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dimanche 6 avril 2014

Métaphysique des tubes - Amélie nothomb

Un livre que je viens de lire pour un challenge belge sur mon autre blog, mais dont je parle aussi ici, car il se passe au Japon, à Kobe exactement, et fait référence à de nombreux aspects de la culture nippone ( même si le Koinobori n'est jamais appelé par son nom alors qu'elle mentionne d'autres mots en japonais dans le texte). Bienvenue au Japon vu par une belge.
des koinobori


Que je vous explique.. Amélie Nothomb, ça n'a jamais été mon fort. a un moment, je sortais avec un gars qui en était absolument fan et m'avait offert plusieurs de ses livres, en espérant peut être que le nombre me convaincrait.. De mémoire, j'avais plutôt apprécié " brillant comme une casserole", un recueil de nouvelles, mais je ne me souviens plus maintenant de quoi que ce soit, c'est déjà mauvais signe. "Attentat", l'histoire d'un type moche qui devient faire-valoir dans une agence de mannequins pour que sa laideur fasse ressortir la beauté des filles, mouais, l'idée était originale, mais je n'avais vraiment pas accroché au style. Quand à " cosmétique de l'ennemi" je m'étais vraiment demandé où elle voulait en venir, j'ai juste le souvenir d'une lecture longue et ennuyeuse avec un personnage qui se dit janséniste et qui casse les pieds à un autre, dans un aéroport, ou une gare, pendant que l'autre se bouche les oreilles. Il y a une seule expression pour exprimer ce que j'ai ressenti et c'est " portenawak!". 3 essais, 2 ratages et demi, j'ai jeté l'éponge.

Cette semaine, il y avait une opération de collecte pour "bibliothèques sans frontières" chez moi il me restait encore cette Métaphysique jamais lu. J'ai hésité à l'ajouter à mon paquet à donner, et puis.. ben c'est le mois belge, alors je vais lui donner une chance, une ultime chance.

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et le résultat est
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Portenawak! Là aussi, le livre est court, et c'est une chance, mais même là j'ai rarement trouvé que 150 pages pouvaient être aussi longues.
Déjà, on commence avec des considérations sur Dieu, sa nature de tubes. Puis on comprend que le "dieu " de l'histoire est un enfant, qui vient de naitre et qui comme tous les enfants, ne fait que manger et dormir. La différence c'est que celui-ci, surnommé "la Plante" par ses parents, ne fait vraiment rien d'autre: il ne braille pas, ne bouge pas, ne tente pas de se lever.. et ça dure ainsi jusqu'à l'âge de 2 ans. La plante n'est qu'un tube digestif. Bizarremment les parents s'en inquiètent un peu, mais pas franchement plus que ça. enfin, je ne sais aps, j'aurais quelqu'un dans ma famille d'aussi inerte, je le ferai quand même examiner sous toutes les coutures jusqu'à ce qu'on trouve ce qui cloche. Mais là, non : "votre enfant est un légume" .. ha bon, très bien, les deux aînés sont remuants ce n'est pas plus mal.
Puis "la plante" se réveille, et devient l'inverse : une chose braillarde et intraitable, insupportable pendant 6 mois, jusqu'à ce qu'une grand-mère trouve le remède miracle: du chocolat ( oui, je le souligne car c'est le seul passage à peu près sympathique de l'histoire, je suis aussi adepte de la chocolatothérapie en cas de rogne!).
S'ensuit une description minutieuse de la vie de "la plante", devenue vivante, qui philosophe dans sa tête: il s'agit des souvenirs d'enfance d'Amélie, petite belge née et élevée au Japon, exactement comme Amélie l'auteur, qui prétend se souvenir de tout, raconter SON histoire, tout en disant que la vraisemblance n'a pas d'importance. Et en effet, il faut vraiment mettre le bon sens au placard arriver à accepter qu'entre février et Avril de la même année, Amélie qui n'a jamais dit un mot choisisse soigneusement dans sa tête les premiers mots qu'elle va dire, puis parle couramment japonais et français, qu'elle apprenne à marcher , à nager, à jouer à la toupie et encore d'autres choses.. en 2 mois. Honnêtement, je me fous totalement de savoir si une histoire est vraie ou pas ou en partie, je m'en fiche totalement, du moment qu'elle est crédible. Or là, ça ne l'est pas.

