qui vient ici?

Flag Counter

jeudi 1 avril 2021

Kamigami no asobi (série d'animation, 2014)

 Donc voilà, puisque j'en parlais au sujet de Tsukimi, en mentionnant brièvement cette série, qui n'avait pas eu droit à son sujet, bien qu'elle a été une bonne surprise, il est temps.

La série date de  2014, et adapte vaguement le sujet d'un jeu vidéo de drague: une humaine est envoyée dans un monde peuplé de dieux et va devoir en draguer un ou plusieurs - J'avais vu lors d'un voyage au Japon les affiches et publicités énormes pour ce jeu, qui venait de sortir. Le temps de déchiffrer les kanas des noms des personnages, de comprendre qu'il s'agissait d'un otome game sur la mythologie...  J'ai piqué un tel fou rire dans le magasin que j'ai couru aux toilettes pour pleurer de rire. Oui oui, tant ça avait l'air cliché.Ce n'est que le lendemain que j'ai pu, en me préparant mentalement, lire le titre sans memarrer à nouveau. "Kamigami no asobi": le jeu des dieux.

Et donc quand j'ai vu une adaptation en anime, je me suis dit " haaa mais c'est le concept qui m'a valu un fou rire mémorable".

Mais je ne parlerai pas ici du jeu en lui même que je n'ai pas testé.

La série animée a eu la bonne idée de s'éloigner du bête concept de "jeu de drague! on colle une fille aléatoire et sans personnalité dans un groupe de gars qui vont rivaliser d'ingéniosité - ou de harcèlement sexuel -pour se la taper, vu qu'elle est la seule célibataire du coin, et pour tout dire la seule personne de sexe féminin du coin..." pour se concentrer sur une version divine d'"Esprit rebelles": une bande de racailles immortelles doit apprendre à respecter l'humanité tout entière, et c'est pas gagné.

Dans ce genre d'adaptation d'un jeu de drague, il y a eu le consternantissime " Diabolik lovers" qui reste à ce jour le pire navet d'animation (d'un point de vue scénario) que j'ai vu. C'était il y a 6 ans et je me souviens encore de la nullité absolue de ce truc.

Bonne chose, Kamigami est l'anti- Diabolik Lovers, sur un scénario qui s'annonçait pourtant aussi mal parti que possible : une humaine se retrouve coincée pour une raison quelconque dans un lieu peuplé d'immortels. Des dieux cette fois.
Donc, il y avait tout pour partir en sucette, d'autant que l'héroïne s'appelle également Yui, comme celle de Diabolik, mais divine surprise (oui j'ai osé), elle se bouge et personne ne va tenter de la manger.

Et pourtant, sur le papier, le mélange "mythologies du monde et comédie lycéenne" était hautement aléatoire et annonçait un foirage totale.


Donc Yui, une lycéenne japonaise tout ce qu'il y a de plus normale, se retrouve transportée dans un monde étrange par le biais d'un artefact magique. Du classique, jusque là.

Mais déjà, Yui, contrairement à pas mal de ses consoeurs d'animations a une vie, des amis, des loisirs , une famille. Et une fois transportée dans un lieu qu'elle ne connait pas, sa première réaction est LO-GI-QUE: une fois établi qu'elle est vivante et entière, elle va chercher du réseau sur son téléphone pour essayer de se géolocaliser et d'avertir sa famille, les secours, bref, de faire quelque chose autre que chougner.
Et devant l'impossibilité de se situer, essayer de trouver d'autres gens et de leur parler pour voir s'ils peuvent lui donner des indices dans sa quête sont aussi paumés qu'elle.
Et donc elle va rencontrer tour à tour un paquet de types bizarres, plus ou moins collaboratifs, qui n'ont pas plus qu'elle la moindre idée de ce qu'ils font là. 

Et elle comprend quand même que quelque chose n'est pas normal quand elle voit dans le ciel une île flottante ( pas le dessert, plutôt digne d'un tableau de Roger Dean) et Pégase.
Oui, le cheval volant de la mythologie grecque.
et
donc, ce qu'il se passe: Zeus, LE zeus ( sous l'apparence d'un petit garçon tout mignon mais très égoïste) va rassembler tout le monde et s'expliquer à peu près dans ces termes:
 Je m'ennuyais alors j'ai trouvé un moyen de me divertir en pourrissant la vie des autres
Yui tu es une terrienne tout ce qu'il y a de plus banal, un échantillon parfait de médiocrité humaine.J'ai donc décidé de faire de toi l'instructrice d'une bande de racailles de niveau olympique. Ce sont tous des dieux avec un gros gros problème mental et /ou relationnel. A toi de leur faire comprendre ce que sont les humains, leur valeur collective - même si ce sont des connards individuellement - et à convaincre tous ces jeunes glandeurs de dieux que les humains ne sont pas des jouets (enfin sauf pour moi). Tu as une année scolaire pour leur apprendre l'humilité et la compassion. Si tu rates, vous serez tous coincés ici pour l'éternité. Pas de souci, leurs pouvoirs sont scellés, ils ne pourront rien te faire, moi par contre je peux cramer la tronche de tout le monde en un claquement de doigts, donc filez tous droit.


