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mercredi 4 septembre 2024

Nana tomes 1 à 3 - Yazawa Ai

 Voilà une lecture que je n'avais jamais faite, et pourtant ce manga fleuve (21 tomes) a déjà presque 25 ans.
Il faut dire que deux choses me rebutaient particulièrement: le graphisme, avec ses personnages ultra filiformes à la limite du bonhomme bâton, et l'un des personnages centraux ( la meuf chochotte qui se plaint sans cesse)

Mais un jour d'ennui, dans une bibliothèque où c'était l'un des titres disponibles, je me suis donc tapé les 3 premiers tomes.
Et.. même si le graphisme et l'héroïne ne sont effectivement pas ma tasse de thé, c'est pas si mal. Pas oufissime, mais pas si mal et j'aime bien les personnages secondaires, Jun, Keisuke, Shin et sa situation particulière, Yasu qui est vraiment le pote qu'on aimerait tous avoir, et  Nana- O - la -punkette.


Donc de quoi que ça parle? De deux nanas qui se nomment Nana ( oui, elle est facile celle-là), soit en japonais, " Sept" ( avec ma date de naissance bourrées de 7, je pourrais aussi être une nana, je dois dire). Le 7 est un chiffre assez ambivalent au Japon, associé au bonheur et à la chance comme dans beaucoup de traditions ( les sept divinités du bonheur), il est aussi assez mal perçu dans sa lecture d'origine " shichi", qui sonne comme " la mort et le sang", donc pour éviter cette sonorité mal aimée, on préfère lui donner sa lecture typiquement japonaise " nana". Le chiffre porte bonheur en Asie est plutôt le chiffre 8, et Hachi,"8" est aussi le surnom que Nana O donne à Nana 4 pour la charrier et se différencier, et au fil des tomes, ce surnom est utilisé par d'autres personnages.

Mais qui sont ces "Nana". Le premier tome est une sorte de prologue, qui par moitié, présente des deux personnages centraux, dotés du même prénom.

Nana Komatsu, c'est la fifille, la barbie, celle qui aime la mode, les couleurs flashy, les fleurs, et les trucs girly. C'est aussi une sentimentale, mais.. dans le mauvais sens du terme. Elle est malheureuse en amour parce qu'elle tombe amoureuse tous les 2 jours, parfois même de garçons à qui elle n'a pas adressé la parole, se fait des films, et... devient très vite envahissante, ce qui d'une part fait fuir les gens normaux, mais la désigne aussi comme proie parfaite pour les hommes mariés en quête d'une aventure sans lendemain. Et c'est ce qui lui arrive, son amant plus âgé qu'elle part à Tokyo pour le travail et la plaque, elle va donc se jeter dans les bras d'un camarade de sa promo en école d'art. Ecole d'art qu'elle a choisi pas vraiment par goût, mais pour rester avec Jun sa meilleure amie. Car Nana K est une suiveuse, qui ne s'intéresse aux choses que pour séduire le nouvel élu,de son coeur, et n'a pas de goûts ou d'avis vraiment personnel. Problème: toute sa bande de copains à réussi les concours d'entrée en fac à Tokyo, elle non, et donc, elle doit attendre un an avant de les rejoindre.

Nana Ôsaki, c'est tout le contraire: punkette à tatouages, piercings, style tout droit sortit de Camden à Londres, elle a ses goûts , son franc parler, ne se laisse pas marcher sur les pieds.. et est heureuse en amour. Elle a une relation harmonieuse avec Ren, le guitariste du groupe de punk rock dans lequel elle est chanteuse. Mais Ren se voit offrir une place de guitariste dans un autre groupe prometteur à Tokyo, et c'est l'occasion de sa vie de percer nationalement en tant que musicien professionnel. C'est donc nana qui rompt, ne voulant pas le suivre en tant que "petite amie du guitariste d'un autre groupe", elle veut faire es preuves en tant que chanteuse et ne montera à Tokyo que lorsque la possibilité de devenir elle aussi chanteuse professionnelle se présentera.

