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mardi 28 juillet 2015

Yamishibai, le théâtre de l'horreur ( animation)

Parfois en fouillant le net, on trouve des choses sympathiques et originales, telle cette courte série nommée Yamishibai.

Elle fait référence au Kamishibai, le théâtre de papier, un art de rue japonais en voie de disparition, un théâtre ambulant où un conteur narre des histoires en manipulant des marionnettes de papier, un peu dans l'idée du théâtre d'ombre... Depuis l'apparition et la popularisation de la TV, le kamishibai est limité aux animations de êtes traditionnelles, dans les jardins d'enfants, avec des histoires mignonnes

Sauf que là, c'est yamishibai, le jeu de mot n'étant pas traduisible. Disons que les histoires sont beaucoup moins mignonnes, puisqu'il va être question de légendes urbaines, de fantômes, de monstres...

Tous les jours à 5h00, un conteur masqué avec son théâtre portatif vient raconter, en 4 minutes une histoire effrayante:

Celle d'un homme qui emménage dans un appartement où des talismans semblent apparaitre seuls et de plus sa voisine commence vraiment à lui filer les chocottes...
oui, c'est elle la voisine..  glups...

celle d' un voyageur qui se réveille dans un hôpital sans savoir ce qui lui est arrivé et se trouve maudit par les autres patients,
d'une mystérieuse cérémonie d'exorcisme par le rire,
d'un ascenseur qui débouche sur des étages qui n'existent pas,
d' une photocopieuse hantée.. tiens oui, je vous recommande l'épisode 4 " cheveux" il est très efficace...

J'aime beaucoup le style graphique, très différent de ce que l'on a l'habitude de voir dans les anime récents. Ici, il fait clairement référence à sa source, le théâtre de papier avec des personnages peu animés qui semble être manipulés par une volonté extérieure, des couleurs sépia, un effet tremblotant d'image éclairée par une lanterne posée à l'arrière...
Les fins sont souvent ouvertes, pas d'horreur sanguinaire, mais dans ce genre de sujet.. est-ce que ça n'est pas pire de suggérer que de montrer?

La série est toujours en cours au Japon, il y a pour l'instant deux saisons de 13 épisodes, toujours de 4min, 4min30 en contant les crédits.. et la bonne nouvelle c'est qu'elles est visible gratuitement, et en VOST français ici
La bonne découverte de ce mois de juillet, je n'ai pas encore tout vu, je vais le faire durer un peu sur les jours qui viennent...

lundi 20 juillet 2015

Une bouteille à la mer ( théâtre)

 Voilà une idée de sortie si vous êtes sur Avignon ou sa région en ce moment: une troupe d'Okinawa nous présente la culture de sa région à travers danse, chants, musique, percussions et théâtre d'ombre. a voir au festival d'Avignon jusqu'à la fin de la semaine (oui, je sais c'est court) la troupe part ensuite en août au festival d'Edimbourgh.


Il s'agit d'une courte ( 1h00) évocation de l'histoire du royaume de Ryukyu ( qui correspond à peu près à l'actuelle région d'Okinawa), royaume indépendant qui a duré du XIV° au XIX° siècle, annexé au japon en 1879. son indépendance, et sa situation (  plus proche géographiquement de Taipei et Shangaï que de Tôkyô) en a fait un important lieu de commerce maritime, à l'époque même ou le Japon se repliait sur lui même et évitait au maximum les contacts avec l'étranger, y compris commerciaux.

La culture locale est donc à la fois proche de celle du Japon continental pour ce qui est des matsuri ( le spectacle évoque les fête de.. tiens, o-bon...), mais assez différente, j'ai presque envie de dire plus " relax". En tout cas pour les danses qui évoquent les travaux des champs et la pêche.
Et très très énergique, si vous avez déjà vu les percussions d'Okinawa.. c'est exactement ça: c'est vif, coloré, ça bouge beaucoup, l'énergie est communicative. Les 3 danseuses ( et 2 danseurs, mais surtout les 3 filles) s'amusent beaucoup, ça fait vraiment plaisir à voir.
Avec le petit bonus qui fait plaisir: un dépliant en français à lire avant le spectacle, qui explique rapidement les caractéristiques de la région , la troupe et leur théâtre. Et des textes en voix off en français également, ça fait toujours plaisir de comprendre ( enfin je suis quand même toute fière de moi d'avoir compris quelques mots dans la chanson des 4 saisons, en Japonais et non pas en dialecte d'Okinawa!)

