tsubasa chronicle rassemblait les souvenirs de son meilleur ami éparpillés sous forme de plumes...).
Le monde ou ça se passe est quand même chelou...faut passer le cap, et oui, ça s'explique.
Uzura, l'inévitable mascotte con-con, qui ne sert pas à grand chose, à part à faire des gags-culottes ultra-répétitifs, avec en plus un tic de langage (en fait un avatar chibi d'un personnage plus sérieux disparu dans la première saison, mais que les spectateurs aimaient bien, donc qu'on fait revenir sous une autre forme en version plus "légère". Et ce genre de personnages est en général très pénible)
Le titre qui laisse attendre quelque chose de rose et mignon... et est finalement très trompeur ( dans le bon sens pour moi, mais si vous attendez un truc réaliste sur la danse, ou une histoire pour enfant, ce n'est pas ça)

bon pas à ce point-là, mais ça serait drôle quand même
l'héroïne étant du genre à tout vouloir régler par la non violence, et demande aux gens  "danse avec moi"


Les plus:
une série de magical girl, qui a droit évidemment à sa séquence transformation mais sans musique spécifique, ni phrase magique (vous voyez? le magical gugusse, qui se ressemble comme deux gouttes d'eau avant/après mais que personne ne reconnaît avant/ après avoir braillé un truc du genre "par le pouvoir du crâne ancestral!" ).
Non seulement, de par sa thématique,  la série puise dans les domaines de la danse et des ballets de répertoire, de la musique classique et des contes, mais, c'est encore mieux, elle les utilise à bon escient en lien avec la narration:
-La première apparition d'Ahiru est une double référence au lac des cygnes et au vilain petit canard.
Son apprence d'héroïne "princesse tutu" et l'incarnation maléfique que Rue " Kraehe le corbeau" sont des références encore à Odile et Odette.
-La mystérieuse femme qui se promène en jouant de l'orgue de barbarie et en parlant par phrases incompréhensible se tient toujours en 5° position (là, les pratiquants de danse comprendront), mais c'est aussi un automate, en référence à Coppélia du ballet du même nom, lui même inspiré des contes de ETA Hoffmann. D'où provient aussi Drosselmayer, personnage très ambigu de Casse-noisette, lui aussi emprunté à ETA Hoffmann.
-Une séquence qui se passe dans un cimetière emprunte sa forme et son fond à Giselle, ET les héroïnes ne pourront s'en sortir qu'en reproduisant sans erreur les enchaînements de pas du ballet lui-même. Ce qui me laisse à penser que les scénaristes ont fait un vrai travail de recherche, au lieu de simplement jeter des références un peu au hasard. Souvent les séquences magiques sont aussi une référence discrète ( apparition de tapis de fleurs sur l'air de la Valse des fleurs)
et.. bon la musique, c'est toujours sympa de faire connaître à un plus vaste nombre la musique classique. Pas seulement de danse, d'ailleurs: Outre le lac ces cygnes, Casse-noisette, Shéhérazade, Coppélia, ou Giselle, il y a Carmen, Les tableaux d'une exposition, la 1° Gymnopédie de Satie,

Le gros plus pour moi: pas de Happy-end et pas d'histoire d'amour attendue.
SPOIL : plus elle avance, plus Ahiru, qui se rend compte que son amour pour Mytho n'était qu'une illusion fondée sur une image d'épinal. Elle l'aimait pour sa beauté et pour sa tristesse: tant qu'il était triste, elle avait un but: lui rendre sa personnalité. Une fois ce but atteint, paradoxalement, elle se rend compte que cette personnalité n'est pas celle atttendue, il n'est plus le Mytho qui lui plaisait. Mieux, elle admet que le seul qui l'apprécie réellement pour ses qualités est précisement, le type qu'elle n'aimait pas du tout au départ: Fakir, ronchon, mais fiable, capable d'évoluer et de revenir sur ses erreurs, et qui ne lui force pas la main à faire des choix qui ne lui conviennent pas.
Devant le choix de ne pas aller jusqu'au bout de l'histoire et de rester humaine, ou de conclure son histoire, mais à sa manière en affirmant sa volonté et en redevenant un canard, Ahiru décide... de rester en phase avec sa nature profonde. Une héroïne d'anime qui préfère renoncer à une vie confortable et des relations basées sur une fausse apparence, et qui choisit sa propre voie en fonction de son ressenti quitte à causer de la peine à ses amis, c'est quand même rare.
Et une thématique plus adulte qu'il n'y parait: choisir, c'est forcément renoncer à quelque chose.

