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mardi 1 juillet 2025

Medalist T1 - Tsurumaikada

 Et c'est le retour de la tradition du manga / anime sportif d'été! Je n'avais pas trout chroniqué, mais au fil des ans j'avais vu le très drôle Free! ( natation), lu une partie du très long Eyeshield 21 ( foot américain), lu les 3 tomes de Running girl ( handisport).. plus quelques autres trucs du temps de ma lointaine enfance ( gymnastique, volley, tennis, je vous laisse chercher, mais il y en avait un paquet. Je précise n'avoir pas lu Captain Tsubasa, je n'ai rien à brosser du foot)

Et rafraichissant en plus, on retourne sur la patinoire 8 ans après Yuri on ice.
Plus enfantin et mon coquin que son prédécesseur, il s'annonce pourtant assez bien, sur un sujet assez classique (et traité classiquement: dépassement de soi, mentorat, rivalités, etc... les ingrédients classiques du manga de sport/ baston)

Etonnamment, il est classé comme seinen


On a d'un côté Tsukasa, 26 ans et déjà retraité. Forcément une carrière de sportif c'est court, surtout dans un milieu aussi concurrentiel que le patinage artistique au Japon, à Nagoya précisément. La ville s'est spécialisé dans l'élevage ( limite en batterie) de champions et championnes. Or, comme pour la danse ou la gymnastique, les âges de champions ayant une nette tendance à la baisse, il faut commencer jeune, voire très jeune. Entre 3 et 5 ans pour le patinage. Bien souvent ce n'est même pas un choix des enfants, mais de leurs parents. Des parents riches (car les cours et les tenues coûtent cher), qui se soucient finalement peu du vrai intérêt de leurs enfants. Ou à contrario peuvent leur refuser ce hobby si l'entraîneur ne leur donne pas l'assurance que l'enfant est une graine de champion.. bref s'ils n'ont pas l'assurance que les sacrifices pécuniaires seront une retour sur investissement. En clair: assurez moi que mon fils ou ma fille ira jusqu'aux jeux olympiques, sinon,  je le retire du club.

Et pour ceux qui comme Tsukasa, n'ont pu commencer dès le berceau, pour cause économique? Peu d'espoir d'en vivre. Il a découvert le patinage à 11 ans, s'y est réellement donné à fond à 14 ans, et malgré tous ses efforts, n'a pas pu combler suffisamment son retard face à ceux qui avaient commencé dès la maternelle. Exit le patinage artistique, il s'est réorienté vers la danse sur glace, moins athlétique, et y a fait une petite carrière, mais même là, on pousse derrière et lui doit en parallèle faire de petits jobs pour continuer à s'entrainer. Et comme il n'a pas eu le soutien de ses proches, qui ont au contraire insisté lourdement sur son âge, il est déjà à deux doigts de renoncer, après plusieurs échecs à des castings de type " Holiday on Ice".

De l'autre côté, Inori, 11 ans, petite fille très.. disons spéciale qui rêve de faire du patinage ( outre le patinage , elle voue une passion aux lombrics,qu'elle ramasse et manipule car ça la calme). La pauvre Inori n'a pas trop de chance. Elève quelconque, maladroite, semblant n'avoir aucun don, ayant la réputation d'être fêlée.. sa mère passe son temps à lui rappeler qu'elle est nulle dans à peu près tout, et hésite à la laisser s'engager dans cette voie où " elle va se ridiculiser, tant elle est empotée". Ce qui est loin de booster sa confiance, d'autant qu'elle est ultra émotive et se laisse facilement démoraliser par les critiques.
Et pourtant lorsqu'il la rencontre, l'impétueux Tsukasa détecte vite son potentiel: la gamine se débrouille bien, alors qu'elle n'a jamais fait plus que louer des patins et glisser lors des heures d'ouverture au public, mais elle a du potentiel: casse-cou, rapide, n'a pas le vertige, et malgré sa sensibilité, elle n'a pas de filtre de réalisme. Elle a appris les bases théoriques seule dans sa chambre avec un livre, et donc comprend vite ce qu'elle doit faire sur la glace au delà de son niveau.. même si sa manière de penser spéciale requiert des explications parfois farfelues.
Mais elle a du potentiel, et Tsukasa qui se revoit à 11 ans se dit que ce serait dommage de gâcher une motivation et des aptitudes physiques pareilles... il est plus que temps pour elle de commencer, et il va se charger de la coacher, alors qu'il n'est qu'assistant entraîneur.
Pousser cette nouvelle élève est aussi pour lui l'occasion de lui donner la chance qu'il n'a pas eue.