Je n'en parle que maintenant car c'est juste hier que j'ai pu aller le voir, mais la même troupe était déjà au Festival 2013 et 2014 avec une autre production, . Il ya donc des chances de les revoir à Avignon l'an prochain.
voilà un trailer pour "une bouteille à la mer"  le spectacle de cette année
j'avoue, c'est le fait de les voir passer dans la rue avec les chapeaux " fleur de lotus" qui a attisé ma curiosité
et le site de la troupe

allez, c'est gagné, j'ai envie d'aller à Okinawa maintenant...

dimanche 19 juillet 2015

Yokai à l'honneur (1) Les Tengu

Dans la foulée du sujet précédent, j'ai envie de vous présenter peu à peu quelques uns des monstres les plus connus ( gros prétexte pour rassembler des illustrations)
 Commençons donc par les tengu, puisque ce sont ceux classés en numéro 1 dans la liste Yokai attack, et qu'on peut en croiser dans les oeuvres de fiction.

Sous deux formes principalement:
- Karasu Tengu, le tengu-corbeau, représenté comme un homme oiseau vêtu d'un costume de moine guerrier.
sculpture de la période Edo
estampe de Toriyama Sekien

-Hanadaka Tengu, le tengu à long nez, au teint rouge et ...au long nez, duh!! Il transporte un éventail géant avec lequel il peut déchaîner les tempêtes, et marche sur des geta à une lamelle. Dans de rares cas, il peu sympathiser avec les humains et leur enseigner les arts martiaux ( légende de Yoshitsune)
estampe de Yoshitoshi

Dans les deux cas, la créature est supposée plutôt teigneuse, rancunière,  d'un tempérament guerrier, douée pour le maniement des armes et capable de changer d'apparence, rien que ça.. ne le vexez pas, il est capable de vous téléporter au loin s'il est dans un bon jour. Ou être une divinité protectrice si l'humain qu'il a en fac de lui n'est ni agressif, ni mauvais en particulier envers la forêt ou il réside.

Le Karasu tengu semble être une version plus ancienne, tiré du Garuda indonésien.
Le hasard à fait que j'ai visité deux endroits qui leur sont dédiés: Le mont Kurama en 2014
Masque de Tengu à la gare de Kurama, près de Kyôto
Et le mont Takao en 2007
voilà les geta à une lamelle.. ici des ex-voto au kami tengu de Takao.
Celui de Takaosan tient des deux variétés: grand nez et ailes.

Quelques uns issus de manga
Oguro dans le cortège des cents démons, a l'apparence d'un tengu.. et la taille d'un gros moineau
Black bird, un manga que je ne connais pas, mais il semble que le tengu soit un des personnages principaux. une idée de lecture, une!
Akai sato no tengu, trouvé par hasard, je ne pense pas qu'il soit traduit en français
Un wallpaper, je ne sais pas exactement d'où il vient, mais ce billet manquait cruellement de  femmes à.. plumes

et pour finir, un combat de nez que je trouve très drôle:
Estampe d'Utagawa Kuniyoshi



samedi 18 juillet 2015

Yokai attack! - Yoda Hiroko et Matt Alt

En visitant le musée de Tokyo, j'avais trouvé 2 livres sur les yokai, en anglais, qui n'attendaient qu'une occasion d'être mis en avant: Ce Yokai attack et un autre intitulé Yokai Museum.

Yokai Attack, sous titré " The Japanese monster survival guide" est un petit livre destiné à faire conaître les différents types de monstres, présenté un peu comme un livre sur la faune, avec un descriptif de la "bête", une illustration, et des explications du type: savoir différencier les monstres, et que faire en cas d'attaque. Que faire si vous croisez un Tengu ou un kappa? Que répondre à une kuchisake onna qui vous demande si elle est jolie?

