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vendredi 13 août 2021

A la découverte du sumo

On continue avec le sport, après les JO.

Parce que l'occasion s'est présentée, pendant mes vacances chez tonton. Il aime bien la culture japonaise et m'a dit " tiens, ce soir, il y a une diffusion de tournoi de sumo, je le regarde si ça te tente".Bon allez, pourquoi pas, je n'en ai jamais vraiment vu. C'est quand même un des symboles du Japon, et j'aime bien découvrir ce que je ne connais pas ( on a aussi regardé les concours de caisses à savon, de dressage de chiens, et de lancer d'avions en papier )

S'il y a bien une chose à laquelle je ne pensais pas m'intéresser un jour, c'est le sumo ( enfin, deux choses: j'ai découvert l'an dernier la danse classique et j'ai trouvé ça intéressant. Je vous laisse combiner dans votre tête les concepts de sumo et danse classique. Je parie que vous avez Fantasia en tête)

Et en fait j'ai trouvé ça très intéressant, en particulier à cause de tout le contexte rituel et mythologique qui entoure la pratique, au delà du simple sport. Car oui, c'est du sport, malgré le physique atypique de la plupart des pratiquants, au moins en ce qui concerne les professionnels. Bon, il ne viendrait pas à l'idée de dire que " la lutte gréco romaine n'est pas du sport, les lutteurs sont trop lourds". Et la plupart ont une souplesse étonnante (enfin, pas trop pour moi qui sais d'expérience qu'on peut être lourde, ronde et très souple), mais là, on a quand même vu des gens qui vont de 95 à 200 kilos - voire parfois plus - se démener.

estampe de Kuniyoshi


En France, il y a très peu de chaînes qui diffusent les tournois de sumo, et c'est sur la chaîne cablée de l'Equipe que nous l'avons regardé.

L'avantage est que les deux commentateurs distillent au fil de leur commentaires des informations sur l'organisation des tournois, ce qui est interdit ou autorisé, les tenues, les grades des lutteurs, traduisent parfois le sens des pseudonymes, ou le contexte religieux et traditionnel de ce qu'on voit.
Par exemple , pour quelle raison les lutteurs sont surnommés " est" et "ouest"? Parce qu'ils représentent la lutte mythologique entre le dieu de l'est et le dieu de l'ouest.

Ce qui permet de sortir des clichés, et de comprendre qu'il y a justement tout ce contexte et que ce n'est pas simplement un sport un peu étrange ou deux gros bonshommes en pagne se poussent l'un et l'autre jusqu'à ce qu'il y en ait un qui tombe ou sorte de la zone délimitée.

Pour en savoir plus sur le sport qui passionnait Jacques Chirac, et ses règles, les lutteurs, le lexique.. c'est par ici, et c'est en français

 Ou intéressant aussi, parce que c'est un sujet qu'on ne peut pas éviter: les limites du calcul d'IMC dans le sport à haut niveau.  Car oui, les lutteurs sont en surpoids, impossible de dire le contraire mais un surpoids qui n'est pas celui de quelqu'un qui se gave de chips sur son canapé: ce n'est pas du bide-à-bière (en gros le gras est sous la peau, pas entre les organes, je sais exactement pour ma part quelle est la différence, étant personnellement concernée: du gras sous la peau, malgré une alimentation peu sucrée, de bons muscles en dessous et aucun problème de santé ou d'analyse... et je suis loin de manger du chankonabe à tous les repas)

Et donc juste par curiosité, je vous montre en échantillon 3 des participants que j'ai vus. Un Bulgare et un Géorgien . Parce que ces deux là ont exactement la même taille (1m91), et seulement 11 kilos d'écart, et pourtant leurs physiques sont très différents (j'avoue, je suis un peu stupéfaite par le Bulgare qui a plus de poitrine que je n'en ai jamais eu, même avant de passer sous le bistouri, je soupçonne un problème hormonal chez ce monsieur). Et donc répartition totalement différente du gras et du muscle pour deux personnes qui n'ont pas plus de 11 kilos d'écart, une paille pour des gens de cette taille. 

Certains ont même le problème inverse et n'arrivent pas à dépasser les 100 kilos.
Voilà le plus petit de la compétition,
un japonais d'1m68 et 95 kilos, et qui parait minuscule par rapport à ceux de presque 2 m. Du coup, j'ai très envie de l'encourager, lui " vas-y mon gars, montre leur que tu peux battre des géants! Au nom de tous les petits de la terre"
Il y a donc des concurrents aux physiques et aux origines bien plus variées qu'on pourrait le penser a priori.
 
Les découvertes:

- oui, c'est intéressant pour qui apprécie en général les sports de combat, et du moment qu'on vous donne les clefs pour le comprendre. En particulier sur les règles ou l'organisation qui ne se fait pas par poids comme en boxe ou en judo. On peut donc avoir sans problème un affrontement entre le "petit" de 95 kilos et le géant de 220. Et ce n'est pas forcément le plus grand et le plus lourd qui va gagner, si le plus petit a une meilleure techique ou sait mieux profiter d'une occasion.