Et donc ce premier tome est plutôt sympa, bien que le graphisme soit parfois déroutant, à l'image de sa couverture où l'héroïne a des jambes curieusement distordues. Bon c'est un tome 1, on sait qu'en BD, il faut parfois quelques tomes avant que le graphisme ne se fixe.. Il y en a 12 à l'heure actuelle au Japon, et c'est une série que je vais probablement suivre si elle ne s'éternise pas ( raison pour laquelle j'ai lâché Eyeshield 21).
A noter qu'il y a une série animée dont la diffusion s'est faite cet hiver, mais que je ne verrai pas car elle est sur Disney + et que je n'ai pas du tout envie de souscrire à ce type de streaming.
Dommage, ce serait le seul moyen de voir si le niveau de l'animation des séquences sport est au niveau de celui de Yuri ( dont c'était vraiment le point fort)

samedi 21 juin 2025

la fanfare au clair de lune (T1) - Yamada Hamachi

 Ho, nouveau manga à sujet musical, ce sera parfait pour le 21 juin.

J'avais continué à lire Nana, mais j'ai plié au bout d'une dizaine de tomes. Le thème musical passait complètement au second plan, et Nana Komatsu m'est vite sortie par les yeux avec ses jérémiades, son immaturité émotionnelle et ses plans Q foireux. Vu que le manga est vite devenu un " holà, ça va trop vite, je ne sais même plus qui se tape qui" vu que les membres des deux groupes ont fortement tendance à sortir avec ceux du groupe rival, j'ai laissé tomber. Ca pourrait bien se passer dans l'arrière salle d'une supérette entre collègues de travail que ça serait pareil donc... intérêt vite perdu.

Donc c'est parti pour un shojo lycéen dans le milieu des fanfares amateurs.




On y suit donc Mizuki, 15, lycéenne de Tokyo en plein burn-out. Dressée comme un parfait chien savant par ses parents, elle craque. Elle n'a pas de loisirs, une vie sociale inexistante, pas d'amis, aucun centre d'intérêt car on lui serine depuis la maternelle que son destin est d'entrer dans une université prestigieuse.  Pour y faire quoi? Ben, elle même ne le sait pas, vu qu'elle n'a pas d'autre horizon que l'entrée à l'université. Elle n'a même aucune idée des matières qui lui plaisent ou non, quant toujours tout traité sur un pied d'égalité. Elle profite donc des grandes vacances ( au printemps au Japon) pour fuguer loin des parents et d'un quotidien insupportable, pour rejoindre sa tante, gérante d'un café restaurant à Akita ( le grand nord, autant dire quitter la capitale pour ce qu'on appelait quand j'étais au collège" le Japon de l'envers", un peu ce qu'un certain président appelait chez nous " la France d'en-bas". Précisément le genre d'endroit où les lycéens qui s'ennuient rêvent de faire le chemin inverse et d'aller étudier... à Tokyo)
Sauf que son vide existentiel la suit, jusqu'au jour où elle fait connaissance d'Akira, le lycéen qui a un petit travail au café. Elle tombe sous le charme non pas d'Akira qui a un sale caractère, mais de sa trompette. Pour la première fois de sa vie, Mizuki s'enthousiasme pour quelque chose, et, pire que tout du point de vue de ses parents, pour quelque chose qui n'est pas en lien avec les études, le prestige, ou la réussite sociale...
Mizuki fait donc des pieds et des mains pour rester à Akita, intégrer le lycée où Akira joue dans une fanfare, pour pouvoir elle aussi se mettre à jouer de la trompette dans la fanfare du lycée.
Problème: elle n'y connait rien, n'a aucune notion de musique, ne sait évidemment jouer d'aucun instrument, ne sait pas marcher au pas et a une nette tendance à baisser les bras quand une nouvelle difficulté se présente, pour aller pleurer dans on coin. Geignarde, trouillarde et pleurnicheuse ( mais au contraire de Nana, elle veut vraiment corriger ce défaut), elle doit donc à la fois apprendre son nouveau loisir, mais ausssi apprendre à faire un truc qu'elle ne sait absolument pas faire: avoir des relations sociales normales et se faire des amis.
C'est mal parti avec Akira qui ne tolère ce boulet que parce que c'est la nièce de son employeuse, maiiiis ils peuvent collaborer: Akira est un excellent trompettiste qui veut aller étudier la musique à l'étranger mais se heurte a un problème majeur: il galère à mort en anglais. Mizuki ne sait pas jouer de trompette mais en tant qu'élève modèle, a un très bon niveau d'anglais...