Mais tout d'abord un peu de vocabulaire:
-  yokai est une appellation assez générale qui désigne une créature surnaturelle sans considération de son comportement, il peut être bienveillant ou malveillant
- Bakemono ou Obake ( version honorifique, mieux vaut être poli avec eux), une autre appellation générale, peut-être plutôt réservée à ceux capable de se métamorphoser
- yûrei: un esprit qui n'est pas entré dans le monde des morts, quele que soit la faison, donc un fantôme.
- un kami est une créature qui peut aller du simple esprit d'un lieu à un véritable dieu. Et dans la tradition shinto, on en trouve absolument partout, de ces esprits. Il n'est pas rare de tomber au détour d'un chemin en pleine nature un autel dédié au kami du lieu .

D'autres appellations peuvent être rencontrées: mononoke, ou ayakashi. Souvent à l'origine elles désignait une créature fantastique en particulier avant de prendre un sens plus général.



Le livre est divisé en 5 parties:

les "ennemis féroces" : ceux que l'on préfère éviter se croiser au détour d'un chemin: Tengu, Nekomata, Nue.. souvent des créatures hybrides, mi -humain, mi animal.. et très caractérielles
O-Dakuro, le grand squelette, oui, c'est lui qui me sert de logo pour ce mois..

les "gourmets horribles" : qui se distinguent par leur régime alimentaire bizarre, tell le Tesso, homme-rat qui se délecte des textes sacrés, ou l'onibaba, ogresse qui, comme tous les ogres de tous les pays, adore les humains.. en plat de résistance.
l'akaname, son péché mignon est de manger les restes de savon  dans la salle de bain...

Les "voisins agaçants": pas méchants, mais très très pénibles à supporter: les Tanuki sont classé dans cette catégorie, ma favorite, car on y trouve aussi les objets animés, et bonjour l'imagination débordante: lanternes hantées, parapluie à un oeil, instruments de musiques qui jouent seuls..

Les "sexy et collants" ( alias la catégorie misogyne!) tous les monstres qui utilisent le charme et la métamorphose pour enjôler les humains (et éventuellement les boulotter) sont là: Rokuro Kubi ( alias la femme au cou élastique), la femme serpent, la dame des neiges. Il n'y a guère que les kitsune ( femmes et hommes renard(e)s ) pour rééquilibrer le sex-ratio de cette catégorie ( non mentionnés ici, les serpents de mon petit livre chroniqué précédemment, rentreraient bien dans le lot)
Rokuro Kubi

Les "mauviettes", les monstres trop timides pour se laisser voir: Nopperabo ( l'homme ou la femme sans visage), Hanako le fantôme des toilettes ( sorte de Mimi Geignarde, amis lecteurs de Harry Potter), celui qui se cache dans votre ombre, ou dans la fumée..

Un petit livre très sympa, à défaut d'être exhaustif ( 45 monstres , alors qu'il en existe probablement une quantité .. monstrueuse), mais qui est déjà un bon début. Par exemple j'avais déjà croisé la lanterne et le parapluie hantés dans des illustrations, sans penser qu'ils faisaient partie du folklore.

Les mêmes auteurs ont aussi rédigé " yurei attack" sur les fantômes, à moi de le trouver à l'occasion.
J'ai vu que les Deux titres existent au format numérique, mais je ne les trouve pour le moment qu'en version Kindle . (et je viens de voir qu'il existe une appli pour lire les format kindle sur android.. bon, je vais essayer comme ça!)


jeudi 16 juillet 2015

Haikyo, ou l'exploration urbaine au Japon

C'est quelque chose que je viens de découvrir totalement par hasard en cherchant des infos sur les lieux hantés au Japon.
Je connaissais vaguement l'exploration urbaine, ce loisir illégal ( si les lieux sont abandonnés, les terrains sont toujours susceptibles d'appartenir à des propriétaires privés, et qui semble quand même un peu dangereux ( le danger étant bien plus de se blesser en tombant dans la pagaille ou de passer au travers d'un plancher vermoulu, bien plus que de rencontrer un fantôme)

Suite à la "bulle" économique, le Japon a connu une croissance très rapide dans les années 80, constructions à tout va.. jusqu'au krach fin  1989. Beaucoup de ces endroits construits en quelques années se sont désertifiés aussi vite qu'une ville champignon dans le Far West lors de la ruée vers l'or. Les lieux laissé à l'abandon se sont dégradés très vite , devenant des haikyo ( des ruines), dans lesquelles les explorateurs urbains s'en donnent à coeur joie.