Bon, on l'a dit, tous sont complètement tarés un peu indisciplinés.
Du côté de l'équipe grecque nous avons Apollon (con comme un verre à pied, et qui surnomme l'héroïne " madame la fée", dragueur comme, ben le dieu de la beauté, mais qui se prend des râteau à cause de la présence d'un concurrent aux mêmes attributions), Hadès ( qui a du mal a assumer son statut de roi des enfers, et pense attirer le malheur sur tout le monde, bref: être un chat noir), et Dionysos ( qui se fout de tout et ne s'intéresse qu'à cultiver de la vigne où qu'il soit)

Yui et ses amis grecs: Dionysos, Hadès et Apollon. Quand même, quand tes potes sont des dieux, c'est la classe.
Et vous avez vu: elle se marre, personne ne tente de la torturer ou de la menacer, c'est la pause repas entre amis. Et ce n'est pas elle le déjeuner.


Côté mythologie nordique, Balder ( l'équivalent nordique d'Apollon, mais comme il est aimé de tout le monde à cause d'un sort jeté par sa mère, il complexe: personne ne l'apprécie réellement spontanément, pour sa personnalité ou ses qualités, c'est l'effet du sort, trop le seum ) Loki (remuant dieu du feu et meilleur ami- WTF!- de Balder, ça, c'est le gros nawak mythologique, ils sont supposés se détester quand même), et Thor qui ne sert pas à grand chose concrètement.

Et pour l'équipe japonaise, Tsukito le dieu de la Lune (qui y est tout le temps, dans la lune) et Susanoo le dieu du vent, ou de la mer, j'ai un doute. Mais il fait un peu double emploi de "type remuant" avec Loki.
Et donc il va falloir convaincre ces glandeurs de s'allier entre eux pour contrer les plans ridicules de Zeus, qui a apparemment décidé de régenter aussi les autres mythologies, et tout en arrivant à leur faire comprendre qu'il ne faut pas martyriser les humains, que ce sont des créatures sensibles. Un peu comme " écraser les insectes, c'est pas très gentil"

Et on rajoute les deux figurants égyptiens sous employés, Thoth ( bibliothécaire caractériel), et Anubis ( le " toutou", qui ne fait qu'une apparition de quelques secondes par épisode, un cameo, donc)

Choisi ton dieu favori ( bon il manque ici Zeus et Dionysos, et Thor qui n'a pas non plus un rôle important, ça aurait fait trop de grecs et de norvégiens, probablement)

Raisons pour lesquelles c'était une bonne surprise:

- L'héroïne n'est pas 100% molle, a des lignes de dialogues, essaye de trouver des solutions par elle-même plutôt que de chougner à la première difficulté. Quitte à s'opposer frontalement -et à coup de katana- à Zeus. Ou a un dieu qui ne veut pas bouger sur le ton " si ça t'amuse d'être ici c'est ton problème, mais on est dans le même bateau, et là ça devient mon problème, JE veux rentrer chez moi, et pour ça s'il faut que je te traîne par la peau du  biiiiiip , je le ferai. YEEEEES!

- On lui a assigné une tache et elle fait de son mieux pour la mener à bien, dès qu'elle comprend que c'est sa seule manière de rentrer dans son monde d'origine.

- Il y a un scénario qui pioche, même en les distordant, dans les mythologies d'origine des différents personnages. Donc un peu de portenawak pour les mythologues avertis, mais au final, pas plus que la moyenne des films hollywoodiens, capables de vous coller le concept de "péché" judéo-chrétien en pleine Grèce antique. Mais bon on n'atteindra jamais le niveau cosmique de portenawak de Saint Seiya, et pourtant, j'adore Saint Seiya. Doc le n'imp' n'est pas disqualifiant quand il est assumé ( et LE Choc des Titans, version années 80 est un délice malgré une chouette robot totalement anachronique)

- La série a le bon goût d'être tragi-comique et de ne pas se prendre trop au sérieux, sauf lorsqu'elle évoque des passages vraiment liés à la mythologie ( le meurtre de Balder dans la mythologie nordique par exemple)