Bon, c'est un manga ( bizarrement classé seinen, alors que vu le cadre et les thèmes ce serait plutôt un shojo pour moi) plutôt classique: le personnage maladroit qui se retrouve propulsé dans une situation qui lui pose problème, les gens que tout oppose mais qui vont devoir collaborer, la vie à la campagne vs la vie à la capitale, les relations difficiles avec les parents. Mais d'une part, c'est l'histoire d'une fille qui se passionne pour la trompette, et donc ça fait plaisir, et d'autre part ça me rappelle la très sympathique série Hibike Euphonium ( qui a 10 cette année, ce que le temps passe!), et donc c'est une bonne chose.
Et la bonne nouvelle c'est q'il est fini au Japon, et qu'il y a seulement 6 tomes, don  ça reste une série lisible, qui risque moins de de se disperser au fil des tomes.

samedi 17 mai 2025

Solitude d'un autre genre - Kabi Nagata

17 mai, c'est la journée journée de lutte contre l'homophobie, et j'ai le sujet parfait pour ça!

Que voilà un étrange manga, absolument pas tout public. Issu d'un webcomic a visée cathartique, l'autrice ne nous cache rien de son mal être: attention on va parler de comportements auto destructeurs, de dépression, de maladie mentale, de mutilations, de prostitution, de sexisme...

le graphisme est inhabituel, plus proche de la BD indé.
Le sens de lecture aussi est européen. Un tel sujet ne pouvait pas vraiment être édité directement dans une maison d'édition normale, et c'est son succès sous forme de webmanga qui a fait qu'il a fini par être édité



Car le problème de l'héroïne c'est de se sentir incomprise. Mais elle ne se comprend pas elle même ( et la raison de cette incompréhension est expliquée en notes de fin, qui présentent la situation des minorités LGBT dans le Japon contemporain).
Nagata est anorexique/ boulimique, incapable de garder un travail longtemps car elle sombre vite dans des crises d'angoisse.. Elle voudrait que ses parents la comprenne.. mais ne trouve jamais le courage de leur parler franchement. Et leur parler de quoi? De ce qu'elle est? Elle-même ne le sait pas, car elle se refuse tout plaisir physique, à commencer par manger. Elle s'estime ne pas a voir le droit au plaisir quel qu'il soit. Pour trouver une raison a sa souffrance, elle commence à se scarfier: une blessure visuble est une raison légitime de souffrir, quand un mal être psychologique, donc invisibile, ne lui semble pas une souffrance valide. Là, au moins, dit-elle, elle a une vraie raison d'aller mal.

Et pourtant elle a un désir secret: elle veut qu'une femme plus âgée la câline.
Car ce que Nagata ne s'avoue pas c'est qu'elle est lesbienne, et s'en punit plus ou moins consciemment.
La déclic qui va la faire changer et la pousser à s'accepter est double. Premièrement un entretien d'embauche, où elle évoque son hobby: dessiner. Elle n'est pas retenue, mais la dame qui lui fait passer l'entretien lui dit clairement: " vous n'êtes pas la même, vous êtes bien plus vivante quand vous parlez de dessin, continuez dans cette voie, donnez tout". Ce soutien involontaire de la part d'une inconnue lui fait prendre conscience qu'il n'y a pas beaucoup de solutions: elle seule peut faire changer la situation qui lui déplaît.
La seconde étape cruciale est la découverte de services de prostitution lesbiens. Après tout, pourquoi pas, organiser un rendez-vous est facile, rapide, discret via une application... et même si son premier rendrez-vous ( et de fait sa première expérience sexuelle) est un fiasco, c'est aussi un pas vers l'acceptation. Elle est lesbienne, elle a le droit de l'être, même dans une société qui préfère ignorer leur existence.
Car au delà du sujet LGBT, c'est aussi la place des femmes dans la société japonaise qui est évoquée: le rôle traditionnel qu'on attend encore d'elle, la quasi-obligation d'arrêter de travailler quand on se marie et qu'on a un enfant, qui conduit à la spectaculaire baisse de natalité actuelle, puisque les femmes préfèrent rester célibataires sans enfant, que de devoir dépendre d'un mari, parfois encore choisi par les parents, ou par défaut. Mais paradoxalement la prostitution ( des femmes et des hommes, parfois d'individus très jeunes et pas encore majeurs)  y est répandue, au vu et su de tous ( j'ai vu de mes yeux de jeunes garçons et filles, des escorts, le soir en pleine rues de Tokyo faire la publicité d'un bar à hôtes ou à hôtesses), mais.. il ne faut pas en parler. Les magasins multicolores de préservatifs on pignon sur rue, mais les informations sur la prévention des IST et des grosses non désirées est proche du zéro.
Et plus généralement, il y a l'idée ( et c'est pareil en Russie ou en Hongrie) que si on ne parle pas d'homosexualité, ça détournera les jeunes de ces comportements, puisqu'ils ne sauront pas ce que c'est. Pire, en parler est considéré comme faire la promotion de comportements déviants et passible de prison dans certains pays.
L'hypocrisie sur ces sujets est énorme. Au Japon, elle n'est pas passible de prison, mais dans une pays où un proverbe dit " les clous qui dépassent appellent le marteau", tout comportement dans soit peut différent de celui attendu est socialement sanctionné. Les choses évoluent peu a peu mais en clair, un employé peut être mis au placard.. pour en être sorti!

