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jeudi 27 octobre 2016

Waraningyo, le vaudou japonais

J'en ai touché 2 mots dans le précédent billet, qui était déjà très long, donc je vais développer ici cette technique de malédiction que je ne connaissais pas en détail, mais que j'avais déjà vue illustrée dans plusieurs manga à la sauce humoristique ( un personnage très en colère représenté avec des bougies sur la tête, par exemple dans le manga Switch girl où l'héroïne veut se venger d'une camarade qui lui a causé du tort, ou encore chez Takahashi Rumiko)

Hé bien il s'agit d'une malédiction très ancienne, dans le but d'attirer la maladie ou le mauvais oeil sur votre ennemi, dans les cas les plus softs ou d'espérer causer sa mort en version jusqu'au-boutiste

Comme je suis sympa, je vous l'explique ça peut toujours servir! Par contre c'est très technique et ça va être assez galère à réaliser.. mm dommage ça me serait pas mal utile personnellement en ce moment, j'aurais bien plusieurs boulets à envoûter.

Il faut d'abord se laver les cheveux ( apparemment, on ne peut pas jeter un sort sans shampooing préalable, va savoir pourquoi ), fabriquer une poupée de paille d'apparence vaguement humaine, et préparer7 gros clous.

Warnigyo: poupée de paille
Puis s'habiller de blanc, se mettre un brasero à trois pieds à l'envers sur la tête, et y ficher plusieurs bougies allumées ( comme ça ne va pas être facile à trouver, on peut le remplacer par un foulard noué sur la tête dans lequel on coince les bougies) - là encore, mettre des bougies près de ses cheveux, je crains le pire - se suspendre un miroir autour du cou, chausser des geta à une lamelle:

oui, ça.. et maintenant , il va falloir courir avec ça aux pieds
et courir jusqu'au sanctuaire le plus proche qui accepte ce genre de pratique. Il n'y en a pas des masses. Apparemment le Kifune jinja dans la montagne, à quelques kilomètres de Kyoto en est un. J'y suis passée et ne le sachant pas, je n'ai pas fait attention, je ne saurais dire si ce genre de pratiques a encore cours.

Prendre sa poupée et la clouer à un arbre avec UN clou, entre 1 et 3h00 du matin, en prenant soin de ne pas être vu, tout en maudissant la personne à qui vous en voulez. attention à éviter les chakras, parce qui si votre victime est déjà malade, vous risquez en fait de la soigner involontairement en faisant de l'acupuncture à distance et ça n'est pas du tout le but recherché.

Recommencer pendant les 6 nuits suivantes jusqu'à épuisement des clous, et normalement la victime devrait passer un sale moment ( éviter quand même le clou dans la tête, ça la tuerait trop vite, et là non plus ça n'est pas le but de l'opération)

Waraningyo est en fait le nom de la poupée, la procédure elle même se nomme " ushi no koku mairi" ou " ushi no toki mairi" soit ( "pèlerinage à l'heure du boeuf ", anciennement les heures en Asie correspondaient aux animaux du zodiaque chinois, et duraient deux des heures actuelles. L'heure du boeuf c'est environ entre 1h00 et 3h00 du matin, autant dire en pleine nuit ( the DEAD of the night, l'expression anglaise est bien plus imagée)

Question technique: comment être discret, vêtu de blanc, en pleine nuit,  avec un braséro et des bougies allumées sur la tête, en courant sur des échasses ( ou presque) en direction d'un sanctuaire?

il n'y a pas 7 clous dans les poupées, la procédure a du être simplifiée
Sur le gros papier en bas au milieu, je lis ce qui est probablement le nom de quelqu'un suivi par les caractères " shinu", et sur quelques autres aussi,  là on parle carrément de menace de mort ( d'ailleurs apparemment, si plus personne ne croit que planter des clous dans un mannequin  puisse réellement agir directement sur la santé de quelqu'un, si j'ai bien compris, la législation considère la pratique comme équivalente à une menace de mort, parce que la victime si elle est impressionnable, peut réellement développer des maladies psychosomatiques du fait de se penser victime d'un sort).

 Il y a même une société qui commercialise un "kit de malédiction" , pour pas avoir à se casser la tête à tout rassembler..
Ci- dessous la version " efficace". Enfin plus efficace qu'une poignée de clous. En effet, je ferai plus confiance à un bon sabre qu'au vaudou, avec ou sans trépied sur la tête, pour régler définitivement mes problèmes.


Bon, voilà, il n'y a plus qu'à!


mercredi 26 octobre 2016

Yurei attack! - Yoda Hiroko et Matt Alt

Les sirènes et les fées, c'était mignon hein?
Rassurez vous, ça n'a pas duré. Revenons à nos amis les fantômes. Car dans un pays où la crémation est la principale méthode de disposer des défunts, la majorité des légendes fantastiques mettent en scène des fantômes. Pas de corps, pas de sortie de tombe. Les quelques histoires de loup-garous, vampires ou zombies sont assez récentes et clairement calquées sur le folklore occidental, hormis justement les cas où le défunt n'a pas bénéficié d'obsèques normales et le surnaturel fait donc la part belle aux esprits désincarnés.

Après Yokai attack dont j'avais parlé l'an dernier, j'ai pu me procurer un des autres tomes du duo Yoda et Alt, cette fois dédié aux yurei, les fantômes et spectres japonais. Un troisième tome existe, Ninja attack, sur les.. hoo ben ça alors les histoires de ninja.. mais il m'intéresse moins à priori.
Alors désolée d'avance, une fois de plus ce livre n'est pas traduit en français, pour moi ça n'est pas vraiment un problème, mais je sais que certains regrettent que je chronique parfois des livres en anglais.

Yûrei est donc le terme générique pour toutes les manifestations de l'au delà nippon. Certains ressemblent beaucoup à des yokai, ou certain yokai prennent l'apparence de fantômes,  mais ce n'est qu'une ressemblance, au même titre qu'un croque mitaine n'est pas une revenant, même si les deux sont supposés vous terrifier ( Shigeru Mizuki considère de son côté que les yûrei sont une forme de Yokai.. je vais pour l'instant suivre le livre que j'ai sous la main, sinon, ça serait la pagaille!)

En fait, ce qu'expliquent les auteurs, c'est  qu'un yokai représente une idée, ou une personnification d'un élément naturel ou d'un concept, c'est " quelque chose", tandis qu'un yûrei c'est un esprit d'un mort, ou l'incarnation de la colère d'un personnage réel ou imaginaire, mais c'est " quelqu'un"
Et donc en avant pour les histoires de fantômes, au travers de plusieurs thèmes cette fois encore.