Et c'est dans le train que les deux filles que tout oppose, y compris leur statut social, se rencontrent ( Nana Ô vient d'une famille pauvre, a été abandonnée très jeune par ses parents  aux soins d'une grand-mère qui lui a vite inculqué la nécessité de trimer pour avoir ce qu'elle veut, Nana K  est la deuxième d'une fratrie de 3, dans une famille asse remuante mais solidaire, et plutôt aisée, ce qui lui permet de faire ses études sans vraiment travailler. N'ayant pas le besoin absolu de gagner son argent, elle ne prend de petits boulot que pour draguer quelqu'un). Cette rencontre aurait pu rester sans importance si le hasard ne les remettait pas en contact, quelques jours plus tôt, lorsqu'elles cherchent à se loger. La solution est vite trouvée: devenir colocataires.
Et contre toute attente, elles s'entendent bien, et c'est le début d'une histoire d'amitié fusionnelle, qu'on devine relatée quelques années plus tard par Nana K., qui insiste sur l'importance que Nana Ô a eu sur son avenir, sur le modèle de femme indépendante qu'elle a été pour elle, incapable au début de comprendre qu'un travail est quelque chose de sérieux. On ne sait pas encore ce qui a pu se passer, mais toujours est-il que Nana Ô est devenue une boussole qui l'a aidée à ne pas sombrer lorsque la dépendance affective l'entraînait trop loin.
Et pour moi, Nana K devient supportable grâce à Nana Ô et Jun qui la charrient et la fon revenir sur terre, comme la lectrice que je suis aimerait le faire.

Car c'est bien de l'importance de l'amitié lorsque les choses deviennent difficile qu'il est question, mais aussi de thèmes sérieux: comment trouver son équilibre dans le monde du travail, comment devenir adulte dans une société aussi peu tolérante que le Japon l'est en ce qui concerne les marginaux ( Nana Ô et ses copains), comment supporter les inévitables ruptures, amicales ou amoureuses...
Il y a aussi d'autres thèmes encore plus sombres, telle la prostitution juvénile qui était et est toujours un fléau au Japon.

Pour ces points là, la série est intéressante et mérite qu'on ferme les yeux sur son graphisme ( qui s'il est plutôt moche de mon point de vue, a au moins le mérite d'être différent et personnel, c'est déjà pas si mal pour un shojô, beaucoup sont des copies conformes les uns des autres. Donc plutôt une bonne surprise, puisque je m'attendais à le trouver décevant au vu de son succès général.

Mention aussi aux astucieuses ouvertures, qui présente par instantanés, une journée des copines: 1 - Nana O attend dans le salon, 2- elle est rejointe par Nana K, 3 - Elles partent ensemble, etc... et forment une BD sans paroles à elles seules

samedi 27 juillet 2024

Running girl - Shigematsu Narumi

 Et c'est le grand retour du manga/ animé sportif de l'été.

J'ai repéré celui-ci à la bibliothèque où je travaille, et le sujet m'a paru intéressant, puisqu'on y parle de handisport.

Graphiquement, il n'est pas renversant, même s'il faut lui reconnaître un  grand soin apporté au réalisme des prothèses, validé par toute une équipe de consultants dans ce domaine.
Narrativement non plus, dans le sens où on retrouve le schéma ultra classique du personnage central qui a un problème, doit le résoudre et va le faire avec brio, soutenu par une équipe soudée d'amis.. et quelques opposants jaloux de ses succès, et sous la houlette d'un "maître" grognon qui poursuit ses propres buts.
Mais faire une oeuvre novatrice n'est pas le propos, l'objectif est de faire connaître le domaine du handisport, qui, il faut bien l'admettre, est encore le parent pauvre lors des diffusions médiatiques.



Ici, Rin, lycéenne de 16 ans, amputée  d'une jambe suite à une maladie, va retrouver l'énergie et l'espoir en découvrant l'athlétisme handisport. Son talent et sa ténacité la font repérer de monsieur Kazami, prothésiste, qui a justement d'un sprinter à son service, pur être le "représentant" de ses lames de course. en effet, la société pour laquelle il développe les lames estime que le projet est trop couteux pour un retour sur investissement suffisant, et menace de fermer cette section si ses lames ne se distinguent pas lors d'une course régionale. Kazami lui, vise plus haut: il espère que les lames de sa fabrication mèneront un athlète jusqu'aux jeux paralympiques.

