Mieux vaut tard que jamais .. akemashite omedetô! Une bonne année, cette fois sous le signe du coq ( enfin, à partir du 28 janvier dans les pays qui sont calés sur l'année lunaire, ce qui n'est plus le cas du Japon, pour qui l'année du coq a commencé le 1janvier dernier), du coup d'un point de vue chinois ou vietnamien par exemple, je suis même en avance...
Et on commence donc l'année avec un manga.
Un seinen en deux tomes indépendants qui m'a été prêté, édité en 2007. donc je m'excuse d'avance, mais je vais à nouveau parler d'un livre qui n'est plus édité .
Ce qui est dommage c'est que ce type de manga trouverait, je pense sincèrement, plus de public maintenant, 10 ans plus tard, car leur catalogue est très basé sur des manga pour adultes ( ne pas se méprendre sur l'idée) inspirés de la littérature classique, de nouvelles ou graphiquement, des estampes classiques.
Et donc le public de lecteurs qui a commencé les mangas à l'adolescence il y a 10 ou 15 ans serit plus réceptif maintenant.
Cas typique du Cortège des cents démons, dont la parution a commencé trop tôt, avant que le public ne soit "prêt", la notion même de yôkai ne parlant pas à grand monde vers 2005-2006. LA série a été troppé au bout de 6 tomes traduits - sur 25- alors que le Pacte des Yôkai, dont la parution française n'a commencé qu'un an plus tard est arrivé au bon moment. Ca se joue parfois à peu de chose.
Nota: Pour situer, Sugiura Hinako est la mangaka qui a écrit "Miss Hokusai" adapté au cinéma en long métrage d'animation il y a 2 ans
Donc cet "oreillers de laque" est autant un manga qu'un recueil de nouvelles, tournant autour du petit peuple de l'époque Edo,et met en scène des tranches de vie du quotidien, qui n'ont pas vraiment de lien entre elles, si ce n'est du genre " marabout-bout de ficelle": l'histoire n°1 parle d'une pie grièche, le mot " pie grièche est évoqué par la femme saoule dans la seconde", la troisième histoire d'un noceur qui annonce à son compagnon de beuverie qu'il veut changer de conduite ce qui entraîne une dispute, la quatrième évoque les souvenirs d'un bonze qui dans sa jeunesse a tué un de ses amis lors d'une dispute .. etc.. donc pas vraiment de fil directeur, juste un mini fil rouge ténu qui peut se retrouver, plutôt dans l'ambiance générale. Les histoires étant indépendantes, elles peuvent avoir justement été placées dans cet ordre pour donner l'illusion d'une vague continuité. Tout est dans ce " vague" de l'esthétique japonaise. Et dans l'inabouti, la plupart des histoires évoquent un moment charnière dans le présent des personnages et tout autant ce qui se passe, que ce qui aurait pu se passer si...
Une fille de marchand qui s'ennuie à sa fenêtre utilise un miroir pour observer ce qui se passe dans la rue, et tombe sous le charme d'un étudiant qui passe quotidiennement sous ses fenêtres. Une histoire d'amour? Sauf qu'elle ne lui a jamais adressé la parole, elle ne connaît pas son nom, et va se marier le jour même. Alors elle trouve un prétexte pour une fois, juste une fois, lui adresser la parole et se créer un souvenir de cette histoire qui n'a jamais eu lieu.
Un homme qui vient de se marier ( avec une femme qui pourrait tout aussi bien être la fille de la première histoire d'ailleurs) rompt avec sa maîtresse, les fêtards doivent cesser un jour la fête, les amis se disputent pour rien et la dispute finit en drame, un vieil homme dans les années 20 raconte à un journaliste son bref passage dans une milice populaire à l'époque d'Edo..etc..
Mais dans tous les cas ou presque c'est la fin: la rupture qui conclut une liaison la fin d'une illusion, la fin d'une époque,
ou encore la fin de quelqu'un tout court qui domine l'ensemble, lui donnant un ton général assez mélancolique.
Autant dire que j'ai beaucoup aimé, y compris et même surtout "le précipice" étrange histoire inspirée du Dit des Heike, montrant le cérémonial des têtes coupées en temps de guerre: un samouraï était rémunéré à la tête coupée par son général, il fallait donc la ramener et la présenter, toutes les têtes n'ayant bien sûr pas la même valeur. On la pique donc sur une planche pour la présenter un héraut se chargeant d'annoncer de qui il s'agit et par qui elle a été ramener.. jusqu'à cette tête inhabituelle d'un samouraï sans nom, qui , à bien y regarder, pourrait aussi bien être celle d'une femme ayant pris part à la bataille sous une fausse identité d'aundant que l'inconnu(e) a eu comme dernière requête que son corps soit jeté dans un précipice proche - pour ne pas que son armure soit pillée? ou pour cacher autre chose?
Donc oui, j'ai beaucoup aimé et j'attends qu'"on" me prête l'autre tome ( Message pas du tout subliminal, Sylvain). visiblement le tome 1 a du être édité en plus grand nombre d'exemplaire, je vois que sur les boutiques d'occasion, il est aux alentours de 10€ , quand le second coûte le double.
Je vois que d'ailleurs à l'occasion de ses 30 ans d'existence, la maison d'Edition Picquier fait des opérations en boutique (un gravure offerte pour l'achat de 2 tomes de leurs collection) mais aussi en numérique , proposant une partie de leur catalogue à 3,99€ (liste). La promotion commence demain et dure jusqu'au 17 février. Donc version papier ou version numérique, à votre goût.
L'occasion de faire un petit stock de livres numériques japonais-mais-pas-que, en version numérique et sans se ruiner.
Et là, une excellente idée serait de remettre leurs titres épuisés disponibles en version numérique, histoire de leur donner une seconde chance de trouver un public. Pas trop de risques de s'encombrer d'invendus, et pour les lecteurs la possibilité de ne pas avoir à débourser des sommes parfois exagérées, limite marché noir, en seconde main.
Je vais surement 20 ans avec mon chat qui m'intrigue, mais pas suffisamment pour le prendre en version papier, les bébé de la consigne automatique ( je n'ai pas accroché à Murakami Haruki, je vais tenter son homonyme), le livre du thé, les 2 ou 3 titres de Sôseki et les 47ronin ( parce que 883 pages, c'est quand même moins lourd en format numérique!). Ohan me tente bien pour découvrir le Japon des années folles . Et fantômes et samouraï.. ben.. vous me connaissez si vous suivez régulièrement ce blog.
Mais me connaissant, je vais aussi probablement en rajouter hors promo, et en profiter pour découvrir les littératures des autres pays d'Asie que je connais assez peu.
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