Mais avant tout , comment reconnaître un yûrei d'un humain un peu marginal? Quelques signes sont révélateurs:
Coiffure négligée: ok
main pendantes (qui symbolisent la mort, l'au delà, les forces occultes): ok
teint... fantômatique: ok
Expression peu amène: ok
absence de jambes: ok

On peut parfois ajouter un foulard triangulaire noué sur la tête, qui est une ancienne coiffure funéraire bouddhiste tombée en désuétude ( à défaut, ça peut nous indiquer que le fantôme hante les lieux depuis un certain temps pour ne pas dire un temps certain)
Et encore sur d'autres représentation, des hitodama, sortes de flammèches voletant autour du spectre, symbolisant les feux follets, associés quasiment dans le monde entier au^x esprits et aux revenants.
Dans le doute, et même si tous les signes n'y sont pas, fuyez!

Sexy and scary: les femmes fantômes, qu'elles soient issues de la littérature ou d'un fait divers ( qui a d'ailleurs souvent été lui même exploité par la suite par le rakugo ou le théâtre Kabuki).
Dans leur cas il s'agit surtout d'histoire de tromperies, d'arnaques et d'abandons. historiquement les femmes n'ayant aucun pouvoir, elles étaient souvent victimes de manipulation , surtout si elles avaient quelques sous de côté. Et pas moyen de faire valoir légalement leurs droits ou reconnaître les torts dont elles avaient été victimes, sans parler des assassinats. toutes situations menant à l'accumulation d'un sentiment de colère frustrée, qui survit au décès de la personne et la transforme en spectre particulièrement dangereux, tout entier voué à la vangeance. Vengeance qui peut se limiter à la personne lui ayant causé du tort, ou s'étendre à la famille et aux proches, ou encore à quiconque passe à sa portée.

On trouve dans cette catégorie Oiwa, personnage de Yotsuya Kaidan - probablement l'histoire de fantôme la plus connue au Japon, assassinée par son mari;
Oiwa hante une lanterne et apparaît littéralement partout pour terrifier son assassin de mari

Okiku, servante jetée vivante dans un puits par un maître colérique pour une assiette cassée sur un service de 10, et qui depuis, compte depuis le fond de son "tombeau"de 1.. jusqu'à 9, sans pouvoir jamais retrouver la dixième assiette qui lui a coûté la vie ( il y a plusieurs variantes de cette histoire, dans une autre elle s'est suicidée en se jetant dans le puits pour échapper à la cruauté de son maître qui s'est payée de l'assiette cassée en lui coupant les doigts. On ne rigolait pas avec la faïence à cette époque!)

On retrouve souvent le sujet de l'eau d'ailleurs: Okiku est jetée dans un puits, Orui, héroïne malheureuse au visage déformé est noyée par son mari... Dans d'autres récits, il est question de mer ou d'océan. L'eau et les rivières sont souvent et dans plusieurs traditions liées à l'idée de passage entre l'ici-bas et l'au -delà. Dans la mythologie grecque le monde des morts est aussi séparé de celui des vivants par plusieurs fleuves: le Styx, l'Acheron, le Léthé, etc.. et dans la tradition bouddhiste japonaise, c'est la rivière Sanzu qui sépare les deux mondes.
Mais aussi plus simplement, les rivières et fleuves étant par définition des endroits dangereux, où les morts étaient monnaie courante, qu'elles soient accidentelles, suicidaires ou provoquées par un tiers et qui dit morts dit fantômes.

Autre manifestation un peu différente, celle de Dame Rokujo, issue du roman médiéval Genji Monogatari: lors qu'elle était promise à un avenir d'impératrice, son mari destiné à devenir empereur un jour meurt dans la fleur de l'âge, laissant dame Rokujo veuve et riche mais désormais sans espoir d'accéder au trône.
Elle se console en compagnie d'Hikaru Genji, héros du roman, coureur de jupons notoire qui finit évidemment par se lasser d'elle et se souvient soudain qu'il a une femme légitime. Deuxième revers pour Dame Rokujo, qui en plus se trouve en butte aux méchantes langues. Troisième coup du sort.
Il n'en faut pas plus pour que la dame bien comme il faut se mette à bouillir intérieurement de colère et faire des rêves violents dans lesquels elle maltraite la femme d'Hikaru. Et de fait, celle-ci tombe malade, possédée par le "fantôme vivant" de la colère de Dame Rokujo, qui n'a, elle, absolument aucune idée de ce qui se passe avant de finir par faire le lien avec ses rêves violents. L'histoire finira bien, car Dame Rokujo n'est pas violente de nature, c'est seulement sa colère rentrée à une époque particulièrement policée, qui a pris une forme pour s'exprimer, et une fois qu'elle prend conscience de la chose, elle peut y remédier en renonçant consciemment à son Don Juan.

Furious phantom: c'est le tour des hommes. Si les spectres féminins crient vengeance pour des affaires de coeur ou de gros sous, voire les deux à la fois, ces spectres masculins sont souvent ceux de membres de l'aristocratie ou de guerriers, floués par la famille impériale.
 Ce sont des Onryo, dont la vengeance va s'exercer, siècles après siècles, sur la famille régnante exclusivement,  jusqu'à ce que le tort qui leur a été fait soit publiquement réparé et leur esprit ainsi apaisé. L'insulte a été publique, la réparation doit l'être aussi. Il s'agit ici souvent de personnages historiques réels, traités avec la plus grande injustice. Et par conséquent, les catastrophes naturelles qui ont suivi leur mort leur ont été attribuées.  Je connaissais l'histoire de Taisha no Masakado, j'ai découvert celle, complètement dingue, de l'empereur Sutoku.
A peu près contemporaine de celle des derniers capétiens en Europe, elle n'a rien à leur envier niveau lutte de pouvoir, manipulation, injustice, etc.. un vrai roman fleuve!

Sutoku invoquant une tempête. Je crois qu'il a très mal pris d'être manipulé!
Je pense que j'y reviendrai, ainsi que sur quelques autres récits de fantômes, comme je l'ai fait pour quelques yôkai, car  l'histoire de cet empereur particulièrement malchanceux devenu fantôme hargneux pour se venger d'une famille manipulatrice qui l'a bien pris pour une poire me plaît beaucoup.

