Et hop deuxième sujet extrait de cet ouvrage, cette fois sur les thématiques " horreurs et malheurs " et " vertiges et prodiges", que j'ai donc gardé pour marquer le coup de O-Bon.
Horreurs et malheurs, comme on s'y attend, met en scène des histoires plus violentes et cruelles que précédemment, on y trouve des yokai connus : le rokurokubi ( goule dont la tête se detache du corps pour aller dévorer les vivants la nuit), le nopperabo ( monstre sans visage) , des cadavres rétifs, des esprits sanguinaires... Ca va saigner. Attention spoilers, parce que ce sont des histoires très courtes, et il est impossble d'en parler sans les résumer, ce qui implique de dévoiler la fin. Donc dans la mesure du possible je tente le coup du surlignage pour révéler le spoiler.
- le fantôme à la tête coupée: Un prêtre errant, ancien samouraï ( et toujours vaillant), hébergé par de braves gens est nuitamment attaqué par cinq "Rokuro-kubi", plus que des fantômes, des créatures fantastiques dont , selon les cas, le cou s'allonge démesurément, ou la tête se détache pour aller commettre des forfaits. Ses "gentils hôtes" sont bien décidés à en faire leur pitance. Pour les vaincre, il faut déplacer leurs corps et les cacher. Les monstres disparaîtront pour toujours si la tête et le corps ne sont pas rassemblés à l'aube.
- Celui qui avala un fantôme: une histoire à fin ouverte. Un homme, buvant un thé, voit dans sa tasse une étrange apparition. Un fantôme. Il décide malgré tout de boire le thé, et le fantôme avec... et reçoit évidemment le jour même la visite .. du fantôme, bien décidé à se venger de cette affront. Mais... nous ne connaitrons pas la fin de l'hisoire et c'est bien dommage, Lafcadio Hearn précisant que c'est typique des récits fantastiques japonais, à nous d'imaginer ce qui va se passer entre l'homme et le fantôme.
- Le décapité qui mordit la pierre: un condamné à mort, avant son trépas, maudit le seigneur qui va le faire exécuter, promettant de se venger et de le hanter. A quoi le seigneur rétorque: " je ne peux pas acorder foi à vos parole, prouver moi que c'est exact. Il y a une grosse pierre plate au sol, si votre tête coupée vient la mordre, alors j'accorderai du crédit à la menace". Le condamné promet de la mordre.. ce que fait sa tête , sitôt coupée. Et de mourir et de ne jamais revenir hanter qui que ce soit. Le Seigneur savait: seule la dernière menace d'un condamné est dangereuse. En détournant son attention, il a annulé la malédiction, le fantôme a oublié sa vengeance!
- Le fantôme dans visage: Ici il est dénommé " mujina", bien que je le connaisse par ailleurs sous le nom de Nopperabô. Un vieux marchand rencontre une jeune femme éplorée, un soir, pleurant et se cachant le visage. EIl lui propose de l'aider, avant de se rendre compte avec horreur qu'elle n'a pas de visage: ni nez, ni yeux, ni bouche, une face lisse comme un oeuf C'est un yokai. Malheureusement pour qui veut les aider, cette malédiction se transmet instantanément à qui regarde le monstre!
- Le chevaucheur de cadavre: Une histoire assez glauque. Une femme divorcée, évidemment contre son gré, vient de mourir, pendant l'absence de son ancien mari. elle a proféré à son encontre des menaces et l'homme risque gros. Pour éviter de se faire déchiqueter par son ex femme, l'exorciste lui donne la seule solution: il doit passer la nuit, assis sur le dos de son ex femme, la tenant par les cheveux, tel un cheval par les rênes, sachant qu'elle va essayer de le désarçonner. S'il survit à la nuit, il sera sauvé de la malédiction... A cheval sur un cadavre... beurk...
- le mangeur de cadavre: Un prêtre errant arrivant dans une village où quelqu'un vient de mourir, apprend qu'il y a là un étrange rite. Dès qu'il y a un décès, tout le monde part, laissant le cadavre seul dans une pièce. au matin, il n'y a plus trace du mort. Le prêtre a vite fait de comprendre: le cadavre est mangé par un fantôme d'un confrère, mort depuis longtemps, qui habitait autrefois dans la montagne.
