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mardi 10 novembre 2015

Le goût de Kyoto - Collectif

Il y a quelques temps, j'avais trouvé par hasard "le goût du noir", petite anthologie de textes disparates sur le thème du noir ( en peinture en particulier, mais aussi en littérature).

Il s'agit en fait une collection de très nombreux florilèges, et j'avais repéré entre autre "le goût de Tokyo" et "le Goût de Kyoto". Kyoto m'intéressant plus, lorsque je l'ai trouvé à la librairie du musée Guimet ( avec Soie, et une histoire du Japon), hop, dans la pile à lire.

Un petit recueil donc, 125 pages pas plus, qui regroupe des extraits d'oeuvres connues ou moins, d'auteurs Japonais ou non, sur la ville de Kyoto. Réelle.. ou rêvée, d'ailleurs
Articulé autour de 3 thèmes: les saisons, les jardins et la culture, certains textes font directement référence à la ville et à certains de ses lieux précis ( la philosophe Chantal Thomas qui parle de sa découverte du chemin de la philosophie - tetsugaku-no michi- un chemin un peu à l'écart de la ville, très agréable. Ou Paul Claudel qui évoque sa visite au Ryoanji ( mais décidément non, je n'accroche absolument pas à son écriture). Ou encore Kyoto, de Kawabata Yasunari. Mishima évoque l'incendie du Pavillon d'or en 1950.

chemin de la philosophie
D'autres sont plus vagues et parlent du thé et de sa cérémonie, de la poterie dédiée à cette cérémonie, de l'art des jardins secs, du nô, ou de la cuisine kaiseki. Tous arts encore bien présents et pratiqués à Kyoto, mais pas exclusivement.
 Certains sont encore plus généraux ( le géographe Augustin Berque relève l'abondance de noms pour désigner la pluie en japonais, selon la saison, l'heure, la densité de la pluie...), ou parle des lieux communs- à tous les sens du terme- de la littérature: telle montagne devenue une référence qui évoque plus un texte qu'un lieu réel. Sasaki Sanmi qui propose l'almanach des fleurs de chabana ( un ikebana spécialement destiné à venir orner la cérémonie du thé) et pourraient figurer dans une anthologie sur le Japon.

Très drôle, l'extrait de "cinq amoureuses" de Ihara Saikaku... A votre avis, que font 4 amis, bambocheurs notoires, un soir de printemps au bord de la rivière Kamo au XVII° siècle? Exactement la même chose que nos contemporains: ils s'attablent  dans un débit de boisson et débattent du physique  des passantes qu'ils voient dans la rue (et même les notent!)
Preuve éclatante que " Ha les hommes.. ils ne changeront jamais!"

Un petit livre donc assez varié, plutôt sympathique dans son côté liste ( il fait d'ailleurs la part belle à celle qui a initié le principe de liste: Sei Shônagon, authentique résidente de la cour d'Heian, l'ancien nom de Kyoto, et à sa " rivale " et contemporaine en littérature Murasaki Shikibu, à qui l'ont doit "le dit de Genji" considéré comme le premier roman du monde) qui cite également Tanizaki, Etsujin, Nicolas Bouvier.. et bien sûr, Bashô. D'ailleurs il s'ouvre sur 4 haikus des saisons et se clôt sur son tout dernier texte.

et puisque nous sommes en automne,  bientôt en hiver, voilà 
le Haiku d'automne

De temps en temps les nuages
nous reposent
de tant regarder la lune

et le Haiku d'hiver

Détesté d'ordinaire
que le corbeau lui même
est beau les matins de neige!

Je reviendrais à l'occasion sur le principe de Haiku, j'ai un recueil de Bashô, justement.
Mais voilà, j'aime bien ces anthologies, qui se lisent vite, sans autre prétention que de faire connaître des auteurs. En tout cas, c'est gagné, il va falloir que je me procure l'éloge de l'ombre de Tanizaki, même si c'est un auteur auquel je n'accroche pas toujours, je pense que celui-là devrait me plaire, et Cinq amoureuses.

Je suis juste surprise qu'aucun texte ne mentionne l'étonnant sanctuaire Fushimi Inari. Je ne suis pas mystique, je ne crois pas aux dieux ni aux esprits, mais à la limité pourquoi pas aux forces telluriques. Il y a 2 endroits en tout cas au monde qui m'ont vraiment donné l'impression de les ressentir, ou en tout cas, qu'un paix intense s'en dégage, une sensation de faire un tout avec la nature. Et les deux sont à Kyoto: le sanctuaire Fushimi Inari donc, en tout cas, une fois qu'on a dépassé les endroits où la foule reste, et qu'on prend un peu les sentiers de traverse.

Et la promenade entre les vallées de Kurama et Kibune, un endroit où je suis allée seule, et j'ai bien fait. Je suis restée en arrêt pendant une bonne demie heure dans une véritable forêt de racines entremêlées. Après tout, il y a peut être bien par là des kami parmi les arbres!
J'ai vu d'autres beaux endroits mais ce sont vraiment ceux où je pourrais retourner 25 fois, si j'allais 25 fois à Kyoto.

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