Le terme onryo est à l'origine, spécifique aux revenants qui s'attaquent à la famille régnante, mais il a évolué vers une idée plus générale de fantômes poussés par la vengeance, particulièrement envers les autorités. Et ce chapitre nous parle aussi  des Hiimi Sama, un groupe de pêcheurs de la région d'Izu, qui, lassés d'être exploités par le gouverneur du coin qui leur extorquait jusqu'au dernier grain de sel et au dernier légume en guise d'impôt, avant d'exiger que les femmes du village ne payent en nature leur dîme si elles voulaient garder à manger, ont décidé de s'organiser pour le faire passer de vie à trépas nuitamment. En recommandant aux villageois de ne pas sortir de chez eux le 24 janvier, et ce toute la journée et toute la nuit, dans le but qu'ils ne soient pas accusés de complicité.
Et l'affaire étant faite, ils ont fui par la mer vers une des îles voisines, espérant y trouver un refuge. Mauvaise pioche, une fois la nouvelle de l'assassinat connue, aucun des villages des villages voisins n'a voulu d'eux. Être débarrassés d'un gouverneur tortionnaire, oui, cacher ceux qui les en ont débarrassés, non. Et les marins ont repris la mer, d'île en île, avec toujours la même réponse, jusqu'à ce qu'une tempête se lève et les envoie par le fond. On dit que depuis lors, il vaut mieux éviter d'errer dehors un 24 janvier sur ces îles là, pour éviter que les spectre des pêcheurs ne viennent se venger sur les descendants de ceux qui ont refusé de les aider.

Sad spectres: plus simples, les fantômes " du quotidien", tous ceux qui morts trop jeunes ou en laissant derrière eux des regrets suffisamment forts sont restés attachés à un lieu qu'ils hantent parce qu'ils ne peuvent s'en détacher. On y trouve la poupée Okiku, réputée hantée par sa jeune propriétaire morte à l'âge de 5 ans, et dont les cheveux ont mystérieusement poussé, ou " le fantôme qui achète des bonbons", tirés d'une légende chinoise de fantôme qui achetait des gâteaux de riz.

rien que la tête de cette poupée me fiche plus les jetons que tous les fantômes vengeurs réunis
Otsuyu du conte " la lanterne pivoine"  est classée dans la catégorie " scary", et pourtant, elle n'est pas mauvaise, mais, éloignée de son amoureux par les manigances de sa famille, elle se laisse mourir et, poussée par les regrets, revient simplement chercher son promis, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Evidemment la cohabitation entre un humain et.. disons même plus un zombie qu'un fantôme, puisqu'elle cache son apparence de squelette sous l'apparence qu'elle avait de son vivant, n'est pas sans danger...

Intéressante aussi, l'histoire d'un incendie historique, qui a ravagé une bonne moitié de Tôkyô pendant plusieurs jours au XVII° siècle, et dont l'origine est attribuée à un kimono maudit. La première propriétaire était une adolescente de 17 ans qui s'est ruiné la santé en se consumant d'amour, c'est le cas de le dire, pour un inconnu entrevu dans la rue qu'elle n'a jamais revu et que personne n'a pu localiser.
A sa mort, le magnifique kimono qu'on lui avait offert pour essayer de lui changer un peu les idées a été, comme de coutume à l'époque donné en offrande au temple qui revendait les vêtement des morts à un magasin de seconde main pour se faire un peu d'argent. Seconde propriétaire, une autre fille, qui meurt aussi rapidement à l'âge de 17 ans, et retour du kimono au temple et magasin d'occasion. Troisième propriétaire.. oui, une troisième fille de 17 ans qui meurt également subitement.
Et lorsque les moines ont voulu se brûler le vêtement maudit pour enrayer la malédiction, le feu s'est étendu et propagé marquant les mémoires comme "l'incendie du kimono". Manière radicale de déclarer sa flamme ( oui, je sais, et non, je n'ai pas honte).. mais j'en viens à me demander si le fatal inconnu de l'histoire ne serait pas lui même un revenant.
Il y a encore l'histoire sinistre du futon hanté de Tottori ( encore un objet de seconde main) par deux petits fantômes, ceux de deux frères morts de froid et de pauvreté dans l'indifférence générale, un récit qui rappelle la petite fille aux allumettes d' Andersen , mais sans le paradis chrétien comme compensation.

Et après les fantômes proprement dits, place aux lieux hantés. Let's visit the Haunted places.

On y retrouve évidemment la forêt d'Aokigahara, dont j'avais déjà un peu parlé, alias "la forêt des suicides".. brr. Je ne suis pas une flipette et je ne crois pas aux fantômes, je l'avoue, même si j'aime bien leurs histoires mais l'existence avérée d'un lieu pareil me déprime. L'autre probème c'est qu'il s'agit d'une forêt primaire, magnifique mais très dense, donc très sombre, où même sans idées suicidaires il est facile de se perdre (les gps ne passent pas, les boussoles sont déboussolées par le champ magnétique des laves du sous sol..) et de mourir de faim ou mangé par une bestiole.

Evident aussi, les lieux de batailles passées, comme le château Hachioji ou la colline de Tabaru  (1877) près de Kumamoto, théâtre d'affrontement sanglants. Je suis étonnée de ne pas y voir la région de Sekigahara, et sa bataille (en 1600) qui a fait plusieurs millier de victimes et changé le cours de l'histoire.

Statue d'enfant samourai à Tabaruzaka. La légende dit qu'elle sert de point de ralliement, la nuit,  aux esprits tombés au combat
Il y a aussi les montagnes d'Hakkoda dans la région d'Aomori, où en janvier 1902, 210 militaires partis en exercice en veêtements réglementaire pas du tout adaptés à la montagne, sont restés coincés dans la montage par une tempête, sans nourriture, sans carte, ni couvertures, sous la houlette d'un capitaine qui a ignoré les avertissement de la population locale sur la tempête proche, argumentant que l'esprit de l'armée impériale aurait raison de tout et donc aussi du froid. Manque de chance la tempête de cet hiver là a battu les records de froid dans la ville d'à côté: -41°C. Je vous laisse imaginer en pleine montagne! 199 n'en sont pas revenus. La région est maintenant devenue une prospère station de ski...

Le tunnel Jomon dans la région d'Hokkaido est supposé hanté par les esprits des prisonniers littéralement tués à la tâche lors de la construction et sous la menace d'être utilisés comme " hitobashira", piliers humains, soit des sacrifices emmurés dans le tunnel. Je reviens de mon côté de Guyane où j'ai visité les bagnes, je m'imagine du coup assez bien les conditions dantesques de "vie" des prisonniers utilisés comme bêtes de somme. Ha oui, pour le coup des hitobashira, c'est rigoureusement.. exact. Un tremblement de terre dans les années 70 a fait s'écrouler des pans de mur dans le tunnel, les équipes de réparation ont trouvé des squelettes emmurés dans les parois du tunnel, et une fosse commune contenant plusieurs douzaines d'autres. Les conditions de travail, d'hygiène, de santé et de sécurité était telles que les gens qui mourraient sur place était simplement fourrés dans une faille du tunnel ou un trou rebouchés par dessus. Charmant..

