Puisque c'est le mois Italien sur mon autre blog, continuons donc avec un second billet italiano-nippon.
L'été dernier j'ai eu enfin l'occasion de voir Porco Rosso sur grand écran et en VO, merci le nouveau cinéma de ma ville. Dessin animé que j'avais vu jusqu'à présent seulement sur petit écran et en Vf, il y a des années, chez mes cousins. J'en avais gradé le souvenir de quelque chose de très bizarre mais d'une bizarrerie intéressante, qui a été au passage ma première rencontre avec le réalisateur Miyazaki.
Retour aux sources donc, et dans de meilleures conditions.
Quelque part sur la côte Adriatique, dans les années 20/30, un ancien As de la première guerre mondiale q quitté l'armée pour devenir chasseur de prime, spécialisé dans la raque des pirates de l'air qui terrifient la région. Son surnom est Porco Rosso. Ce n'est pas seulement un nom de guerre comme le Baron Rouge", mais une référence aussi à son apparence: il est réellement doté d'une tête de cochon (et on peut le dire, au propre comme au figuré: loin d'être un héros parfait, il a également un caractère de cochon) depuis un mystérieux accident qui a côté la vie aux autres membres de son escadrille et a laissé l'idéaliste Marco, seul survivant, victime d'une malédiction inexplicable, et muni d'un groin et d'oreilles pendantes, symboles de sa perte d'illusions (séquence splendide au passage qui met en avant l'absurdité de la guerre, peu importe les nationalités au final, il ne reste que des fantômes)
Depuis il survit, fuyant la société qui l'écoeure, sur une île dont il ne sort que pour intercepter les pirates de l'air ou aller voir Gina , la seule amie qui lui reste de l'époque passée, du temps où il avait encore apparence humaine.
Gina, parlons en. C'est une femme d'un côté moderne, directrice d'un hôtel de luxe, mais qui vit dans le passé, en chantant à l'occasion des chansons d'une autre époque pour ses clients nostalgiques de l'avant guerre. Son aplomb tient aussi en respect les potentiels fauteurs de trouble qui viennent consommer (et comploter) au bar de l'hôtel.
Veuve trois fois de pilotes morts en service, elle aussi vit retirée sur son île-jardin, en miroir avec ce que fait Porco de son côté, et est courtisée par un vantard américain aux allures d'Errol Flynn, pilote d'hydravion comme Porco et persuadé d'être irrésistible. Mais Gina, c'est un peu Roxanne qui préfèrerait Cyrano à Christian, et elle n'a d'yeux que pour Porco.. à qui elle n'a jamais eu le courage d'avouer ses sentiments.
A ce duo, il faut ajouter un autre personnage féminin très intéressant, Fio.
Fio est toute jeune, c'est la petite fille d'un réparateur d'avion chez lequel Porco doit faire réparer son coucou endommagé. Mais les hommes sont tous partis, principalement pour fuir l'enrôlement dans les milices fascistes. Malgré la réticence de Porco, il va falloir en passer par là: l'avion sera réparé par les femmes du village. Toutes. Y compris les mémés, absolument tordantes. Mais la compétence et le sérieux de Fio dans son boulot et son caractère de meneuse - pour ne pas dire autoritaire - lui gagnent vite la confiance et le respect de tout le monde, y compris des Pirates de l'air ( pirates qui sont au passage, vites noyés dans un verre d'eau et se font dès le début dépasser par les élèves de CE1 en classe verte qu'ils ont enlevés)
Donc oui, malgré ses bizarreries ( personne au monde ne semble étonné de voir un humain à tête de cochon se promener dans les rues de Milan.. à la limite dans sa région où on le connait, pourquoi pas, mais à des centaines de kilomètres.. bon, je sais on ne va pas lister les bizarreries dans les dessins animés, et il st aussi parfaitement normal qu'une sorcière de 13 ans volant sur son balai crée un service de livraison à domicile dans un autre ), ou plutôt à cause de ses bizarreries, de son sujet malgré tout très politique ( une des phrases clefs de Porco est quelque chose comme " mieux vaut avoir une tête de cochon qu'être un cochon de fasciste".. ce cochon est rouge, politiquement aussi).
Et pour ses personnages féminins forts, de l'écolière de 7 ans qui ridiculise les pirates, jusqu'à la plus vieille des petites mémés, quand tous les hommes y compris le héros, se voilent la face, fuient ou tentent d'oublier leur situation en se réfugiant dans l'alcool et les clopes, et en réagissant comme des crétins, témoin la baston finale qui d'un duel aérien de haute voltige finit en pugilat aquatique sans classe. Oui pour toutes ces raisons, Porco Rosso reste dans mon top 3 des dessins animés Ghibli, voire des dessins animés tout court.
Atypique et génial...sans parler du visionnage privé auquel on a eu droit cet été!!!!
RépondreSupprimerune salle entière pour deux, tu parles, le grand luxe! Et quand je suis allée voir Miss Hokusai, on était 2 aussi: ma mère et moi :D
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