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mardi 30 avril 2024

A.I.R - Yoshimura Hiroshi ( musique)

 Aussitôt dit, aussitôt fait, j'ai donc cherché qu'est-ce qui pouvait accompagner olfactivement le disque de Yoshimura, puisque je n'ai pas d'autre information sur le parfum de Shiseido que " évoque une promenade en forêt". Connaissant le goût japonais pour les odeurs discrètes, le parfum devait être  assez léger. ( J'aime beaucoup Féminité du Bois, à l'origine , commercialisé par Shiseido, et repris par Serge Lutens depuis, donc j'ai une idée de ce que peut être un parfum boisé produit par la marque.

Et j'ai trouvé pile ce qui pouvait correspondre à un parfum de forêt, et encore mieux une forêt japonaise:  une bougie parfum " Bambou"Et effectivement c'est la détente absolue ( après une double séance de sport partagée entre Metallica et du funk, pour se booster l'énergie.. oui, je passe du gros matal à de la musique d'ambiance façon furin ( la clochette à vent, à éviter dans ma région où le mistral souffle bien trop souvent, ça casserait vite les oreilles à tout le monde)




Et donc cet enregistrement là date de 1984 ( donc antérieur à Green), mais est déjà très axé " nature",.
A l'origine le vinyl était entièrement blanc, avec une face A, dotée d'une étiquette verte avec une photo d'arbre, et une face B à l'étiquette bleue, avec une photo de vagues.
J'aime beaucoup cette idée d'avoir essayé de rendre une double ambiance, et d'introduire un peu de créativité dans ce qui était un travail de commande.
Souvent les bonus commerciaux à l'achat d'un produit sont assez nuls, mais là, c'est tout l'inverse: le gars a réussi a proposer un disque pour soutenir la vente de parfum, mais on pourrait imaginer tout l'inverse: le parfum étant le bonus du disque.
Je me demande s'il y a eu des fans de l'artiste qui l'ont acheté précisément pour avoir le disque, avec le parfum en cadeau :)

Dans les commentaires de l'enregistrement sur Youtube, quelqu'un mentionne qu'à l'époque, les clients qui ont acheté le paquet pour le parfum n'ont pas prêté attention au disque, et que certains l'ont jeté sans même l'écouter. Vrai ou non, le futur a prouvé que le disque était en fait bien plus diurable que le parfum qui n'est plus commercialisé depuis belle lurette.
Tandis que les auditeurs, dans les mêmes commentaires, font valoir que cette musique les a aidé à mieux encaisser la période de confinement il y a 4 ans..

Donc trouvez votre meilleur encens ou votre meilleure bougie, bien verts ou bien boisés, et c'est parti!

Un autre commentaire, que je trouve très intéressant est celui de quelqu'un qui dit s'être endormi puis réveillé subitement, en état hypnopompique pendant l'écoute, et les gens débattent de la différence entre hypnagogique ( quand on s'endort) et hypnopompique ( quand on se réveille). ce sont deux faces d'un même état, le cerveau s'endort par zones et se réveille par zones , et la musique, en modifiant les ondes cérébrales peut favoriser ou limiter ces effets.
Pour certains, cet instant entre veille et sommeil est désagréable ( quand ils ont des hallucinations), pour moi, c'est au contraire un moment très agréable. Je ne suis pas trop sujet à l'état hypnagogique, mais assez souvent à l'état hypnopompique. Ce moment où je suis tellement bien à traîner dans mon lit, j'ai en général l'impression , alors que je ne suis ni croyante, ni mystique, que ma conscience est connectée à des milliers d'autres. Et même en sachant que c'est un effet purement physique dû au fonctionnement cérébral, l'idée de faire peut-être de la télépathie avec un autre dormeur mal réveillé, quelque part dans le monde me plaît beaucoup.
Je me demande si c'est cet effet qui a induit chez les philosophes le conscept d'idéosphère. En tout cas, dans l'antiquité grecque, il y avait cette conception que l'ensemble des idées, le noûs, existe en dehors de la tête, un peu comme le net est extérieur à un ordinateur, et que penser à quelque chose, c'était à peut près comme télécharger une donnée.
Je vois ce qu'ils veulent dire, puisque c'est précisément ce qui m'arrive parfois au réveil, et que c'est un état de paix et d'harmonie incroyable, et accessible sans même prendre une quelconque substance.
Je me demande s'il existe un concept voisin dans la philosophie japonais. Probablement, je suis presque sûre que c'est ce qui existe dans la philosophie indienne, un état de transe où on se sent en connexion avec l'univers, détaché de soi, et atteint par la méditation.

En tout cas si ma méditation idéale, c'est la grasse matinée, je prends! J'ai même une excuse toute trouvée " non, je ne fais pas la grasse matinée, je suis en connexion avec l'univers et l'idéosphère par le biais de la médiation hypnopompique!"

La chair des os - Kôno Taeko (lecture audio)

 J'avais prévu ce sujet hier, mais une recherche rapide sur cette autrice une fois de plus inconnue de moi, me dit qu'elle est née le 30 avril 1926. Elle aurait donc 98 ans si elle n'était pas morte il y a quelques années, j'ai donc logiquement décalé mon sujet d'un jour.

nouvelle également publiée dans ce recueil

Bon, celle-là ne m'a pas convaincue: une femme qui vient d'être plaquée se remémore des moments passés avec son ex, notamment, lorsqu'ils mangeaient des huîtres ensemble. Et visiblement, manger des huîtres, c'est son plaisir particulier. Enfin, son kif, c'est surtout d'ouvrir les huîtres de manière chirurgicale, car elle ne mange qu'une petite partie des aliments, celle que délaisse l'homme. Que ce soit les restes d'huître collés à la coquille, de viande collés aux os de poulet, ou aux arêtes de poisson.
Parallèlement depuis la rupture, elle se laisse aller, et ne mange plus, autant par manque d'argent que parce que, visiblement, pour elle, nourriture = sexe. S'il n'y a pas quelqu'un pour partager ce moment, et la nourrir de restes, elle perd l'appétit. Apparemment elle a aussi une sorte d'obsession par rapport au feu , ayant une peur maladive des incendies.

Bon, je n'aime pas les huîtres, donc le plaisir de leur consommation m'est franchement étranger. Plus généralement, et malgré la qualité de lecture, je suis restée totalement en dehors de cette histoire de liaison, puis de rupture SM.

Donc, ce n'est pas une autrice vers laquelle j'irai à nouveau en premier lieu...

On peut l'écouter ici, lue par Christiane Cohendy (54 minutes)

lundi 29 avril 2024

Tribu bêlante - Ôe Kenzaburô (lecture audio)

 Et la nouvelle du jour est cette fois d'un auteur bien connu, prix Nobel de Littérature en 1994, Prix Akutagawa ( l'équivalent peut être de notre Goncourt au Japon, en terme d'importance) en 1958 pour Gibier d'élevage.

Et pourtant, étonnamment, je ne l'avais pas encore lu, donc, c'est l'occasion ou jamais, via cette série audio.

Trouvable ici cette fois encore
Cette tribu bêlant (des " moutons humains" dans le titre original) sont les passagers japonais d'un bus, harcelés par des soldats américains, qui les humilient, les forçant à se mettre à 4 pattes et à bêler comme des moutons.
Donc on commence par une réflexion sur le thème "Vae Victis", malheur aux vaincus, les américains vainqueurs ne se comportant pas dignement et prenant plaisir à ridiculiser les vaincus.
Mais une fois les américains partis, ce bus  peuplé de japonais, dont certains ont évité la honte, devient une version réduite de la société japonaise tout entière, il y a ceux qui ont honte d'avoir laissé faire.. mais se sont bien abstenus pour ne pas retourner contre eux la vindicte des américains, ceux qui compatissent ou s'indignent... un peu tard, et ceux qui insinuent que les victimes (qui ont été menacées au couteaux, et ont préféré l'humiliation à la mort), sont complices, et ont en quelque sorte imposé aux autres la vision de leur défaite. Au point de forcer les victimes à aller porter plainte à la police, et à raconter cette humiliation, et à affronter l'hilarité des policiers, qui y voient une plaisanterie qui leur fera la soirée. Et où il n'y n'a pas vraiment matière à plainte, puisqu'il faudrait que les autorités japonaises s'opposent aux vainqueurs, donc autant dire, aucune possibilité de réparation. Les victimes ne voulant pas porter plainte, un des témoins les harcèle, voyant dans ce refus de déposer plainte se perdre l'occasion d'avoir le beau rôle de redresseur de torts. Oui, c'est tordu.

Mais j'ai bien aimé cette histoire étrange qui brouille les pistes entre victimes et bourreaux. Je pense que je me ré-intéresserai à cet auteur à l'avenir.

