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samedi 3 décembre 2016

moocs sur le Japon

Ceux qui suivent mon autre blog savent que j'ai pris l'habitude depuis un an ou deux de prendre part à des moocs.
MOOC?
Massive Online Open Course .

Comme ça n'est pas encore très connu du grand public, j'explique. Il s'agit de cours sur divers sujets ( ça a beaucoup commencé avec les sciences dures, les sciences de l'information, la programmation et peu à peu l'offre se diversifie), en ligne, et le plus souvent gratuits. Il n'y a pas de prérequis la plupart du temps ( même si je n'irais pas, de mon côté m'inscrire à " apprendre le langage Python" sans avoir d'abord suivi un cours sur les bases du codage.
Mais voilà, on en trouve maintenant aussi sur les langues, la littérature et la philosophie.

Les pateformes les plus courante sont FUN ( pour le français) FutureLearn ( anglais, mais dispense des cours d'autres langues, italien,espagnol, flamand, frison et prochainement norvégien, donc pourquoi pas le japonais un jour, mais toujours via l'anglais)  et Coursera (multilingue, ce sont des "catalogues" on peut donc trouver des introduction au chinois ou au coréen à destination d'un public hispanophone par exemple)

La langue Japonaise n'existe pas en MOOC officiel, mais cette année, l'Inalco propose un "kit de débutant" en chinois et un autre en arabe. Je me suis inscrite à celui de chinois, parce que hanzi et kanji ont beaucoup en commun, mais aussi pour que l'Inalco, voyant qu'il y a de l'intérêt, aie l'idée de proposer d'autres langues lan prochain. Donc pas de japonais en tant que langue à l'horizon. Tout ça c'est sur FUN (et en gnéral les cours sont repris d'une année sur l'autre). C'est très sérieux, j'ai pris part à plusieurs Moocs organisés par l'université libre de Bruxelles, celle de Lyon III, celle d'artois et donc maintenant l'Inalco. Ce ne sont aps des cours d'amateurs, loin de là.

Sur Future Learn, et dans une moindre mesure coursera qui a aussi des cours en français, il sera souvent impératif de passer par une langue intermédiaire, souvent, l'anglais. donc désolée, mais maîtriser l'anglais pour les suivre est un minimum. Sachant que les cours sont aussi sous-titrés en anglais, pour les malentendants ou non native speakers, donc plus facile, à lire qu'à écouter.
en voilà un qui a commencé cette semaine:
An introduction to japanese subcultures.
Par subculture, il faut entendre" sous genres culturels" et non " sous-culture" qui est un terme ambigu en français. Le but étant détuiier aussi sérieusement que la littérature classique, des choses comme les manga, l'animation, les courants de mode, la musique.. plus généralement ce qu'on regroupe sous le terme de "popculture". Il  commencé cette semaine et dure 4 semaines , mais je pense qu'il restera ensuite accessible en ligne un certain temps.

Un autre cours est prévu sans date annoncée sur la philosophie  " understanding japanese philosophy". Il devait commencer fin 2016, apparemment ce serz vraiment fin décembre ou au début de l'an prochain. Je ferai remonter ce sujet en cas de nouveauté ou de reconduite d'un cours à l'avenir.

Mais pour ce qui est de la langue elle même, je ne saurais que trop vous conseiller les vidéos Youtube de Julien Fontanier, authentique professeur et traducteur qui veut mettre le japonais, langue assez peu enseignée en France et inaccessible pour peu qu'on soit loin d'une grande ville, à la portée de tous. Pour avoir moi même étudié la manière d'enseigner une langue à des étrangers, je peux confirmer que son approche qu'il détaille dans sa présentation est tout ce qu'il y a de plus sérieuse.

dimanche 27 novembre 2016

Cuisine japonaise bizarre

On se risque sur le bizarre? Suite à la cuisine facile j'avais envie de parler un peu de ce que je n'ai pas aimé.. ou moyennement, ou même pas eu le courage de tester, parce que même si je suis assez ouverte.. j'ai mes limites ( tout ce qui concerne le sang et la viande crus par exemple, je ne suis pas DU tout un vampire!)
Et je crains les fruits de mer donc, je vais me contenter de les regarder.. de loin.
Mais là, c'est encore des choses.. on va dire auxquels nos estomacs ou du moins nos yeux d'occidentaux sont habitués.

Catégorie, petit dej':
déjà à la base je ne mange pas sucré le matin, voire, si je peux zapper le petit dej', je le fais, je sais, cépabien mais je m'en fous, je n'ai jamais faim le matin. Donc là où beaucoup bloqueront dès le petit matin, pour moi, je m'en sors, et boire de la soupe aux algues et manger du riz aux légumes marinés, ça ne me fait pas peur. C'est même un peu plus mon truc que le combo tartine-beurre-confiture-café

J'ai à peu près tout pu manger sauf UN genre de petit déjeuner... et même pas japonais.
Un des hôtels où j'étais, dans une volonté d'accueillir une clientèle internationale, ne proposais que ce qu'il estimais être un petit dej' international ( comprendre " américain, mais américain vu du Japon" Et donc le seul choix était "toast frit ou muffin" ( maiiis je mange pas sucré!) accompagnés d'oeufs brouillés. Ok, pour les oeufs sauf qu'il y avait aussi les saucisses frites et le tout nappé de ketchup. Pas le choix! du ketchup partout la dessus. Méfiez vous des hôtels internationaux. J'ai vite laissé tous mes tickets de petit dej' inclus pour aller chaque soir chercher le petit dèj du lendemain à la supérette et le coller au frais das le mini bar. Pas excellent mais mangeable.
Je sais déjà que le ketchup et la friture au petit dej' c'est non, un grand non ( pourtant j'ai pu manger des baked beans outre-manche, mais là ça dépasse mes forces)

je vous la fais à l'authentique, et plus authentique y'a pas: dans un temple à 5h30 du mat'. Donc là, c'est végétarien : soupe miso, légumes marinés, haricots bouillis, salade de chou vinaigré, oeuf dur ( j'ai dit végétarien, pas végétalien,) de l'algue sous vide pour le riz je crois, le bol vide n'attend que ça. l'autre est pour le thé Impec... ça passe sans souci, même si certains ont un peu fait la tête.
Le petit déjeuner japonais traditionnel, pas grand chose à redire: légumes vinaigrés, riz, soupe, rien que du bon, du sain, du mangeable.
Sauf encore une fois UNE chose: un petit poisson style sole, que l'on fait griller devant soi. Et je ne sais pas si c'est l'odeur du poisson grillé au réveil, ou celle du combustible, mais je n'ai pas pu, c'est mon voisin qui l'a mangé, en échange de ses légumes au vinaigre ( lors d'un autre repas que celui de la photo, dans une auberge non végétarienne, qui avait donc du poisson et du nattô)

Je vous vois venir.. et le nattô?

LE nattô. Bizarrement, il a acquis une réputation de plat japonais le plus répugnant auprès des occidentaux. On est très loin du compte les amis. Ce qui va suivre après le nattô est bien pire, de mon point de vue.D'ailleurs je préfère le dire déjà, mais ces plats là sont loin de faire l'unanimité aussi du point de vue des japonais eux-mêmes. Je crois que ma cousine par alliance, qui vient d'Hokkaido n'est pas très fan.

on dirait du slime avec.. des grains
C'est bon, vous n'avez plus faim! Admirez cette texture si.. filandreuse. Il s'agit de haricots de soja ( oui ce qu'on réduit en pâte pour faire le tofu ou le miso). Ces fils viennent de la fermentation, due à des champignons, des levures des bactéries oui donc c'est à peu de choses près ... ce qu'on appelle en général du moisi
( je ne vais pas entrer exactement dans le détail des différences entre les champignons et les levures, voilà de quoi faire si ça vous intéresse: en gros: champi = pluricellulaire, et levure = champi unicellulaire. En très gros. Les deux ont leurs très gros avantages et leurs très gros inconvénient, je veux dire  que moisi ne signifie pas forcément mauvais et levure, pas forcément bon pour la santé. La candidose est une maladie causée par une levure, la pénicilline un médicament à base de moisissure. Puis faudrait entrer dans le détail des fermentations alcooliques ou lactiques, on ne s'en sort pas, allez voir le lien , il est bien)

Je vous arrête de suite au milieu de votre "beuuuuh" en citant quelques exemples de choses fermentées ou moisies qui se consomment sans problème en France: le pain  (bah oui, sans levain pas de pain, et sans levure, pas de levain), les yaourts, le fromage, la choucroute, le vin, la bière, le vinaigre, le thé noir. Pas au petit dej en général, je vous l'accorde, mais si, on mange et on boit aussi des choses fermentées ici.
Mais la particularité du natto c'est de puer.. et bien au delà du roquefort, de l'époisse ou du maroilles réunis. Et c'est juste de puer en fait.