Car le Japon n'est vraiment pas un pays où la différence est acceptée, et la différence même souvent à la marginalisation. Ici on parle du cas des Toyoko Kids ( attention, images violentes de bras scarifiés ou de jeunes ivres morts), adolescents désocialisés, rejetés par leurs parents, et qui n'ont souvent pas d'autre choix que la mendicité et/ ou la prostitution. Parce qu'ils sont différents, parfois atteints de maladies mentales (qu'on préfère cacher ou ignorer plutôt que de soigner), et n'arrivent pas à se couler dans les attentes d'une société hyper rigide où c'est "marche au même pas que les autres ou crève". Je suppose que bon nombre d'entre eux sont également des membres de la communauté LGBT mis à la porte par leur famille.

Le manga a d'ailleurs des suites.. que ne semblent pas franchement plus joyeuses que ce premier tome, mais qui ont le mérite d'aborder de front les problèmes sociaux: Boire pour oublier ma solitude, Journal de ma solitude, Solitude d'une guerrière errante. Je vais clairement m'y intéresser si je les trouve!

jeudi 17 avril 2025

La gameuse et son chat ( 8 tomes ) - Nadatani Wataru

 Et hop deuxième manga " feel good " dans la foulée du premier, cette fois avec un personnage adulte. Enfin, d'âge adulte... mais doté d'un centre d'intérêt que la société considère comme puéril, surtout pour une femme: une gameuse.





Et mine de rien, c'est une petite révolution à sa manière car son héroïne 29 ans au début, est une employée de bureau tout ce qu'il y a de plus ordinaire, si ce n'est qu'elle se distingue par son efficacité et sa rapidité. Riko Kozakura, surnommée " Zéro heure sup'" ( ce qui n'est pas un compliment au Japon où faire des heures supplémentaires est considéré comme un gage de sérieux.. mais personne  ne peut rien lui reprocher puisqu'elle arrive toujours à boucler son travail, sans erreur et donc... rien à redire), part toujours à l'heure. A la limite on lui reproche plutôt de ne pas participer aux presque obligatoires soirées post-travail, et comme personne ne sait rien de sa vie en dehors, les collègues se posent des questions. Pourquoi part-elle toujours si vite? Elle est toujours pressée, elle est plutôt jolie, il doit y avoir un homme qu'elle ne veut pas faire attendre..

Rein ne saurait être plus faux. Riko optimise son temps de travail et son temps de transport pour pouvoir geeker à l'aise chez elle en célibataire contente de l'être. C'est une gameuse hardcore. Du genre qui calcule ses activités à la minute près pour pouvoir consacrer tout son temps libre à jouer. Et dans tous les genres: du jeu casual sur téléphone jusqu'au MMORPG, de l'héroïc fantasy à la chasse aux pokemons, du jeu de combat à celui de gestion, elle kiffe tout! Et seule sa soeur est au courant de ce loisir considéré comme bien peu adulte et bien peu féminin. D'autant que physiquement, Riko est l'opposé du cliché de la geekette: une stricte comptable en tailleur.

Jusq'au jour où un chaton perdu est trouvé sur le parking de la société. Personne ne peut le prendre: le patron a déjà 3 autres chats, la collègue d'open space vit dans un immeuble où les animaux ne sont pas autorisés ( c'est courant au Japon), etc.. Et inexplicablement, Riko, qui n'a jamais eu d'animal de compagnie, tombe sous le charme de la boule de poils et l'adopte aussi sec.