allez, un petit coup de mème pour la route
je ne pouvais qu'aimer cette référence: Usagi la lapine et Ahiru la Cane nous rejouent un gag de Bugs Bunny et Daffy Duck

Pour les curieux ou ceux qui préfèrent la lecture, il y a une version manga, que je ne connais pas. A noter que le manga est l'adaptation papier de la série.

mardi 12 avril 2022

Kawaii dungeon et kawaii nihongo ( applis pour apprendre le japonais)

 Ben voilà, une trouvaille inattendue et fort sympathique.permettant d'apprendre les kanas et les kanjis de niveau JPLT 5, gratuitement.

enfin, plutôt de les réviser, car il n'y pas de tracage, donc pour qui veut les apprendre, il reste impératif d'apprendre non seulement à les lire et les associer à leur transcription romaji, mais aussi d'apprendre à les tracer sur papier, seule vraie méthode pour les retenir vraiment.

cet écran d'accueil tout simple mais soigné est vraiment sympa!
J'aime bien le détail des rayons de soleil, et donc ça augure bien du contenu.


Mais donc , un jeu de rôle, où on doit aider Riko, la renarde à neuf queues à maraver la tronche de bandits ( qui semblent sortis de Men in black). et comme pour tout combattant de jeu de RPG, il faut lui fournir des armes augmenter leur niveau, augmenter le niveau de Riko elle -même, afin qu'elle arrive à battre le boss.
là les captures d'écran sont en anglais, mais le jeu existe en français ( avec quelques bizarreries de traduction, mais rien qui rende le texte incompéhensible), allemand, italien/ espagnol ( allez savoir pourquoi ils sont considérés comme une seule langue), et je pense qu'ils vont en ajouter peu à peu

Or les armes, les éléments pour augmenter le niveau, les pièces d'or ne peuvent se faire qu'en maîtrisant les kanas ( et plus tard, les kanjis). Et donc, on commence avec pour mission d'apprendre à reconnaitre forme, son et romaji des kanas A, I , U, E, O, puis Ka Ki Ku Ke Ko.. et ainsi de suite, avec un boss de fin des hiragana, avant de pouvoir attaquer les katakana, etc....

le tableau des hiragana, c'est bien, mais il ne lance pas de sorts ou ne dézingue pas les bandits avec un sabre en bambou, c'est moins drôle
Pour télécharger l'appli, c'est ici: https://play.google.com/store/apps/details?id=de.mardukcorp.kawaiidungeon&hl=fr&gl=US

Je vois qu'il existe aussi une version  "kawaii nihongo" pour le vocabulaire et la syntaxe, et wow, simplement wow, il y a des illustrations de fou! Je ne sais pas si tout est à l'avenant, mais oui, j'irai voir ça, ça me donne carrément envie de  raviver un peu le japonais., ça à l'air vraiment trop cool. Je suis en train de tester Dungeon, mais définitivement, j'irai voir la version 

雨: la pluie

Ce qui me fait bien sûr penser à ame et yuki les enfants loups.

門: le portail. Et, oui, il y a divers personnages

Certes, je pense que toutes les cartes flash ne sont pas à ce niveau de recherche, digne d'un fond d'écran, mais il y en a quand même pas mal sur la page facebook de l'appli. Trop sympa pour passer à côté.
Hilde, je sens que ça va te tenter!

samedi 23 octobre 2021

Hikaru no go - Obata Takeshi et Hotta Yumi

 Haaa que lire, que lire pour ce mois Halloween, qui soit facile à caser entre deux cours?