On m'en avait fait tout un... fromage, du coup j'y allais avec appréhension, et c'est vrai que la chose cocotte un max, mais au final n'a presque pas de goût ( avec juste un vague arrière goût du à son odeur qui me rappelle bizarrement l'éther) Donc oui, je l'ai goûté. Je n'en mangerai certainement pas par plaisir, mais je l'ai goûté, et c'est "moins pire" que ce à quoi je m'attendais. Il y a juste cette texture collante désagréable qui me rebute.  Mon cousin lui, ne peut absolument pas, comme quoi...

c'est mieux comme ça non?

Mais sinon, le miso, c'est excellent et c'est aussi à base de soja fermenté, mais réduit en pâte, donc ça passe mieux, surtout délayé en soupe. Et ça sent largement moins fort que le natto.

Catégorie "j'ai pas testé et je préfère aller brouter de l'herbe que d'y goûter". Préparez un sac à vomi, les amis.

Le Kusaya: un poisson saumuré et séché au soleil. Et fermenté. Oui, encore. Faut dire qu'avant l'invention du réfrigérateur, les moyens de conserver les aliments périssables étaient limités: vinaire, saumure, fermentation fumage ou séchage. Et je n'en vois pas trop d'autre, à part d'habiter sur la banquise. et parfois un peu tout ça à la fois.

Kusaya signifiant textuellement " truc qui pue". La raison étant que la saumure était précieuse et au lieu de la jeter après avoir préparé un lot de poissons, on s'en re-servait pour le suivant. Et le suivant.. et le suivant.  et ça pendant parfois des années, d'où une odeur de plus en plus marquée de la saumure, au cause de la fermentation successive de centaines de lots de poissons..Mais apparemment comme pour le nattô, ça pue plus que ça n'a de goût. Là j'avoue que je n'ai pas eu le courage de tester, mon estomac s'accommode assez de l'idée de légumes fermentés mais beaucoup moins à celles de matières animales et m'envoie le signal " mange pas ça, tu vas être malade et peut-être en crever". Difficile de l'ignorer. On verra si j'arrive à le dépasser lors d'un autre voyage,mais j'en doute.

Ca va toujours?. Prenez un seau cette fois. C'est plus prudent.

rien que la gueule de ce truc...
Le shiokara: du poisson, de la seiche ou autres bestioles aquatiques, coupés en petits morceaux, marinés dans une sauce saumurée ( encore! ) faite à base du sang et des viscères de la bestiole pendant de semaines.
NON!là j'en suis sûre, c'est non! Déjà  les fruits de mer, puis j'aime pas ce qui est trop salé, puis la sauce au sang cru, c'est juste non. Certains de ceux qui étaient avec moi au restau ont adoré.. je leur laisse, j'avoue mon gros préjugé anti-shiokara.

Pareil pour le shirako. Désolée d'avance. Du sperme de poisson. Cash. Parait que c'est salé. Ouaip, je vous crois sur parole

non mais même présenté avec des légumes et de la sauce soja, c'est blancasse, ça ressemble à de la cervelle, j'ai pas trop envie de tenter en fait.
Sinon il y a aussi l'oeil de thon. Oui oui,, un oeil de thon vendu au rayon poissonnerie. Ne me demandez pas comment ça se cuisine je ne VEUX pas le savoir. Car, outre le sang -en matière de bouffe, à côté de ça  je ne tombe pas dans les pommes à la moindre coupure - j'ai une horreur absolue pour tout ce qui touche les yeux. Mais là, c'est vraiment au point de me détourner lorsqu'une émission TV parle de chirurgie oculaire. Je peux regarder un film gore, mais qu'il y ait une scène d'énucléation, et même dans un bouquin, je la passe au risque de vomir. Va falloir prévoir le kit de réanimation,  si on m'annonce un jour que j'ai besoin d'une opération aux yeux.
Donc je vous épargne, et je m'épargne, la vision d'un oeil de thon géant sous emballage plastique.

Catégorie "WTF dude?"
Et non le cheval n'est pas le logo de la marque, mais bien là pour indiquer que c'est parfum " viande de cheval"

La glace parfum " viande de cheval".un concepteur a du se rouler un gros joint pour imaginer ça. Existent aussi les parfums " langue de boeuf", "méduse ", "poulpe"et "venin de serpent"...
Non mais viande et glace, ça ne fait pas bon ménage, les amis.
Sinon juste pour le fun, et dans le genre " payage de fiole", une boîte a même inventé la glace à l'eau de mer.

Non, sérieusement il y a d'excellentes glaces au Japon, et je vous conseille les classiques thé vert ou sésame ( j'ai une préférence pour le sésame blanc), mais aussi les agrumes locaux ( yuzu, mikan, sudachi) ou même patate douce. Même wasabi si vous voulez.
Mais pas au cheval au poisson ou au boeuf. Bon, celles-là, personne de ma connaissance n'a testé pour me faire son compte rendu ( et ne comptez pas sur moi, je ne mange pas de viande rouge)

Après je sais qu'il y a d'autres spécialités d'autres endroits du monde que je vais éviter, genre les tarentules frites du Cambodge ( nan, friture, tout ça régime, puis je suis végétarienne, voilà c'est ça..), ou les sauterelles ( vivantes ou mortes, j'en ai une peur panique, comme d'autres sont terrorisés par les araignées, chacun sa némésis)
Ce qui n'est d'ailleurs pas seulement une excuse: je ne suis pas encore végétarienne, mais je mange de moins en moins de bestioles parmi celles qui font partie de la tradition culinaire de mon pays, ce n'est pas pour commencer à en manger d'autres.
Mais voilà,j'ai mangé de très bonnes choses au Japon, d'autres moins bonnes ( y'a pas de secret, la bouffe de supérette, ça n'est génial nulle part à la surface du globe, mais c'est plus économique que 2 restau/ jour), et d'autres qui ne m'ont pas convaincue que ce soit au goût, ou à l'idée même de leur existence.

Mais chacun voit midi à sa porte, et  rappelons que pour les gens dont la tradition est par exemple de se taper des tarentules frites comme en-cas, l'idée d'un camembert accompagné d'un verre de rouge signifie " du lait moisi compacté en rond accompagné de jus de raisin moisi".

Et partout dans le monde, la nourriture est un sujet épineux. De mon côté, je suis à peu près prête à tout tenter.. du moment que c'est végétal. Les produits animaux, je réserve ma réponse en fonction de mes allergies ou répulsions indépassables ( le sang, les yeux et la viande crus, ça reste un non franc et massif, et je serais probablement bien embêtée si un loup garou me mordait, devenant le premier loup garou au monde mangeant des croquettes  :D)
Et en France aussi on a nos trucs que je ne mangerais pour rien au monde les tripes en sauce, les civelles, les rognons blancs.. et les laurices ( je vous laisse le plaisir de chercher en ligne, j'ai découvert il y a peu le concept dégueu qui se cache derrière cet innocent nom. Je ne pense pas que ça se fasse encore, mais ça atteint pour moi le même niveau d'immonditude du balut: l'oeuf de cane indonésien avec caneton cuit à l'étouffée dedans). Et on en reste aux produits animaux donc.

Bon appétit! euh, enfin.. je me comprends

mercredi 9 novembre 2016

Cuisine japonaise facile

Après toute cette trouille, un petit repas pour se remettre d'aplomb?

L'été passé avec la chaleur, manger a été une épreuve. Je me suis souvenue des nouilles glacées japonaises et miracle, c'est passé tout seul!
Et donc à la recherche de quelques recettes faciles, faisables moyennant quelques ingrédients de base ( sauce soja, vinaigre de riz, du tôfu, de la préparation pour dashi et bien sûr du riz, ce dernier est bien entendu l'essentiel)  j'ai écumé les blogs de cuisine, en voilà quelques unes. Histoire de changer de " et si on commandait des sushi?"

Cuisine japonaise facile ( le blog n'est plus mis à jour depuis plus de 12 ans, ça se voit à son interface un peu vieillotte et aux prix indicatifs en francs) mais plein, plein de recettes classées par ordre de difficulté. Avec en bonus, la composition des assaisonnements ( parce que c'est ballot, mais on n'a pas forcément de poudre à sumeshi sous la main).