Problème, elle est totalement noob en matière de.. tout ce qui n'est pas jeu. Qu'à cela ne tienne, elle va donc envisager la chose sous cet angle. Elle voit la croissance du chat comme de l'augmentation de niveau, son développement comme un gain de compétences, les passages à l'animalerie - où la vendeuse est une "PNG"- comme de l'équipement, les visites chez le véto comme des soins qui permettent de restaurer sa barre de vie et ses points de santé.
Et contre toute attente ça marche. Omusubi le chat ( un synonyme d'onigiri, à cause de sa tête triangulaire) est même ensuite doté d'un "compagnon de quête", nommé Soboro ( dont le nom désigne une sorte boulette de poulet à la sauce soja) et tous deux font une équipe d'exploration redoutable. Peu a peu le monde de Riko devient moins virtuel. Toujours aussi high tech, mais un peu plus tourné vers le vivant.

Et ses chats deviennent si important que, lorsque Riko se trouve contrainte de choisir entre ses chats et son travail ( la société déménage et il lui est impossible de trouver un appartement qui accepte les chats à une distance raisonnable de son nouveau poste, et dans son budget), ce sont les chats qui priment.

Une petite lecture à nouveau sans prise de tête mais, que ça fait plaisir de voir un personnage féminin à l'aise dans sa vie, qui assume ses loisirs différents, qui contre toute attente se fout totalement de la pression sociale et vit très bien son célibat de trentenaire qui n'a aucun projet familial. Et n'en fait pas une affaire d'état. Ce n'est ni un stress, ni une revendication, c'est juste sa manière d'être. Rien que pour ça, ça m'a beaucoup plu.

Le petit monde de Machida ( manga 7 tomes) - Andô Yuki

 Encore une série piochée un peu au hasard, à cause de son titre intrigant.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, une comédie lycéenne probablement.

C'est un peu ça, mais pas tout à fait. Lycéen, oui, comédie, pas tellement même si certains passages sont souvent drôles.



Hajime Machida, c'est le type ultra banal, et déjà ça.. ce n'est pas très banal.

Un héros lycéen quelconque. aAu physique moyen. Avec des lunettes, qui font que tout le monde le prend pour un intello... alors que c'est un élève très médiocre qui peine à atteindre la moyenne.
Il est nul en sport. Il est nul en cuisine. Il n'a pas de hobby particulier. Il n'est doué en rien de spécial.
Bref, le mec ultra normal.
A une chose près, il est très observateur. Et gentil. Les deux caractéristiques additionnées font qu'il sait instinctivement quoi dire ou quoi faire pour remonter le moral à quelqu'un. Il est par exemple le premier à se rendre compte que la mamie du coin de la rue a changé de coiffure, et la félicite. Ou à se proposer pour aider une prof âgée à transporter des cartons. Où à aider un camarade harcelé.

Donc tout le monde l'aime bien  parce que c'est le type sympa. Au point d'avoir un succès incroyable avec les filles, alors qu'il est " quelconque", et... de ne même pas s'en rendre compte.
Car notre type lambda est aussi d'une naïveté absolue, qui pourrait en faire un pigeon ultime ( il manque d'ailleurs dans un des épisodes se faire rouler par une nana qui l'utilise pour rendre son ex jaloux, sauf que.. son sens de l'observation lui fait vite remarquer non qu'elle le drague, mais qu'elle n'a pas fait une croix sur celui qu'elle a pourtant plaqué).

Et dans la réalité, c'est bien souvent le cas: le mec gentil, serviable et naïf est pris pour un con par l'univers entier qui y voit la bonne poire.
Bon, c'est partiellement le cas: aîné d'une fratrie de 5, avec une mère enceinte du 6° enfant ( laquelle a un bon caractère, mais aucune imagination puisque ses enfants se nomment par ordre d'arrivé: un, deux, trois... Hajime signifie " premier"), un père scientifique qui revient 2 semaines en vacances juste le temps de faire l'enfant suivant à sa femme.. C'est sur lui que tout le monde compte. Au point d'être vraiment dépendants de ce grand frère "papa poule" (oui, c'est une référence que seuls les quadragénaires connaissent).
Et au fil des tomes, il va aussi faire la connaissance d'une camarade de classe qui est devenue totalement asociale depuis qu'elle a été victime... pas vraiment de harcèlement scolaire, mais plutôt d'ostracisme. Et pourtant la fille qui n'attend rien de personne va finir par se socialiser au contact de ce nouveau copain qui considère tout le monde comme sa famille. Attention spoiler qui n'en est pas un pour les nippophones, elle se prénomme "Nana", donc.. 7. Nom qui la classe d'office dans la liste des frères et soeurs, du moins de coeur, d'Hajime. Elle qui a une famille dysfonctionnelle et ne sait pas ce que c'est que la vie de famille a bien du mal à comprendre le fonctionnement de cette tribu qu'elle considère comme "un peu à l'ouest".