J'en ai fini avec les fantômes du Japon compilés par Lafcadio Hearn, et l'illumination m'est venue en triant mes mangas pour voir ceux que je garde, ceux que je tente de revendre..
Je n'avais pas touché à cette série depuis presque 20 ans, et pourtant je l'aimais bien.
Je ne l'a jamais finie, pour plusieurs raisons, elle était sympa, mais menaçait d'être longue (23 tomes en tout, j'en ai lu 19), et surtout elle a perdu pour moi pas mal de saveur après le tome 15, j'ai beaucoup moins accroché.

Or, parfait, même si le sujet est comme l'indique le titre le jeu de Go, l'un des personnages principaux est un fantôme et, pour tout dire, mon personnage préféré de cette histoire. Il est régulièrement tordant. Donc cette Chronique ne concernera que les tomes 1 à 15, qui ont une coloration fantastique, via le personnage central qu'est Saï, le fantôme.

Tome 1, voici Hikaru,11 ans, le héros, il porte tout au long de la série des vêtements ornés du chiffre 5 ( prononcé " Go" en japonais)



L'idée de base n'est pas très originale: fin des années 1990, Hikaru, 11 ans, gamin en fin de primaire, élève plus que médiocre a été puni par ses parents: privé d'argent de poche jusqu'à ce qu'il relève le niveau et obtienne la moyenne à ses contrôles d'histoire.
A l'affut d'un moyen de se faire un peu d'argent, il fouille le grnier et trouve un vieux goban, plateau de go qui appartenait à son grand-père. L'objet est joli et ancien, Hikaru espère en tirer un peu d'argent. Mais il est hanté par un fantôme, Saï no Fujiwara. De son vicant à l'époque Heian, Saï était maître de go, professeur de l'empereur. Faussement accusé de triche et acculé au suicide, son fantôme est resté, rongé par la tristesse de ne plus pouvoir jouer. Lorsque le goban est touché par quelqu'un qui peut qvoir du potentiel, Saï en prend possession pour pouvoir joeur à nouveau, faisant de son hôte le meilleur joueur de go de son époque.

Saï prend possession de l'esprit d'Hikaru, qui est le seul a pouvoir le voir et l'entendre. Mais de là à dire qu'Hikaru a du potentiel... il sait à peine que le go existe, ne le perçoit d'abord que comme un passe temps de vieux, ennuyeux, puis comme quelque chose qui peut être lucratif. Le fantôme et Hikaru vont donc monter un plan à la Cyrano: Saï va souffler les réponses en cours d'histoire à Hikaru, l'aider à remonter ses notes, et en échange, celui-ci sera sa main pour jouer au go. Ce qu'Hikaru accepte mollement ( il n'a pas trop le choix, les états d'âme de Saï l'envahissent, s'il ne contente pas le spectre, il est physiquement malade).

Tome 15: Saï le fantôme

Ce gamin déluré et incapable de se concentrer est l'opposé même de l'idéal du joueur de go.
Que se passe-t-il quand un fanraron indiscipliné rencontre par hasard un autre gamin qui lui pratique le go depuis son enfance? Akira Toya, fils du meilleur joueur de go de la planète, 11 ans lui aussi, espoir de la discipline et déjà d'un niveau professionnel, va se voir infliger une cuisante défaite par Saï, via Hikaru.. qui n'a jamais touché une pierre de go de sa vie. Et s'imagine que ce débutant est en fait un rival de très haut niveau qui cache bien son jeu.
De fait, le pauvre Akira ne peut pas savoir qu'il a réellement en face de lui le meilleur joueur du monde, et va s'acharner à vouloir battre Saï et Hikaru. C'est donc cette rivalité, et le développement de la passion d'Hikaru , sur plusieurs années, pour le jeu de go, qui est raconté. D'une part la quête d'Akira à la recherche de cette incroyable compétence quil n'a vu qu'une fois, les rencontres suivantes avec Hikaru l'yant bien déçu, celle d'Hikaru qui prend goût au jeu et se dit que finalement, s'il peut en faire son avenir professionnel, ce ne serait pas mal de passer son temps à jouer plutôt que d'étudier. Et celle de Saï, qui depuis qu'il a vu des parties du père d'Akira, ne rêve que de pouvoir l'affronter.
Or comment faire quand on est mort depuis mille ans, qu'on veut affronter un champion de niveau mondial, et qu'on n'a comme seule solution de faire jouer à sa place un gamin de 11 ans. Comment un gosse inconnu peut-il même avoir l'occasion de jouer contre un pro, et surtout comment ensuite justifier qu'il lui mette la misère?