 Bienvenue dans une ambiance proche de la SF tendance post-apo et du décor de film d'horreur, histoire de commencer gentiment ce mois fantômatique et monstrueux.


La plus célèbre est Gunkanjima (l île bâteau de guerre), une ile entièrement construite ( j'imagine le cauchemar de surpopulation quand c'était habité, l'endroit a été fut un temps le lieu le plus densément peuplé du monde), qui vient d'être classée Unesco au début de ce mois. Au XIX° siècle l'ile était une mine de houille, elle a été abandonnée quasiment du jour au lendemain lorsque le gisement a été épuisé.
Le plus curieux étant que les habitants sont partis quasiment en laissant tout derrière eux.
L'endroit est visitable de manière très restreinte officiellement ( et apparemment autant visitée par les anciens habitants que les touristes).
Pas de fantômes ici, c'est l'île entière qui est fantôme :)
Un explorateur urbain francophone a pu négocier et obtenir le droit d'y passer une nuit  pour réaliser un album photo


Cliquer ici pour la visite en photo avec Jordy Meow!

Il nous propose aussi son top des meilleurs lieux abandonnés au Japon, certains ont une ambiance telle.. qu'ils sont parfois utilisés pour des sessions photos de mode décalées, où le tournage de courts métrages amateur fantastiques ou SF. On peut y trouver des choses... surprenantes
ici une école abandonnée où traînent encore des bocaux de formol contenant des choses suspectes ( un système nerveux complet de chat.. vous vouliez du glauque, en voilà!)

Ecoles, hôpitaux, magasins, hôtel, voire même un bordel, il y en a de toutes sortes.. mais je me demande quand même pourquoi un médecin ou des médecins peuvent quitter leur clinique sans emporter instruments et médicaments, ou des habitants déménager sans emmener leurs meubles et leurs draps..  Dans le cas d'une maison isolée, on peut supposer que le dernier propriétaire connu est mort sans héritiers, mais lorsque c'est un village entier qui est désert.. a part une évacuation d'urgence ( ça doit être le cas de pas mal de bâtiment maintenant du côté de Sendai)
un simple jeu de lumière sur la vieille pendule, il n'en faut pas plus pour créer une rumeur de lieu hanté!
Et pour finir une histoire intéressante, mêlant exploration urbaine (ou rurale en l'occurrence) et enquête policière: après avoir exploré une maison abandonnée isolée et assez glauque...
brrr le portrait de la mamie dans le fond est inquiétant.
L'explorateur a trouvé des documents personnels et a pu découvrir qui étaient les propriétaires, dont l'un, occidental, a été photographié avec la reine d'Angleterre. Cette enquête est passionnante!

Que vous proposer encore, un ancien sanatorium, rempli de vieilles radios, où quelqu'un est prêt à jurer avoir ressenti la présence des malades disparus? Un parc de loisir désaffecté? Un village abandonné?

Voilà les deux sites de Jordy Meow à voir: Totoro times, plus général et en Français, un autre, Haikyo, dédié entièrement à l'exploration urbaine au Japon en anglais, et plus basé sur les photos que sur le texte


mardi 14 juillet 2015

mois O-bon

Chose promise chose due, je le disais la semaine dernière, j'ai eu envie de faire un mois " O bon" dédié aux récits fantastiques, aux histoires de spectres et de monstres asiatiques en général et japonais en particulier.
O bon c'est la fête des morts au Japon, une fois de plus, une tradition qui dérive de la fête des fantômes chinoise.

Comme Tanabata, c'est une tradition très connue au japon, on y trouve fréquemment des références dans la littérature, les mangas, les films, les dessins animés.. Il y a foule de traditions liées à cette fête, des traditions religieuses pour célébrer la mémoire des morts ( comme la Toussaint) et des choses plus festives (comme Haloween). Je retiens donc spécifiquement celle qui veut qu'on passe du temps entre amis à se raconter des histoires à faire peur, de fantômes surtout. La crémation est à l'honneur en Asie, donc on croise assez peu l'idée de morts vivants dans les histoires: peut de morts revenus à la vie, pas vraiment de vampires, ghoules, ou zombies, mais des histoires de fantômes et de monstres folkloriques (il y en a une telle quantité que l'occident fait parent pauvre avec ses loups-garous)

Et comme , selon les régions, elle a lieu du 13 au 15 juillet ou du 13 au 15 août, j'ai arbitrairement décidé qu'elle durerait 1 mois sur ce blog.