Un héros aussi gentil et naïf, ça augure de quelque chose d'un peu cucul-la-praline. Et honnêtement, ça l'est, parce que la simple vision de Machida par des inconnus agit sur eux comme un catalyseur, à la limite de la magie, et leur donne immédiatement envie d'être bons, généreux, de se rabibocher avec leurs proches, d'adopter des chiens abandonnés... j'exagère mais pas tant que ça.

Mais en filigrane il y a quand même des choses intéressantes qui transparaissent sur la société japonaise, via les personnages adultes: la mère au foyer qui attend son mari et délègue le soin des plus jeunes à ses aînés ( ce qui sous entend que ce n'est pas habituel, la femme doit tout faire à la maison dans la conception japonaise ) la tante qui n'ose se résoudre à dire qu'elle est stérile ( la honte dans une société où on attend d'une femme qu'elle soit épouse et mère), le fait que le fils aîné doive endosser un rôle de ère de famille alors qu'il a 16 ans., la prof de 40 ans qui son célibat fait complexe (au Japon, à 25 ans, une femme est périmée sur le marché du mariage), le col-blanc qui fait des heures sup' et se plonge tellement dans son travail qu'il ne voit pas que son couple bat de l'aile, les retraités que leur famille ne vient plus voir...

Il n'y a pas qu'au Japon que c'est comme ça, d'ailleurs, mais ce sont en tout cas des thèmes sociaux que l'auteur mentionne discrètement...et auxquels son anti héro sympa apporte une solution idéalisée.
Donc oui, du manga "feel good", qui ne va pas super loin dans la dénonciation, mais ça ne fait pas de mal une fois de temps en temps, une lecture légère et optimiste qui donne l'illusion que le monde ne va pas si mal . Et puis bon Machida c'est un peu le pote qu'on aimerait avoir: un peu naïf, mais sympa et surtout, ni calculateur, ni manipulateur. D'un naturel désarmant. Son seul problème est qu'il est si attentif aux autres qu'il ne l'est pas à lui même et est incapable de se connaitre vraiment... Et qu'il n'a pas un autre ami du même genre en face de lui pour l'aider à se trouver.
Donc il ne faut pas s'attendre à grand-chose, l'histoire est cousue de fil blanc, la fin se voit venir de loin ( et en même temps, tout autre fin n'aurait pas eu de sens), c'est un manga "gentil" et parfois ça ne fait pas de mal.
Et puis en résistant à la méchanceté globale, Machida ne serait-il pas plus punk qu'il en a l'air? ( ouais, non quand même pas)
Mais j'aime beaucoup cette idée que quand le monde entier est cruel, être sympa, c'est putain de punk!
Soyez des putains d'punks!

mercredi 4 septembre 2024

Nana tomes 1 à 3 - Yazawa Ai

 Voilà une lecture que je n'avais jamais faite, et pourtant ce manga fleuve (21 tomes) a déjà presque 25 ans.
Il faut dire que deux choses me rebutaient particulièrement: le graphisme, avec ses personnages ultra filiformes à la limite du bonhomme bâton, et l'un des personnages centraux ( la meuf chochotte qui se plaint sans cesse)

Mais un jour d'ennui, dans une bibliothèque où c'était l'un des titres disponibles, je me suis donc tapé les 3 premiers tomes.
Et.. même si le graphisme et l'héroïne ne sont effectivement pas ma tasse de thé, c'est pas si mal. Pas oufissime, mais pas si mal et j'aime bien les personnages secondaires, Jun, Keisuke, Shin et sa situation particulière, Yasu qui est vraiment le pote qu'on aimerait tous avoir, et  Nana- O - la -punkette.


Donc de quoi que ça parle? De deux nanas qui se nomment Nana ( oui, elle est facile celle-là), soit en japonais, " Sept" ( avec ma date de naissance bourrées de 7, je pourrais aussi être une nana, je dois dire). Le 7 est un chiffre assez ambivalent au Japon, associé au bonheur et à la chance comme dans beaucoup de traditions ( les sept divinités du bonheur), il est aussi assez mal perçu dans sa lecture d'origine " shichi", qui sonne comme " la mort et le sang", donc pour éviter cette sonorité mal aimée, on préfère lui donner sa lecture typiquement japonaise " nana". Le chiffre porte bonheur en Asie est plutôt le chiffre 8, et Hachi,"8" est aussi le surnom que Nana O donne à Nana 4 pour la charrier et se différencier, et au fil des tomes, ce surnom est utilisé par d'autres personnages.