Donc quelque chose de classique: un manga sur un jeu, tourné à la manière d'un manga de sport ( avec les classiques du manga scolaire: clubs, rivalités de clubs entre le shogi et le go, rivalité des clubs entre collèges...)
C'était un pari osé, qui a payé, au Japon et en occident lors de la publication: un jeu à l'image démodée, qui a regagné en popularité, en Asie comme en Europe.

Et donc il y a deux ou trois personnages que j'aime particulièrement. Saï en tout premier: Saï est l'antithèse d'Hikaru, mais devient son mentor. Raffiné, élégant, d'une intelligence redoutable, intègre mais, bien qu'un tricheur ai causé sa mort, dans sa naïveté, il ne se rend pas compte que le plan qu'il propose à Hikaru est de la triche, puisque dans son idée, il s'agit seulement de s'adonner innocemment à son jeu favori, l'argent ni la gloire ne sont pas un moteur.
Mais ça reste de la triche ... jusqu'à ce qu'Hikaru veuille prendre son indépendance et se vautre.

Ses réactions au début du manga sont vraiment très drôles: il n'a plus hanté personne depuis 140 ans et ne connait pas la vie moderne, est fasciné par la télévision, les pendules, les distributeurs de boissons, etc...
De plus c'est un personnage graphiquement splendide, dont le costume ancien permet à Obata des illustrations raffinées de splendide qualité, qui tranchent à la foi avec la modernité du Japon d'Hikaru, et avec le caractère imprévisible, pétulant et un peu roublard et manipulateur dont le scénario l'a doté. Un élégant fantôme millénaire à l'air parfaitement digne, doté un esprit très gamin mais qui le rend très attachant.


L'autre personnage que j'aime beaucoup, c'est Akira, le petit champion, au look démodé: coupe au bol et costume marin, coaché depuis ses deux ans par son père, sa vie est loin d'être facile, et il a souvent l'air triste et trop adulte. L'écueil d'en faire un casse-pied orgueilleux fier de son niveau , de son ascendance et de son niveau de vie ( il est de famille riche) a heureusement été évité.
C'est un gamin solitaire et timide, mais qui prend toutes les occasions possibles pour être sociable, serviable. Il ne refuse jamais malgré son niveau de jouer avec qui que ce soit, autres enfants ou retraités, débutants comme joueurs confirmés, avec un sens de la justice et de l'équité. Au contraire, son statut et sa célébrité lui posent problème, il évite de se mêler aux autres non par orgueil, mais parce qu'il a conscience des attentes que les autres projettent sur lui, les camarades de son âge s'attendent à ce qu'il les ridiculise, le détestent par principe, et essayent de le battre par tous les moyens, y compris en trichant. Akira c'est le gosse adorable, mais trop doué qui n'arrive pas vraiment à se faire des amis et est victime d'un a-priori.
Akira, le rival.. 13 ans, oui, oui...

Prenant Hikaru pour un joueur de génie, un rival digne de ce nom, il essaye malgré tout régulièrement de s'en rapprocher pour s'en faire un ami, malgré leur différence sociale. Ce qu'Hikaru, beaucoup moins mature, ne comprend pas vraiment.
Donc oui, j'aime beaucoup Akira, pour ce bon esprit et le fait qu'il essaye autant que possible d'être un gamin normal, bien que son talent au go le prive d'une bonne partie de sa jeunesse. J'ai juste envie de lui dire " vire moi ce costume, met un tee shirt, je t'emmène voir un dessin animé et manger une glace" ( d'ailleurs c'est un peu ce que fait la dame qui tient le club de go où il donne des cours: elle est la seule personne à le traiter normalement, presque comme une grande soeur, vient le chercher au collège en voiture et lui propose des biscuits.)
Et au fil des tomes sont évolution fait plaisir: son sens de la justice et de l'intégrité se confirme et , contraint une fois devenu professionnel de tricher et de perdre des parties contre des sponsors, pour ne pas les vexer ce qu'il se refuse à faire, il trouve la seule solution qui lui permette de ne pas se compromette, ten rendant toute contestation impossible, et tout en les ridiculisant de façon magistrale: calculer afin de faire match nul avec les 4 sponsors, en même temps, qu'ils soient de bon niveau ou complètement nuls.
Désolée Hikaru, c'est tout le héros, mais tu n'as pas la classe du p'tit Akira.

