J'ai du mal avec la calligraphie cursive, mais il me semble reconnaître, très logiquement le kanji kinu, donc Soie |
Dans les années 1860, en Ardèche... car oui cette histoire d'un auteur italien nous fait voyager à plusieurs reprises entre l'Ardèche et le Japon ( Shirakawa exactement)
En Ardèche, la bourgade de Lavilledieu est spécialisée en dans la fabrication de la soie, mais dans ces années là, une maladie touche les vers à soie dans l'Europe entière, et les oeufs de vers à soie achetés au Proche -Orient ne sont pas de très bonne qualité. La rumeur se répand même que la maladie touche le monde entier sauf le Japon, puisque le pays sort à peine de 200 ans d'isolation totale. Il y a peu de chance que la maladie l'ait atteint, et c'est probablement le seul endroit au monde ou subsistent des oeufs sains. Problème, le Japon accepte de faire le commerce de la soie elle-même, mais pas des vers à soie ni de leurs oeufs. Sur les conseils de l'extravagant Baldabiou, homme d'affaire un peu farfelu, Hervé Joncour, négociant en soie, va entreprendre un premier périple jusqu'au Japon, où il compte bien acheter ces précieux oeufs au marché noir. Le pays qu'il découvre l'étonne et le fascine tout à la fois, et surtout une certaine femme " au visage de jeune fille et aux yeux qui n'ont pas une forme orientale", visiblement maîtresse du seigneur Hara Kei, homme riche et francophone grâce auquel cette première expédition sera un succès. Hervé retournera 4 fois au Japon, autant pour racheter des oeufs que dans l'espoir de revoir la femme sur laquelle il fantasme.
Jusqu'au 4° voyage qui sera un échec total: la guerre a éclaté, le village de Shirakawa est désert.. et la solution B qu'il trouve pour acheter malgré tout des oeufs est un échec retentissant.
Ce texte est très court ( 142 p, une sorte de longue nouvelle) et plus encore subdivisé en 65( oui! 65) chapitres. Le livre a été un franc succès et a fait connaître son auteur, et pourtant, je n'ai pas accroché. Ça se lit facilement, vite et sans déplaisir, mais sans plaisir particulier non plus. Le style est rapide et épuré et je dois dire, soit ça passe, soit ça ne passe pas et avec moi, ça ne passe pas: répéter exactement les mêmes phrases pour décrire les voyages d'Hervé à l'aller comme au retour, même si c'est pour faire ressortir l'ennui profond d'un périple de 2 mois à travers la Russie et la Chine surtout de la part d'un personnage aussi peu curieux qu'Hervé ( qui est un bourgeois tout ce qu'il y a de plus classique, sans vrai centre d'intérêt, qui abandonne une carrière militaire qui ne l'intéresse pas pour un commerce comme un autre, et se contente de mener sa petite vie tranquille au millimètre..), ça n'a rien de passionnant et au bout de 3 fois la même rengaine, j'ai même fini par sauter des lignes ( et ce même si le lac Baïkal change de surnom à chaque passage).
En fait, le format court ne permet pas vraiment de s'attacher aux personnages: Hervé est bien trop fade, la fille n'a ni nom, ni la moindre ligne de texte, HaraKei est silencieux la plupart du temps.
J'aurais bien aimé en savoir plus sur Hélène (qui semble autrement plus vivante et passionnée que son mari) sur Baldabiou le farfelu, et sur madame Blanche , la maquerelle d'origine Japonaise installée à Nîmes.
Mais ceux là ont l('éternel destin des personnages secondaires. En fait même Hervé, personnage central me donne l'impression d'être secondaire tant il semble détaché de sa propre histoire
La plupart des lecteurs semblent avoir adoré... mais ce n'est pas mon cas ( heureusement pour l'auteur , qu'il a pu trouver son lectorat, en fait).
Mais j'ai surtout l'impression que les lecteurs qui ont adoré ne sont pas à priori de grands lecteurs de littérature japonaise à la base. Et comme souvent, je suis un peu déçue par l'approche des auteurs européens qui tient plus de l'orient fantasmé, on y prend juste ce qu'on veut, la concubine, la soie, le samouraï, et les oiseaux en cage pour symboliser le statut de la courtisane. C'est maigre.
L'argument de passion et sensualité mise en avant un peu partout... hé bien, là aussi, c'est maigre...
Dommage parce que l'époque (fin de l'époque Edo et début de l'ère Meiji) est passionnante, mais visiblement le contexte historique passe aussi à la trappe.
Même si je ne suis pas très fan de cet auteur ( je préfère les choses plus politiques personnellement), je conseille au lecteur qui a envie de se pencher sur l'érotisme subtil tout en non dit d'aller voir du côté de Tanizaki ( la deuxième nouvelle de "deux amours cruelles" par exemple)
Le Japon vu par.. un auteur italien
Je ne l'ai pas encore lu, ce ne sera pas encore pour ce mois-ci !
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