N'hésitez pas à venir me rejoindre dans cette quête horrifique, monstrueuse ou juste fantastique selon vos goûts

Envie de se faire une toile? voilà une sélection de films de fantômes venus de chine, de Corée et du Japon
Pour les Yokai, le choix est encore plus vaste: ne serait-ce que dans Princesse Mononoke ou Totoro ( car le fantastique n'est pas forcément flippant, hein!), les Tanuki de Pompoko, Coo le kappa..
En manga, quelques exemples tirés de mes étagères, ou de ce dont j'ai entendu parler:
Le cortège des cents démons, Onmyôji, Mushishi, XXXholic, le pacte des yokai.. Inu Yasha que je ne connais que de nom..Je pourrais même rajouter ceux dont ce n'est pas le thème principal: Urusei Yatsura qui fait souvent intervenir des créatures folkloriques, Hikaru no go et son fantôme dans un des rôles principaux, Saiyuki ou Dragon ball qui tous deux parodient l'histoire du roi des singes de deux manières différentes.. Même les shinigami de Deathnote peuvent faire l'affaire, du moment que c'est typiquement asiatique ( je ne compte pas ici Black Butler qui se passe en Angleterre avec des démons bien de chez nous)

En littérature, j'ai moins d'idées à part ceux que j'ai chroniqués : dur, dur parlait de fantômes, l'oeil du serpent évoque les serpents mythiques, Rashômon est assez fantastique et contient " les kappa".. les monstres sont plus marquant dans le domaine visuel
Sylvain, je compte sur toi pour me montrer des estampes monstrueuses comme celle que je détourne pour l'occasion:

et donc, quelques camarades semblent intéressé(e)s par la chasse aux monstres orientaux:
 Hilde Du Livroblog, co-sorcière en chef du challenge Halloween et Lou de Myloobook la 2°co-sorcière en chef qui suivra de loin la chasse,
Sylvain de Curiosa Tempora, collectionneur d'estampes plus ou moins hantées,
Marjorie, la norne du challenge nordique des chroniques Littéraires 

mardi 7 juillet 2015

Kitchen - Yoshimoto Banana

Comme j'ai bien aimé Dur Dur, je m'étais promis de lire Kitchen lorsqu'il serait enfin disponible à la bibliothèque , encore un ouvrage qui est souvent sorti).

Ce recueil contient  trois nouvelles, les deux premières sont liées et forment un diptyque, la troisième est tout à fait indépendante.

Kitchen: 
La jeune Mikage est un peu perdue, car sa grand mère qui l'a élevée à la mort de ses parents vient de mourir à son tour, alors que Mikage est encore étudiante. Elle tourne en rond, dort dans la cuisine ( le bruit du réfrigérateur la calme, et lui fait oublier sa solitude) et se laisse aller à sa tristesse lorsque l'évidence s'impose à elle: il va falloir déménager, car elle n'a ni travail, ni ressources et ne peut continuer à payer le loyer. Le secours va lui venir de Yûichi, un étudiant de son âge qu'elle ne connait que de vue, mais qui était très lié avec sa grand-mère, et de sa mère Eriko, les deux vivent dans une maison assez grande et proposent à Mikage de l'héberger. Les gens qu'elle va apprendre à connaître sont tout sauf classiques. Yûichi est un gentil garçon, un peu solitaire et secret, et pour cause: sa mère l'exubérante Eriko n'est pas sa mère mais son père, qui travaille comme " entraîneuse" dans un bar de travestis. Yûichi le vit plutôt bien mais évite malgré tout de le clamer sur tous les toits.  six mois passés à squatter chez eux, et cette nouvelle famille recomposée va lui redonner goût à la vie.