 Plus étonnant, le Building Sunshine 60, dans le quartier d'Ikebukuro, en plein Tôkyô. etonnant car j'y suis allée plusieurs fois.. et que je n'ai pas croisé l'ombre d'un spectre! il faut dire que lorsqu'on parle d'endroit hanté, on pense plutôt à des lieux très isolés, un peu sinistres, cimetières,  anciens champs de bataille, montagnes perdues, cascade loin de tout idéale pour noyer pas mal de monde d'un seul coup.., etc.. pas à un gratte ciel des années 70, extrêmement fréquenté et inondé de lumière. Mais auparavant les lieux étaient occupés par une prison connue pour ses exécutions, et les spectres n'ont pas déménagé lors de la construction du complexe commercial. Et au XVIII° siècle, une bande de brigands y a sévit faisant 64 victimes en un an. Du coup le coin est réputé pour être le cadre d'événements étranges, d'apparitions surnaturelles et d'inspirer une crainte sourde. Je garderai cette histoire en mémoire la prochaine fois que j'irais...mais en tout cas je n'ai sûrement aucun pouvoir médiumnique car j'ai bien aimé ce quartier et je n'ai pas vu l'ombre d'une manifestation surnaturelle.
ce lieu est hanté, les amis!
plus quelques autres, je me sens bien un voyage thématique " histoires à faire frémir et lieux hantés".

Vient ensuite un chapitre: "dangerous games". Le hyaku Monogatari (cent histoires) est un jeu pluricentenaire, pour s'occuper pendant les nuits d'été de la période O-bon: il faut se rassembler à plusieurs, dans une maison à plusieurs pièces, préparer 100 histoires fantastiques ( assez courtes, hein, s'il y a quatre participants, chacun devra en raconter 20,et même si elle ne font que 5 minutes chacune, il y a de quoi s'occuper pendant 8h00, soit un temps plus long que la nuit d'été, or le but du jeu c'est d'être dans le noir complet à la centième histoire), 100 bougies ou 100 lanternes, dans la pièce d'à côté qui seront éteintes au fur et à mesure de la progression des récits. La légende raconte que " quelque chose de mystérieux" doit se passer après la centième histoire. Tout est dans ce " quelque chose". Le plus flippant dans l'histoire est que des gens qui vivaient dans des maisons de bois et de papier (rappelez-vous ça remonte à plusieurs siècles) aient pu penser qu'y allumer 100 bougies posées à même le sol sans surveillance constante était une bonne idée.
soirée de Hyakumonogatari réussie

Il y a aussi la manière de jeter une malédiction à quelqu'un, façon vaudou japonais, avec une poupée de paille. Comme je suis sympa, je vous l'explique dans un second billet, ça serait trop long à développer ici.
Plus familiers, le kokkuri-san qui n'est autre qu'une adaptation du spiritisme en vogue en occident au XIX° siècle, dans ses deux formes: table tournante et oui-ja; et les photographies de fantômes ( sisi même que j'en ai réussi lors de mon premier voyage: un cercle mystérieux en photographiant un temple... Bon évidemment en prenant la même photo 5 minutes plus tard, le cercle s'était éclairci et encore 5 minutes plus tard on ne le voyait presque plus.. puisqu'il s'agissait juste d'un reflet du à l'incidence des rayons du soleil couchant. Hé oui, c'est rationnel mais.. décevant en fait !). Le Hangonko quand à lui est un moyen de faire apparaître l'image du cher disparu dans la fumée d'encens. Si le résultat est classique, bon courage pour la mise en place: l'encens en question est introuvable, et la formule magique à réciter... inconnue

Viennent ensuite les "close encounters" trois récits de rencontres du "3° type" si j'ose dire avec des revenants ou des dieux.. dont la victime à survécu. Mention spéciale à l'histoire d'Ono-le-fou, très digne et très malicieux poète de cour ( authentique) de l'époque Heian, pendant la journée, qui allait passer ses nuits à divertir les résidents de l'autre monde, tout aussi amateurs de belles lettres et de bons mots que les vivants. Il va falloir que je renseigne un peu plus sur ce personnage haut en couleur qui me plaît bien.

Et pour finir la description des enfers ( Jigoku) de la tradition japonaise. Là où l'on va, si l'ont ne devient pas un spectre coincé sur terre. Enfers au sens large, comme dans la Grèce antique,  c'est plutôt le concept de "monde des morts" qui domine, avec quelques ressemblances toutefois à "l'enfer" tel que Dante le décrit, pour le département " punitions". Il y à 8 niveaux, le premier état celui des meurtriers, et on rajoute à chaque degré un nouveau crime ( couche n°2: les meurtriers et voleurs, couche n° 3, les meurtriers, voleurs et dégénérés - sont dégénérés, ceux qui ont trompé leur conjoint ou même juste pensé le faire... jusqu'au 8° niveau, autant dire les vraies ordures: ceux qui cumulent: meurtriers, voleurs, dégénérés, alcoolos, menteurs, blasphémateurs, violeurs et parricides ( ou matricides, ou assassins de religieux-euses)

Alors, la mauvaise nouvelle c'est qu'on est TOUS condamnés à se retrouver au premier niveau. A part d'être une saint ou une sainte.
On est tous meurtriers puisqu'il s'agit de quiconque a pris UNE vie, n'importe laquelle. Mon karma est noir de tous les moustiques que j'ai impitoyablement tatanés et des cafards que j'ai bombardés, et le vôtre aussi, nous sommes donc classés meurtriers autant que celui qui bute son voisin.
Et j'ai même du piquer en loucedé des bonbons quand j'avais 5 ans ce qui me condamne donc au Deuxième niveau, même si je ne m'en souviens pas, il semble qu'il n'y ait pas de prescription :(  Heureusement que je suis célibataire!

Mais la liste est bien drôle puisqu'elle condamne les menteurs à un châtiment pire que les meurtriers ou les voleurs.
Et comment on fait pour un menteur qui n'est pas voleur ou alcoolique? Puisqu'il faut chaque fois cumuler un crime de plus, type " dans mon corbillon que met on" pour se retrouver dans le cercle suivant.
Et si je blasphème contre un dieu d'ici, qui n'est donc pas Enma, dieu des morts japonais, est-ce que ça compte?