- Cool, on évite le cliché de caser l'héroïne avec le célibataire le plus probable - ici Apollon- pour se concentrer sur les problèmes personnels ou psychologiques de ces dieux, quand même assez gratinés. On ne parlera pas de l'Apollon mythique, dieu de la beauté et des râteaux - même si ce détail jubilatoire est repris! Apollon se voyant involontairement damer le pion par Balder et sa "malédiction" - mais quand même de base un sacré enfoiré, aussi chaud que papa Zeus. ( sisi, regardez les légendes, il s'en s''est pris un certain nombre de rateaux, soit que la femme qu'il poursuit est fidèle à son mari ou pas du tout motivée pour sortir avec un immortel, se sachant mortelle, soit que le monsieur qu'il poursuit ne soit pas spécialement intéressé par les hommes. Non désolée, c'est un jeu de drague hétéro, on ne pourra pas caser Apollon avec un homme et c'est bien dommage)

- L'anime évite l'autre énorme cliché de faire d'Hadès un personnage négatif, parce que la mort c'est pas bien. De fait, mythologiquement parlant, Hadès est plutôt un dieu pépère, qui s'acquitte de sa tâche comme il peut sans se mêler vraiment de la vie des humains , et au final un dieu bien plus digne que ses deux frères, ce qui n'est pas difficile. Et donc Hadès ne sera pas le personnage négatif qu'on attend, mais un type sympa doté d'un humour du type " blagues carambar", un personnage plutôt marrant avec une passion pour les daifuku à la fraise - oui des petits gâteaux japonais.

 Et donc ça va être une autre piste qui va primer que " collons l'héroïne dans les pattes d'un dieu au pif" et c'est très bien. De plus, sur les derniers épisodes le scénario a la bonne idée de choisir une mythologie, la nordique, et de s'y tenir.

Et en point négatif, c'est assez linéaire: 1°épisode = les présentations, les suivants = un personnage = un problème à résoudre et l'histoire ne commence réellement qu'après la moitié. Sur une série de 12 épisodes, c'est un peu dommage.

Et comme on part d'un jeu de drague, il manque de personnages féminins , on voit quelques filles, ce sont juste des esprits collés là par Zeus pour donner l'impression qu'il y a plus de monde ( pourtant il y aurait pu y avoir quelques déesses, genre Artémis, il y aurait tellement eu de potentiel à exploiter une rivalité entre frère et soeur. Ou Athéna qui aurait pu être dans sa période rebelle contre papa Zeus et chercher le soutien de tonton Hadès)

Et je viens de découvrir que le jeu avait ce personnage. qui n'a pas été intégré à la version animée.
Et là je me dis " quoi, une autre nana? Enfin!!! ouaaah, j'adore son kimono, trop cool"
Erreur. Ce n'est pas une autre nana. C'est un dieu du soleil, encore un, avec Apollon et Balder, ça faisit trop de dieux de la lumière.
C'est vrai que dans le bingo des anime, il manquait ici le personnage travesti.

L'autre problème c'est que comme il s'agit d'une comédie lycéenne on aura droit à tous les clichés de la comédie de lycée japonaise: choix de clubs à rejoindre, bad guy sympa au passé douloureux, pièce de théâtre, nécessité de collaborer entre personnages qui ne peuvent pas s'entendre, fête de l'hiver, personnage maudit (et cette fois, ce n'est pas une image romantico- emo), roi de la maladresse qui s'étale de tout son long à tous les épisodes. Et l'inévitable mascotte-conseiller qui ne sert à rien.
Une sorte de sac poubelle qui parle. Et ce n'est pas une image, c'est vraiment un sac animé fait de déchets. C'est là qu'on se dit quand même que l'anime ne se prend pas au sérieux et a été conçu comme une grosse blague.

Mais le plus gros problème ici c'est : c'est trop court! 13 épisodes d'une vingtaine de minutes pour arriver à présenter tout le monde PUIS développer une trame narrative, c'est très court ( souvenez vous de mon commentaire sur Diabolik, provant que tout est relatif: 13 épisodes de 12 minutes moins les génériques, ça paraissait horriblement long!)
En l'occurrence, les dieux égyptiens présent sont juste des figurants, et c'est bien dommage. On pourrait faire un " où est Charlie" en cherchant les apparitions d'Anubis, qui a réellement un comportement de chien-chien.

Donc une série très courte, pas exempte de défauts, mais qui partait de très loin. Je n'en attendais absolument rien, je l'avais regardée un peu par curiosité, et ça s'est avéré une excellente surprise, une série beaucoup moins basique et couillonne que ce que je craignais, avec de vrais moments de délire, une héroïne qui a plus de nerfs que les autres, et un scénario, même précipité.
Donc pour le côté blague, j'avais conservé ce sujet pour le premier avril, en lieu et place du sempiternel tome du navet pharaonique habituel que je n'ai franchement plus l'envie de me forcer à lire.