Et pas seulement de la grande cuisine, mais aussi, et même plutôt,  les recettes de tous les jours, celles que font les gens chez eux.

Petit déjeuner typique avec recette du tamagoyaki, l'omelette "mille feuille" japonaise. J'ai récemment investi dans la petite poêle carrée, bien plus pratique, mais comme le montre le site, ça peut tout à fait se faire avec avec une poêle ronde.
Et une fois que l'idée est maîtrisée, on peut varier, en ajoutant des ingrédients avant de replier l'omelette, comme une feuille de yakinori ou du fromage ( j'ai même trouvé les deux à la fois!)

Onigiri: je les fais le plus souvent avec d'autres ingrédients que du poisson grillé, donc je zappe l'étape " faire griller le poisson". Et comme une tricheuse, j'ai ramené de voyage des moules à onigiri, ça facilite les choses ( même si le démoulage ne se passe pas toujours comme prévu!)

Yakitori ( avec 2 assaisonnements possibles: simplement salé ou à la sauce soja)
Pas encore testé les gyoza maison ( il n'y a pas d'épicerie asiatique disposant vraiment de produits japonais chez moi, donc la pâte à gyoza, il va falloir que je me prenne par la main un jour pour la faire).

Nouilles glacées: 11 recettes. comme je ne mange pas de boeuf, ni de fruits de mer, j'ai plutôt tendance à les faire simplement accompagnées de sauce soja ( agrémentée de yuzu si j'en ai) et de légumes froids. Comme ça

Toujours dans les nouilles, mais cette fois-ci chaudes, les spaghetti mentaiko, ( j'aime beaucoup!).
Là on est déjà dans une recette " fusion" puisque l'huile d'olive et les spaghettis ne sont pas des ingrédients typiquement japonais, et pourtant c'est quelque chose de  très connu là bas, on en trouve même des assiettes toutes prêtes en supérette, à faire chauffer au microonde après avoir mélangé les ingrédients.
Pour le mentaiko ( oeufs de poisson épicés, en général morue ou colin) ou le tarako ( même chose, sans les épices), pas évident à trouver en France, je trafique quelque chose d'approchant à base de tarama ( même si c'est un peu trop crémeux) ou de kerrling ( pâte nordique d'oeufs de poisson épicée et fumée).
Le résultat est assez proche, mais pas exactement similaire ( trop crémeux ou trop fumé!) , mais à défaut, ça permet de passer une envie.

Umamiam: un site sous-titré " les saveurs du japon". Il y a des recettes et des adresses de restaurants ( Mais comme toujours ces adresses sont pour la plupart à Paris, donc loin de chez moi). Pas mal de recettes végétariennes sur ce site qui a juste un peu plus d'un an. Et ça c'est bien ( je ne suis pas végétarienne, mais pas une grande fan non plus des viandes, et je cherche régulièrement à sortir des classiques légumes vapeur- salades de crudités -riz- pâtes)

Ca m'a l'air pas mal, on nous propose la recette du curry japonais ( différent du curry indien)
Et surtout ,sur toutes les autres recettes je trouvais systématiquement  " délayer la préparation pour curry" ou "le cube de curry".. nan mais j'en ai pas, je fais comment? J'avais trouvé qu'en mélangeant du curry indien et du garam massala, avec une bonne dose de clou de girofle en poudre je m'en approchais, j'avais raison!

Et j'ai retrouvé récemment en déménageant un pot de poudre de curry japonais. Je suis une intransigeante des épices,  le curry indien je le fais moi même, en faisant griller mes épices à sec avant de les mouliner et ça n'a RIEN de commun avec le curry en pot du commerce.
Cependant j'ai testé ma poudre de curry japonais, et c'est tout à fait ce que j'ai connu là bas: il n'y a qu'à préparer les légumes et le poulet, mettre de l'eau et délayer deux cuillères de poudre. Attention, comme elle contient déjà tout ce qu'il faut, elle épaissit vite.. et il faudra peut -être rajouter de l'eau tiède pour avoir la consistance voulue. En général il est servi très épais dans les curry house.
Nota: si vous allez manger au CoCo curry house ( une chaîne de curry fast food qu'on trouve à peu près au Japon), on choisit les ingrédients ( avec viande, avec poulet, juste des légumes..), la quantité de riz,  et la force de la sauce, qui est préparé à part et ajoutée à la demande. Ca va de 1 - que j'appellerai " pour enfant" à 10 , version "je crache les flammes de l'enfer". Disons que de 1 à 4, c'est parfumé de plus en lus piquant. au delà.. le piquant couvre le tout. J'ai testé le niveau 5, et.. ça allait pour moi, je n'aurais pas rajouté de piment, je pense qu'au delà, à part emporter la tronche, ça n'a plus aucun intérêt ( à part peut être cacher le goût du natto, car oui, la chaine propose du curry au natto. GNEUH??? J'y reviendrais dans un sujet sur les découvertes bizarres, ou "les trucs que j'ai eu du mal à manger)
 Et déjà la fille du restaurant était stupéfaite qu'une FEMME prenne un niveau 5, apparemment les japonaises ne vont pas plus loin que le 3 :D Yep je suis une survivante de l'apocalypse du curry n°5!
karepan, un petit pain farci au curry et  légumes. Ca je n'ai jamais essayé, pas le matos qu'il faut. il est frit.
contrairement au niku man ( ici niku = viande mais il en existe aux légumes ou sucrés, cuit à la vapeur Oui comme la brioche chinoise à la vapeur. Ca se trouve facilement à emporter chaud ou tiède dans n'importe quelle supérette, comme les onigiri, pour manger sur le pouce parce qu'évidemment, les gens n'ont pas plus que nous le temps de cuisiner 2 fois par jour.

Salade de concombre et algues: une des prochaines recettes que je vais tester, penser à acheter du concombre lors des prochaines courses.
Ou les brocolis en sauce de sésame..
La cuisson du riz japonais ( j'ai un multicuiseur, pas spécialement dédié au riz, mais avec une fonction riz, et ça marche très bien, pas besoin d'investir dans un autocuiseur spécifique, donc)

Il  a peu de desserts en Asie en général, donc là encore on se retrouve plutôt sur de la cuisine fusion. ici une fusion cuisine italienne et ingrédients japonais: panna cotta au matcha. Testé mais un peu "flotteux". Il faudra que je l'essaye en version crème aux oeufs pour plus de consistance un de ces jours.

Alors un menu salade de concombre aux algues en entrée, nouilles glacées aux légumes et omelette roulée en plats et panna cotta au thé vert en dessert, ça vous tente?

A vos baguettes. un blog qui a fermé ses portes l'an dernier, mais rempli à ras bord de recettes, en français, toutes plus tentantes les unes que les autres.quelques recettes coréennes et chinoises aussi.

Ce sont des recettes simples pour la plupart, et honnêtement,même sans être un crack de la cuisine, ça devait être faisable.
En fait, à part d'être aussi nul en cuisine flemmard que mon père ( je parle de quelqu'un qui à téléphoné un jour à ma mère et à moi-même pour savoir comment faire des oeufs durs. Il aurait pu progresser s'il avait daigné apprendre autre chose que les pâtes, mais comme ça ne l'aurai pas dérangé d'en manger midi et soir tous les jours, il attendait que quelqu'un cuisine pour lui.. et râlait quand ça n'était pas des pâtes), c'est dans les cordes de n'importe qui.

Bon je vais dire un truc qui va me faire huer par tous les nippophiles: pour la soupe d'algue, je préfère la version coréenne ( parce qu'il y a plein d'ail), et je kiffe beaucoup plus le kimchi que le natto :D

Alors voilà, à vos baguettes, à vos casseroles et bon appetit!

mercredi 2 novembre 2016

Vampire Hunter D ( films d'animation)

Après les fantômes, les vampires, j'ai vaguement évoqué cette franchise au détour d'un billet sur mon autre blog. Ni une ni deux, je n'en ai jamais parlé ici, donc profitons de ce mois halloween pas tout à fait fini pour en parler.
Et plus précisément des deux longs métrages animés.