Seulement voilà, même si la série est sympa et continue, après de superbes tomes 13 et 14, le tome 15, abandonne totalement l'élément fantastique: exit le fantôme ( c'est à la fois logique et super triste: Hikaru es devenu pro, Saï s'il restait, deviendrait inutile et gènerait la progression du jeune héros, or, il s'gait d'un shonen, qui doit mettre le gamin en avant. Ce n'est pas le Go de Saï, mais le go d'Hikaru, le titre de la série. Mais ce tome 15 est psychologiquement dur, bien mené, mais ... dur : voir Hikaru, qui n'a pas conpris les avertissement de Saï qui sentait sa disparition très proche, chercher son ami fantôme partout où il pourrait être, et sombrer dans la dépression lorsqu'il comprend que Saï ne reviendra pas.. C'est raide!)

Mais voilà, je n'ai pas vraiment poursuivi après, même si les autres personnages sont attachants, il manque ce qui faisait la saveur de la série. Et aussi à l'époque, faute de place, je ne suis pas allée au delà du tome 19, ne sachant pas combien il y en aurait en tout (23, pour un shônen c'est encore raisonnable j'aurais quand même pu la finir sans trop de problèmes).. mmm je le classe Shônen de sport, car après tout le go est un sport cérébral et le manga a toutes les caractéristique du manga sportif: le dépassement, la rivalité, les compétitions, etc...
Et juste pour montrer l'évolution graphique, le dernier tome.
Ce qui suit une logique, puisque les héros ont maintenant 16/17 ans.

Et juste pour le plaisir des yeux, une illustration automnale.
Saï est un personnage souvent drôle, mais les illsutrations le mettant en scène sont souvent plutôt liés au wabi-sabi, à l'impermanence, à la nature, à la fragilité de la vie, son statut de fantôme en faisant le personnage " philosophique" de l'histoire.

Takeshi Obata a depuis fait à nouveau des étincelles avec Death note, dans un autre style, mais dans les deux cas, je le classe parmi les très grands dessinateurs de manga contemporains, avec Takehiko Inoue. L'un comme l'autre étants non seulement dessinateurs, mais aussi illustrateurs, ce qui apporte beaucoup dans la composition et la colorisation.
Peut être un jour finirai-je la lecture de cette série.


vendredi 13 août 2021

A la découverte du sumo

On continue avec le sport, après les JO.

Parce que l'occasion s'est présentée, pendant mes vacances chez tonton. Il aime bien la culture japonaise et m'a dit " tiens, ce soir, il y a une diffusion de tournoi de sumo, je le regarde si ça te tente".Bon allez, pourquoi pas, je n'en ai jamais vraiment vu. C'est quand même un des symboles du Japon, et j'aime bien découvrir ce que je ne connais pas ( on a aussi regardé les concours de caisses à savon, de dressage de chiens, et de lancer d'avions en papier )

S'il y a bien une chose à laquelle je ne pensais pas m'intéresser un jour, c'est le sumo ( enfin, deux choses: j'ai découvert l'an dernier la danse classique et j'ai trouvé ça intéressant. Je vous laisse combiner dans votre tête les concepts de sumo et danse classique. Je parie que vous avez Fantasia en tête)

Et en fait j'ai trouvé ça très intéressant, en particulier à cause de tout le contexte rituel et mythologique qui entoure la pratique, au delà du simple sport. Car oui, c'est du sport, malgré le physique atypique de la plupart des pratiquants, au moins en ce qui concerne les professionnels. Bon, il ne viendrait pas à l'idée de dire que " la lutte gréco romaine n'est pas du sport, les lutteurs sont trop lourds". Et la plupart ont une souplesse étonnante (enfin, pas trop pour moi qui sais d'expérience qu'on peut être lourde, ronde et très souple), mais là, on a quand même vu des gens qui vont de 95 à 200 kilos - voire parfois plus - se démener.

estampe de Kuniyoshi


En France, il y a très peu de chaînes qui diffusent les tournois de sumo, et c'est sur la chaîne cablée de l'Equipe que nous l'avons regardé.

