qui vient ici?

Flag Counter

samedi 9 avril 2016

Princesse Mononoke ( long métrage animation)

Devinez quoi? Pour mon anniversaire, mon nouveau cinéma favori m'a offert une double soirée:
Princesse Mononoke et Le voyage de Chihiro. Ouaip, les deux films pour le prix d'un ;) La classe ultime non?
Le hasard qui fait bien les choses, dans mon ancienne chambre ( la nouvelle n'est pas finie d'installer) j'avais 2 décors liés aux studios Ghibli: une mini affichette du voyage de Chihiro récupérée dans une magazine et un puzzle "princesse Mononoke" représentant San et son loup, ramené en souvenir de mon premier voyage au Japon.

Bon, ce n'est qu'une coïncidence qu'une telle programmation tombe pile le lendemain du jour en question, mais vous vous doutiez bien que pour célébrer l'événement, je n'allais pas louper l'occasion de me faire ce petit cadeau personnel. Et d'entraîner avec moi quelques membres de ma famille et potes.

Donc, Chihiro, je l'ai revu en janvier dernier en DVD, mais ça fait toujours plaisir de le revoir sur grand écran. Il y a des films dont on en se lasse pas. Bon j'aurais ben aimé avoir par exemple le château dans le ciel que, pour le coup, je n'ai jamais vu sur grand écran, mais, je sais de source sûre ( les gens du ciné, avec qui j'ai parlé l'été dernier lors de la programmation de Porco rosso) qu'à moyen terme, ils espèrent diffuser tous les longs métrages de Miyazaki. Pour Takahata, je ne sais pas par contre.

Cependant, je ne vais pas  re chroniquer Chihiro, le sujet correspondant est là. 


Princesse Mononoke, je ne l'avais jamais revu depuis sa sortie en fait, mais si les détails m'avaient échappés, je me souvenais bien dans les grandes lignes du héros et se sa malédiction, de San la fille des bois et ses loups, et de dame Eboshi. Et surtout des sylvains (kodama en vo), ces petites créatures aux allures de minis fantômes étonnés.
...et qui font un bruit de grelot en secouant la tête. Comment ne pas les trouver sympathiques?

Mais comme je n'avais pas trop creusé le sujet " légendes japonaises" à cette époque, beaucoup de choses m'avaient échappées et ce n'était pas de trop de le revoir.
On y retrouve non seulement les légendes ( des animaux géants, des dieux plus ou moins néfastes, la forêt et ses mystères..) mais aussi le côté écologiste cher à Myazaki sensei.
Le sanglier qui blesse Ashitaka au début du film est un animal géant, qui vivait en paix dans une forêt mythique, jusqu'à ce qu'ils se transforme en dieu maléfique après avoir été chassé et blessé par les humains. La seule solution pour essayer de se débarrasser de la malédiction, d'après la chamane du clan d'Ashitaka est d'aller trouver le mythique Dieu Cerf, qui seul pourra agir en sa faveur.. enfin, s'il le veut bien. Ce qu'Ashitaka va découvrir est une situation bien compliquée: les humains du coin veulent en fait prendre possession de la forêt pour y exploiter des mines de fer, rendant fous de rage les esprits qui l'habitent.. et provoquant par retour leur propre destruction.

J'avais oublié à quel point ce film pouvait être philosophique: le dieu cerf est à la fois le dieu créateur et destructeur, la vie et la mort, le jour et la nuit... C'est une vraie guerre qui s'y livre entre nature et culture.

Car dans le fond il n'y a pas de bon ni de mauvais dans cette histoire qui n'est absolument pas manichéenne. Dame Eboshi est à ce titre un personnage très intéressant, une femme forte comme on en trouve souvent chez Miyazaki: en tant que maîtresse des forges, elle fait détruire la forêt pour exploiter les mines et en chasse sans état d'âme les habitants, ce qui a priori la classerai du côté des êtres néfastes, comme le pense Ashitaka lorsqu'il la rencontre.

Oui mais.. Elle use de sa position sociale pour améliorer le quotidien de ses semblables, qui auraient probablement mené une vie miséreuse sans son soutien: anciennes prostituées ou femmes vendues par leur familles pour le devenir, malades.. à qui elle a appris à se défendre afin qu'il puissent résister aux attaques des samouraïs du secteur, toujours plus nombreux, qui convoitent les forges...
Pour elle comme pour les gens qui y vivent, les forges sont un lieu de travail, de travail difficile mais honnête et respectueux avec des employés nourris, logés, soignés. Pour les assaillants, les forges ne sont qu'une source de revenu facile dont il sera facile d'exploiter les ouvriers.
Or pour garder son indépendance, il faut produire de quoi subsister et aller le vendre, donc, forger du fer et fabriquer des armes, pour forger du fer, il faut du charbon, pour avoir du charbon., il faut exploiter la forêt, et en exploitant la forêt à outrance, on finit par provoquer un désastre écologique. Même avec de bonnes intentions au départ.

Bien difficile dans ce cas de trancher entre le bien et le mal...
Ca c'est dédié à tout ceux qui pensent que " se battre comme une fille " est quelque chose de négatif.

Personnellement je trouve Eboshi bien plus intéressante que San, la sauvageonne élevée par les loups. Tatata, je vous entends râler d'ici là, alors je m'explique.