- la morte aux mains vivantes: Encore une histoire très louche, de jalousie féminine, et particulièrement cruelle. La femme d'un Daimyo, mourante, fait appeller près d'elle une des concubines d eson mari ( rien que de trèshabituelle), qu'elle dit aimer comme une soeur, lui faisant promettre d'épouser son futur veuf et de bien s'occuper de lui. La jeune femme acquiesce, et la mourante lui demande un dernier service: la transporter sur son dos jusqu'au jardin, pour voir une dernière fois les arbres en fleurs. Et en profite pour saisir sa rivale par les seins , avant de mourir. Mais impossible de détacher les mains de la morte, qui se sont soudées à la peau de la jeune femme. Il n'y a pas d'autre moyen que de les couper.. Mais les mains restent malgré tout vivantes, pinçant et torturant sans relâche la femme... toutes les nuits, et ce pendant dix-sept ans, malgré les exorcismes et prières propitiatoires.
- la légende de la cascade aux esprits: une histoire bien saignante. Les ouvrières, pauvres, d'une filature de chanvre, près du lieu dit de "la cascade aux esprits", font un pari: elle donneront toutes leur paye de la journée à celle qui aura le courage d'aller chercher largent contenu dans la boite à offrandes de la cascades aux esprits. O-Katsu, qui a un enfant en bas-âge, et bien besoin d'argent, se dévoue. Et par voler le tronc, son enfant emmailloté sur le dos. Elle sent bien qu'on essaye de la saisir, lorsquelle s'empare de la boîte, mais revient malgré tout à l'atelier. Où tout le monde va découvrir l'horreur: O-Kastu a le dos trempé de sang, l'enfant a eu la tête coupée.
Vertiges et prodiges:
Un peu de calme et de mystère pas forcément saignant, après le précédent chapitre!
- le prêtre qui écrit avec cinq pinceaux en même temps: L'écriture de Kobodaishi, alias Kukai. Kukai est un authentique prrêtre des VIII°/ IX° sièclle, particulièrement important à Shikoku dont il est originaire, puisque le pélerinage des 88 temps lui est dédié. Mais bien qu'ayant existé en tant que personnage authentique, tout comme Siddharta Gautama un millénaire plutôt ou les philosophes grecs, il est aussi semi-légendaire, et toutes sortes de miracles lui sont attribués. Notamment, comme il était également calligraphe, la capacité d'écrire avec 5 pinceaux en même temps ( un dans chaque main, un à chaque pied et un entre les dents), et de tracer des caractères capables de s'animer. On a donc ici 3 histoires de caractères enchantés.
- le tableau qui avait une âme: L'histoire de Kwashin Koji,prédicateur de rue et peintre de Kyotô, auteur d'un kakemono représentant des démons si réalistes qu'ils terrifiaient la population, laquelle retournait fissa dans le droit chemin pour éviter les malédictions, non sans avoir laissé une obole au prêtre. Le tableau ayant attiré l'attention d'un daimyô, qui voulut l'acheter, le prêtre refusa de se séparer de ce gagne pain, et fut assassiné par un vassal qui lui vola le tableau. Or une fois ramené, le papier s'avéra blanc et le daimyo apprit que le mort, très vivant, continuait à prêcher avec son tableau. Deuxième tentative d'assassinat, deuxième échec: le supposé mort continuait ses prêches intinérant. Arrêté, il finit par s'enfuir en embarquant sur un bateau dessiné sur l'un de ses tableaux :)
- le gamin qui dessinait des chats: lui n'a pas de nom connu, c'est un fils de paysan, inapte aux travaux des champs, mais doué pour la peinture. A ce détail près qu'il ne dessine QUE des chats, encore et toujours. Envoyé dans un temples pour devenir moine, il s'y montre encore inapte, mais son talent pictural va quand même faire des merveilles. Car, de passage dans un temple abandonné, il trouve des panneaux blancs où peindre des chats... sans savoir que le temple est hanté par un démon-rat. Que tous cs chats vont nuitamment s'empresser de chasser .
- celui qui tomba amoureux d'un portrait: La fille sur le paravent. Un homme achete sur un marché un vieux tableau représentant une jolie femme et à force de le contempler, fini par tomber amoureux de cette femme idéale. Au point de s'en rendre malade. Jusqu'au jour où un spécialiste lui explique qu'il y a un moyen de transformer son tableau en femme réelle,bien que le modèle soit mort depuis longtemps. Le peintre était si doué qu'il a pu enfermer dans son dessi on seulement la forme mais aussi l'esprit de la fille: il suffit alors de lui donner un nom et de l'appeller par ce nom, jusqu'à ce qu'elle se matérialise. Et lui offrir une coupe de saké acheté chez 100 marchands différents, afin qu'elle reste et dise elle-même la suite du rituel à accomplir.
Une variante locale de l'histoire de Pygmalion, donc, plus ou moins.