L'avantage est que les deux commentateurs distillent au fil de leur commentaires des informations sur l'organisation des tournois, ce qui est interdit ou autorisé, les tenues, les grades des lutteurs, traduisent parfois le sens des pseudonymes, ou le contexte religieux et traditionnel de ce qu'on voit.
Par exemple , pour quelle raison les lutteurs sont surnommés " est" et "ouest"? Parce qu'ils représentent la lutte mythologique entre le dieu de l'est et le dieu de l'ouest.

Ce qui permet de sortir des clichés, et de comprendre qu'il y a justement tout ce contexte et que ce n'est pas simplement un sport un peu étrange ou deux gros bonshommes en pagne se poussent l'un et l'autre jusqu'à ce qu'il y en ait un qui tombe ou sorte de la zone délimitée.

Pour en savoir plus sur le sport qui passionnait Jacques Chirac, et ses règles, les lutteurs, le lexique.. c'est par ici, et c'est en français

 Ou intéressant aussi, parce que c'est un sujet qu'on ne peut pas éviter: les limites du calcul d'IMC dans le sport à haut niveau.  Car oui, les lutteurs sont en surpoids, impossible de dire le contraire mais un surpoids qui n'est pas celui de quelqu'un qui se gave de chips sur son canapé: ce n'est pas du bide-à-bière (en gros le gras est sous la peau, pas entre les organes, je sais exactement pour ma part quelle est la différence, étant personnellement concernée: du gras sous la peau, malgré une alimentation peu sucrée, de bons muscles en dessous et aucun problème de santé ou d'analyse... et je suis loin de manger du chankonabe à tous les repas)

Et donc juste par curiosité, je vous montre en échantillon 3 des participants que j'ai vus. Un Bulgare et un Géorgien . Parce que ces deux là ont exactement la même taille (1m91), et seulement 11 kilos d'écart, et pourtant leurs physiques sont très différents (j'avoue, je suis un peu stupéfaite par le Bulgare qui a plus de poitrine que je n'en ai jamais eu, même avant de passer sous le bistouri, je soupçonne un problème hormonal chez ce monsieur). Et donc répartition totalement différente du gras et du muscle pour deux personnes qui n'ont pas plus de 11 kilos d'écart, une paille pour des gens de cette taille. 

Certains ont même le problème inverse et n'arrivent pas à dépasser les 100 kilos.
Voilà le plus petit de la compétition,
un japonais d'1m68 et 95 kilos, et qui parait minuscule par rapport à ceux de presque 2 m. Du coup, j'ai très envie de l'encourager, lui " vas-y mon gars, montre leur que tu peux battre des géants! Au nom de tous les petits de la terre"
Il y a donc des concurrents aux physiques et aux origines bien plus variées qu'on pourrait le penser a priori.
 
Les découvertes:

- oui, c'est intéressant pour qui apprécie en général les sports de combat, et du moment qu'on vous donne les clefs pour le comprendre. En particulier sur les règles ou l'organisation qui ne se fait pas par poids comme en boxe ou en judo. On peut donc avoir sans problème un affrontement entre le "petit" de 95 kilos et le géant de 220. Et ce n'est pas forcément le plus grand et le plus lourd qui va gagner, si le plus petit a une meilleure techique ou sait mieux profiter d'une occasion.

- tout le contexte traditionnel/ culturel mythologique, ça c'est même passionnant. Et ça explique pourquoi les athlètes (car ce sont des athlètes quand même malgré le surpoids) sont considérés au Japon comme demi-dieux: ils incarnent lors des combats le rôle des dieux.