Mais qui sont ces "Nana". Le premier tome est une sorte de prologue, qui par moitié, présente des deux personnages centraux, dotés du même prénom.

Nana Komatsu, c'est la fifille, la barbie, celle qui aime la mode, les couleurs flashy, les fleurs, et les trucs girly. C'est aussi une sentimentale, mais.. dans le mauvais sens du terme. Elle est malheureuse en amour parce qu'elle tombe amoureuse tous les 2 jours, parfois même de garçons à qui elle n'a pas adressé la parole, se fait des films, et... devient très vite envahissante, ce qui d'une part fait fuir les gens normaux, mais la désigne aussi comme proie parfaite pour les hommes mariés en quête d'une aventure sans lendemain. Et c'est ce qui lui arrive, son amant plus âgé qu'elle part à Tokyo pour le travail et la plaque, elle va donc se jeter dans les bras d'un camarade de sa promo en école d'art. Ecole d'art qu'elle a choisi pas vraiment par goût, mais pour rester avec Jun sa meilleure amie. Car Nana K est une suiveuse, qui ne s'intéresse aux choses que pour séduire le nouvel élu,de son coeur, et n'a pas de goûts ou d'avis vraiment personnel. Problème: toute sa bande de copains à réussi les concours d'entrée en fac à Tokyo, elle non, et donc, elle doit attendre un an avant de les rejoindre.

Nana Ôsaki, c'est tout le contraire: punkette à tatouages, piercings, style tout droit sortit de Camden à Londres, elle a ses goûts , son franc parler, ne se laisse pas marcher sur les pieds.. et est heureuse en amour. Elle a une relation harmonieuse avec Ren, le guitariste du groupe de punk rock dans lequel elle est chanteuse. Mais Ren se voit offrir une place de guitariste dans un autre groupe prometteur à Tokyo, et c'est l'occasion de sa vie de percer nationalement en tant que musicien professionnel. C'est donc nana qui rompt, ne voulant pas le suivre en tant que "petite amie du guitariste d'un autre groupe", elle veut faire es preuves en tant que chanteuse et ne montera à Tokyo que lorsque la possibilité de devenir elle aussi chanteuse professionnelle se présentera.

Et c'est dans le train que les deux filles que tout oppose, y compris leur statut social, se rencontrent ( Nana Ô vient d'une famille pauvre, a été abandonnée très jeune par ses parents  aux soins d'une grand-mère qui lui a vite inculqué la nécessité de trimer pour avoir ce qu'elle veut, Nana K  est la deuxième d'une fratrie de 3, dans une famille asse remuante mais solidaire, et plutôt aisée, ce qui lui permet de faire ses études sans vraiment travailler. N'ayant pas le besoin absolu de gagner son argent, elle ne prend de petits boulot que pour draguer quelqu'un). Cette rencontre aurait pu rester sans importance si le hasard ne les remettait pas en contact, quelques jours plus tôt, lorsqu'elles cherchent à se loger. La solution est vite trouvée: devenir colocataires.
Et contre toute attente, elles s'entendent bien, et c'est le début d'une histoire d'amitié fusionnelle, qu'on devine relatée quelques années plus tard par Nana K., qui insiste sur l'importance que Nana Ô a eu sur son avenir, sur le modèle de femme indépendante qu'elle a été pour elle, incapable au début de comprendre qu'un travail est quelque chose de sérieux. On ne sait pas encore ce qui a pu se passer, mais toujours est-il que Nana Ô est devenue une boussole qui l'a aidée à ne pas sombrer lorsque la dépendance affective l'entraînait trop loin.
Et pour moi, Nana K devient supportable grâce à Nana Ô et Jun qui la charrient et la fon revenir sur terre, comme la lectrice que je suis aimerait le faire.

Car c'est bien de l'importance de l'amitié lorsque les choses deviennent difficile qu'il est question, mais aussi de thèmes sérieux: comment trouver son équilibre dans le monde du travail, comment devenir adulte dans une société aussi peu tolérante que le Japon l'est en ce qui concerne les marginaux ( Nana Ô et ses copains), comment supporter les inévitables ruptures, amicales ou amoureuses...
Il y a aussi d'autres thèmes encore plus sombres, telle la prostitution juvénile qui était et est toujours un fléau au Japon.