- la prisonnière du miroir: Un petit temple tombe en ruine.Juste pour le plaisir je cite le nom du daimyô local, qui n'a pas les moyens de le faire réparer, très drôle pour les français: le seigneur " Kitahataké". En cas de guerre, c'est toujours la faute du seigneur Kitahataké. En tout cas le seigneur Kitahataké a dépensé trop d'argent en guerres et n'a plus de liquidités pour l'entretien. Donc le prêtre local fait appel à un autre seigneur pour récupérer des fonds. MAis comme celà peut prendre du temps, le prêtre se voit contraint de louer un logement à Kyotô en attendant . Or la maison possède un puits intarissable, même en pleine période de sécheresse, mais auquel une sinistre réputaton est attachée: plusieurs personnes s'y sont mystérieusement noyé, et cet été-là, une voisine venue y puiser de l'eau est aussi retrouvée morte. Se penchant sur le puits il y voit une femme, en train de se farder, et manque se noyer lui aussi.
Jusqu'au jour de tempête où il reçoit la visite du fantôme du puits, qui vient s'expiquer: elle est la première a être tombée dedans et est devnue esclave du dragon qu'il l'habitait, contrainte de faire tomber d'autres victimes pour nourrir le dragon. Le dragon est parti, le puits est à sec, elle vient donc implorer le prêtre de procéder aux rites de purification pour la libérer elle aussi. Il ne s'agit pas d'une vraie femme, mais de l'esprit d'un miroir précieux tombé au fond du puits. Que le miroir soit rendu à la famille de son légitime propritaire, et tous els problèmes d'argent du prêtre seront rapidement réglés en remerciement.
- A propos d'un mort et d'une cloche: ou plutôt en anglais " d'un miroir et d'une cloche". La légende de la mugen-kane, cloche fondue à partir de miroirs de bronze, et maudite par une femme qui regrettait d'avoir du donner son miroir: le miroir ne fond pas, on comprend qu'elle ne voulait pas réellement le donner et est la risée de tout le village. De honte elle se suicide, mais auparavant maudit la cloche: après sa mort le miroir fondra, la cloche sera fondue.. mais celui ou celle qui arrivera à la briser à force de la faire sonner gagnera une éoemet somme d'argent. ce qui dot arriver arrive, les gens se succèdent jour et nuit pour sonner la cloche au points que les moines n'en peuvent plus et la jettent dans un marécage. Impossible de la sonner, mais les japonais ne manquent pas d'astuce, ni ce superstition: qu'à cela ne tiennt, toyt objetc peut devenir symboliquement la cloche, ils façonnent donc plein d'objets variés pour les casser, déclarant que c'est la cloche, symboliquement, en éprant être chacun l'élu du fantome de la femme: le tintamarre continue de plus belle.
Une histoire plutôt originale, mais d'une narration assez étrange, qui part en tout sens. Peut-être est-ce la traduction depuis l'anglais qui est en cause.
Un furisode aux couleurs particulièrement ardentes |
- Le grand incendie de la robe aux longues manches: un furisode ( titre original), kimono à longues manches. Lors d'une fête une femme voit un samourai aux vêtements de couleur éclatantes. L'homme autant que le vêtement lui plaisent beaucoup. Mais impossible de retrouver l'inconnu! Dans l'espoir d'attirer son attention, au cas où elle le rencontrerait à nouveau, elle se fait confectionner un kimono tout semblable à celui du monsieur, le porte souvent, et prie devant lui en esprant se concilier les dieux. Mais malgré tous ses efforts, elle ne le revoit pas, et meurt soudainement. Le vêtement précieux donné au temple est vite revendu: tutes ses propriétaires succèsisvent meurent le jour même où elles décident de le porter, après avoir déclaré êtres hantées par le fantôme d'un bel homme. Pour purifier le vêtement, le prêtre décide de le brûler. Mais iprégné de la passion de la dame, le vêtement brûle.. envoyant des éctincelles dans tout le quartier, qui se répandent partout en ville, déclenchant le " grand incendie du kimonon à longues manches" ( à Tokyô en mars 1657). Un incendie de deux jours, tout à fait réel, et rvraisemblablement causé par le rituel de purification d'un furisode maudit. 65% de la ville a été détruit. Une manière radicale de déclarer sa flamme à quelqu'un!
Le "furisode" que tu présentes est particulièrement beau !! J'ai dû louper un épisode, pourquoi présente tu des morceaux d'un ouvrage ?
RépondreSupprimeren fait, j'ai présenté tout l'ouvrage mais divisé en 4 parties, parce qu'il contient des nouvelles/ récits groupés par thématiques. Et parler de tous en une seule fois aurait rendu le sujet très, mais alors très long. Les autres parties sont lisibles ici aussi, numérotées de 1 à 4 :)
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