Je parlais de franchise, car Vampire Hunter D est à l'origine une série de romans de Kikuchi Hideyuki dont la publication est toujours en cours au Japon depuis 1983. Oui, ça fait donc 33 ans, pour 29 volumes.
Les romans n'auraient probablement pas eu autant de succès s'ils n'avaient été illustrés par Amano Yoshitaka ( illustrateur célèbre en particulier pour avoir crée le design des personnages du premier Final Fantasy, collaboration avec Square Enix qui continue depuis sur les autres opus de la série de jeu). Des illustrations très élégantes, épurées ou au contraire très détaillées, dans un style à la fois SF, Fantastique et Western qui est la signature de la série.
Exemple...
oui, je kiffe les illustrations à l'aquarelle, elles ont un rendu des tons de couleurs que n'aura jamais la meilleure illu digitale

Et donc qui dit succès dit déclinaison: en animation longs métrages, en manga, en jeu vidéo. Les deux films ont été distribués en France, le manga aussi, mais ne cherchez pas les romans par contre, ils n'ont pas été traduits à ma connaissance. J'ai vaguement feuilleté le manga dont le côté fouillis ne m'a pas convaincue a priori, je ne le connais donc pas non plus.

Et donc on va logiquement s'attarder sur les adaptations animées.

Rapidement, la première qui date de 1985, raconte l'histoire de Doris, jeune chasseuse de monstres comme l'était son père, qui lors d'une chasse au loup garou, est victime d'une attaque par le comte Lee, vampire multiséculaire, qui la mord... mais ne la tue pas, ni ne la change en vampire.

Oui elle chasse les monstres habillée en jupette , avec de grandes chaussettes et.. culooootte! ( car oui, ce film continent un bon nombre de plans-culottes sur les sous-vêtement de Doris, à une époque où on associait systématiquement fantastique = jeune gars = nichons et culottes). Perso je vois surtout une fille armée, mais qui n'a pas la tenue idéale pour la baston.

Son but est plutôt de se distraire avec elle pendant quelques années avec elle, en en faisant sa nouvelle femme ( avant probablement de s'en débarrasser en la boulottant) , idée qui déplaît énormément à Lamica, fille du comte qui ne veut pas entendre parler d'une belle-mère humaine et plus jeune qu'elle. La pureté du sang noble tout ça...

je la comprend, l'idée d'épouser un vieux pervers à longues dents n'est pas follement réjouissante
En attendant, la pauvre Doris se trouve dans une situation compliquée: elle est chasseuse de loup-garous, pas de vampires, et doit donc trouver de l'aide pour éliminer le vieux pervers  bien décidé à l'enlever et l'épouser de force. Justement par chance, alors que telle une bandite de grand chemin, elle attaque un chasseur de prime solitaire qui passait par là pour le dépouiller de son sabre, et re-chance, il s'agit justement d'un chasseur de vampires, qu'elle engage illico pour se protéger du vieux Lee.

Tiens un problème qui arrive par moment: la différence de taille entre les deux protagonistes n'est pas toujours respectée. Par moment elle dépasse le cheval au garrot, et à d'autres ...
soit il a grandi, soit le fait de déprimer l'a faite rétrécir, mais elle n'atteint même plus la bande décorative du manteau qu'elle dépassait pourtant clairement avant. Je sais ce n'est pas spécifique à ce film là, mais ça me fait toujours rire, ici en plus dans une scène supposée  émouvante.
D a deux particularités: l'un est d'héberger dans sa main un parasite à face humaine - oui, beurk - particulièrement bavard et sarcastique y compris à l'égard de son hôte, et la deuxième, d'être un hybride mi humain-mi vampire. Il y avait là quelque chose à creuser, un chasseur qui chasse ce qu'il est, dans le fond...
hahaha, non, le film est trop court, donc LA problématique intéressante et la lutte intérieure du personnage qui assume mal sa double identité ne sera évoquée qu'incidemment, par ci par là, mais pas vraiment fouillée et ça c'est trèèèèès dommage. L'action prime sur le reste.

Ce premier film à quelques qualités, des idées originales, un mélange de styles assez inédit en 1985: la ville ou vivent Doris et son petit frère se situe dans des montagnes dignes de la suisse, avec des constructions qui rappellent les Pays-Bas du XVII° siècle, et le reste du décors très far-west. C'est un mélange étrange, mais quelque part, ça fonctionne.
A tout ça se rajoute une ambiance SF ( on est prévenu dès le départ par un encart que tout ça se passe sur une terre du futur dévastée par un cataclysme, donc un petit côté post apo, cyberpunk et même steampunk si on considère le décalage entre l'idée de western et le cheval cyborg de D). La galerie de monstres et de mutants qui accompagnent les vampires est plutôt sympa aussi.
j'aime beaucoup les décors et.. attendez, la Terre du futur a deux lunes? Pour moi, là c'est complètement une autre planète!

Ce qui pèche? Hé bien le reste:
L' intrigue très linéaire qui s'adresse probablement aux lecteurs des romans, et donc, tout va très vite, avec énormément d'ellipses - j'avais évoqué le même problème pour Akira en 88-  et dont le noeud peut se résumer à " Doris va-t-elle être sauvée d'un mariage forcé avec un vieux vampire très pervers?"
Même sans avoir lu le livre on devine la réponse. Pourtant j'avais espoir, vu que lors de la première rencontrer avec son sauveur, elle tente de le dérouiller sans prévenir. Mais... non. Damsel in distress power!

Et comme je l'ai dit plus haut, tout ce qui tourne autour du sujet de l'identité de D et de sa double personnalité manque cruellement de développement.

Le film pâtit aussi d'un graphisme très daté et d'une animation pas franchement excellente, même rétrospectivement, avec beaucoup de séquences de réemploi.
Evidemment on ne peut comparer que ce qui est comparable, donc pour rester juste, hé bien, souvenons nous que  Nausicaa de la Vallée du vent est sorti en 1984, donc un an avant, et le fossé entre les deux est énorme. Donc oui, même pour l'époque, la réalisation est assez moyenne, et parfois plus proche des séries animées que je regardais à l'époque ( genre Goldorak, Albator, etc.. mais ce qui passe sur une série est un peu dommage sur un film de 1h20. On sent quand même le manque de budget). La bande son n'est pas toujours très bien choisie non plus, sympa dans l'absolu, mais pas toujours pertinente avec l'ambiance du moment.

Donc on en garde de bonnes idées, desservies par le graphisme vieillot et l'animation qui manque de fluidité, probablement la faute à un manque de sous. Voilà, l'ensemble donne un peu l'impression d'un film de série B, qu'on va apprécier tout en en reconnaissant les faiblesses. Mais il me fallait parler de cette première tentative pour pouvoir enchaîner sur la suite. Ceci dit le premier film reste agréable à voir, à défaut d'être vraiment marquant. Et en fait, son principal problème est .. sa suite, beaucoup plus aboutie, qui fait que le premier paraît très pâlichon en comparaison. Donc autant les voir dans l'ordre pour ne pas être déçu.

Deuxième adaptation: Vampire Hunter D - Bloodlust (2000).
Et là,ce n'est plus du tout la même situation. il y a du budget et ça se voit. La séquence d'ouverture est splendide, l'accent est mis plus sur l'ambiance et les décors oniriques ( plus dans la veine des illustrations d'Amano en fait).

Charlotte jeune femme de bonne famille a été enlevée par Meier, vampire particulièrement dangereux. Sa famille a mis sur ses traces tout ce qu'elle a pu trouver comme chasseurs de primes, avant de se résoudre à faire appel à D, toujours spécialisé dans la chasse aux vampires, et dont les tarifs sont prohibitifs, eu égard à la difficulté de l'ennemi. D'ailleurs sa double ascendance est connue de tous, et de ce fait, il est craint autant qu'un vrai vampire, et se prend assez souvent des remarques désobligeantes dans la tronche. (Aheum les gens, insulter quelqu'un qui peut massacrer des monstres d'une seule main sans se fatiguer, ça n'est peut être pas une très bonne idée. Ceci dit, j'apprécie cette manière discrète d'aborder le thème du racisme, qui reste un fil rouge ténu, mais important, non dans l'intrigue elle-même, mais pour contextualiser le héros)

Pour multiplier les chances, la famille a également fait appel à la bande des frères Markus, groupe de chasseurs de prime en camion-tank qui semblent tout droit sortis de Mad Max 2 (j'ai l'air de me moquer, mais en fait j'aime beaucoup cette collision d'univers!) accompagnés de Leila, qui ne chasse pas les monstres en jupe courte et longues chaussettes, mais couverte des pieds jusqu'au cou de vêtements renforcés... Et se débrouille bien entre autres au bazooka.

oui oui, Mad Max, on ne m'ôtera pas de l'idée que c'est une référence volontaire
Leila va prendre un rôle central, car, électron libre du groupe Markus, son parcours l'amène à croiser D plus souvent que les autres et à revenir sur ses préjugés anti-vampires et anti métis. Car tout n'est pas si simple, les humains ne sont pas les gentils par défaut face aux méchants vampires qui veulent les bouffer ( pour le coup, le premier film était carrément plus manichéen). Et du coup D, qui se trouve entre les deux a encore plus de mal à se définir, oscillant entre le type qui fait son boulot sans état d'âme, mais capable de compassion qu'il évite de montrer. Tout en suivant un code d'honneur qu'il s'impose, pas si éloigné du bushido.

fight like a girl!
Ce que personne ne sait, ni le groupe Markus, ni D, c'est que Charlotte n'a pas DU TOUT été enlevée, mais a organisé son propre enlèvement, de mèche avec Meier, qui est son petit ami. Car évidemment la famille respectable accepte moyennement de voir leur fille fricoter avec un immortel, et elle a un peu "oublié" de prévenir les chasseurs de ce fait...

