Encore une série piochée un peu au hasard, à cause de son titre intrigant.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, une comédie lycéenne probablement.
C'est un peu ça, mais pas tout à fait. Lycéen, oui, comédie, pas tellement même si certains passages sont souvent drôles.
Hajime Machida, c'est le type ultra banal, et déjà ça.. ce n'est pas très banal.
Un héros lycéen quelconque. aAu physique moyen. Avec des lunettes, qui font que tout le monde le prend pour un intello... alors que c'est un élève très médiocre qui peine à atteindre la moyenne.
Il est nul en sport. Il est nul en cuisine. Il n'a pas de hobby particulier. Il n'est doué en rien de spécial.
Bref, le mec ultra normal.
A une chose près, il est très observateur. Et gentil. Les deux caractéristiques additionnées font qu'il sait instinctivement quoi dire ou quoi faire pour remonter le moral à quelqu'un. Il est par exemple le premier à se rendre compte que la mamie du coin de la rue a changé de coiffure, et la félicite. Ou à se proposer pour aider une prof âgée à transporter des cartons. Où à aider un camarade harcelé.
Donc tout le monde l'aime bien parce que c'est le type sympa. Au point d'avoir un succès incroyable avec les filles, alors qu'il est " quelconque", et... de ne même pas s'en rendre compte.
Car notre type lambda est aussi d'une naïveté absolue, qui pourrait en faire un pigeon ultime ( il manque d'ailleurs dans un des épisodes se faire rouler par une nana qui l'utilise pour rendre son ex jaloux, sauf que.. son sens de l'observation lui fait vite remarquer non qu'elle le drague, mais qu'elle n'a pas fait une croix sur celui qu'elle a pourtant plaqué).
Et dans la réalité, c'est bien souvent le cas: le mec gentil, serviable et naïf est pris pour un con par l'univers entier qui y voit la bonne poire.
Bon, c'est partiellement le cas: aîné d'une fratrie de 5, avec une mère enceinte du 6° enfant ( laquelle a un bon caractère, mais aucune imagination puisque ses enfants se nomment par ordre d'arrivé: un, deux, trois... Hajime signifie " premier"), un père scientifique qui revient 2 semaines en vacances juste le temps de faire l'enfant suivant à sa femme.. C'est sur lui que tout le monde compte. Au point d'être vraiment dépendants de ce grand frère "papa poule" (oui, c'est une référence que seuls les quadragénaires connaissent).
Et au fil des tomes, il va aussi faire la connaissance d'une camarade de classe qui est devenue totalement asociale depuis qu'elle a été victime... pas vraiment de harcèlement scolaire, mais plutôt d'ostracisme. Et pourtant la fille qui n'attend rien de personne va finir par se socialiser au contact de ce nouveau copain qui considère tout le monde comme sa famille. Attention spoiler qui n'en est pas un pour les nippophones, elle se prénomme "Nana", donc.. 7. Nom qui la classe d'office dans la liste des frères et soeurs, du moins de coeur, d'Hajime. Elle qui a une famille dysfonctionnelle et ne sait pas ce que c'est que la vie de famille a bien du mal à comprendre le fonctionnement de cette tribu qu'elle considère comme "un peu à l'ouest".
Un héros aussi gentil et naïf, ça augure de quelque chose d'un peu cucul-la-praline. Et honnêtement, ça l'est, parce que la simple vision de Machida par des inconnus agit sur eux comme un catalyseur, à la limite de la magie, et leur donne immédiatement envie d'être bons, généreux, de se rabibocher avec leurs proches, d'adopter des chiens abandonnés... j'exagère mais pas tant que ça.
Mais en filigrane il y a quand même des choses intéressantes qui transparaissent sur la société japonaise, via les personnages adultes: la mère au foyer qui attend son mari et délègue le soin des plus jeunes à ses aînés ( ce qui sous entend que ce n'est pas habituel, la femme doit tout faire à la maison dans la conception japonaise ) la tante qui n'ose se résoudre à dire qu'elle est stérile ( la honte dans une société où on attend d'une femme qu'elle soit épouse et mère), le fait que le fils aîné doive endosser un rôle de ère de famille alors qu'il a 16 ans., la prof de 40 ans qui son célibat fait complexe (au Japon, à 25 ans, une femme est périmée sur le marché du mariage), le col-blanc qui fait des heures sup' et se plonge tellement dans son travail qu'il ne voit pas que son couple bat de l'aile, les retraités que leur famille ne vient plus voir...
Il n'y a pas qu'au Japon que c'est comme ça, d'ailleurs, mais ce sont en tout cas des thèmes sociaux que l'auteur mentionne discrètement...et auxquels son anti héro sympa apporte une solution idéalisée.
Donc oui, du manga "feel good", qui ne va pas super loin dans la dénonciation, mais ça ne fait pas de mal une fois de temps en temps, une lecture légère et optimiste qui donne l'illusion que le monde ne va pas si mal . Et puis bon Machida c'est un peu le pote qu'on aimerait avoir: un peu naïf, mais sympa et surtout, ni calculateur, ni manipulateur. D'un naturel désarmant. Son seul problème est qu'il est si attentif aux autres qu'il ne l'est pas à lui même et est incapable de se connaitre vraiment... Et qu'il n'a pas un autre ami du même genre en face de lui pour l'aider à se trouver.
Donc il ne faut pas s'attendre à grand-chose, l'histoire est cousue de fil blanc, la fin se voit venir de loin ( et en même temps, tout autre fin n'aurait pas eu de sens), c'est un manga "gentil" et parfois ça ne fait pas de mal.
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