En fait ce genre de personnage me pose toujours un problème, qui était déjà le même avec Mowgli dans le Livre de la jungle: je n'arrive pas à faire abstraction de quelques choses qui me chiffonnent: comment Mowgli a-t-il  inventé la coupe au bol et le slip? Sérieusement, il devrait avoir la tignasse du de Capitaine caverne et ne pas être préoccupé de se promener à poil au milieu de bêtes.. ben.. à poils aussi
Abandonnée dans la forêt alors qu'elle n'était qu'une toute petite fille, San a appris à parler ( là encore je veux bien, ce ne sont pas de "simples" animaux mais des dieux et des esprits dont pourquoi pas), se considère comme une louve à part entière et est considéré comme sa fille par Moro la louve, mais comme une humaine par les autres autres animaux ..

Question? C'est la louve qui lui a appris à coudre? Parce que non seulement elle porte une robe pas très pratique pour la chevauchée à dos de loup ou la baston ( alors que  logiquement elle devrait ne pas se soucier de trucs comme " fille = jupe, garçon = pantalons"), mais répare parfaitement l'accroc à la chemise d'Ashitaka. Je rappelle à toute fin utile qu'elle a été abandonnée dans sa prime enfance, probablement même avant ses 2 ans. Et pourtant, elle sait instinctivement ce que sont des boucles d'oreilles et un collier? Et sait coudre?
sisi, regardez, on voit parfaitement la réparation faite sur le pan gauche de son vêtement. D'ailleurs au delà du problème posé par le fait qu'une sauvageonne sache coudre, j'avoue que j'apprécie que ce détail de réparation ait été gardé par la suite. Dans combien de films, pas forcément animés, on voit ce genre de faux- raccord? Non, la réparation y est et y restera jusqu'à la fin.

Alors oui, je sais, je pinaille, mais j'ai vraiment du mal avec ces personnages sauvages qui s'avèrent maîtriser parfaitement les codes de la civilisation. Alors même que San la fuit, refuse son identité humaine ( ses doutes à ce sujet sont d'ailleurs un des thèmes du film). enfin, au moins la fin évite de la faire sombrer dans la guimauve donc déjà c'est un bon point. Je n'ai pas dit que je n'aimais pas le personnage, juste que je la trouve un peut moins intéressante qu'Eboshi, et que du coup, bah, les invraisemblances à son sujet me crèvent un peu les yeux.
Et puis au final,  les deux femmes se ressemblent au niveau caractère, Eboshi a juste su canaliser une violence que San n'a pas encore appris a maîtriser, mais les deux sont des battantes qui tiennent à leurs idéaux, pas forcément opposés d'ailleurs. Il suffiraient d'ailleurs d'un rien pour qu'elles trouvent un terrain d'entente mais ni l'une ni l'autre ne semble y être disposée.
J'ai l'impression qu'elles sont juste deux facettes de la même émotion: la volonté de liberté et d'indépendance, mais aussi la colère: canalisée qui mène à l'action organisée du côté d'Eboshi, la colère brute du côté de San qui met du temps à comprendre qu'on est plus fort à plusieurs que seule et fonce dans le tas tête baissée.

D'ailleurs même si le titre du film l'évoque directement, ce n'est pas paradoxalement le personnage principal, parce que la bonne, la très bonne idée du scénario c'est de donner la parole, à tous les sens du terme, aux esprits de la forêt ( ce qui donnes des dialogues assez savoureux lorsqu'un sanglier gigantesque se plaint qu'avec le rétrécissement de la forêt, sa harde - composée de sangliers presque aussi gros que lui- soit devenue faible, et ses guerriers sangliers ridiculement petits )
ouaip, ils sont devenus tout petits, vraiment minuscules.

Mais sinon, c'est un anime que je pourrais bien revoir encore à l'occasion, tant il y a de détails, de niveaux de lecture...et là encore je me sens frustrée de manquer probablement un tas de références. Enfin, je pourrais en parler encore pendant des lignes et des lignes, sur l'improbable amitié entre Ashitaka et Yakkuru son euh.. antilope? ( j'avoue je ne sais pas trop de quelle bestiole il s'agit) qui lui sert de cheval mais lui est attaché comme un animal de compagnie aussi fidèle qu'un chien, sur le bonze errant qui est l'inverse d'Eboshi: sympathique au premier abord, mais chargé d'une mission très douteuse et fortement intéressé par l'or.

Ho, et puis, se déplacer à dos de loup géant c'est quand même la classe. Bon pas autant que voler à dos de dragon ( et d'ailleurs la programmation de Chihiro tout de suite après fait ressentir une grosse parenté graphique entre les loup et le dragon, ils ont comme un air de famille)
Du coup, même si j'aime énormément Princesse Mononoke, je garde quand même une préférence pour Le voyage de Chihiro
En tout cas j'espère que ce tout jeune cinéma nous proposera encore ce genre de soirées de grand luxe, à prix abordable: 10 €  la soirée, ça n'est pas excessif!

D'ailleurs j'y ai croisé plusieurs des assistantes de mes cours de japonais, l'une d'elle m'avait dit qu'à 8 ou 9 € le film, le cinéma en France était "bon marché", alors que je trouve ça très cher par rapport à quelques années en arrière.  Renseignement pris, une séance de cinéma à Tokyo fait facilement 1800 Yen donc, selon les cours du moment, entre 15 et 18 €! Du coup, ça ne m'étonne pas qu'elles aient profité de l'aubaine pour aller les voir en vo sur grand écran pour si peu cher.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire