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jeudi 13 avril 2017

Je veux devenir moine zen! - Miura Kiyohiro

Encore une découverte de la promo des 30 ans Picquier.





Je veux devenir moine zen!
C'est en substance ce que le petit Ryôta, 8 ans, déclare un jour à ses parents. Le gamin a en effet l'habitude de suivre son père le dimanche lorsqu'il se rend au temple près de chez lui, pour des séances de méditation zazen. Chose surprenant, et en premier lieu pour les parents, Ryôta, qui est un enfant remuant et dissipé au quotidien, se change en enfant sage, calme et sérieux lors de ces séances. Mais pas d'inquiétude à avoir, ça lui passera.
Sauf que ça ne lui passe pas. De semaine en semaine, Ryôta tanne son père pour qu'il parle de lui à la nonne du temple, une vieille dame plutôt originale et décalée, qui boit des litres de thé, fume comme un pompier et rigole beaucoup. Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette facette joviale n'est en rien en contradiction avec sa vocation ascétique.
Car il y a dans le bouddhisme différents courants, exactement comme les différents ordres de moines européens. Plus ou moins stricts, plus ou moins détaché de la société civile, réclamant le célibat ou au contraire n'interdisant pas une vie civile et maritale, etc...
Et le courant de Bunkai-san la nonne ( ce terme me gêne, il sonne trop chrétien, de même que "l'abbesse" qui est utilisé dans la traduction. De fait elle est bonzesse. Je sais que c'est moche en français, que ça sonne trop "gonzesse", mais le fait est que c'est bien le terme qui désigne une femme bonze) est justement l'un des plus stricts, prônant le dénuement, le détachement. Son objectif avoué à elle est d'ailleurs de quitter le temple dont elle a la charge lorsqu'elle aura trouvé un successeur, et de repartir sur les routes comme vagabonde, à plus de 70 ans.
Un bien curieux choix donc que celui de Ryôta, qui veut d'emblée adhérer à cette voie d'ascétisme.
Mais même en grandissant, il n'en démord pas, c'est son choix, sa vocation, et rien ne se mettra en travers de ce projet, y compris sa famille de lus en plus déboussolée. Les parents s'interrogent, se disputent chacun accusant plus ou moins l'autre d'être la cause de ce choix, suspectent la nonne d'utiliser Ryôta pour arriver à ses fins, d'autant que la formation de moine exige qu'il rompe les liens avec sa famille, allant jusqu'à changer de nom.

Donc plus que le parcours de Ryôta et de son choix de vie et professionnel, c'est les répercussions de ce choix sur sa famille pourtant laïque et très peu branchée religion qui sont au centre du livre. Le père participe à des séances de méditation, mais plus pour le côté spirituel que réellement religieux (oui il y a une différence).
Et aussi en filigrane, la problématique de ce qui peu se passer lorsqu'un enfant ou quelqu'un en général ne suit pas la oie "habituelle", celle que ses parents avaient plus ou moins prévue pour lui. Sans avoir vraiment d'ambition arrêté pour leur fils, ils le voyaient plutôt batteur dans un groupe de jazz, ou à la limite employé de bureau..et ce choix profond, assumé, décidé vient les prendre de court, au points qu'ils espèrent que la petite soeur, qui fait tout comme son grand frère, n'optera pas pour la même voie. Comment faire admettre à ses parents , à ses proches, que ce choix n'est pas dicté par l'envie de faire plaisir à quelqu'un mais bien personnel, quitte à les décevoir en n'étant pas le fils qu'ils auraient espéré? Car paradoxalement ils sont plus déçus de le voir embrasser une carrière religieuse relativement stable que s'il avait décidé de devenir batteur professionnel, donc artiste aux revenus irréguliers..

Un livre assez court que j'ai trouvé plutôt intéressant, déjà parce que sa problématique sort de l'ordinaire, en tout cas de ce que j'ai l'habitude de lire, et ensuite parce que c'est une approche littéraire d'un sujet, la spiritualité zen, qui m'est très peu connu. L'éditeur a d'ailleurs pensé à ses lecteurs novices en la matière en ajoutant un grand nombre de notes explicatives, ce qui permet de mieux cerner cette religion - surtout dans sa branche la plus ascétique - peu connue du grand public occidental.
Comme il s'agit d'un roman, la forme est un peu plus accessible que celle d'un essai.
Sans être un coup de coeur, c'est malgré tout une lecture intéressante. Et même parfois drôle avec la bonzesse, assez éloignée de ce qu'on pourrait imaginer d'une digne religieuse.



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