Pour ces points là, la série est intéressante et mérite qu'on ferme les yeux sur son graphisme ( qui s'il est plutôt moche de mon point de vue, a au moins le mérite d'être différent et personnel, c'est déjà pas si mal pour un shojô, beaucoup sont des copies conformes les uns des autres. Donc plutôt une bonne surprise, puisque je m'attendais à le trouver décevant au vu de son succès général.

Mention aussi aux astucieuses ouvertures, qui présente par instantanés, une journée des copines: 1 - Nana O attend dans le salon, 2- elle est rejointe par Nana K, 3 - Elles partent ensemble, etc... et forment une BD sans paroles à elles seules

samedi 27 juillet 2024

Running girl - Shigematsu Narumi

 Et c'est le grand retour du manga/ animé sportif de l'été.

J'ai repéré celui-ci à la bibliothèque où je travaille, et le sujet m'a paru intéressant, puisqu'on y parle de handisport.

Graphiquement, il n'est pas renversant, même s'il faut lui reconnaître un  grand soin apporté au réalisme des prothèses, validé par toute une équipe de consultants dans ce domaine.
Narrativement non plus, dans le sens où on retrouve le schéma ultra classique du personnage central qui a un problème, doit le résoudre et va le faire avec brio, soutenu par une équipe soudée d'amis.. et quelques opposants jaloux de ses succès, et sous la houlette d'un "maître" grognon qui poursuit ses propres buts.
Mais faire une oeuvre novatrice n'est pas le propos, l'objectif est de faire connaître le domaine du handisport, qui, il faut bien l'admettre, est encore le parent pauvre lors des diffusions médiatiques.



Ici, Rin, lycéenne de 16 ans, amputée  d'une jambe suite à une maladie, va retrouver l'énergie et l'espoir en découvrant l'athlétisme handisport. Son talent et sa ténacité la font repérer de monsieur Kazami, prothésiste, qui a justement d'un sprinter à son service, pur être le "représentant" de ses lames de course. en effet, la société pour laquelle il développe les lames estime que le projet est trop couteux pour un retour sur investissement suffisant, et menace de fermer cette section si ses lames ne se distinguent pas lors d'une course régionale. Kazami lui, vise plus haut: il espère que les lames de sa fabrication mèneront un athlète jusqu'aux jeux paralympiques.

Rin a besoin des prothèses de compétition de Kazami pour retrouver le goût de vivre via le sport, Kazami à besoin d'une athlète talentueuse pour prouver la qualité de ses prothèses. Ces deux-là vont donc devoir travailler ensemble pour mener à bien cet objectif avant l'échéance des jeux de Tokyo ( le manga date de 2020)


Et donc en trois tomes on suit son parcours non jusqu'aux jeux paralympiques, mais jusqu'aux épreuves de sélection pour ceux-ci, car pour elle la victoire est moins la sélection, que les étapes qui y mènes, comment elle passe en 2 ans de lycéenne déprimée par sa maladie, et ce qu'elle a perdu, à athlète motivée pour se surpasser. C'est aussi le parcours de changement qu'elle amène aux gens qu'elles rencontrent: Kazami, dont au départ l'objectif est très personnel, se rend compte que ses prothèses peuvent vraiment changer la vie des gens qui en ont besoin. Kei, la championne d'athlétisme du lycée, orgueilleuse et individualiste, qui découvre au contact de cette nouvelle camarade - dont l'enthousiasme malgré le handicap la pousse à intégrer un club de sport classique-  le plaisir de la course de relai et du travail d'équipe. Le petit garçon passionné de foot, et qui pense devoir renoncer à son loisir après l'amputation, et qui retrouve lui aussi sa raison d'exister avec la découverte du handi-sport.
Et même la mangaka qui en préparant son sujet, a rencontré des sportifs handicapés qui lui ont fait découvrir leur monde, leurs parcours et leur ténacité.
Donc, peu importe de savoir si Rin va se qualifier pour les jeux, et d'ailleurs en seulement trois tomes, tout va à toute vitesse, les personnages secondaires apparaissent et disparaissent.. comme dans la vie finalement, quand on change de club ou d'établissement, on ne sait pas ce que deviennent les anciens camarades, chacun faisant sa vie de son côté.

Donc oui, on peut lui reprocher d'être trop court pour vraiment approfondir certains personnages et leurs relation, et de précipiter un peu les péripéties, mais ce n'est pas non plus l'objectif d'avoir une histoire haletante. Mais c'est une lecture sympa qui a le mérite de mettre en avant un sujet rare et parfois difficile, sans insister lourdement sur le pathos. Je n'en attendais pas grand chose, je le qualifierai donc de "bonne surprise"