Lien pour l'écouter (enregistré en 1987 par Robert Rimbaud), accompagné d'un extrait d'une conférence donnée par Oê en 1987, qui explique l'origine et l'intention de sa nouvelle. 56 minutes au total

dimanche 28 avril 2024

L'idiote - Sakaguchi Ango ( lecture audio)

 Et hop, troisième lecture/ écoute de cette série de nouvelles proposées par Radio France.
C'est encore un auteur inconnu de moi, et donc une découverte.



Enregistrée en 1987 et lue par Raymond Gérôme ( 53 minutes). 


Donc, de quoi est-il question? D'une petite rue de Tokyo, où habitent des gens un peu particuliers, pendant la seconde Guerre Mondiale. Il y a Isawa le journaliste, il a un regard très critique sur la société et déteste son travail et surtout ses lecteurs, plus intéressés par les effets de mode que par les vrais sujets. Il y a une secrétaire du comité de quartier, enceinte, qui ne sait pas trop qui est le père de son futur enfant, car elle a, probablement en échange de nourriture été la maîtresse de tous les hommes du comité, qui maintenant se débinent pour laisser à l'un seul la tâche de subvenir aux frais de naissance. Il y a "le fou", un homme plutôt misanthrope qui a choisi de venir s'installer au bout d'une ruelle, le plus loin possible des gens. Il vit là avec sa mère, assez tyrannique, et sa femme " l'idiote". L'idiote ne sait pas faire grand chose (c'est à dire, pas grand chose de ce qui est attendu d'une japonaise de cette époque, autrement dit, la cuisine), et est craintive. Elle semble traumatisée, que ce soit par la guerre ou les reproches de son mari et de sa belle-mère.
Evidemment ces "inadaptés" sont surtout là pour mettre en exergue la fausseté de la société japonaise constituée " d'êtres creux", de la censure militaire, de la guerre, de la "volonté superficielle des gouvernements".
Et pourtant un événement inattendu se produit, le jour où l'idiote s'enfuit de chez elle... et trouve refuge chez Isawa, qui n'a pas le coeur de renvoyer cette femme paumée. Et tous deux commencent une étrange cohabitation, sous les bombardements. Il n'en fait pas sa maîtresse, mais l'observe, tant elle est différente des autres individus qu'il connaît, espérant découvrir chez-elle une étincelle d'intelligence, une réaction normale, un peu plus qu'animale. Leur manière de penser, différente du reste de la foule, est peut être la clef de leur salut dans une époque irrationnelle.

C'est un coup de pied réjouissant dans la fourmilière hiérarchique de son pays que donne Sakaguchi. Et ça m'étonne qu'il n'ait pas été, pour cette raison précise, mis plus en avant en Europe, tant son écriture est peu japonaise, dans un pays où la règle est d'être comme tout le monde et de ne pas faire de vagues.

Pour l'écouter, c'est ici.

samedi 27 avril 2024

Green - Yoshimura Hiroshi ( musique)

Après deux nouvelles et avant les autres, je reste sur un support audio, mais musical cette fois. Car Youtube m'a opportunément suggéré cet enregistrement d'un compositeur que je ne connaissais absolument pas, c'est l'occasion de le découvrir...
Donc Yoshimura Hiroshi était un designer sonore, un compositeur de musiques d'ambiance, mêlant bruits de nature, et musique synthétique ( pour faire simple, le genre de ce qu'on peut entendre chez Natures et découvertes, par exemple). Du moins pour la version internationale. La version japonaise n'a pas de bruitages, mais uniquement la musique.
PAr contre la réédition vinyl récente est .. wow, le disque transparent vert, c'est ultra cool!


Le gars se réclame à la fois d'Erik Satie et de Brian Eno, et .. rien que ça, ça suffit à m'intriguer.
et à l'écoute de ce Green, je ne suis absolument pas en terrain inconnu, étant particulièrement amatrice à la fois de rock progressif et de minimalisme.

L'objectif de Yoshimura en 1985 était de proposer une récréation sonore pour les oreilles des citadins japonais pour calmer les esprits, alors que le pays est en pleine croissance économique ( la "bulle" commence), et avec elle, le stress.
Bon je ne suis pas sûre de l'effet détente de certaines pistes, la seconde par exemple est plutôt speedée. Mais ça peut avoir un effet hypnotique, au même titre par exemple que certains morceaux de Jean-Michel Jarre. Les deux sont contemporains d'ailleurs, avec une petit avance temporelle pour Jarre ( oui, j'ai grandi en écoutant aussi Oxygène, Equinoxe et Chants Magnétiques, qui étaient dans la discothèque familiale, ça fait d'ailleurs un bail que je ne les ai pas écoutés, mais donc ça m'est familier, de même que Popol Vuh ou Tangerine Dream.
Donc si ce genre de musique vous branche, vous pouvez y aller, c'est bien sympa.