Enfin voilà, le livre est dense et propose pas mal de sujets intéressants que je développerai sûrement à l'avenir (en tout cas, pour le vaudou, c'est prévu et  pas plus tard que demain!)

mardi 11 octobre 2016

de l'eau, des sous entendus, et des créatures fantastiques ( séries d'animation)

Un billet sur deux séries animées que j'ai eu l'occasion de regarder cet été (entre autres choses), mais qui étaient trop courtes (et par conséquent manquent un peu de matière) pour que je les développe chacune à part.

Et ça tombe bien parce que dans les deux cas, ils y a des thèmes communs, et donc, je le disais en titre, des créatures fantastiques et de l'eau. De plus, les deux sont tirés de mangas non traduits en français. Et c'est aussi l'occasion pour moi de parler de sous-genres que je n'ai pas encore abordés ici, l'ecchi ( olé-olé, pas de l'érotique, mais des thèmes un peu égrillards ou des choses un peu connotées, souvent plutôt de manière humoristique que salace) et le shonen ai ( sous entendus homosexuels, sans que ça ne vire au pervers non plus) . Et il y a une déception.. et une bonne surprise.

Ou comment avec le même handicap d'une courte durée, l'un arrive à s'en sortir, quand l'autre ... patauge (jeu de mot lamentable, promis, un de ces jours, je me fouetterai avec des algues pour ça)
Donc pas de quoi s'affoler les amis, pas de PEGI 16 non plus.

Et les deux font un peu dans ce domaine de "légèrement égrillard", de manières très différentes, ou plutôt seul le premier dont je vais parler peut être véritablement classé Ecchi. Pour résumer, l'humour " camion pouet-pouet", soutien-gorges et petites culottes... Le plus connu peut être dans ce domaine est Love Hina qui a fait un tabac il y a quelques années.
Mais je ne m'attendais vraiment pas à ce que Onsen Yôsei Hakone-chan prenne cette direction, au vu de son synopsis.

Onsen Yôsei Hakone-chan, traduction littérale, Hakone-chan, la fée de l'onsen.

Et il s'agit bien d'une fée au sens créature surnaturelle, esprit, tout ça. Pas d'un sous-entendu déjà vicieux.

Donc Hakone-chan est un des 7 esprit anciens qui veillent sur les 7 sources de la ville thermale d'Hakone. Veiller, c'est beaucoup dire, vu qu'elle a passé plusieurs siècles en léthargie et se réveille au moment exact où un lycéen, Tôya,  venu révérer les esprits des sources, fait tomber un gâteau d'offrandes dans l'eau. Passé la première surprise ( il a quand même un peu de mal à encaisser que cette petite fille apparue soudain devant lui, et qui en plus se moque de la banalité son souhait - plaire à une fille de sa classe- soit un esprit) Tôya accepte d'aider Hakone a retrouver sa forme normale: celle , bien sur, d'une jolie fille. Elle ne doit son apparence de gamine qu'à son long sommeil.
Et donc les deux, plus Haruna ( la fille des rêves de Tôya) et Aki ( soeur d'Haruna), vont se mettre en quête d'une solution pour Hakone, rencontrer les esprits des autres sources de la ville, etc...

Et là premier problème: La série fait 13 épisodes. De 3 minutes 50 chacun, générique compris.
Il reste donc en gros 3 minutes par épisode pour mettre en place une histoire et des personnages.. c'est peu. Donc on va faire une croix dessus et se contenter de gags à base de nichons (pas sur Hakone qui a l'apparence d'une gamine de 8 ans, mais sur les melons de Haruna en bikini et sur le désespoir de sa petite soeur qui est plate), de goinfrerie et d'arrosage ( je préfère encore ça, les différents esprits des onsen ont parfois une magie imprécise et causent des dégâts en tout genre. Hakone en particulier a la faculté de créer des geysers dans les plans d'eau les plus calmes et de cracher des litres et des litres d'eau, façon lama mécontent)


Mais surtout le gros problème de la durée, c'est qu'il est vraiment impossible d'intégrer la moindre action, donc on se contente d'épisodes plus ou moins indépendants, de personnages secondaires non développés et de situations tirées par les cheveux, du genre:

(citadins) c'est qui cette petite fille qu'on n'a jamais vue?
(toya et Haruna) Ha c'est Hakone, l'esprit de l'onsen qui vient de se réveiller
(citadins) Ha,  c'est cool, ça fait plaisir de savoir qu'il y a un esprit chez nous, dites, si on en faisait la mascotte de la ville pour distribuer des flyers aux touristes devant la gare?


Chais pas moi...on vous dit qu'il y a un esprit, une fée des eaux,  et tout ce que vous trouvez à dire, c'est "ok, faisons lui faire de la publicité"? soyez un minimum surpris, étonnés, incrédules, mais par pitié, ayez une réaction logique!
Ha non, pas le temps, générique de fin, on parlera d'autre chose la prochaine fois.

Hakone a une boîte en bois qui lui sert pour canaliser la magie? On la voit bien, on nous en montre même dans les boutiques à souvenirs (les boites en marqueterie à tiroirs secrets sont une authentique spécialité de la ville d'Hakone). Très jolies d'ailleurs.
oui, j'en ramènerai sûrement une si j'y vais un jour.

Mais de là à développer.. nan pas le temps.

Du coup, si je ne savais pas que l'anime était tiré d'un manga, j'aurais penché pour une animation publicitaire de l'office de tourisme local ( venez chez nous, on a de superbes sources chaudes et de jolis souvenirs). Mais dans ce cas là, une mise en avant de la ville aurait été plus intéressante qu'une succession de gags éculés à base de soutifs. Dommage parce que, à côté de ça, les décors sont plutôt soignés.

cette fille habillée en gothic lolita est supposée être un esprit rival d'Hakone. Mais elle ne sert en fait à rien.. pas le temps, pas le temps!.
Et puis un peu plus de caractérisation des personnages secondaires, parce que là, on ne sais pas trop qui fait quoi et pourquoi, et.. nichooooons ( bon c'est vrai je ne suis pas le public cible,  mais je n'ai rien contre les gags coquins s'ils sont un peu moins clichés qu'ici, et surtout s'ils ne sont pas le seul et unique moteur du dessin animé au détriment d'une vraie histoire)

cadeau pour vous les gars...et pour quelques nanas aussi surement, c'est vous qui voyez...
Donc vous l'aurez compris, une idée qui était plutôt sympa à la base, mais qui ....tombe à l'eau, faute de se donner les moyens de développer.
Là, toutes les idées intéressantes finissent systématiquement en queue de poisson.