- tout le contexte traditionnel/ culturel mythologique, ça c'est même passionnant. Et ça explique pourquoi les athlètes (car ce sont des athlètes quand même malgré le surpoids) sont considérés au Japon comme demi-dieux: ils incarnent lors des combats le rôle des dieux.

- Etonnamment, dans une société aussi traditionnaliste et eu ouverte à l'étranger que le Japon, il ya pas mal de lutteurs d'origine étrangères. Ils prennent des pseudonymes japonais, parfois prennent aussi la nationalité japonaise, mais sont quand même identifiés selon leur natinalité d'origine. Les deux lutteurs les plus hauts classsés dans le tournoi que j'ai regardé sont deux mongols ( et la Mongolie a aussi une forte tradition de sports de combat, de lutte en particulier)
Mais il y avait des pays moins attendus: le bulgare et le géorgien précités et un brésilien pour ceux que j'ai vus, mais j'ai appris que parfois des américains, des russes ou des hawaiens arrivent au niveau professionnel. Donc plus international qu'il n'y parait. Même si les pro sont tous formés au Japon.

- Encore plus étonnant, : ces lutteurs étrangers ont aussi un fan club. Apparemment les japonais sont fair-play, pour peu qu'on leur montre du beau sport, peu importe qui gagne. Il doit bien y avoir des ultra-traditionnalistes qui se sentent dépossédés de leur sport national, mais visiblement la majorité des spectateurs se contentent d'apprécier les qualités techniques d'untel ou d'untel, indépendamment de toute autre considération, et ça c'est super.

- Le sumo n'est pas réservé donc à de seuls grands et lourds japonais: il y a des clubs amateurs dans pas mal de pays, où on peut aussi trouver des pratiquants aux physiques plus classiques.Voire de très petits gabarits. E des femmes aussi.
Telles que celles qu'on peut voir sur la vidéo dans cet article dédié au développement du sumo féminin
( et forcément, toute avancée, même si elle ne concerne pour l'instant que la pratique amateur est bonne à prendre. Des femmes qui luttent pour l'égalité, et là, ce n'est pas qu'une expression). Pour les amateurs par contre, hommes commes femmes, il y a des catégories de poids, comme au judo.

Et donc corrollairement la réponse à la questio que vous ne vous posiez pas encore: elles portent le mawashi, le pagne traditionnel sur une combinaison de lutte

- La fédération de sumo voudrait à terme que le sport fasse son entrée aux jeux olympiques, mais pour celà, il faut en passer par la mixité.
Ici un article en français sur la pratique féminine
Et un autre, très intéressant, qui part d'un inciient en 2018: une secouriste parmis les spectatrices montée sur le ring pour secourir un lutteur en détresse a été expulsée, pour cause de traition, qui dit que les femmes ne doivent pas monter sur un ring de sumo. Même lorsqu'il s'agit de sauver quelqu'un en ddanger . Or cette interdiction est récente ( plus ou mois 150 ans, en rapport des quelques 1500 d'existence attestée du sport), et le sumo devient donc aussi au Japon un terrain d'affrontement entre les traditionnalistes et progressistes.

Voilà, une pratiquante, en tenue de combat, et là, oui, il y a des catégories de poids
Yes, we can! ( pas pu m'empêcher)

Je ne pensais pas trouver tout ça là derrière en regardant la semaine dernière un tournoi de sumo avec tonton, mais le cadre s'avère passionnant. En tout cas, ça m'a bien plu, je vais essayer de suivre un peu tout ça de temps en temps.

Certes le sport n'est pas blanc et a été entaché de scandales: bagarres entre pratiquants, souffres-douleurs des entraineurs ( l'ijime existe aussi dans ce domaine et pas seulement au lycée), combats truqués ( il y a de fortes sommes d'argent engagées, des sponsors et des paris et qui dit pognon... ), usage de stupéfiants (cannabis. Ca fait sourire en comparaison avec le dopage organisé à grande échelles dans l'athlétisme, la natation ou le cyclisme dans les années 1980- 90,  mais la fumette au Japon n'est pas seulement illégale et passible d'amende, elle peut conduire en prison).
Ou très récemment, mise à pied de certains pour non respect des restrictions covid.

Ce serait donc mentir que cacher les côtés moins reluisants.

Et forcément, y -a-t-il un manga qui en parle? Oui, un manga et une BD européenne inspirée du parcours de l'authentique champion hawaïen Akebono.

Je ne prétendrais pas tout comprendre, loin de là, mais maintenant c'est un peu moins cliché dans ma tête.👍

1 commentaire:

  1. C'est vrai qu'on ne voit jamais de femmes dans cette discipline dans la documentation, les médias... Merci ptg Bonne soirée :-)

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