Rin a besoin des prothèses de compétition de Kazami pour retrouver le goût de vivre via le sport, Kazami à besoin d'une athlète talentueuse pour prouver la qualité de ses prothèses. Ces deux-là vont donc devoir travailler ensemble pour mener à bien cet objectif avant l'échéance des jeux de Tokyo ( le manga date de 2020)


Et donc en trois tomes on suit son parcours non jusqu'aux jeux paralympiques, mais jusqu'aux épreuves de sélection pour ceux-ci, car pour elle la victoire est moins la sélection, que les étapes qui y mènes, comment elle passe en 2 ans de lycéenne déprimée par sa maladie, et ce qu'elle a perdu, à athlète motivée pour se surpasser. C'est aussi le parcours de changement qu'elle amène aux gens qu'elles rencontrent: Kazami, dont au départ l'objectif est très personnel, se rend compte que ses prothèses peuvent vraiment changer la vie des gens qui en ont besoin. Kei, la championne d'athlétisme du lycée, orgueilleuse et individualiste, qui découvre au contact de cette nouvelle camarade - dont l'enthousiasme malgré le handicap la pousse à intégrer un club de sport classique-  le plaisir de la course de relai et du travail d'équipe. Le petit garçon passionné de foot, et qui pense devoir renoncer à son loisir après l'amputation, et qui retrouve lui aussi sa raison d'exister avec la découverte du handi-sport.
Et même la mangaka qui en préparant son sujet, a rencontré des sportifs handicapés qui lui ont fait découvrir leur monde, leurs parcours et leur ténacité.
Donc, peu importe de savoir si Rin va se qualifier pour les jeux, et d'ailleurs en seulement trois tomes, tout va à toute vitesse, les personnages secondaires apparaissent et disparaissent.. comme dans la vie finalement, quand on change de club ou d'établissement, on ne sait pas ce que deviennent les anciens camarades, chacun faisant sa vie de son côté.

Donc oui, on peut lui reprocher d'être trop court pour vraiment approfondir certains personnages et leurs relation, et de précipiter un peu les péripéties, mais ce n'est pas non plus l'objectif d'avoir une histoire haletante. Mais c'est une lecture sympa qui a le mérite de mettre en avant un sujet rare et parfois difficile, sans insister lourdement sur le pathos. Je n'en attendais pas grand chose, je le qualifierai donc de "bonne surprise"

dimanche 14 juillet 2024

Frieren tome 1 - Yamada Kanehito et Abe Tsukasa

 Voilà un manga dont j'avais entendu parler à sa sortie, mais comme je suis beaucoup moins l'actualité sur ce plan là qu'il y a quelques années ( faute de temps, de sous, départ prévu à l'étranger, etc..), je ne m'y étais pas intéressée plus que ça.

Or, en ayant repris le travail dans une bibliothèque, je l'ai vu mentionné dans les coups de coeur faits par un collègue, et donc, hop, je me le mets de côté.

Très joli graphisme



C'est une histoire d'heroïc fantasy  avec les personnages habituels, ceux qu'on trouve dans une équipe de jeu de rôle ou de de jeu vidéo d'aventure.
Il y a le héros humain, l'elfe-mage, le prêtre et le nain guerrier. Tous ont des noms allemands, assez drôles d'ailleurs. Et des défauts qui ne sont habituellement pas mentionnés
Himmel ("Ciel"), c'est le chevalier en armure, celui qui rafle toute la gloire. Il est aussi orgueilleux, fier de sa beauté, le genre à passer des heures à choisir la pose pour la statue qui va être érigée à sa gloire... et à continuer à se bercer d'illusions sur son apparence, des années plus tard, une fois devenu vieux , chauve et ridé. Mais c'est un authentique type bien et généreux.
Heiter ( "brillant" ou " enjoué") c'est le prêtre, particulièrement porté sur la dive bouteille et les banquets , mais.. c'est aussi un authentique type bien.
Eisen ("Fer"), c'est le nain, toujours coiffé de son caque à corne. Peu caractérisé au début, si ce n'est qu'il est peu bavard et n'aime rien tant que sa tranquillité et sa petite maison dans la forêt.
Et Frieren ( "Geler" - oui le verbe), c'est l'elfe, qui donne son nom au titre. Elle est très peu en phase avec le monde alentour, ne comprend absolument pas les implicites humains, les pièges ( en se fait toujours avoir par les mimics) et a une propension marquée pour la grasse matinée