Donc déjà, en 2000, c'est évident, mais autant le rappeler, les techniques ont évolué, et l'animation est plus fluide, le graphisme plus fignolé. Rien à redire de ce côté là.

Ne serait-ce que pour l'allure de D. Dans la première version, il ressemblait juste à un chasseur de prime assez classique, taciturne, flippant si on veut, mais tout aussi humain que pouvaient l'être les chasseurs de prime de l'espace des dessins animés des années 80 - en fait même, graphiquement, dans le premier film, il me rappelle Cobra le corsaire de l'espace tel qu'il apparaît dans le premier épisode de la série du même titre et ça me gêne- c'est dommage.

1985: un bandit du far west, il ne manque qu'une musique à l'harmonica
Le deuxième film a choisi l'option de lui donner une apparence légèrement inhumaine , avec un teint blafard, des oreilles et un nez pointu, et ça accentue le côté surnaturel du personnage, et logiquement la méfiance instinctive qu'inspire son apparence au delà de la simple idée que le type n'a pas l'air commode.

2000: L'ankou ou presque.  Je suis d'accord, on n'aimerait pas le croiser dans un endroit désert... 
Dans la ligne de ce que proposait déjà Amano, et c'est un bon point. J'aurais même tendance à préférer cette version là, à celle des romans, parfois un peu trop heu.. fleuries?
Car le personnage est supposé être compliqué et avoir quelques problèmes d'identité, mais là plus les tomes passent, plus son évolution va vers l'androgynie. D'accord, c'est une créature surnaturelle, mais à la base, ce n'est pas une femme. Enfin, pas que je sache?
Là sans connaître la série, j'aurais spontanément dit " oooooh, cool, c'est une nana qui les massacre!" ben non...)
Et pour compléter cette série métamorphoses, le manga, comme ça toutes les versions sont là... faites-vous votre opinion.
non, mais, t'as fini d'hésiter entre la frêle jeune femme et le guerrier en armure? Décide toi!

Bon, ce petit détail d'apparence fluctuante mis à part, revenons à Bloodlust.  Déjà la trame est un peu plus développée que " héros sauve fifillle", même s'il y a des passages de baston, rassurez-vous, ce point là n'est pas oublié, et  avec des monstres assez variés ( mention spéciale à la femme végétale), et une vraie attention portée aux personnages autres que le duo ( ou les deux duos) principaux.

Evidemment, tout le monde ne peut pas être parfaitement fouillé, mais c'est déjà bien d'avoir des personnages secondaires qui ne se résument à être trucidés en 30 secondes, même si on sent qu'il a fallu élaguer le roman d'origine.
Juste dommage, j'aurais aimé en particulier en savoir un peu plus sur le lien entre Leila et Grove, le type malade de la bande Markus avec qui elle semble amie quand les autres sont plutôt des coéquipiers ( au point qu'au premier visionnage il y a quelques années, j'ai cru qu'il s'agissait de son propre frère, mais apparemment pas).
Celui ci a un pouvoir particulier, il chasse les monstres sous une forme fantomatique, qu'il obtient en prenant une drogue qui ralentit ou arrête son coeur et Leila semble  plus ou moins chargée de veiller au grain quand son esprit part en vadrouille. Mais évidemment c'est plus que dangereux et le gars est en train d'y laisser sa peau, cloué sur un lit de fortune à l'arrière. Donc bon, quelques minutes supplémentaires à ce sujet ça n'aurait pas été mal.

De plus, nous avons une apparition de Carmilla ( de la nouvelle du même titre) dotée des caractéristiques d'Erzebeth Bathory, et ces deux clin d'oeil à des histoires bien connues sont agréables.
En tout cas, cette fois, les problématiques d'identité, de nature profonde, de pulsions meurtrières sont là, et bien là.

Décors travaillés (le château arachnéen de Carmilla est très beau), bande musicale agréable et cohérente, personnages nombreux, histoire un peu plus complexe que dans le premier film... après on adhère ou pas à l'ambiance parfois contemplative, j'ai vu des commentaires qui se plaignent qu'il n'y a pas assez de baston ou de gore.
par contre il y a des plans saisissants et oniriques, tel cet envol de raies des sables. Au delà des vampires, loups-garou chimères, mutants.. la faune locale est étrange
Personnellement, je préfère que le film ne sacrifie pas le scénario au profit des séquences de baston. Et bien sûr, les allergiques au cyber-punk, au western et à l'esthétique gothique, et même vaguement préraphaélite en ce qui concerne l'apparence de Charlotte ne vont pas aimer.

Mais pour moi qui adhère à tous ces genres, c'est une réussite, dans le sens où il n'y en a pas un qui efface l'autre et que le résultat, sans être parfait est équilibré, j'ai beaucoup aimé ce long métrage méconnu.
tant qu'à faire western, autant bien en reprendre les codes visuels. Essayez avec ça comme musique, oui, ça colle!
Ca colle complètement, c'est fait avec pertinence et j'aime!

A voir donc, mais éventuellement après le premier, plus bourrin et moins travaillé.

Apparemment une nouvelle adaptations en série cette fois est annoncée, en image de synthèse cette fois ( les deux films sont en animation traditionnelle, vu leur âge) ce qui m'inquiète autant que ça m'intrique, je reste inconditionnelle de l'animation traditionnelle. Et, la bonne raison d'espérer, c'est que le réalisateur de Bloodlust devrait rempiler pour cette suite.

En tout cas, j'espère que ma fan outrée que j'aie osé critiquer Diabolik Lovers passera  à nouveau par ici: toi, oui toi là bas, je te conseille d'y jeter un coup d'oeil, rien que pour voir ce que c'est qu'un vrai anime de vampires qui-ont-méchamment-la-classe - oui même le vieux cochon du premier film. Et qui ont le bon goût de ne pas sortir au soleil et d'y briller.

pour les curieux, voilà ce qui arrive à un vampire qui sort pendant la journée. Oui. Il crame.
Ah oui, à toutes fins utiles: c'est un des rares cas où je peux regarder le film en anglais sous-titré autant qu'en japonais sous titré ( par contre, comprenant bien l'anglais, j'ai un peu de mal avec les sous-titres qui sont parfois en avance sur le texte et on se dit que .. attends mais c'est pas ce qui est dit là...) je me demandais pourquoi. J'ai même une préférence pour la version anglophone en fait ( l'acteur qui double D a un voix qui colle vraiment bien au personnage, mieux que dans le doublage japonais). Et renseignement pris, la VO,c'est la version en anglais, coproduction entre plusieurs pays oblige. Il y a une version doublée en français sur le DVD, que je n'ai jamais même tentée d'écouter en fait.


Donc un duo de films d'animation que je ne saurais que vous conseiller, et surtout dans l'ordre de sortie. Ho que j'aimerais que la fan de l'autre mauvaise série dont je refuse de dire à nouveau le titre , celle où les vampires se tapent tranquillement des takoyaki, qui m'a envoyée bouler ici se rende compte de ce qu'est une vraie histoire de vampires. Qu'elle tente celui là, ou Hellsing.

jeudi 27 octobre 2016

Waraningyo, le vaudou japonais

J'en ai touché 2 mots dans le précédent billet, qui était déjà très long, donc je vais développer ici cette technique de malédiction que je ne connaissais pas en détail, mais que j'avais déjà vue illustrée dans plusieurs manga à la sauce humoristique ( un personnage très en colère représenté avec des bougies sur la tête, par exemple dans le manga Switch girl où l'héroïne veut se venger d'une camarade qui lui a causé du tort, ou encore chez Takahashi Rumiko)

Hé bien il s'agit d'une malédiction très ancienne, dans le but d'attirer la maladie ou le mauvais oeil sur votre ennemi, dans les cas les plus softs ou d'espérer causer sa mort en version jusqu'au-boutiste

Comme je suis sympa, je vous l'explique ça peut toujours servir! Par contre c'est très technique et ça va être assez galère à réaliser.. mm dommage ça me serait pas mal utile personnellement en ce moment, j'aurais bien plusieurs boulets à envoûter.