J'ai trouvé: en fait Amélie doit être un des gamins du "village des damnés", je ne vois que ça. D'ailleurs sa photo de couverture le confirme! Trêve de plaisanteries, si ça passe a peu près bien dans une récit de SF, ça devient carrément ridicule dans une " autobiographie" même très romancée. Non, parce qu'entre temps on a droit aux monologues intérieurs métaphysiques d'Amélie, 2 ans et demi, qui se prend pour dieu, puis pour Jésus, puis pour une déesse, qui nous explique pourquoi elle déteste les carpes qu'elle trouve moches. La 4° de couverture nous parle d'un récit incisif lucide et drôle,  je le trouve pour ma part creux, autosuffisant et ridicule. Alors oui, je sais je vais avoir droit à des "haaa mais t'as rien compris, c'est génial en fait". Ben non, voilà mon ressenti. Et pourtant j'ai quand même trouvé ce récit ultra nombriliste légèrement plus intéressant qu'Attentat ou Cosmétique, parce que ça se passe au Japon  et qu'il y a quelques mots japonais, que ça fait référence à des endroits que j'ai vus, donc au moins sur ces passages j'ai pu entrer dans l'histoire. En fait, ça devient à peu près intéressant quand elle arrête enfin de se regarder dans le miroir pour parler des autres, car la petite Amélie a finalement une relation très proche avec sa soeur aînée, alors qu'elle a du mal à s'entendre avec son frère, et une relation très mignonne avec la domestique japonaise ( on est quand même dans une famille riche, le père est consul), qu'elle a pris en affection. Alors pourquoi faut-il qu'elle casse ces passages agréables par des considérations gonflées de vanité et d'orgueil? Est-ce qu'elle cherche réellement à se faire passer pour une espèce de monstre? C' aurait pu être intéressant, si ça avait été fait avec plus de subtilité, là c'est juste très pénible.

Au tout début du roman, elle se décrit comme un tube, au travers lequel tout passe, sans lui créer la moindre réaction, la moindre émotion ou le moindre plaisir. Et c'est exactement comme ça que j'ai ressenti le livre: pas difficile à lire, mais creux au point que demain, la semaine prochaine ou le mois prochain, il ne m'en restera rien.
Donc malgré l'ambiance japonaise, désolée Amélie, j'en resterait là, je n'aime vraiment ni ton style, ni tes procédés narratifs, tu ira donc rejoindre la prochaine collecte, peut-être que quelqu'un d'autre saura apprécier, si j'en crois les commentaires ici et là, il y a un gros noyau dur de fans, mais pour moi, dorénavant je passerai mon tour.

Un autre passage qui m'a paru bizarre et que je mentionne seulement ici: la dispute des deux servantes japonaises dans la cuisine: l'une est jeune, tranquille et bienveillante, issue de la société populaire, l'autre a la cinquantaine, vient d'une grande famille déchue et déteste tous les occidentaux en bloc. Et les deux la jeune et la vieille, la pauvre et la riche se disputent vertement dans la cuisine de leur employeur, de manière peu crédible en fait, car la jeune répond " insolemment" ( ou au moins ce qu'on pourrait considérer comme insolent envers une aînée de meilleure famille qu'elle surtout en 1970). Il y a là quelque chose qui ne colle pas.
Ca me fait penser à quelqu'un que je connais, qui vit et travaille au Japon depuis des années et qui se réfère à Amélie Nothomb toujours sous le terme " la mytho", en référence à sa peinture du monde du travail dans Stupeur et Tremblement ( je suis obligée de lui faire confiance, je ne l'ai pas lu, et je n'en ai pas envie), qu'il trouve complètement erronée et peu crédible, taillée de manière à correspondre aux clichés des occidentaux.

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