Ces petit détails donnent une nouvelle réalité aux héros dont on ne suivra pas les aventures, puisque l'histoire commence là où le jeu finit habituellement. Les héros on vaincu le boss final, le roi des démons, et viennent rechercher leur récompense ( insérer fanfare de la victoire). Oui mais après? Ils ont passé 10 ans ensemble et se séparent, chacun vaquant à sa vie: Himmel songe à trouver un travail en ville, Eisen repart chez lui, Heiter a une opportunité de carrière religieuse , et Frieren part sur les routes ramener de nouveaux sorts pour sa collection. Tout en promettant à ses camarade de venir les retrouver dans 50 ans.
Sauf qu'elle a oublié une chose, elle est sinon immortelle, du moins dotée d'une espérance de vie dépassant le millier d'années, les autres sont soit humains, soit doté d'une moindre longévité ( le nain vieillit au ralenti, mais sans commune mesure avec elle).
Et 50 ans plus tard, la petite troupe se retrouve: Frieren n'a pas changé d'un iota, tandis que ses compagnons ont pris un gros coup de vieux. Et contrairement à ce qu'on pouvait penser, ce n'est pas le prêtre alcoolique, mais Himel qui meurt le premier. Son enterrement est un choc pour Frieren: elle le connaissait mal, ils n'avaient passé que 10 ans ensemble sur les routes, comment aurait-elle pu le connaitre mieux. Des souvenirs lui reviennent. Toutes les fois où les autres lui ont dit des choses comme " on commence à bien te connaître", l'ont pressée. Ils savaient que leur temps était limité, et pour eux 10 est au mieux, un dixième de leur existence, quand c'est un bref instant pour elle.
Frieren va donc partir en pélerinage sur les traces de ces souvenirs, et d'autres encore plus anciens, pour se souvenir de toutes les fois où son manque de considération pour la temporalité différente des humains lui a fait négliger les autres et l'a séparée de ses amis. Dès lors son parcours sera daté en fonction de cet événement marquant, tout étant daté " X années après la mort du héros Himmel".
La gloire passe, les héros perdent de leur réalité et deviennent légende une fois que plus personne ou presque ne les a connus, et Frieren se sent investie de la mission de perpétuer leur mémoire, elle la seule qui leur survivra.

Retrouvent Heiter, elle passera quelques années avec lui, formant à la magie Fern (" loin"), une petite fille qu'il a sauvée quelques années plus tôt. Fern que l'on voit grandire et devenir adulte au fil des pages, dépassant rapidement en taille et en sagesse Frieren, à qui elle finit par dire " on dirait que je suis ta mère".

Mais quelle jolie découverte que ce manga qui parle en finesse, du temps qui passe, de mortalité, de souvenir, de gloire. "Ceci aussi passera". Memento Mori.
Les actions héroïques sont à peine suggérées par des flash-backs, qui sont plutôt centrés sur les pauses à l'auberge, et sur toutes les fois où Frieren n'a pas compris la logique humaine, et le fait qu'ils partagent la conscience aigue de leur fin prochaine, là où elle a tout son temps.
Inconsciemment, toutes ses actions sont en fait le résultat de quelque chose qui lui avait échappé à l'époque, mais a fait lentement son chemin. La magie: elle en fait, sans passion, parce que c'est son talent. La collection de sort? Un jour, Himmel lui a dit que c'était un loisir intéressant. La quête d'une fleur qui a disparu depuis 30 ans? Un jour, Himmel lui a dit qu'elle étaient courantes dans sa région d'origine. Tout la ramène, comme une idée fixe, à ce disparu à qui elle n'a pas assez fait attention tant qu'il était encore là, mais lui manque cruellement maintenant.
Ces deux là étaient plus proches et semblables qu'elle ne le pensait, mais.. elle ne s'en est pas rendu compte. Et se met in fine à la recherche ( pour au moins les 10 prochains tomes sûrement ) en quête d'un sort lui permettant de converser avec le fantôme d'Himmel et lui dire, enfin, combien il a compté pour elle, l'a inspirée et l'a faite changer pour le mieux.

