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samedi 27 juillet 2024

Running girl - Shigematsu Narumi

 Et c'est le grand retour du manga/ animé sportif de l'été.

J'ai repéré celui-ci à la bibliothèque où je travaille, et le sujet m'a paru intéressant, puisqu'on y parle de handisport.

Graphiquement, il n'est pas renversant, même s'il faut lui reconnaître un  grand soin apporté au réalisme des prothèses, validé par toute une équipe de consultants dans ce domaine.
Narrativement non plus, dans le sens où on retrouve le schéma ultra classique du personnage central qui a un problème, doit le résoudre et va le faire avec brio, soutenu par une équipe soudée d'amis.. et quelques opposants jaloux de ses succès, et sous la houlette d'un "maître" grognon qui poursuit ses propres buts.
Mais faire une oeuvre novatrice n'est pas le propos, l'objectif est de faire connaître le domaine du handisport, qui, il faut bien l'admettre, est encore le parent pauvre lors des diffusions médiatiques.



Ici, Rin, lycéenne de 16 ans, amputée  d'une jambe suite à une maladie, va retrouver l'énergie et l'espoir en découvrant l'athlétisme handisport. Son talent et sa ténacité la font repérer de monsieur Kazami, prothésiste, qui a justement d'un sprinter à son service, pur être le "représentant" de ses lames de course. en effet, la société pour laquelle il développe les lames estime que le projet est trop couteux pour un retour sur investissement suffisant, et menace de fermer cette section si ses lames ne se distinguent pas lors d'une course régionale. Kazami lui, vise plus haut: il espère que les lames de sa fabrication mèneront un athlète jusqu'aux jeux paralympiques.

Rin a besoin des prothèses de compétition de Kazami pour retrouver le goût de vivre via le sport, Kazami à besoin d'une athlète talentueuse pour prouver la qualité de ses prothèses. Ces deux-là vont donc devoir travailler ensemble pour mener à bien cet objectif avant l'échéance des jeux de Tokyo ( le manga date de 2020)


Et donc en trois tomes on suit son parcours non jusqu'aux jeux paralympiques, mais jusqu'aux épreuves de sélection pour ceux-ci, car pour elle la victoire est moins la sélection, que les étapes qui y mènes, comment elle passe en 2 ans de lycéenne déprimée par sa maladie, et ce qu'elle a perdu, à athlète motivée pour se surpasser. C'est aussi le parcours de changement qu'elle amène aux gens qu'elles rencontrent: Kazami, dont au départ l'objectif est très personnel, se rend compte que ses prothèses peuvent vraiment changer la vie des gens qui en ont besoin. Kei, la championne d'athlétisme du lycée, orgueilleuse et individualiste, qui découvre au contact de cette nouvelle camarade - dont l'enthousiasme malgré le handicap la pousse à intégrer un club de sport classique-  le plaisir de la course de relai et du travail d'équipe. Le petit garçon passionné de foot, et qui pense devoir renoncer à son loisir après l'amputation, et qui retrouve lui aussi sa raison d'exister avec la découverte du handi-sport.
Et même la mangaka qui en préparant son sujet, a rencontré des sportifs handicapés qui lui ont fait découvrir leur monde, leurs parcours et leur ténacité.
Donc, peu importe de savoir si Rin va se qualifier pour les jeux, et d'ailleurs en seulement trois tomes, tout va à toute vitesse, les personnages secondaires apparaissent et disparaissent.. comme dans la vie finalement, quand on change de club ou d'établissement, on ne sait pas ce que deviennent les anciens camarades, chacun faisant sa vie de son côté.

Donc oui, on peut lui reprocher d'être trop court pour vraiment approfondir certains personnages et leurs relation, et de précipiter un peu les péripéties, mais ce n'est pas non plus l'objectif d'avoir une histoire haletante. Mais c'est une lecture sympa qui a le mérite de mettre en avant un sujet rare et parfois difficile, sans insister lourdement sur le pathos. Je n'en attendais pas grand chose, je le qualifierai donc de "bonne surprise"

dimanche 14 juillet 2024

Frieren tome 1 - Yamada Kanehito et Abe Tsukasa

 Voilà un manga dont j'avais entendu parler à sa sortie, mais comme je suis beaucoup moins l'actualité sur ce plan là qu'il y a quelques années ( faute de temps, de sous, départ prévu à l'étranger, etc..), je ne m'y étais pas intéressée plus que ça.

Or, en ayant repris le travail dans une bibliothèque, je l'ai vu mentionné dans les coups de coeur faits par un collègue, et donc, hop, je me le mets de côté.

Très joli graphisme



C'est une histoire d'heroïc fantasy  avec les personnages habituels, ceux qu'on trouve dans une équipe de jeu de rôle ou de de jeu vidéo d'aventure.
Il y a le héros humain, l'elfe-mage, le prêtre et le nain guerrier. Tous ont des noms allemands, assez drôles d'ailleurs. Et des défauts qui ne sont habituellement pas mentionnés
Himmel ("Ciel"), c'est le chevalier en armure, celui qui rafle toute la gloire. Il est aussi orgueilleux, fier de sa beauté, le genre à passer des heures à choisir la pose pour la statue qui va être érigée à sa gloire... et à continuer à se bercer d'illusions sur son apparence, des années plus tard, une fois devenu vieux , chauve et ridé. Mais c'est un authentique type bien et généreux.
Heiter ( "brillant" ou " enjoué") c'est le prêtre, particulièrement porté sur la dive bouteille et les banquets , mais.. c'est aussi un authentique type bien.
Eisen ("Fer"), c'est le nain, toujours coiffé de son caque à corne. Peu caractérisé au début, si ce n'est qu'il est peu bavard et n'aime rien tant que sa tranquillité et sa petite maison dans la forêt.
Et Frieren ( "Geler" - oui le verbe), c'est l'elfe, qui donne son nom au titre. Elle est très peu en phase avec le monde alentour, ne comprend absolument pas les implicites humains, les pièges ( en se fait toujours avoir par les mimics) et a une propension marquée pour la grasse matinée