Pour lui le titre "green" ne fait pas référence à la couleur, mais au " cycle vert" . Le détail sympa est que toutes les pistes sont titré d'un seul mot anglais monosyllabique ( sauf le dernier), dont la particularité est d'avoir deux E qui se suivent (creek, sleep, feel, etc..)

Version avec bruitages.
Version sans bruitages.

Personnellement je préfère  celle sans bruitages, plus minimaliste, les bruitages parfois l'audibilité de la composition (et sont dispensables). Judicieusement ressorti en 2020, en plein confinement, cette démarche est logique: conçu comme un anti stress sonore, réédité en période de stress... Ca me paraît  être rapprochable du succès actuel des radios " Lo-Fi", qui correspond aussi à une recherche de confort et de sérénité sonore chez soi, même si le genre a changé

Tous les autres enregistrements de l'auteur, mort en 2003 sont disponibles sur Youtube, et je vais écouter ça peu à peu.
Je suis très intriguée par Air In Resort ( 1984) pour sa petite histoire: une musique commandée par Shiseido, pour la promotion d'un parfum nommé A.I.R, inspiré par la forêt. Le disque était vendu emballé mais la pochette était imprégnée du parfum en question. Le parfum n'est plus trouvable, et j'aurais voulu savoir ce que ça donnait, ce concept de mêler impression sonore et olfactive, un disque à sentir, ou un parfum à écouter, C'est génial, et pas seulement du point de vue du marketing, mais bien de celui d'une approche multi sensorielle ( ce qu'on fait finalement quand on allume une bougie ou de l'encens en écoutant un disque - j'ai d'ailleurs une  bougie allumée odeur "feuilles de cassis" en écoutant Green-, mais cette fois parfaitement calibrés pour aller l'un avec l'autre.)
Tiens je devrais chercher dans mes tiroirs divers encens et bougies et chercher lequel correspond le mieux à chaque enregistrement instrumental que j'ai, tiens... Je dois avoir des choses boisées et marines pour accompagner Air in Resort quand je l'écouterai.
Il me reste 3 nouvelles a écouter et chroniquer, tiens... je finirai donc cette série de sujets audio par Yoshimura aussi.

vendredi 26 avril 2024

L'envoûtement - Enchi Fumiko (lecture audio)

 Je continue sur ma lancée audio, cette fois avec une romancière du XX° siècle, que je ne connaissais que de nom.
La série " une semaine au Japon" compile 5 nouvelles dont les lectures ont été enregistrées à différents périodes, Mais je suis directement passé à la seconde.
En effet, La première est Pays de Neige de Kawabata, que j'avais lu et chroniqué ici, donc je l'écouterai probablement à un autre moment.

Pour l'Envoûtement, c'est Guy Tréjan le lecteur, la nouvelle est trouvable dans

Je note!
Chikako et Keisaku sont un couple d'âge un peu avancé, leurs deux filles sont mariées et ont quitté la maison. Keisaku, le mari est amateur et collectionneur de porcelaines et a prêté un vase précieux pour une exposition, mais sa femme ne partage pas son enthousiasme. Ce prêt d'antiquité lui rappelle de mauvais souvenirs, qu'un flashback nous raconte.
Quelques années plus tôt, Keisaku a décidé d'ajouter à son emploi de banquier l'activité lucrative d'antiquaire, puisque c'est un domaine qui le passionne. Elle n'apprécie surtout pas de voir son mari garder pour lui les trésors, et revendre au prix fort à des touristes, des babioles sans valeur et des faux, ce qu'elle assimile à de l'escroquerie. Chikako en vient à mépriser son mari malgré la nécessité de ce commerce pour faire face aux dépenses quotidiennes dans un pays ruiné par la guerre. Un jour un italien client des antiquailles de son mari, sachant que Chikako parle anglais, lui propose un curieux emploi: traduire pour son compte, des livres érotiques japonais, à destination du marché européen. Chikako, horrifiée, assimile ça a de la prostitution, mais Keisaku accepte le marché, sans la consulter, ce qui n'est clairement pas pour arranger leurs relations déjà houleuses. Mais faute d'argent, elle plie, cachant cette activité licencieuse à ses filles. Et pourtant au fil de ses traductions, la prude Chikako commence à prendre intérêt à ce travail, et de fil en aiguille, de devenir officiellement traductrice y compris de littérature plus "noble", ce qui la met dans une relative indépendance financière par rapport à son mari, chose rare et précieuse pour une japonaise des années 1950.
Parallèlement à ça, le départ des enfants exacerbe les tensions entre deux personnes qui n'ont plus rien en commun. La littérature et les promenades dans son quartier sont ce qui égayent le morne quotidien de Chikako, qui commence à se voir vieillir et complexe, mais que ce vieillissement libère aussi, elle commence à oser dire tout haut ce qu'elle pense, sans se soucier vraiment de ce que les autres en penseront.

