Pas l'animal fantastique version farceur qui se métamorphose pour jouer de vilains tours aux humains, non, le renard dans son rôle de messager d'Inari, divinité des céréales et par extension de la fertilité, de la prospérité, etc. On en parlait hier.
Makoto Saeki ( tiens Makoto, comme la sorcière de la précédente série) est une lycéenne à peu près normale, à ceci près qu'elle vit dans un sanctuaire shintô avec son père, prêtre plutôt sympathique et farfelu ( le concept de prêtre shintô est bien différent de ce que le mot suppose a priori pour les français. Les prêtres shintô comme les moines bouddhistes - de certains courants- peuvent avoir une vie sociale et familiale en dehors de leur fonction religieuse.
Makoto s'est fait une petite réputation auprès de ses camarade de classe: elle serait douée d'un don de prédiction particulièrement précis.
Les prédictions sont le fait de Gintarô, le messager du sanctuaire, un renard géant qu'elle seule peut voir, même son père n'a pas cet honneur. Il connaît son existence, mais ne le voit pas.
Gintarô est donc le renard messager des dieux, et Makoto son interprète, fait le lien entre le monde terrestre et le monde spirituel.
Satoru, fils d'un ami du prêtre Saeki, adolescent à la jeunesse difficile et au caractère fuyant qui va être hébergé pendant quelques temps par le trio, marque la fin de la tranquillité de Gintarô. Non seulement Satoru est doué de la même capacité de vision que Makoto, mais il n'arrive pas seul. Il est suivi comme son ombre par Haru, minuscule renarde venue de son sanctuaire d'origine, au tempérament explosif, qui lui voue une amitié sans failles et ne le lâche pas d'une semelle
Car ce joli dessin animé est avant tout une histoire d'amitié. Celle, qui commençait mal pourtant, entre Makoto et ses copines Yumi la chef de bande, et Hiwako, la fille de bonne famille, et aucune n'a vraiment une vie facile: Makoto est orpheline de mère, Yumi n'a pas de très bonnes notes et un avenir professionnel compromis, Hiwako est la fille d'un politicien toujours en campagne qui la délaisse et d'une maîtresse de cérémonie du thé ultra stricte.
Du côté de Satoru, ce n'est pas mieux: dépossédé par son oncle et sa tante qui veulent faire main basse sur le sanctuaire dont il est l'héritier ( auprès des dieux mais aussi légalement), peu sociable, il n'a aucune confiance en lui ni dans les humains et son seul contact est Haru. Or, donner l'impression de parler seul n'est pas le meilleur moyen de socialiser.
Et du côté des kitsune, il va falloir aussi cohabiter, chacun a noué une relation amicale quasi exclusive avec SON humain, et voit d'un assez mauvais oeil cette obligation de devoir non seulement en supporter un deuxième, mais également partager la place avec un intrus.
Et surtout quand l'un des deux est encore un renardeau gaffeur d'à peine 80 ans! |
Et c'est l'occasion d'une petite virée dans la tradition shintô, et ses divinités. Car il y a Inari, mais pas seulement.
Il y a un nombre incalculable de kamis, divinités et esprits représentant la plupart du temps des phénomènes naturels, des animaux, des lieux, des concepts... L'un des plus connus, à part Inari est Amaterasu, déesse du soleil, ancêtre légendaire des empereurs japonais ( si on prend tous les rois, reines, empereurs, pharaons, incas et autres qui sont supposés descendre d'un dieu ou d'une déesse du soleil depuis que le monde est monde, ça fait une sacrée famille)
Et donc toutes ces divinités on des messagers, pas seulement les renards. Dans le dessin animé on voit aussi des komainu ( chiens-lions), une tortue, des singes...
Deux komainu , simplement surnommés " gauche "et " droite" |
en effet, ils sont bien proches de leur version statue de sanctuaire |
les singes sont.. remuants et farceurs comme des singes |
Je ne suis pas pratiquante d'une quelconque religion que ce soit, mais j'aime bien cette idée. Le shintô est en fait un culte très ancien, qui tient un peu du polythéisme avec sa myriade de dieux, déesses, divinités...et du chamanisme ( on peut voir dans les sanctuaires des rochers ceinturés de cordes, des arbres.. pour délimiter l'espace sacré de l'esprit qui les habite, et signaler qu'il ne faut donc pas les déplacer ou les couper, pour ne pas fâcher l'esprit... et s'attirer une malédiction.
Oui, autant les cultes monothéistes, autour d'un dieu unique, parfait omniscient, ne me parlent pas, autant révérer les éléments et la nature, ça me parle. Ne serait-ce que pour rappeler aux gens qu'on vit en symbiose avec la nature, ou qu'on devrait si l'on a un peu de bon sens, et que trop s'en éloigner et ne pas la respecter risque de nous tomber sur le coin du citron un jour où l'autre. Ce genre de concept qui a plus où moins disparu en Europe, mais reste encore ancré dans un pays soumis aux volcans, tremblements de terre, raz-de-marée. Prier les dieux n'y changera rien on est d'accord, mais s'il faut en passer par " ne provoque pas le kami de la montagne en allant habiter au pied de la falaise" pour éviter d'avoir un village entier rasé par un éboulement, c'est une manière comme une autre d'éviter du dégât. Peut être plus efficace que de prévenir " attention danger", les humains étant ainsi faits que l'appel au bon sens marche moins que la menace d'une vengeance des dieux...
Dommage en tout cas, la série est tirée d'un manga seinen en 11 tomes et ne fait que 13 épisodes. Peut être n'a-t-elle pas eu assez de succès pour être poursuivie. Elle date de 2013 et rien n'est annoncé, donc, vu la vitesse à laquelle les séries se succèdent à la TV japonaise, peu de chance d'avoir une suite un jour. dommage parce que plusieurs pistes lancées au fil des épisodes ( Satoru se fera-t-il des amis? Makoto et ses copines vont-elle concrétiser leurs projets professionnels?Qu'est- devenu Kinjiro, l'autre kitsune du temple?) ne sont pas conclues. Le dernier épisode est une fin ouverte qui laissait supposer une suite possible.
Du coup, autant la série est bien,autant on reste un peu sur sa faim, avec une sensation d'inachevé. Et c'est bien dommage.
Enfin c'est ma grande spécialité, d'apprécier quelque chose.. et d'être déçue, soit parce que l'édition française s'arrête en cours de route, soit parce que, pire encore, l'édition originale s'arrête en cours de route.
Ca reste assez mignon cette année le mois o bon.. c'est pas normal, va falloir que je réagisse!
C'est vrai...tu te kawaises de plus en plus!!!
RépondreSupprimerdisons que la thématique fantastique et yokai est quand même là... mais attends le sujet sur macabre et érotisme, je le garde pour le dernier jour.
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