Tout ça porte en filigrane l'angoissante question " à quoi bon s'attacher aux gens, puisqu'ils vont mourir?" Les humains le savent: Leur fin annonce la nôtre et c'est en ça qu'elle est douloureuse, mais ils rendent notre court temps sur terre bien plus intéressant, bien meilleurs et que l'amitié rend cette réalité bien plus supportable.

J'ai donc réservé les tomes suivants, et j'attends avec impatience la suite de cette aventure contemplative, sans grosse action mais avec beaucoup de philosophie, et pas mal d'humour quand même. C'est triste, mais pas déprimant non plus. ( il est classé shonen, mais vu la thématique, j'aurais juré avoir affaire à un seinen)
Petit coup de coeur!

mardi 30 avril 2024

A.I.R - Yoshimura Hiroshi ( musique)

 Aussitôt dit, aussitôt fait, j'ai donc cherché qu'est-ce qui pouvait accompagner olfactivement le disque de Yoshimura, puisque je n'ai pas d'autre information sur le parfum de Shiseido que " évoque une promenade en forêt". Connaissant le goût japonais pour les odeurs discrètes, le parfum devait être  assez léger. ( J'aime beaucoup Féminité du Bois, à l'origine , commercialisé par Shiseido, et repris par Serge Lutens depuis, donc j'ai une idée de ce que peut être un parfum boisé produit par la marque.

Et j'ai trouvé pile ce qui pouvait correspondre à un parfum de forêt, et encore mieux une forêt japonaise:  une bougie parfum " Bambou"Et effectivement c'est la détente absolue ( après une double séance de sport partagée entre Metallica et du funk, pour se booster l'énergie.. oui, je passe du gros matal à de la musique d'ambiance façon furin ( la clochette à vent, à éviter dans ma région où le mistral souffle bien trop souvent, ça casserait vite les oreilles à tout le monde)




Et donc cet enregistrement là date de 1984 ( donc antérieur à Green), mais est déjà très axé " nature",.
A l'origine le vinyl était entièrement blanc, avec une face A, dotée d'une étiquette verte avec une photo d'arbre, et une face B à l'étiquette bleue, avec une photo de vagues.
J'aime beaucoup cette idée d'avoir essayé de rendre une double ambiance, et d'introduire un peu de créativité dans ce qui était un travail de commande.
Souvent les bonus commerciaux à l'achat d'un produit sont assez nuls, mais là, c'est tout l'inverse: le gars a réussi a proposer un disque pour soutenir la vente de parfum, mais on pourrait imaginer tout l'inverse: le parfum étant le bonus du disque.
Je me demande s'il y a eu des fans de l'artiste qui l'ont acheté précisément pour avoir le disque, avec le parfum en cadeau :)

Dans les commentaires de l'enregistrement sur Youtube, quelqu'un mentionne qu'à l'époque, les clients qui ont acheté le paquet pour le parfum n'ont pas prêté attention au disque, et que certains l'ont jeté sans même l'écouter. Vrai ou non, le futur a prouvé que le disque était en fait bien plus diurable que le parfum qui n'est plus commercialisé depuis belle lurette.
Tandis que les auditeurs, dans les mêmes commentaires, font valoir que cette musique les a aidé à mieux encaisser la période de confinement il y a 4 ans..

Donc trouvez votre meilleur encens ou votre meilleure bougie, bien verts ou bien boisés, et c'est parti!