La pleine lune:
Six mois plus tard, Mikage a retrouvé sa joie de vivre et employé toute son énergie à apprendre la cuisine. Grâce à  sa motivation, elle a réussi a décrocher un emploi d'assistante dans un cours de cuisine. C'est alors qu'elle apprend la mort d'Eriko, dans des circonstances particulièrement tragiques. Ni une ni deux, cette fois, c'est Yûichi qui a besoin d'elle et de son soutien, elle va se démener pour lui changer les idées à son tour, et l'empêcher de sombre r dans la dépression et l'alcoolisme. Quitte à faire des kilomètres en pleine nuit pour lui amener un plat particulièrement succulent qu'elle a eu l'occasion de goûter par hasard ( oui la cuisine, en tant que pièce, mais aussi en tant qu'activité, joue un grand rôle dans les deux nouvelles).

Moonlight shadow:
 Satsuki, 20 ans et quelques, est inconsolable. Quelques mois plus tôt, Hitoshi, son petit ami est mort dans un accident de voiture avec la petite amie de son frère alors qu'il la ramenait à la gare pour prendre son train. Les quatre jeunes étaient inséparables, mais pour Satsuki, comme pour Hiiragi, le petit frère, perdre deux personne d'un seul coup, c'est très difficile à accepter. Chacun tente de faire face comme il le peut: Hiiragi essaye de surmonter son chagrin en allant au lycée en fille, une manière pour lui de faire survivre la défunte, Satsuki s'est plongée à corps perdu dans le jogging, jusqu'à s'en rendre malade. Mais elle s'arrête toujours avant de traverser le pont qui sépare son quartier de celui où vivait Hitoshi. C'est lors d'un jogging matinal qu'elle rencontre par hasard Urara une fille étrange, plantée sur le pont. Les deux filles se revoient plusieurs fois et Urara finit par lui faire promettre de se retrouver un jour à une heure précise au bord de la rivière où quelque chose de rarissime va se passer...quelque chose lié à la rivière et aux âmes errantes.

J'ai attendu justement aujourd'hui pour publier ce billet, en écho au précédent sur Tanabata. Et voilà la preuve de ce que je disais, sur le fait que cette légende est tellement célèbre qu'elle est souvent évoquée directement ou indirectement ( ici , le nom de la fête est même cité, même si l'action ne se déroule pas pendant la fête): la rivière qui séparent les amoureux, le pont infranchissable, la mort aussi inéluctable qu'un décret divin.

Ces trois nouvelles sont très réussies, j'aime beaucoup le fait que les protagonistes ne soient pas classiques mais dégagent beaucoup de chaleur humaine, que la cuisine et les plaisirs de la table soient vraiment un lien entre les gens, qu'il y ait la nécessité de trouver en soi-même ses propres ressources pour rebondir après un coup dur et que l'amitié soit au centre de tout.
Les sujets sont tragiques ( la mort, le deuil, l'alcoolisme et même le meurtre) mais les textes ne le sont pas, et sont même plutôt positifs, mettant en scène des gens que la société classeraient comme losers, mais qui ont en fait d'énormes ressources qui forcent le respect.

Encore un auteur qui me plaît particulièrement avec Aki shimazaki, deux jolies découvertes depuis l'été dernier. JE vais la suivre elle aussi particulièrement.


Tanabata, la fête des étoiles

Que voilà une fête sympathique à laquelle je n'ai pas eu l'occasion hélas de prendre part, n'étant jamais allée au Japon à cette époque.

Tous les ans le 7 juillet au Japon (en fait le 7° jour du 7° mois, c'est juillet qui est retenu maintenant le plus souvent, mais certaines régions ont encore pour tradition de le fêter l 7° jour du 7° mois lunaire, ce qui donne vers mi août) c'est Tanabata, la fête des étoiles d'inspiration chinoise, parfois appelée " saint Valentin chinoise"
Festival de Tanabata à Edo - Hiroshige - 1852

Elle est basée sur une légende très connue à laquelle il est fait fréquemment référence dans les films, romans, nouvelles, manga et toutes production artistique, et qui est censée expliquer l'astérisme (bien réel)  du triangle d'été, formé par trois étoiles très brillantes particulièrement visibles à cette période: Deneb dans la constellation du cygne , Vega dans celle de la lyre, et Altaïr dans celle de l'Aigle.
L'association d'une constellation ou d'un astérisme  avec une légende est fréquente y compris en Europe, puisque beaucoup des noms de constellations font référence à la mythologie grecque. Par contre nous n'avons pas de fête qui y soit liée, et célébrée encore au XXI° siècle.
Par exemple la constellation de la lyre justement est en Europe probablement liée à la légende d'Orphée. Hé bien, c'est comme si on avait décidé à un moment " tiens, si on faisait une fête au moment où la constellation de la lyre est bien visible, on pourrait faire une fête de la musique, ou mieux une fête de l'amour, parce qu'Orphée est parti chercher sa femme décédée jusque dans le monde des morts..."

