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mercredi 12 avril 2017

Sengoku chôjû Giga ( série d'animation)

Attention encore quelque chose de totalement bizarre, tant pour son sujet que pour son graphisme qui arrive avec du neuf avec du vieux. Et même du très vieux en l'occurrence

Cette série animée composée de courts épisodes met en scène des personnages historiques de l'époque Sengoku ( XV°-XVI°) caricaturés à la façon des Chôjû Giga, une série de rouleaux du XII°-XII° siècle, qui déjà, parodiait les personnages de son époque - moines, sumos, seigneurs, colpoteurs, etc.. - sous forme de petits animaux: des lapins, des singes et des grenouilles, en particulier.. dans des activités aussi variées que la lutte, la prière, un cortège funéraire, la baignade à la rivière par exemple.


une grenouille en position de statue de Bouddha


J'ai eu l'immense chance de voir ces rouleaux exposés lors d'un de mes voyages à Kyôto , tant pis pour les deux heures de queue, ce sont des trésors nationaux fragiles qui ne sont pas exposés très souvent en intégralité, et franchement ce sont des pièces magnifiques à l'encre noire sur papier, un véritable manga médiéval ( le terme manga n'existe même pas, mais le "ga" de giga est le même caractère  " image". qui se trouve aussi dans " eiga" = film ou cinéma)
lutte sumo version batracienne
la nage dans la rivière



Déjà l'an dernier les studios Ghibli avaient réalisé un court métrage reprenant et animant ce trésor national pour une campagne publicitaire d'une compagnie d'électricité, si je ne me trompe pas, c'est loin d'être évident:






Je n'ai toujours pas installé les kanas sur mon ordi, mais au passage un peu de vocabulaire:
Usagi = le lapin
Kaeru = la grenouille
Nezumi = la souris
Fukuro = le hibou
Saru = le singe

C'est de ce dernier dont je vais reparler un peu plus loin.

Et donc, animer ce prototype de manga était plutôt évident, mais n'avait pas vraiment été fait au delà de cette campagne publicitaire.
La série Sengoku Chôjû Giga reprend donc le principe mais en le transposant: cette fois, les animaux représentent des personnages réels, identifiés ( Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi, Tokugawa Ieyasu, Date Masamune) avec un dialogue tout à fait contemporain, mais un code graphique médiéval.




Pour faire simple, imaginez un dessin animé français mettant en scène François I° et ses contemporains, caricaturés dans le style des tapisseries de la dame à la licorne, par exemple, et avec le même décalage temporel de dialogues que Kaamelott. Vous y êtes.

Et donc tous ces personnages historiques sont représentés qui comme Tanuki, qui comme Kappa, qui comme oiseau, qui comme tigre ou comme singe, etc...

Donc évidemment, n'ayant pas une connaissance très poussée de cette période, j'ai du mal à saisir quelques subtilités qui sont probablement des jeux de mots: le daimyô Nobunaga est représenté comme un oiseau un peu bas de plafond, et  Toyotomi Hideyoshi comme un singe.

Pour le singe, au moins je connais la raison: Le vrai Hideyoshi était surnommé " le singe" ou "tête de singe" car il était réputé être très moche ( surnom qui lui était d'ailleurs donné par l'ami Nobunaga au servive duquel il travaillait), et plus tard de manière plus valorisante pour mettre en avant sa ruse ( car.. malin comme un singe. Moche, mais futé, puisqu'il a réussi à devenir un des hommes les plus influents de son époque alors qu'il était fils de paysan).
Je trouve qu'il ressemble de manière frappante à la marionnette de Ah-que-Johnny des guignols de l'info. Sifflez, j'men fous.


Date Masamune est un dragon doté d'un bandeau de pirate (et effectivement le personnage historique était surnommé " dragon borgne"). il y a donc une logique dans la représentation, même si je ne connais pas la raison qui fait de Nobunaga un oiseau, un coucou exactement, et de Ieyasu un tanuki, je n'ai pas trouvé de mention de tel surnom après une petite recherche sur le web. Donc peut être une allusion à une réputation quelconque de ces animaux en fait?
En tout cas il est quand même fait mention  de Mori Ranmaru ( ici, un autre oiseau)  que tout le monde s'accorde à trouver " super louche" . Et de fait, l'authentique Ranmaru était le garde du corps de Nobunaga. Les ragots de l'époque disent que c'était une garde rapprochée. Très rapprochée. Sans être forcément illégales, ces choses là n'étaient pas vraiment bien vues à l'époque non plus, surtout quand on fricote avec quelqu'un qui a 30 ans de moins.

Après, la série fait 13 épisodes ( pour la 1° saison, une suite est en cours) de quelques minutes, c'est donc un format court. J'ai presque envie de dire heureusement , parce que c'est la les limites pour le spectateur qui n'a pas une connaissance de base sur l'histoire japonaise ( et j'avoue totalement de grosse lacunes sur l'histoire du Japon classique): si la forme est agréable, il faut je pense avoir déjà une idée des lieux, personnages et événements parodiés, pour justement saisir la parodie. Ce qui est surement le cas du spectateur japonais lambda qui a du apprendre les grandes dates à la primaire, au même titre qu'un français saura facilement à quoi font référence les dates 1515 ou 1789, même s'il a oublié les grandes lignes de la période en question.
Là... je nage un peu, et du coup, sans connaître l'élément d'origine difficile de saisir vraiment la parodie, sauf dans les épisodes plus axés "comique de situation". et ce d'autant que les épisodes ne se suivent pas chronologiquement, deux épisodes successifs peuvent être séparés de plusieurs décennies, puis le suivant reviendra en arrière.

Alors intéressant, oui, parce qu'il m'a fait parler du Chôjû Giga, déjà et parce que la frustration me donne envie d'en savoir plus sur la vraie histoire. Mais en effet, frustrant quand on manque des notions de base et qu'il n'y a pas de suite narrative suffisamment marquée. Dommage, l'idée me plaisait bien, mais je nage vraiment. Si j'ai l'occasion d'ici là de me renseigner sur l'histoire "sérieuse", un jour peut-être je pourrais en apprécier la parodie, mais là, je n'ai tout simplement pas les clefs nécessaires.
Journée spéciale " le Japon historique"

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