Il faut d'abord se laver les cheveux ( apparemment, on ne peut pas jeter un sort sans shampooing préalable, va savoir pourquoi ), fabriquer une poupée de paille d'apparence vaguement humaine, et préparer7 gros clous.

Warnigyo: poupée de paille
Puis s'habiller de blanc, se mettre un brasero à trois pieds à l'envers sur la tête, et y ficher plusieurs bougies allumées ( comme ça ne va pas être facile à trouver, on peut le remplacer par un foulard noué sur la tête dans lequel on coince les bougies) - là encore, mettre des bougies près de ses cheveux, je crains le pire - se suspendre un miroir autour du cou, chausser des geta à une lamelle:

oui, ça.. et maintenant , il va falloir courir avec ça aux pieds
et courir jusqu'au sanctuaire le plus proche qui accepte ce genre de pratique. Il n'y en a pas des masses. Apparemment le Kifune jinja dans la montagne, à quelques kilomètres de Kyoto en est un. J'y suis passée et ne le sachant pas, je n'ai pas fait attention, je ne saurais dire si ce genre de pratiques a encore cours.

Prendre sa poupée et la clouer à un arbre avec UN clou, entre 1 et 3h00 du matin, en prenant soin de ne pas être vu, tout en maudissant la personne à qui vous en voulez. attention à éviter les chakras, parce qui si votre victime est déjà malade, vous risquez en fait de la soigner involontairement en faisant de l'acupuncture à distance et ça n'est pas du tout le but recherché.

Recommencer pendant les 6 nuits suivantes jusqu'à épuisement des clous, et normalement la victime devrait passer un sale moment ( éviter quand même le clou dans la tête, ça la tuerait trop vite, et là non plus ça n'est pas le but de l'opération)

Waraningyo est en fait le nom de la poupée, la procédure elle même se nomme " ushi no koku mairi" ou " ushi no toki mairi" soit ( "pèlerinage à l'heure du boeuf ", anciennement les heures en Asie correspondaient aux animaux du zodiaque chinois, et duraient deux des heures actuelles. L'heure du boeuf c'est environ entre 1h00 et 3h00 du matin, autant dire en pleine nuit ( the DEAD of the night, l'expression anglaise est bien plus imagée)

Question technique: comment être discret, vêtu de blanc, en pleine nuit,  avec un braséro et des bougies allumées sur la tête, en courant sur des échasses ( ou presque) en direction d'un sanctuaire?

il n'y a pas 7 clous dans les poupées, la procédure a du être simplifiée
Sur le gros papier en bas au milieu, je lis ce qui est probablement le nom de quelqu'un suivi par les caractères " shinu", et sur quelques autres aussi,  là on parle carrément de menace de mort ( d'ailleurs apparemment, si plus personne ne croit que planter des clous dans un mannequin  puisse réellement agir directement sur la santé de quelqu'un, si j'ai bien compris, la législation considère la pratique comme équivalente à une menace de mort, parce que la victime si elle est impressionnable, peut réellement développer des maladies psychosomatiques du fait de se penser victime d'un sort).

 Il y a même une société qui commercialise un "kit de malédiction" , pour pas avoir à se casser la tête à tout rassembler..
Ci- dessous la version " efficace". Enfin plus efficace qu'une poignée de clous. En effet, je ferai plus confiance à un bon sabre qu'au vaudou, avec ou sans trépied sur la tête, pour régler définitivement mes problèmes.


Bon, voilà, il n'y a plus qu'à!


mercredi 26 octobre 2016

Yurei attack! - Yoda Hiroko et Matt Alt

Les sirènes et les fées, c'était mignon hein?
Rassurez vous, ça n'a pas duré. Revenons à nos amis les fantômes. Car dans un pays où la crémation est la principale méthode de disposer des défunts, la majorité des légendes fantastiques mettent en scène des fantômes. Pas de corps, pas de sortie de tombe. Les quelques histoires de loup-garous, vampires ou zombies sont assez récentes et clairement calquées sur le folklore occidental, hormis justement les cas où le défunt n'a pas bénéficié d'obsèques normales et le surnaturel fait donc la part belle aux esprits désincarnés.

Après Yokai attack dont j'avais parlé l'an dernier, j'ai pu me procurer un des autres tomes du duo Yoda et Alt, cette fois dédié aux yurei, les fantômes et spectres japonais. Un troisième tome existe, Ninja attack, sur les.. hoo ben ça alors les histoires de ninja.. mais il m'intéresse moins à priori.
Alors désolée d'avance, une fois de plus ce livre n'est pas traduit en français, pour moi ça n'est pas vraiment un problème, mais je sais que certains regrettent que je chronique parfois des livres en anglais.

Yûrei est donc le terme générique pour toutes les manifestations de l'au delà nippon. Certains ressemblent beaucoup à des yokai, ou certain yokai prennent l'apparence de fantômes,  mais ce n'est qu'une ressemblance, au même titre qu'un croque mitaine n'est pas une revenant, même si les deux sont supposés vous terrifier ( Shigeru Mizuki considère de son côté que les yûrei sont une forme de Yokai.. je vais pour l'instant suivre le livre que j'ai sous la main, sinon, ça serait la pagaille!)

En fait, ce qu'expliquent les auteurs, c'est  qu'un yokai représente une idée, ou une personnification d'un élément naturel ou d'un concept, c'est " quelque chose", tandis qu'un yûrei c'est un esprit d'un mort, ou l'incarnation de la colère d'un personnage réel ou imaginaire, mais c'est " quelqu'un"
Et donc en avant pour les histoires de fantômes, au travers de plusieurs thèmes cette fois encore.

Mais avant tout , comment reconnaître un yûrei d'un humain un peu marginal? Quelques signes sont révélateurs:
Coiffure négligée: ok
main pendantes (qui symbolisent la mort, l'au delà, les forces occultes): ok
teint... fantômatique: ok
Expression peu amène: ok
absence de jambes: ok

On peut parfois ajouter un foulard triangulaire noué sur la tête, qui est une ancienne coiffure funéraire bouddhiste tombée en désuétude ( à défaut, ça peut nous indiquer que le fantôme hante les lieux depuis un certain temps pour ne pas dire un temps certain)
Et encore sur d'autres représentation, des hitodama, sortes de flammèches voletant autour du spectre, symbolisant les feux follets, associés quasiment dans le monde entier au^x esprits et aux revenants.
Dans le doute, et même si tous les signes n'y sont pas, fuyez!

Sexy and scary: les femmes fantômes, qu'elles soient issues de la littérature ou d'un fait divers ( qui a d'ailleurs souvent été lui même exploité par la suite par le rakugo ou le théâtre Kabuki).
Dans leur cas il s'agit surtout d'histoire de tromperies, d'arnaques et d'abandons. historiquement les femmes n'ayant aucun pouvoir, elles étaient souvent victimes de manipulation , surtout si elles avaient quelques sous de côté. Et pas moyen de faire valoir légalement leurs droits ou reconnaître les torts dont elles avaient été victimes, sans parler des assassinats. toutes situations menant à l'accumulation d'un sentiment de colère frustrée, qui survit au décès de la personne et la transforme en spectre particulièrement dangereux, tout entier voué à la vangeance. Vengeance qui peut se limiter à la personne lui ayant causé du tort, ou s'étendre à la famille et aux proches, ou encore à quiconque passe à sa portée.

On trouve dans cette catégorie Oiwa, personnage de Yotsuya Kaidan - probablement l'histoire de fantôme la plus connue au Japon, assassinée par son mari;
Oiwa hante une lanterne et apparaît littéralement partout pour terrifier son assassin de mari

Okiku, servante jetée vivante dans un puits par un maître colérique pour une assiette cassée sur un service de 10, et qui depuis, compte depuis le fond de son "tombeau"de 1.. jusqu'à 9, sans pouvoir jamais retrouver la dixième assiette qui lui a coûté la vie ( il y a plusieurs variantes de cette histoire, dans une autre elle s'est suicidée en se jetant dans le puits pour échapper à la cruauté de son maître qui s'est payée de l'assiette cassée en lui coupant les doigts. On ne rigolait pas avec la faïence à cette époque!)