Un autre commentaire, que je trouve très intéressant est celui de quelqu'un qui dit s'être endormi puis réveillé subitement, en état hypnopompique pendant l'écoute, et les gens débattent de la différence entre hypnagogique ( quand on s'endort) et hypnopompique ( quand on se réveille). ce sont deux faces d'un même état, le cerveau s'endort par zones et se réveille par zones , et la musique, en modifiant les ondes cérébrales peut favoriser ou limiter ces effets.
Pour certains, cet instant entre veille et sommeil est désagréable ( quand ils ont des hallucinations), pour moi, c'est au contraire un moment très agréable. Je ne suis pas trop sujet à l'état hypnagogique, mais assez souvent à l'état hypnopompique. Ce moment où je suis tellement bien à traîner dans mon lit, j'ai en général l'impression , alors que je ne suis ni croyante, ni mystique, que ma conscience est connectée à des milliers d'autres. Et même en sachant que c'est un effet purement physique dû au fonctionnement cérébral, l'idée de faire peut-être de la télépathie avec un autre dormeur mal réveillé, quelque part dans le monde me plaît beaucoup.
Je me demande si c'est cet effet qui a induit chez les philosophes le conscept d'idéosphère. En tout cas, dans l'antiquité grecque, il y avait cette conception que l'ensemble des idées, le noûs, existe en dehors de la tête, un peu comme le net est extérieur à un ordinateur, et que penser à quelque chose, c'était à peut près comme télécharger une donnée.
Je vois ce qu'ils veulent dire, puisque c'est précisément ce qui m'arrive parfois au réveil, et que c'est un état de paix et d'harmonie incroyable, et accessible sans même prendre une quelconque substance.
Je me demande s'il existe un concept voisin dans la philosophie japonais. Probablement, je suis presque sûre que c'est ce qui existe dans la philosophie indienne, un état de transe où on se sent en connexion avec l'univers, détaché de soi, et atteint par la méditation.

En tout cas si ma méditation idéale, c'est la grasse matinée, je prends! J'ai même une excuse toute trouvée " non, je ne fais pas la grasse matinée, je suis en connexion avec l'univers et l'idéosphère par le biais de la médiation hypnopompique!"

La chair des os - Kôno Taeko (lecture audio)

 J'avais prévu ce sujet hier, mais une recherche rapide sur cette autrice une fois de plus inconnue de moi, me dit qu'elle est née le 30 avril 1926. Elle aurait donc 98 ans si elle n'était pas morte il y a quelques années, j'ai donc logiquement décalé mon sujet d'un jour.

nouvelle également publiée dans ce recueil

Bon, celle-là ne m'a pas convaincue: une femme qui vient d'être plaquée se remémore des moments passés avec son ex, notamment, lorsqu'ils mangeaient des huîtres ensemble. Et visiblement, manger des huîtres, c'est son plaisir particulier. Enfin, son kif, c'est surtout d'ouvrir les huîtres de manière chirurgicale, car elle ne mange qu'une petite partie des aliments, celle que délaisse l'homme. Que ce soit les restes d'huître collés à la coquille, de viande collés aux os de poulet, ou aux arêtes de poisson.
Parallèlement depuis la rupture, elle se laisse aller, et ne mange plus, autant par manque d'argent que parce que, visiblement, pour elle, nourriture = sexe. S'il n'y a pas quelqu'un pour partager ce moment, et la nourrir de restes, elle perd l'appétit. Apparemment elle a aussi une sorte d'obsession par rapport au feu , ayant une peur maladive des incendies.

Bon, je n'aime pas les huîtres, donc le plaisir de leur consommation m'est franchement étranger. Plus généralement, et malgré la qualité de lecture, je suis restée totalement en dehors de cette histoire de liaison, puis de rupture SM.

Donc, ce n'est pas une autrice vers laquelle j'irai à nouveau en premier lieu...

On peut l'écouter ici, lue par Christiane Cohendy (54 minutes)

lundi 29 avril 2024

Tribu bêlante - Ôe Kenzaburô (lecture audio)

 Et la nouvelle du jour est cette fois d'un auteur bien connu, prix Nobel de Littérature en 1994, Prix Akutagawa ( l'équivalent peut être de notre Goncourt au Japon, en terme d'importance) en 1958 pour Gibier d'élevage.

Et pourtant, étonnamment, je ne l'avais pas encore lu, donc, c'est l'occasion ou jamais, via cette série audio.