Ce qui me donne une transition magistrale, admirez la classe, je m'épate moi-même, avec l'anime suivant:

Orenchi no Furo jijô ( la situation de ma baignoire).

Ou l'histoire d'un étudiant, Tatsumi, dont la baignoire héberge une sirène. Et pas exactement la jolie fille qu'on attend quand on parle de sirène puisqu'il s'agit d'un triton. Un homme poisson nommé Wakasa qu'il a un jour sauvé d'une mort lente et cruelle par déshydratation au bord d'une rivière polluée et ramené chez lui, le temps pour le triton d'être en état de repartir.
Sauf que Wakasa est un casse-pied manipulateur qui trouve toujours une bonne raison pour continuer à rester ( la rivière est sale, il y a trop d'algues, l'eau est froide, je suis tout seul et je m'ennuie, et c'est pas facile de se cacher des humains curieux..)

Tatsumi se retrouve donc avec un pique assiette qui lui coute très cher en nourriture, en eau et en chauffage, mais qu'il considère un peu comme un copain dans la mouise et beaucoup comme une sorte d'animal de compagnie bruyant et capricieux, mais dans le fond plutôt sympa. Un poisson exotique doté de la parole en gros, et sacrément culotté.. euh, enfin,si on peut utiliser cette image pour un personnage mi humain, mi truite?


De plus, Wakasa, non content de squatter, a trouvé le moyen de faire venir ses congénères aquatiques: Takasu l'homme poulpe, Mikuni la méduse et Maki, l'homme-escargot, minuscule et maniaco-dépressif. Donc ce sont vite 2 puis 3 puis 4 squatteurs qui envahissent les lieux ( ce qui conduit Tatsumi a comparer sa salle de bain a un nabe - sorte de ragoût-  de fruits de mer .)


Et en plus d'être envahissantes, ces bestioles ont des goûts de luxe et une tendance certaine à la picole.

Et cette fois, le format court ( 4 minutes et aussi 13 épisodes, tiré d'un yonkoma, manga en 4 cases, l'équivalent du comic strip) est plutôt un bon choix: lieu unique, peu de personnages.

Là pour le coup, on pouvait difficilement développer sur des péripéties dans l'espace réduit d'une salle de bains. Et la série va plutôt miser sur des gags causés par cette situation pour le moins inhabituelle, tout en développant les personnages qui arrivent, repartent, reviennent, et leurs relations. Ce n'est pas tant Wakasa, au demeurant un personnage assez relou à force d'être puéril, qui importe, mais l'ensemble improbable constitué de ces chimères qui déboulent dans l'existence pépère d'un étudiant normal, qui n'en demandait pas tant, mais prend la chose avec philosophie et même une bonne dose de fatalisme.

la méduse la plus kawaii du monde
enfin, tant qu'elle n'essaye pas d'être sociable.
L'humour joue énormément sur les niveaux de lecture, selon l'esprit plus ou moins orienté du spectateur, une même scène peut paraître totalement mignonne ou carrément bourrée de sous-entendus (homo)sexuels...sans jamais le dire clairement.
Par exemple, tout le monde s'accorde à dire que Takasu adore les endroits sombres et étroits.
Evidemment! C'est un poulpe et les poulpes adorent se planquer dans ce genre d'endroit, par exemple une machine à laver vide, quiconque y a compris autre chose a le cerveau mal tourné, voyons!

Ok, j'ai le cerveau mal tourné.

Et je me pose accessoirement une question existentielle: " Comment des sirènes, poulpes ou des mollusques humanoïdes, enfin des bestioles supposées pondre des oeufs peuvent-elles avoir un nombril". Rassurez-vous je me suis posée la même avec quasiment toutes les représentations d'Adam et Eve. Et la réponse est " doh! les peintres/ dessinateurs n'ont pas pensé à ce détail". Mais c'est le genre de chose qui me fait marrer. Je sais je suis marteau (et même requin-marteau, siouplait!)

Et du coup, contre tout attente, et parce qu'elle assume pleinement son idée loufoque jusque dans des doublages complètement barrés ( la narration est faite par un canard en plastique jaune), parce qu'elle alterne judicieusement entre passages au graphisme classique et chibi, parce qu'elle a le bon goût de ne pas du tout se prendre au sérieux,  la série est plutôt pas mal. Tout n'est pas 100% réussi, mais quand même, c'était une bonne surprise, vu que je n'en attendais rien et que j'ai bien rigolé par moments.
Ah oui, cerise sur le gâteau, la moitié ou presque des personnages sont doublés par les mêmes acteurs que les personnages de Free!, série sportive-humoristique assez  récente, qui met en scène un groupe de lycéens pratiquant la natation, dont le héros est un peu dingue et ambitionne depuis son enfance d'être un poisson. Je ne crois pas à un hasard.

bonus: le minuscule homme-bulot a une grosse voix de névrosé
Du coup pour celui là, je ne serai pas contre une deuxième saison (je viens de jeter un oeil au manga qui compte plusieurs tomes, et il y a encore d'autre personnages improbables qui n'apparaissent pas ici.)

Oui, je préfère les sous-entendus et les situations ambiguës qui pourraient - tout est dans le conditionnel- , être mal interprétées, au cliché " oups! je suis tombé sur toi et par hasard, avec ma main pile sur tes lolos mais c'est un accident, hein" ou " rhaaa fifille en maillot de bain!".
Je sais, Love Hina faisait ça aussi, mais ça passait mieux parce qu'il y avait d'autres choses autour, et des épisodes de 20 minutes qui prenaient le temps de développer un peu plus les personnages, donc.. on en revient au principal problème: on peut faire l'impasse sur plein de choses, avoir des décors basiques, un nombre restreint de personnages secondaires mais pas sur un minimum de scénario et de caractérisation des héros. Hakone-chan l'a oublié, et si on apprend quelques vagues trucs au sujet du personnage titre - c'est à dire seulement sa gourmandise et sa perte de pouvoirs - tous les autres sont réduits au rôle de figurants, pour ne pas dire d'éléments de décor. C'est frustrant.

Du coup, entre les deux, je vous conseille plutôt le second, pas impérissable, mais agréable, et comme je ne m'y attendais pas, c'est une bonne surprise.
Vous n'êtes pas convaincus. Si,si, je vous sens dubitatifs,et si je vous dis que les squatteurs de baignoire organisent une halloween party dans la salle de bain? Poulpe vampire, méduse fantôme et sirène mage?