On retrouve souvent le sujet de l'eau d'ailleurs: Okiku est jetée dans un puits, Orui, héroïne malheureuse au visage déformé est noyée par son mari... Dans d'autres récits, il est question de mer ou d'océan. L'eau et les rivières sont souvent et dans plusieurs traditions liées à l'idée de passage entre l'ici-bas et l'au -delà. Dans la mythologie grecque le monde des morts est aussi séparé de celui des vivants par plusieurs fleuves: le Styx, l'Acheron, le Léthé, etc.. et dans la tradition bouddhiste japonaise, c'est la rivière Sanzu qui sépare les deux mondes.
Mais aussi plus simplement, les rivières et fleuves étant par définition des endroits dangereux, où les morts étaient monnaie courante, qu'elles soient accidentelles, suicidaires ou provoquées par un tiers et qui dit morts dit fantômes.

Autre manifestation un peu différente, celle de Dame Rokujo, issue du roman médiéval Genji Monogatari: lors qu'elle était promise à un avenir d'impératrice, son mari destiné à devenir empereur un jour meurt dans la fleur de l'âge, laissant dame Rokujo veuve et riche mais désormais sans espoir d'accéder au trône.
Elle se console en compagnie d'Hikaru Genji, héros du roman, coureur de jupons notoire qui finit évidemment par se lasser d'elle et se souvient soudain qu'il a une femme légitime. Deuxième revers pour Dame Rokujo, qui en plus se trouve en butte aux méchantes langues. Troisième coup du sort.
Il n'en faut pas plus pour que la dame bien comme il faut se mette à bouillir intérieurement de colère et faire des rêves violents dans lesquels elle maltraite la femme d'Hikaru. Et de fait, celle-ci tombe malade, possédée par le "fantôme vivant" de la colère de Dame Rokujo, qui n'a, elle, absolument aucune idée de ce qui se passe avant de finir par faire le lien avec ses rêves violents. L'histoire finira bien, car Dame Rokujo n'est pas violente de nature, c'est seulement sa colère rentrée à une époque particulièrement policée, qui a pris une forme pour s'exprimer, et une fois qu'elle prend conscience de la chose, elle peut y remédier en renonçant consciemment à son Don Juan.

Furious phantom: c'est le tour des hommes. Si les spectres féminins crient vengeance pour des affaires de coeur ou de gros sous, voire les deux à la fois, ces spectres masculins sont souvent ceux de membres de l'aristocratie ou de guerriers, floués par la famille impériale.
 Ce sont des Onryo, dont la vengeance va s'exercer, siècles après siècles, sur la famille régnante exclusivement,  jusqu'à ce que le tort qui leur a été fait soit publiquement réparé et leur esprit ainsi apaisé. L'insulte a été publique, la réparation doit l'être aussi. Il s'agit ici souvent de personnages historiques réels, traités avec la plus grande injustice. Et par conséquent, les catastrophes naturelles qui ont suivi leur mort leur ont été attribuées.  Je connaissais l'histoire de Taisha no Masakado, j'ai découvert celle, complètement dingue, de l'empereur Sutoku.
A peu près contemporaine de celle des derniers capétiens en Europe, elle n'a rien à leur envier niveau lutte de pouvoir, manipulation, injustice, etc.. un vrai roman fleuve!

Sutoku invoquant une tempête. Je crois qu'il a très mal pris d'être manipulé!
Je pense que j'y reviendrai, ainsi que sur quelques autres récits de fantômes, comme je l'ai fait pour quelques yôkai, car  l'histoire de cet empereur particulièrement malchanceux devenu fantôme hargneux pour se venger d'une famille manipulatrice qui l'a bien pris pour une poire me plaît beaucoup.

Le terme onryo est à l'origine, spécifique aux revenants qui s'attaquent à la famille régnante, mais il a évolué vers une idée plus générale de fantômes poussés par la vengeance, particulièrement envers les autorités. Et ce chapitre nous parle aussi  des Hiimi Sama, un groupe de pêcheurs de la région d'Izu, qui, lassés d'être exploités par le gouverneur du coin qui leur extorquait jusqu'au dernier grain de sel et au dernier légume en guise d'impôt, avant d'exiger que les femmes du village ne payent en nature leur dîme si elles voulaient garder à manger, ont décidé de s'organiser pour le faire passer de vie à trépas nuitamment. En recommandant aux villageois de ne pas sortir de chez eux le 24 janvier, et ce toute la journée et toute la nuit, dans le but qu'ils ne soient pas accusés de complicité.
Et l'affaire étant faite, ils ont fui par la mer vers une des îles voisines, espérant y trouver un refuge. Mauvaise pioche, une fois la nouvelle de l'assassinat connue, aucun des villages des villages voisins n'a voulu d'eux. Être débarrassés d'un gouverneur tortionnaire, oui, cacher ceux qui les en ont débarrassés, non. Et les marins ont repris la mer, d'île en île, avec toujours la même réponse, jusqu'à ce qu'une tempête se lève et les envoie par le fond. On dit que depuis lors, il vaut mieux éviter d'errer dehors un 24 janvier sur ces îles là, pour éviter que les spectre des pêcheurs ne viennent se venger sur les descendants de ceux qui ont refusé de les aider.

Sad spectres: plus simples, les fantômes " du quotidien", tous ceux qui morts trop jeunes ou en laissant derrière eux des regrets suffisamment forts sont restés attachés à un lieu qu'ils hantent parce qu'ils ne peuvent s'en détacher. On y trouve la poupée Okiku, réputée hantée par sa jeune propriétaire morte à l'âge de 5 ans, et dont les cheveux ont mystérieusement poussé, ou " le fantôme qui achète des bonbons", tirés d'une légende chinoise de fantôme qui achetait des gâteaux de riz.

rien que la tête de cette poupée me fiche plus les jetons que tous les fantômes vengeurs réunis
Otsuyu du conte " la lanterne pivoine"  est classée dans la catégorie " scary", et pourtant, elle n'est pas mauvaise, mais, éloignée de son amoureux par les manigances de sa famille, elle se laisse mourir et, poussée par les regrets, revient simplement chercher son promis, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Evidemment la cohabitation entre un humain et.. disons même plus un zombie qu'un fantôme, puisqu'elle cache son apparence de squelette sous l'apparence qu'elle avait de son vivant, n'est pas sans danger...

Intéressante aussi, l'histoire d'un incendie historique, qui a ravagé une bonne moitié de Tôkyô pendant plusieurs jours au XVII° siècle, et dont l'origine est attribuée à un kimono maudit. La première propriétaire était une adolescente de 17 ans qui s'est ruiné la santé en se consumant d'amour, c'est le cas de le dire, pour un inconnu entrevu dans la rue qu'elle n'a jamais revu et que personne n'a pu localiser.
A sa mort, le magnifique kimono qu'on lui avait offert pour essayer de lui changer un peu les idées a été, comme de coutume à l'époque donné en offrande au temple qui revendait les vêtement des morts à un magasin de seconde main pour se faire un peu d'argent. Seconde propriétaire, une autre fille, qui meurt aussi rapidement à l'âge de 17 ans, et retour du kimono au temple et magasin d'occasion. Troisième propriétaire.. oui, une troisième fille de 17 ans qui meurt également subitement.
Et lorsque les moines ont voulu se brûler le vêtement maudit pour enrayer la malédiction, le feu s'est étendu et propagé marquant les mémoires comme "l'incendie du kimono". Manière radicale de déclarer sa flamme ( oui, je sais, et non, je n'ai pas honte).. mais j'en viens à me demander si le fatal inconnu de l'histoire ne serait pas lui même un revenant.
Il y a encore l'histoire sinistre du futon hanté de Tottori ( encore un objet de seconde main) par deux petits fantômes, ceux de deux frères morts de froid et de pauvreté dans l'indifférence générale, un récit qui rappelle la petite fille aux allumettes d' Andersen , mais sans le paradis chrétien comme compensation.

Et après les fantômes proprement dits, place aux lieux hantés. Let's visit the Haunted places.

On y retrouve évidemment la forêt d'Aokigahara, dont j'avais déjà un peu parlé, alias "la forêt des suicides".. brr. Je ne suis pas une flipette et je ne crois pas aux fantômes, je l'avoue, même si j'aime bien leurs histoires mais l'existence avérée d'un lieu pareil me déprime. L'autre probème c'est qu'il s'agit d'une forêt primaire, magnifique mais très dense, donc très sombre, où même sans idées suicidaires il est facile de se perdre (les gps ne passent pas, les boussoles sont déboussolées par le champ magnétique des laves du sous sol..) et de mourir de faim ou mangé par une bestiole.