Trouvable ici cette fois encore
Cette tribu bêlant (des " moutons humains" dans le titre original) sont les passagers japonais d'un bus, harcelés par des soldats américains, qui les humilient, les forçant à se mettre à 4 pattes et à bêler comme des moutons.
Donc on commence par une réflexion sur le thème "Vae Victis", malheur aux vaincus, les américains vainqueurs ne se comportant pas dignement et prenant plaisir à ridiculiser les vaincus.
Mais une fois les américains partis, ce bus  peuplé de japonais, dont certains ont évité la honte, devient une version réduite de la société japonaise tout entière, il y a ceux qui ont honte d'avoir laissé faire.. mais se sont bien abstenus pour ne pas retourner contre eux la vindicte des américains, ceux qui compatissent ou s'indignent... un peu tard, et ceux qui insinuent que les victimes (qui ont été menacées au couteaux, et ont préféré l'humiliation à la mort), sont complices, et ont en quelque sorte imposé aux autres la vision de leur défaite. Au point de forcer les victimes à aller porter plainte à la police, et à raconter cette humiliation, et à affronter l'hilarité des policiers, qui y voient une plaisanterie qui leur fera la soirée. Et où il n'y n'a pas vraiment matière à plainte, puisqu'il faudrait que les autorités japonaises s'opposent aux vainqueurs, donc autant dire, aucune possibilité de réparation. Les victimes ne voulant pas porter plainte, un des témoins les harcèle, voyant dans ce refus de déposer plainte se perdre l'occasion d'avoir le beau rôle de redresseur de torts. Oui, c'est tordu.

Mais j'ai bien aimé cette histoire étrange qui brouille les pistes entre victimes et bourreaux. Je pense que je me ré-intéresserai à cet auteur à l'avenir.

Lien pour l'écouter (enregistré en 1987 par Robert Rimbaud), accompagné d'un extrait d'une conférence donnée par Oê en 1987, qui explique l'origine et l'intention de sa nouvelle. 56 minutes au total

dimanche 28 avril 2024

L'idiote - Sakaguchi Ango ( lecture audio)

 Et hop, troisième lecture/ écoute de cette série de nouvelles proposées par Radio France.
C'est encore un auteur inconnu de moi, et donc une découverte.



Enregistrée en 1987 et lue par Raymond Gérôme ( 53 minutes). 


Donc, de quoi est-il question? D'une petite rue de Tokyo, où habitent des gens un peu particuliers, pendant la seconde Guerre Mondiale. Il y a Isawa le journaliste, il a un regard très critique sur la société et déteste son travail et surtout ses lecteurs, plus intéressés par les effets de mode que par les vrais sujets. Il y a une secrétaire du comité de quartier, enceinte, qui ne sait pas trop qui est le père de son futur enfant, car elle a, probablement en échange de nourriture été la maîtresse de tous les hommes du comité, qui maintenant se débinent pour laisser à l'un seul la tâche de subvenir aux frais de naissance. Il y a "le fou", un homme plutôt misanthrope qui a choisi de venir s'installer au bout d'une ruelle, le plus loin possible des gens. Il vit là avec sa mère, assez tyrannique, et sa femme " l'idiote". L'idiote ne sait pas faire grand chose (c'est à dire, pas grand chose de ce qui est attendu d'une japonaise de cette époque, autrement dit, la cuisine), et est craintive. Elle semble traumatisée, que ce soit par la guerre ou les reproches de son mari et de sa belle-mère.
Evidemment ces "inadaptés" sont surtout là pour mettre en exergue la fausseté de la société japonaise constituée " d'êtres creux", de la censure militaire, de la guerre, de la "volonté superficielle des gouvernements".
Et pourtant un événement inattendu se produit, le jour où l'idiote s'enfuit de chez elle... et trouve refuge chez Isawa, qui n'a pas le coeur de renvoyer cette femme paumée. Et tous deux commencent une étrange cohabitation, sous les bombardements. Il n'en fait pas sa maîtresse, mais l'observe, tant elle est différente des autres individus qu'il connaît, espérant découvrir chez-elle une étincelle d'intelligence, une réaction normale, un peu plus qu'animale. Leur manière de penser, différente du reste de la foule, est peut être la clef de leur salut dans une époque irrationnelle.

C'est un coup de pied réjouissant dans la fourmilière hiérarchique de son pays que donne Sakaguchi. Et ça m'étonne qu'il n'ait pas été, pour cette raison précise, mis plus en avant en Europe, tant son écriture est peu japonaise, dans un pays où la règle est d'être comme tout le monde et de ne pas faire de vagues.

Pour l'écouter, c'est ici.