Ces petit détails donnent une nouvelle réalité aux héros dont on ne suivra pas les aventures, puisque l'histoire commence là où le jeu finit habituellement. Les héros on vaincu le boss final, le roi des démons, et viennent rechercher leur récompense ( insérer fanfare de la victoire). Oui mais après? Ils ont passé 10 ans ensemble et se séparent, chacun vaquant à sa vie: Himmel songe à trouver un travail en ville, Eisen repart chez lui, Heiter a une opportunité de carrière religieuse , et Frieren part sur les routes ramener de nouveaux sorts pour sa collection. Tout en promettant à ses camarade de venir les retrouver dans 50 ans.
Sauf qu'elle a oublié une chose, elle est sinon immortelle, du moins dotée d'une espérance de vie dépassant le millier d'années, les autres sont soit humains, soit doté d'une moindre longévité ( le nain vieillit au ralenti, mais sans commune mesure avec elle).
Et 50 ans plus tard, la petite troupe se retrouve: Frieren n'a pas changé d'un iota, tandis que ses compagnons ont pris un gros coup de vieux. Et contrairement à ce qu'on pouvait penser, ce n'est pas le prêtre alcoolique, mais Himel qui meurt le premier. Son enterrement est un choc pour Frieren: elle le connaissait mal, ils n'avaient passé que 10 ans ensemble sur les routes, comment aurait-elle pu le connaitre mieux. Des souvenirs lui reviennent. Toutes les fois où les autres lui ont dit des choses comme " on commence à bien te connaître", l'ont pressée. Ils savaient que leur temps était limité, et pour eux 10 est au mieux, un dixième de leur existence, quand c'est un bref instant pour elle.
Frieren va donc partir en pélerinage sur les traces de ces souvenirs, et d'autres encore plus anciens, pour se souvenir de toutes les fois où son manque de considération pour la temporalité différente des humains lui a fait négliger les autres et l'a séparée de ses amis. Dès lors son parcours sera daté en fonction de cet événement marquant, tout étant daté " X années après la mort du héros Himmel".
La gloire passe, les héros perdent de leur réalité et deviennent légende une fois que plus personne ou presque ne les a connus, et Frieren se sent investie de la mission de perpétuer leur mémoire, elle la seule qui leur survivra.

Retrouvent Heiter, elle passera quelques années avec lui, formant à la magie Fern (" loin"), une petite fille qu'il a sauvée quelques années plus tôt. Fern que l'on voit grandire et devenir adulte au fil des pages, dépassant rapidement en taille et en sagesse Frieren, à qui elle finit par dire " on dirait que je suis ta mère".

Mais quelle jolie découverte que ce manga qui parle en finesse, du temps qui passe, de mortalité, de souvenir, de gloire. "Ceci aussi passera". Memento Mori.
Les actions héroïques sont à peine suggérées par des flash-backs, qui sont plutôt centrés sur les pauses à l'auberge, et sur toutes les fois où Frieren n'a pas compris la logique humaine, et le fait qu'ils partagent la conscience aigue de leur fin prochaine, là où elle a tout son temps.
Inconsciemment, toutes ses actions sont en fait le résultat de quelque chose qui lui avait échappé à l'époque, mais a fait lentement son chemin. La magie: elle en fait, sans passion, parce que c'est son talent. La collection de sort? Un jour, Himmel lui a dit que c'était un loisir intéressant. La quête d'une fleur qui a disparu depuis 30 ans? Un jour, Himmel lui a dit qu'elle étaient courantes dans sa région d'origine. Tout la ramène, comme une idée fixe, à ce disparu à qui elle n'a pas assez fait attention tant qu'il était encore là, mais lui manque cruellement maintenant.
Ces deux là étaient plus proches et semblables qu'elle ne le pensait, mais.. elle ne s'en est pas rendu compte. Et se met in fine à la recherche ( pour au moins les 10 prochains tomes sûrement ) en quête d'un sort lui permettant de converser avec le fantôme d'Himmel et lui dire, enfin, combien il a compté pour elle, l'a inspirée et l'a faite changer pour le mieux.

Tout ça porte en filigrane l'angoissante question " à quoi bon s'attacher aux gens, puisqu'ils vont mourir?" Les humains le savent: Leur fin annonce la nôtre et c'est en ça qu'elle est douloureuse, mais ils rendent notre court temps sur terre bien plus intéressant, bien meilleurs et que l'amitié rend cette réalité bien plus supportable.

J'ai donc réservé les tomes suivants, et j'attends avec impatience la suite de cette aventure contemplative, sans grosse action mais avec beaucoup de philosophie, et pas mal d'humour quand même. C'est triste, mais pas déprimant non plus. ( il est classé shonen, mais vu la thématique, j'aurais juré avoir affaire à un seinen)
Petit coup de coeur!