Oui, je fais les choses dans le désordre.. Et c'est seulement après avoir lu le 2° et le 4° que j'ai trouvé le tome 1.
Mitsuba , donc, raconte à peu près la même histoire que Tsukushi, mais d'un autre point de vue.
Une histoire d'amour qui tourne court à cause des conventions sociales et le la pression familiale.
Dans Tsukushi, on découvrait le point de vue de Yûko Tanase, réceptionniste dans une grande société commerciale, qui racontait comment, à la suite des pressions de sa famille, elle avait du quitter monsieur Aoki, son fiancé, pour épouser le fils d'un banquier qui finançait à la fois la société Goshima, où elle et Monsieur Aoki travaillaient , mais également celle où travaillait le père de Yûko. Par crainte de représailles envers son père et son fiancé, elle avait cédé pour un mariage de convenances, ni vraiment malheureux, ni tout à fait heureux. Un bonne partie de l'histoire est d'ailleurs consacrée à tout ce qui suit la rupture.
Dans Mitsuba, c'est le point de vue de Monsieur Aoki que l'on voit: comment il rencontre Yûko, et comment cette histoire va capoter à la suite d'interventions plus ou moins directes de ses supérieurs pour qui l'équation est simple: le fils de la banque qui nous finance veut épouser la réceptionniste, cette fille est donc un placement à ne pas laisser partir à la légère. Sa vie privée passe en second face aux intérêts de la société.
Plus que dans Tsukushi, c'est la pression sociale au sein de l'entreprise qui est évoquée, via la succession de blocages auxquels Monsieur Aoki se heurte. Il n'a pas le courage de suivre l'exemple d'un de ses collègues, mal vu par ses chefs car il ose préférer sa vie personnelle et familiale à son travail, et qui finit par démissionner plutôt que d'accepter de se sacrifier à son travail.Via aussi l'histoire de Monsieur Aoki senior, mort de surmenage au travail, quelques années plus tôt.
Au départ, j'ai un peu regretté de les avoir lus dans le désordre, parce que du coup, je savais ce qui allait se passer pour Yûko et son fiancé. Et que par conséquent, l'histoire de Monsieur Aoki, un personnage sympathique qui ne mérite pas ce qui lui arrive, me paraissant encore plus triste.
Mais au final, je me demande si ce n'est pas une bonne chose, car c'est vraiment dans Mitsuba qu'on apprend ce qui s'est passé après le point final de Tsukushi, et avant les autres récits, pour Monsieur Aoki senior ( son histoire est à peine évoquée dans les autres tomes, comme une vague anecdote, alors qu'elle est dramatique)
3° lecture de cette série et de cet auteur, et j'admire la façon qu'elle a de faire des histoires qui se complètent de tome en tome, s'éclairent l'une l'autre, tout en renouvelant les thèmes ( la pression sociale et le monde du travail dans Mitsuba, les traumatisme de guerre et la maladie dans Zakuro, les secrets de famille dans Tsukushi...), avec comme personnage récurrent une entreprise entière, la société Goshima autour de laquelle tournent toutes les histoires personnelles des personnages.
Vraiment, encore une très bonne lecture. Triste mais avec une note heureuse: l'ouverture d'esprit des héros qui résistent à leurs manière aux conventions et au repli sur soi - Monsieur Aoki et Yûko se rencontrent en cours de langue, Yûko rêve d'aller revoir Montréal qu'elle a visité étant jeune, et regrette d'avoir dû quitter Kobe, une ville qu'elle apprécie parce qu'elle est plus cosmopolite que Tokyo - on est en 1984. J'aime énormément leur état d'esprit. Ca et les petites notations temporelles ( il y est question du tremblement de terre de Kobe en 1995, je m'en souviens bien c'était l'année de mon bac...)
Bon, hé bien le tome 3 m'attend! Jusqu'à présent énorme coup de coeur pour cette série de courts romans, aux titres végétaux ( Mitsuba signifie " 3 feuilles", un surnom pour le trèfle qui sert d'enseigne à un café)
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