Vous me direz probablement que ça n'est pas très joyeux pour une fête de l'amour.. Mais la légende asiatique à laquelle il est fait référence, qui prétend expliquer pourquoi Altaïr et Vega sont deux étoiles particulièrement brillantes séparées par la voie lactée à laquelle il est fait référence n'est pas franchement joyeuse non plus.
il y en a plusieurs versions, mais la plus courante est celle ci:

On raconte qu'Orihime ( l'étoile Véga), nymphe céleste chargée de tisser les nuages tomba amoureuse de Hikoboshi (Altaïr) un humain, un mortel, bouvier. Les deux se marient mais tout à leur lune de miel cessent leur travail...Evidemment, quelle que soit la mythologie, les unions entre êtres divins et mortels sont rarement bien vues.
La réaction des dieux ne se fait pas attendre: les époux se retrouvent séparés, chacun de leur côté de la rivière céleste (la voie lactée) et n'obtiennent au final l'autorisation de se retrouver qu'un jour par an, le 7° jour du 7° mois, à la condition de reprendre leur travail les 364 autres jours. Deneb représente selon les légende leur alliée ( une pie) ou leur chaperon (probablement pour éviter qu'ils ne décident de s'enfuir ensemble dès que personne ne les verra).
Décorations pour la fête à Sendai,  image trouvée ici
 Du coup, le festival de Tanabata est un jour de liesse: danses, animations dans les rues, parades, décorations, feux d'artifice..

illumination représentant la voie lactée à Kyoto
Traditionnellement, les gens inscrivent des voeux sur un papier ( réussite, santé, amour, succès divers..) qu'ils accrochent aux arbres. Les dieux sont de tellement bonne humeur ce jour là qu'ils ne manqueront pas de les exaucer.
dessin par Oi chan
Mais pour cela il faut qu'il fasse beau, car s'il pleut, le bouvier et la tisserande devront attendre l'année suivante pour se retrouver.

Etrangement autant la Saint Valentin européenne me gonfle et me paraît tirée par les cheveux ( le rapport entre un obscur saint romain et  les amoureux est quand même loin d'être évident!), autant là, la légende est plutôt mignonne sans être trop tarte, donc ça va. Et puis ça parle d'astronomie!

 En fait, vu que j'aime la mythologie en général, de ce point de vue là, ça passe beaucoup mieux que la saint Valentin européenne: on est plutôt du côté " faire un voeu et croiser les doigts" que "dépenser des mille et des cents parce que c'est comme ça" qui me gêne énormément dans la version européenne, qui n'a au final pas grand chose de festif. J'aime bien l'idée aussi que tout le monde puisse participer gratuitement, assister aux animations, célibataire ou non, en famille, entre amis. Tous les prétextes sont bons pour faire la fête...


Une autre tradition que l'on peut trouver associée est le Teru Teru Bôzu: une amulette faite maison avec du papier ou du chiffon, qui ressemble à un petit fantôme, et que les enfants font et suspendent près d'une fenêtre. Elle est censée attirer le beau temps lorsqu'une activité en extérieur est prévue le lendemain. Une sortie, un pique-nique ou un matsuri, comme celui de Tanabata, où justement l'état du ciel fait partie intégrante de la légende. Là aussi c'est une chose que l'on retrouve dans une foule de dessins animés ou manga. On prie la figurine de faire venir le beau temps.. en la menaçant dans le cas contraire de lui couper la tête. Brrr les enfants sont effrayants!
Celui de Yotsuba est vraiment géant .. et plutôt flippant
 Ce qui m'amène à la prochaine fête, pas plus tard que la semaine prochaine: ô-bon, la fête des morts, où la tradition est de raconter des histoire de monstres et de fantômes!

Origine, légende et tradition deTanabata
variantes de la légende