- Etonnamment, dans une société aussi traditionnaliste et eu ouverte à l'étranger que le Japon, il ya pas mal de lutteurs d'origine étrangères. Ils prennent des pseudonymes japonais, parfois prennent aussi la nationalité japonaise, mais sont quand même identifiés selon leur natinalité d'origine. Les deux lutteurs les plus hauts classsés dans le tournoi que j'ai regardé sont deux mongols ( et la Mongolie a aussi une forte tradition de sports de combat, de lutte en particulier)
Mais il y avait des pays moins attendus: le bulgare et le géorgien précités et un brésilien pour ceux que j'ai vus, mais j'ai appris que parfois des américains, des russes ou des hawaiens arrivent au niveau professionnel. Donc plus international qu'il n'y parait. Même si les pro sont tous formés au Japon.

- Encore plus étonnant, : ces lutteurs étrangers ont aussi un fan club. Apparemment les japonais sont fair-play, pour peu qu'on leur montre du beau sport, peu importe qui gagne. Il doit bien y avoir des ultra-traditionnalistes qui se sentent dépossédés de leur sport national, mais visiblement la majorité des spectateurs se contentent d'apprécier les qualités techniques d'untel ou d'untel, indépendamment de toute autre considération, et ça c'est super.

- Le sumo n'est pas réservé donc à de seuls grands et lourds japonais: il y a des clubs amateurs dans pas mal de pays, où on peut aussi trouver des pratiquants aux physiques plus classiques.Voire de très petits gabarits. E des femmes aussi.
Telles que celles qu'on peut voir sur la vidéo dans cet article dédié au développement du sumo féminin
( et forcément, toute avancée, même si elle ne concerne pour l'instant que la pratique amateur est bonne à prendre. Des femmes qui luttent pour l'égalité, et là, ce n'est pas qu'une expression). Pour les amateurs par contre, hommes commes femmes, il y a des catégories de poids, comme au judo.

Et donc corrollairement la réponse à la questio que vous ne vous posiez pas encore: elles portent le mawashi, le pagne traditionnel sur une combinaison de lutte

- La fédération de sumo voudrait à terme que le sport fasse son entrée aux jeux olympiques, mais pour celà, il faut en passer par la mixité.
Ici un article en français sur la pratique féminine
Et un autre, très intéressant, qui part d'un inciient en 2018: une secouriste parmis les spectatrices montée sur le ring pour secourir un lutteur en détresse a été expulsée, pour cause de traition, qui dit que les femmes ne doivent pas monter sur un ring de sumo. Même lorsqu'il s'agit de sauver quelqu'un en ddanger . Or cette interdiction est récente ( plus ou mois 150 ans, en rapport des quelques 1500 d'existence attestée du sport), et le sumo devient donc aussi au Japon un terrain d'affrontement entre les traditionnalistes et progressistes.

Voilà, une pratiquante, en tenue de combat, et là, oui, il y a des catégories de poids
Yes, we can! ( pas pu m'empêcher)

Je ne pensais pas trouver tout ça là derrière en regardant la semaine dernière un tournoi de sumo avec tonton, mais le cadre s'avère passionnant. En tout cas, ça m'a bien plu, je vais essayer de suivre un peu tout ça de temps en temps.

Certes le sport n'est pas blanc et a été entaché de scandales: bagarres entre pratiquants, souffres-douleurs des entraineurs ( l'ijime existe aussi dans ce domaine et pas seulement au lycée), combats truqués ( il y a de fortes sommes d'argent engagées, des sponsors et des paris et qui dit pognon... ), usage de stupéfiants (cannabis. Ca fait sourire en comparaison avec le dopage organisé à grande échelles dans l'athlétisme, la natation ou le cyclisme dans les années 1980- 90,  mais la fumette au Japon n'est pas seulement illégale et passible d'amende, elle peut conduire en prison).
Ou très récemment, mise à pied de certains pour non respect des restrictions covid.

Ce serait donc mentir que cacher les côtés moins reluisants.

Et forcément, y -a-t-il un manga qui en parle? Oui, un manga et une BD européenne inspirée du parcours de l'authentique champion hawaïen Akebono.

Je ne prétendrais pas tout comprendre, loin de là, mais maintenant c'est un peu moins cliché dans ma tête.👍