Au Japon dans une centaine d'années. La société est sous contrôle d'une entité nommée " système Sybil" qui organise tout au mieux. Les gens sont sélectionnés dès leur enfance selon leurs aptitudes afin de remplir la tâche qui leur convient le mieux. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes tiré au cordeau, plus besoin de réfléchir ou de se compliquer la vie, tout le monde est destiné à être heureux.
Vous savez comme moi que rien n'est plus faux, et qu'il n'y a pas pire cauchemar qu'un monde utopique.
L'autre grande application du système Sybil, c'est la loi et la justice Pour s'assurer que rien ne viendra perturber le bon fonctionnement de la société, il a été mis en place un contrôle très sévère de l'état nerveux de tout-un -chacun, appelé le Psycho-pass, sorte de code couleur qui varie en fonction de l'état de stress, que la police peut scanner, afin d'arrêter les potentiels criminels AVANT qu'ils n'aient même l'idée de passer à l'acte.
c'est bleu, le chiffre est au dessous de 160, donc, c'est bon..le chef n'est pas encore dangereux |
une chose que j'ai apprécié dans cette série: des personnages d'âge varié. C'est tout bête, mais là, tout le monde n'a pas l'air d'avoir 25 ans, et ça fait plaisir et ça ajoute en crédibilité. |
C'est dans ce monde que commence à travailler Akane Tsunemori, inspectrice débutante, qui va devoir superviser une équipe d'exécuteurs: à eux le sale boulot de neutraliser d'arrêter les gens, car fréquenter de trop près les vrais criminels peut réveiller vos propres instincts dangereux, comme ça la vraie police garde les mains propres et un psycho-pass clair. Car bien sûr, et c'est ce qu'Akane découvre vite, personne n'est à l'abri d'un coup de stress qui peut vous faire passer du jour au lendemain du mauvais côté de la barrière, et plusieurs des gens qu'elle a sous ses ordres ont été auparavant des flics comme elle, qu'une enquête plus dure que les autres a fait basculer du côté "criminels dormants", l'image de Kôgami, le collègue au caractère difficile dont elle se méfie d'emblée car il a a le plus fort risque théorique de basculer du côté des malfaiteurs. Kôgami lui renvoie surtout l'image de ce qu'elle-même pourrait devenir dans un futur plus ou moins proche si elle n'arrive pas à garder des nerfs d'acier.
Dans cet univers, on peut instantanément changer de vêtements grâce à une boîte à hologramme ( le rêve: bosser en pyjama et donner l'illusion d'avoir la tenue réglementaire) |
Ce qu'elle découvre aussi, c'est la logique implacable du système Sybil. Dès l'épisode 1, une femme est enlevée et torturée par un criminel, qui se retrouve neutralisé. Sauf que la victime peut à son tour développer des instincts de conservation passant par la légitime défense, et donc la violence. Peu importe, pour le système, la victime devient à son tour criminel dormant à neutraliser. Aucune marge de manoeuvre, aucune place pour la réflexion, ce qu'Akane semble avoir du mal a accepter - on la comprend.
Et bien sûr d'enquête en enquête, une ligne directrice s'amorce: Akane qui se méfie de ces collègues "pas très clairs" et qui se rend compte que ceux que la société rejette sont simplement des humains, pris dans un système inhumain qui tente de tout niveler, et de fait, ne fait que les enfermer un peu plus tous les jours dans un cercle vicieux.
La facture du dessin animé en lui même est classique, conforme à e qui se fait à l'heure actuelle, rien de spécial de ce côté là, la narration aussi, est c'est quand même plutôt une bonne chose je dirais vu la complexité des thèmes et des réflexions qu'il peut faire surgir au sujet de la justice. Qu'est-ce qui est juste ou pas? Quel niveau d'illégalité peut être toléré? Doit-on condamner des gens sur un simple soupçon, parfois même dès l'âge de 4 ans, avant qu'ils aient commis quoique ce soit, pour préserver la tranquillité théorique de la société?
Que ça fait plaisir, mais que ça fait plaisir de voir ce genre de réflexions jaillir d'un dessin animé. Après que ce soit par la teneur des thèmes abordés que par la violence, ça n'est certainement pas un dessin animé pour les enfants, hein, l'élimination des criminels dangereux est quand même un poil gore. Ok, carrément gore par moment (il y a un épisode où un tueur maniaque fait de l'art avec les cadavres de ses victimes - et un petit clin d'oeil au passage au Silence des agneaux - par exemple, mais ça n'est pas de la violence gratuite juste pour le plaisir de faire du glauque, c'est intégré logiquement au récit.
Au passage, ce dessin animé se paye le luxe de citer le "discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité" de Rousseau, ou Kierkegaard, ça, j'avoue je ne l'avais pas vu venir. D'autres philosophes aussi, ou les tragédies de Shakespeare. Ou le sociologue français tout à fait contemporain Michel Wieviorka ( que la plupart des français ne connaissent pas, je suis restée sidérée de le voir cité dans un anime! et je ne le connais que parce que j'ai fais des recherches annexes pendant mes études de lettres, et qui a écrit en particulier sur les mouvements sociaux, les fondements du racisme et de la violence sociale) Et un anime qui a des références aussi pointues, je n'avais pas vu ça depuis.. en fait non, je n'avais jamais vu ça tout simplement, ça fait du bien de ne pas être prise pour une neuneu inculte.
L'autre bon point, c'est la technologie: les créateurs se sont vraiment fait plaisir à imaginer une technologie du futur. Montres et déguisement holographiques par exemple. Non parce que c'est ballot, mais quand je vois une série ou un film de SF censé se passer dans 50 ou 100 ans, où tout le monde bosse sur Windows 8 et ou la technologie est le must de 2012, ça me fait plutôt rire. Là, ça va, on a encore de a marge.
Après les images sont sous titrées en anglais, mais la série est facilement trouvable en streaming sous-titré français, ou doublé en français (elle a été récemment diffusée sur France 4, en VF mais je ne pense pas qu'elle soit accessible en replay. Mais pour moi, c'est VOST obligatoire, j'ai un mal infini à voir des séries récentes en VF)
Une série qui est un gros coup de coeur pour sa première saison, je pense que je chercherais la suite pour cet été.
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