C'est ici que vous pouvez l'écouter. Durée 55 minutes.

Je ne connaissais donc pas vraiment l'auteur, mais c'est une découverte plutôt intéressante, d'autant que le personnage central est une dame qui n'est pas encore très vieille, mais plus jeune non plus, et se trouve dans un intense moment de remise en cause de sa vie. En travaillant à la bibliothèque, à partir de juin, je regarderai s'il y a d'autres textes de Fumiko Enchi.

jeudi 25 avril 2024

Histoires qui sont maintenant du passé (extrait) - Minamoto no Takakuni ( lecture audio)

 Une toute petite publication en l'honneur du mois japonais, via un conte extrait de "Histoires qui sont maintenant du passé". Le temps m'est précieux en ce moment, et je n'en ai pas beaucoup à accorder à la lecture, donc voilà une solution que j'ai employée en février pour des nouvelles de Tennessee Williams. Je ne suis pas très fan des audiolivres en général, mais la série " Bonnes nouvelles grands comédiens" est un peu différente, puisqu'il s'agit de programmes radiophoniques qui ont 50 ans d'âge ou plus, où des acteurs de théâtre, en général de la Comédie Française, lisaient différentes nouvelles. Donc au niveau de la qualité d'articulation, il n'y a rien a redire.

je n'ai pas d'illustrations donc.. un manuscrit du recueil d'origine




Il y a peu de littérature japonaise, mais j'ai pu y trouver cet extrait des "Histoires qui sont maintenant du passé", recueil de Minamoto no Takakuni, qui date du XI° siècle.
On le trouve d'ailleurs aussi sous le titre" Histoires fantastiques du temps jadis", il me semble que je l'ai d'ailleurs quelque part sur une étagère, mis en attente pour un prochain mois Halloween, donc, en voilà un extrait un conte en avant première!
C'est Catherine Sellers qui le lit.

Le conte " Comment un Moine du mont Hiei obtient la sapience par le secours du Boddhisatva Kokûzô", nous raconte la bien peu glorieuse histoire d'un jeune moine très dissipé. Ce n'est pas qu'il soit de mauvaise volonté, mais la nature humaine est ainsi faite qu'il préfère festoyer et courir après les femmes qu'étudier, aussi après plusieurs années, ne sait-il qu'un seul sûtra, appris bien imparfaitement, le sûtra du lotus de la loi ( 28 chapitres quand même!). Alors qu'il revient du pèlerinage, il demande à être hébergé pour la nuit dans une maison, et bien sûr la maîtresse des lieux est une jolie veuve qu'il va s'empresser de draguer (enfin, même de tripoter pendant qu'elle dort). La dame se réveille et lui explique qu'elle est riche et a beaucoup de prétendants, et que donc il va falloir se distinguer s'il veut espérer la séduire, elle lui demande donc de prouver qu'il est un moine digne et de lui réciter le sûtra du lotus de la loi... que le moine a en grande partie oublié. La dame lui dit donc de retourner étudier et de revenir dans quelques mois quand il l'aura appris parfaitement.
La perspective d'une relatio sentimentale avec la femme le pousse évidemment à étudier, et le moine revient bien plus rapidement que prévu, réciter parfaitement le sûtra..
Et .. rebelote , la femme lui explique que c'est bien, il est de bonne volonté, mais une dame de haut rang ne peut pas même envisager d'épouser un moine qui ne connaît qu'un seul texte et n'est même pas clerc, elle lui dit donc de revenir dans 3 ans, une fois qu'il sera clerc, prouvant ainsi qu'il est digne de confiance d'éloges etc...
Vous voyez venir la suite? je ne vais pas rentrer dans les détails, mais l'histoire tourne au fantastique, et le moine sera pris à son propre jeu: apprendre pour impressionner les femmes n'est pas un objectif très saint!

A écouter ici.