Evident aussi, les lieux de batailles passées, comme le château Hachioji ou la colline de Tabaru  (1877) près de Kumamoto, théâtre d'affrontement sanglants. Je suis étonnée de ne pas y voir la région de Sekigahara, et sa bataille (en 1600) qui a fait plusieurs millier de victimes et changé le cours de l'histoire.

Statue d'enfant samourai à Tabaruzaka. La légende dit qu'elle sert de point de ralliement, la nuit,  aux esprits tombés au combat
Il y a aussi les montagnes d'Hakkoda dans la région d'Aomori, où en janvier 1902, 210 militaires partis en exercice en veêtements réglementaire pas du tout adaptés à la montagne, sont restés coincés dans la montage par une tempête, sans nourriture, sans carte, ni couvertures, sous la houlette d'un capitaine qui a ignoré les avertissement de la population locale sur la tempête proche, argumentant que l'esprit de l'armée impériale aurait raison de tout et donc aussi du froid. Manque de chance la tempête de cet hiver là a battu les records de froid dans la ville d'à côté: -41°C. Je vous laisse imaginer en pleine montagne! 199 n'en sont pas revenus. La région est maintenant devenue une prospère station de ski...

Le tunnel Jomon dans la région d'Hokkaido est supposé hanté par les esprits des prisonniers littéralement tués à la tâche lors de la construction et sous la menace d'être utilisés comme " hitobashira", piliers humains, soit des sacrifices emmurés dans le tunnel. Je reviens de mon côté de Guyane où j'ai visité les bagnes, je m'imagine du coup assez bien les conditions dantesques de "vie" des prisonniers utilisés comme bêtes de somme. Ha oui, pour le coup des hitobashira, c'est rigoureusement.. exact. Un tremblement de terre dans les années 70 a fait s'écrouler des pans de mur dans le tunnel, les équipes de réparation ont trouvé des squelettes emmurés dans les parois du tunnel, et une fosse commune contenant plusieurs douzaines d'autres. Les conditions de travail, d'hygiène, de santé et de sécurité était telles que les gens qui mourraient sur place était simplement fourrés dans une faille du tunnel ou un trou rebouchés par dessus. Charmant..

 Plus étonnant, le Building Sunshine 60, dans le quartier d'Ikebukuro, en plein Tôkyô. etonnant car j'y suis allée plusieurs fois.. et que je n'ai pas croisé l'ombre d'un spectre! il faut dire que lorsqu'on parle d'endroit hanté, on pense plutôt à des lieux très isolés, un peu sinistres, cimetières,  anciens champs de bataille, montagnes perdues, cascade loin de tout idéale pour noyer pas mal de monde d'un seul coup.., etc.. pas à un gratte ciel des années 70, extrêmement fréquenté et inondé de lumière. Mais auparavant les lieux étaient occupés par une prison connue pour ses exécutions, et les spectres n'ont pas déménagé lors de la construction du complexe commercial. Et au XVIII° siècle, une bande de brigands y a sévit faisant 64 victimes en un an. Du coup le coin est réputé pour être le cadre d'événements étranges, d'apparitions surnaturelles et d'inspirer une crainte sourde. Je garderai cette histoire en mémoire la prochaine fois que j'irais...mais en tout cas je n'ai sûrement aucun pouvoir médiumnique car j'ai bien aimé ce quartier et je n'ai pas vu l'ombre d'une manifestation surnaturelle.
ce lieu est hanté, les amis!
plus quelques autres, je me sens bien un voyage thématique " histoires à faire frémir et lieux hantés".

Vient ensuite un chapitre: "dangerous games". Le hyaku Monogatari (cent histoires) est un jeu pluricentenaire, pour s'occuper pendant les nuits d'été de la période O-bon: il faut se rassembler à plusieurs, dans une maison à plusieurs pièces, préparer 100 histoires fantastiques ( assez courtes, hein, s'il y a quatre participants, chacun devra en raconter 20,et même si elle ne font que 5 minutes chacune, il y a de quoi s'occuper pendant 8h00, soit un temps plus long que la nuit d'été, or le but du jeu c'est d'être dans le noir complet à la centième histoire), 100 bougies ou 100 lanternes, dans la pièce d'à côté qui seront éteintes au fur et à mesure de la progression des récits. La légende raconte que " quelque chose de mystérieux" doit se passer après la centième histoire. Tout est dans ce " quelque chose". Le plus flippant dans l'histoire est que des gens qui vivaient dans des maisons de bois et de papier (rappelez-vous ça remonte à plusieurs siècles) aient pu penser qu'y allumer 100 bougies posées à même le sol sans surveillance constante était une bonne idée.
soirée de Hyakumonogatari réussie

Il y a aussi la manière de jeter une malédiction à quelqu'un, façon vaudou japonais, avec une poupée de paille. Comme je suis sympa, je vous l'explique dans un second billet, ça serait trop long à développer ici.
Plus familiers, le kokkuri-san qui n'est autre qu'une adaptation du spiritisme en vogue en occident au XIX° siècle, dans ses deux formes: table tournante et oui-ja; et les photographies de fantômes ( sisi même que j'en ai réussi lors de mon premier voyage: un cercle mystérieux en photographiant un temple... Bon évidemment en prenant la même photo 5 minutes plus tard, le cercle s'était éclairci et encore 5 minutes plus tard on ne le voyait presque plus.. puisqu'il s'agissait juste d'un reflet du à l'incidence des rayons du soleil couchant. Hé oui, c'est rationnel mais.. décevant en fait !). Le Hangonko quand à lui est un moyen de faire apparaître l'image du cher disparu dans la fumée d'encens. Si le résultat est classique, bon courage pour la mise en place: l'encens en question est introuvable, et la formule magique à réciter... inconnue

Viennent ensuite les "close encounters" trois récits de rencontres du "3° type" si j'ose dire avec des revenants ou des dieux.. dont la victime à survécu. Mention spéciale à l'histoire d'Ono-le-fou, très digne et très malicieux poète de cour ( authentique) de l'époque Heian, pendant la journée, qui allait passer ses nuits à divertir les résidents de l'autre monde, tout aussi amateurs de belles lettres et de bons mots que les vivants. Il va falloir que je renseigne un peu plus sur ce personnage haut en couleur qui me plaît bien.

Et pour finir la description des enfers ( Jigoku) de la tradition japonaise. Là où l'on va, si l'ont ne devient pas un spectre coincé sur terre. Enfers au sens large, comme dans la Grèce antique,  c'est plutôt le concept de "monde des morts" qui domine, avec quelques ressemblances toutefois à "l'enfer" tel que Dante le décrit, pour le département " punitions". Il y à 8 niveaux, le premier état celui des meurtriers, et on rajoute à chaque degré un nouveau crime ( couche n°2: les meurtriers et voleurs, couche n° 3, les meurtriers, voleurs et dégénérés - sont dégénérés, ceux qui ont trompé leur conjoint ou même juste pensé le faire... jusqu'au 8° niveau, autant dire les vraies ordures: ceux qui cumulent: meurtriers, voleurs, dégénérés, alcoolos, menteurs, blasphémateurs, violeurs et parricides ( ou matricides, ou assassins de religieux-euses)

Alors, la mauvaise nouvelle c'est qu'on est TOUS condamnés à se retrouver au premier niveau. A part d'être une saint ou une sainte.
On est tous meurtriers puisqu'il s'agit de quiconque a pris UNE vie, n'importe laquelle. Mon karma est noir de tous les moustiques que j'ai impitoyablement tatanés et des cafards que j'ai bombardés, et le vôtre aussi, nous sommes donc classés meurtriers autant que celui qui bute son voisin.
Et j'ai même du piquer en loucedé des bonbons quand j'avais 5 ans ce qui me condamne donc au Deuxième niveau, même si je ne m'en souviens pas, il semble qu'il n'y ait pas de prescription :(  Heureusement que je suis célibataire!

Mais la liste est bien drôle puisqu'elle condamne les menteurs à un châtiment pire que les meurtriers ou les voleurs.
Et comment on fait pour un menteur qui n'est pas voleur ou alcoolique? Puisqu'il faut chaque fois cumuler un crime de plus, type " dans mon corbillon que met on" pour se retrouver dans le cercle suivant.
Et si je blasphème contre un dieu d'ici, qui n'est donc pas Enma, dieu des morts japonais, est-ce que ça compte?

Enfin voilà, le livre est dense et propose pas mal de sujets intéressants que je développerai sûrement à l'avenir (en tout cas, pour le vaudou, c'est prévu et  pas plus tard que demain!)