C'est à vous de voir: vous êtes plutôt axés bikinis ou nageoires?
Dans les deux cas, c'est sur crunchyroll une fois de plus, que ça se passe, en VOSTFR et gratuitement.
Onsen Yôsei Hakone chan
Orenchi no furo jijô

bon oui, c'est un billet fantastico-mignon, entre Ring et probablement un autre film glauque, ça ne fera pas de mal!


samedi 8 octobre 2016

Ringu ( long métrage)

Oui, j'ai gardé volontairement le titre sous sa forme d'origine pour le différencier de son remake américain The Ring.
Et bien qu'il soit passé dans la culture populaire (au point que je connaissais l'allure bringuebalante du fantôme, repris, cité, décliné) je ne l'avais pas encore vu dites donc.


L'intrigue est simplissime: une rumeur circule chez les enfants et les adolescents, au sujet d'une vidéo étrange. Lorsqu'on l'a vue, le téléphone sonne, et à partir de là, on est condamné à mourir une semaine plus tard. Pile.
Tout commence par deux copines de lycée, qui passent la soirée ensemble et s'amusent de cette histoire. Tomoko raconte à Masami avoir vu cette fameuse cassette, justement une semaine plus tôt. en l'absence d'autre témoin, Tomoko meurt ce soir là, et Masami est internée en psychiatrie. et tous ceux qui avaient vu la vidéo en même temps que Tomoko sont mort aussi le même jour qu'elle, littéralement morts de peur, une expression de terreur sur le visage.

Justement, Reiko,la tante de Tomoko, journaliste qui quelques jours plus tôt, interrogeait des jeunes au sujet des rumeurs centrées en particulier sur la ville d'Izu, se voit impliquée personnellement par la mort mystérieuse de sa nièce dans cette sombre affaire. Elle mène donc l'enquête sur la mort de Tomoko, enquête qui l'amène à l'endroit où elle et ses amis ont passé quelques jours de vacances et à trouver cette fameuse cassette.
Et à la regarder.
Mauvaise idée.

Maintenant Reiko n'a plus qu'une semaine pour trouver la raison de cette malédiction et essayer de l'éviter. Ce en quoi elle va être aidée par son ex-mari, qui a des dons de médium.

La principale question est : quelle est cette malédiction exactement, et Reiko va-t-elle trouver un moyen d'y échapper?
oui, c'est un squelette qu'elle tient. Ca me fait penser aux estampes macabres dont on parlait cet été.

Et j'ai bien aimé. Je ne dirais pas adoré, mais je me suis laissée prendre à cette histoire de cassette vidéo maudite. Alors disons le de suite, oui, j'aurais du le voir à sa sortie, parce que même s'il n'a que 18 ans, les technologies ont fait un bond en avant, et ça a un petit côté suranné qui m'a faite sourire: les téléphones filaires, les magnétoscopes, les cassettes vidéos...alors qu'en 1997 tout ça était encore bien normal.

Mais voilà, le réalisateur arrive avec 3 bouts de ficelles, une cassette vidéo contenant un film du titre d'"Eruption" ou plutôt  une série d'images au grain crasseux et sans queue ni tête, digne du plus barré des films expérimentaux, à créer une ambiance oppressante. Alors même qu'on voit que le budget n'était pas au rendez-vous et que la réalisation se débrouille comme elle peut.
Mais le fait est là, c'est plutôt efficace.

J'ai quand même pensé en finissant que si moi j'aime bien ce genre de film, qui joue beaucoup plus sur l'ambiance, la suggestion, le hors-champ que sur le gore et le choc, que beaucoup de gens avaient du être déçus (et même j'avoue que ce qui m'a retenue si longtemps de le regarder, c'est que je craignais justement un film plein d'effets gores, saignants au détriment de la suggestion, je trouve ça facile et ennuyeux).
Et en effet, au vu des commentaires de spectateurs, ceux qui ont aimé ont vraiment aimé, et ce qui n'ont pas aimé ont détesté et reprochent la lenteur de l'action, l'absence d'effets spéciaux, le fait qu'on voie peu le fantôme, ça fait pas peur, on ne voit pas les meurtres blabla etc...
Et pourtant , je trouve ces réactions intéressantes, qui poussent à se demander: qu'est-ce qu'on recherche vraiment dans un film de trouille? Donc oui, pour ceux qui veulent du slasher, ce n'est définitivement pas celui-là qu'il va falloir regarder.

Sadako a l'allure d'un fantôme tout à fait classique de la tradition japonaise: vêtue de blanc, dotée de cheveux longs mal coiffés qui cachent son visage, tout droit sortie d'une estampe fantastique
femme fantôme de Sawaki Sûshi
De mon côté, c'est clair: j'aime bien l'inventivité même quand il n'y a pas de budget, l'ambiance (qui joue beaucoup sur la bande son, ça me parle plus que des images choc, et là, c'est bien trouvé) l'art de faire du neuf avec du vieux ( un film de fantômes c'est loin d'être nouveau, le fait pour les héros de devoir agir en temps limité aussi..) et justement je préfère une suggestion où tout peut arriver plutôt que quelque chose qu'on voit venir à des kilomètres.
Après j'ai deux, disons, pas terreurs, mais trucs qui me mettent mal à l'aise: les objets technologiques qui s'allument seuls , depuis que j'ai par hasard vu un bout de Poltergeist quand j'étais gamine ( et je ne vous raconte pas la trouille intense quand mon radio réveil à commencé à tomber en panne et à sonner genre à 4h00 du mat au lieu de 8h30, il y a juste quelques années) Et les téléphones ( feinté le fantôme, tu peux appeler, je m'en fous, je ne réponds pas.et pas la peine d'insister, sinon, je débranche la prise). Donc comme les deux éléments apparaissent dans le film, forcément, sur moi ça marche parce qu'il m'a confrontée avec 2 raisons personnelles d'angoisse.

Et puis le principe est intéressant: des gens regardent une vidéo zarb, non pour ce qu'elle est, mais à cause de la rumeur qui est- autour. Pour le plaisir de se faire peur sans vraiment y croire. Les personnages secondaires sont des spectateurs de film d'horreur, et on regarde des spectateurs de films d'horreur  qui regardent une série de morceaux de films bien plus inquiétants que celui qu'on est soi même en train de voir ( sérieux, je ne sais pas si vous avez déjà vu des films expérimentaux, mais sinon fouillez le net il y en a à la pelle. C'est souvent tellement barré que c'est encore plus dérangeant que n'importe quel film volontairement horrifique).

Mise en abîme de l'action de regarder un film de trouille.. pour quelle raison?

L'ami fossoyeur en parle très bien ici, vidéo que je lie régulièrement sur mes blogs ( malgré son erreur sur le slender man) parce que le questionnement me paraît essentiel.
PAF! L'inquiétante étrangeté ( qu'on retrouve beaucoup en ce moment dans les débats sur la robotique et la "vallée de l'étrange"), et c'est là dessus que joue Ringu (et j'aime bien le procédé tout simple, choisi pour rendre les mouvements saccadés et peu naturels de la revenante: filmer l'actrice qui marche à reculons, et inverser la bande. Quand on n'a pas de budget, faut compenser avec des des solutions que n'aurait pas reniées George Méliès)
le cosplay  le moins compliqué du monde

D'un autre côté, il y a des éléments sociaux que j'ai trouvés intéressants, avec mon oeil d'occidentale, sur la société japonaise, car le quotidien d'un pays n'est pas celui des autres.
Une mère divorcée qui a la garde de son enfant, en France, c'est courant, au Japon, et surtout il y a presque 20 ans, pas tant que ça. D'autant plus qu'elle travaille tard.
Son fils 6 ou 7 ans semble livré à lui-même, ce qui ferait frémir ici. Hé non, il est courant au Japon, justement parce que les parents travaillent tard, qu'un enfant de cet âge là sache se faire à manger, ou réchauffer son dîner, dîner seul, se laver seul, et aille seul à l'école. ce qui pourrait paraître une source d'angoisse dans ce cas... est parfaitement normal.

Allez pour le plaisir, quelques petites parodies ou références
Sawako, l'héroïne de Kimi ni Todoke, n'a pas de chance, non seulement son nom rappelle le célèbre fantôme, mais son physique aussi, ce qui complique sa vie sociale, car c'est une fille sympa.. qui terrorise tout le monde sans le vouloir.

Sunako-chan ( Yamato Nadeshiko shichi henge), elle, fait tout pour cultiver la ressemblance.. dans la mesure où c'est une otaku fan de films et de séries d'horreur qui n'apprécie rien tant que de pouvoir regarder ces derniers enfermée dans sa chambre décorée de squelettes et autres mannequins anatomiques.
Le dessin animé n'est pas 100% génial, ni le manga d'ailleurs, mais les délires de Sunako-chan ( représentée constamment en chibi, sauf dans les moments humoristiques quand elle pète un câble. L'inverse de ce qu'on attendrait) sont plutôt sympas.

Et quelques fanarts:
pas cool de faire subir ça à un pauvre spectre

dans le film elle a eu de la chance que la TV de Ryûji soit posée sur le sol. Son entrée aurait pu être plus fracassante que terrifiante.

et puis... pourquoi pas la version " mignonne histoire d'amour". Il y a toujours moyen de se faire passer la bague au doigt.


Ils vécurent heureux et terrifièrent beaucoup d'enfants!

bon il y a du thé au Japon aussi


jeudi 6 octobre 2016

Yamishibai Saison 3 ( série animée)


Quel plaisir de retrouver cette courte série basée sur les monstres, les fantômes et les légendes urbaines. Après avoir vu les 2 premières saison, et surtout constaté que l'équipe s'était attelée à Kagewani, autre série fantastique dont j'ai parlé, et reparlerai, je n'espérais plus une troisième série de ces quelques minutes de frissons.

Petit changement par rapport aux deux autres saisons dans les génériques de débit et de de fin, exit le conteur masqué qui invite la population à venir se faire peur en assistant à une représentation de théâtres d'ombre, mais on garde l'idée du papier, puisque c'est un petit garçon qui dessine en chantonnant une mystérieuse comptine ( dont les paroles " achira no tomodachi kochira ni oide, kochira no tomodachi achira ni oide" ressemblent à une invocation: amis de là bas, venez ici, amis d'ici allez là bas.  Dans un des épisodes le terme " achira" là bas, est d'ailleurs traduit par "au delà")

 Le résultat de son dessin sera d'ailleurs visible en conclusion, et lié à l'épisode en question.Il se retrouve d'ailleurs harcelé d'un nombre croissant de masques de théâtre



Sinon pour le reste, on ne change pas une bonne idée, et donc, on garde l'animation de style papier découpé, les couleurs dans les tons de bruns. Cependant, les 2 premières saisons avaient bien exploité le thème des fantômes, et celle ci est plutôt axée sur les monstres.



des monstres pleins de dents jusqu' auxquelles ils sont armés..

Heu, je déconseille quand même l'épisode 2 de cette 3° saison aux arachnophobes.. simple conseil d'amie.. Les musophobes devront éviter l'épisode 3, et les coulrophobes l'épisode 10.
chers coulrophobes ,cadeau pour vous, parce que je suis une garce.

Ceci dit, j'ai bien aimé la conclusion qui éclaircit ces apparitions monstrueuses en mettant enfin en scène le petit garçon dessinateur, et fait un lien avec les 2 premières saisons, alors que le tout semblait constitué de
Du coup, je doute qu'il y en ait une quatrième, on a déjà bien fait le tour de la question.
Et puis le 4 est un chiffre maudit au Japon à cause de l'homophonie entre Shi 四 (4) et Shi  死 (la mort, mourir). Donc autant éviter une saison 4
Enfin vu qu'il y a une cinquantaine de kanji qui se lisent au moins de temps en temps Shi, je me demande s'il y a des lectures alternatives pour les autres...

Ceci dit, voilà, je vous recommande chaudement cette mini série, si vous avez 13 fois ( 13!!!!!!) 4 minutes trente à tuer.  D'ailleurs c'est assez intéressant de voir l'évolution graphique en 3 saison ( la première, et encore un peu la deuxième aussi, avait des arrières plans très flous et suggérés, et des personnages type silhouettes en papier qui semblaient bouger un peu maladroitement devant un écran, tout à fait en accord avec l'idée de représentation ambulante de marionnettes découpées, la troisième a des arrières plans plus définis et une animation plus fluide, plus dans l'esprit "dessin animé" et qui du coup colle bien à l'intro avec le jeune dessinateur .
Un monstre de la saison 1
un monstre de la saison 3


En tout cas après ça, vous ne prêterez pas de savon à quelqu'un de l'autre côté du mur au bain public, vous serez méfiants si 4 petits vieux veulent vous serrer la main une même soirée, et vous vérifierez à deux fois s'il n'y a rien dans l'eau avant d'entrer dans une piscine
une incursion au Japon!