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mercredi 12 mars 2014

Le Vent se lève ( long métrage d'animation) - Miyazaki H.

Voilà,c'est fait j'ai enfin pu aller voir le dernier Miyazaki (en date, mais aussi, il l'a promis, le dernier, tout court. enfin, il avait déjà dit ça pour Ponyo...)

Alors d'abord, je pousse ma beuglante contre mon cinéma Art et essai local, qui au fil des ans, a présenté tous les films Ghibli en VOST dès leur sortie. Et qui file vraiment un mauvais coton: Non seulement le Vent n'a été programmé qu'un mois après la sortie nationale, et seulement pendant les 15 jours des vacances scolaires. Il fut un temps ou l'annonce " c'est le dernier" leur aurait donné l'idée géniale de faire une rétrospective, mais là non. La personne qui choisit les programmes mise à fond sur le cinéma français " d'auteur" comme on le voit ailleurs ( ce qui fait qu'Adèle et Guillaume sont  à l'affiche depuis des semaines et des semaines) et loupe complètement, pour essayer de drainer peut être un public plus large, mais se coupe totalement de son public habitué, qui s'y rend quasiment uniquement pour les films étrangers en VOST.
Quand à "lettre à Momo", je n'étais même pas allée le voir, vu qu'il n'était disponible qu'en français.

Voilà, ça c'est fait... passons donc au film proprement dit. J'ai bien aimé je dirais, mais ça n'est pas mon préféré. Bon, le sujet est assez technique ( entre deux-guerres, la conception d'avions par un ingénieur, complètement à fond dans ce qu'il fait) ce qui peut rebuter le public qui vient là pour du merveilleux fantastique, Le Vent se lève est plus ancré dans la réalité, avec le tremblement de terre du Kantô, en 1923, le krach boursier de 1929, qui permettent de suivre, un peu, la temporalité. Un peu seulement, car, c''est là le principal problème, la narration est très floue et très éclatée, entrecoupée de séquences oniriques plutôt jolies, mais qui brouillent encore plus l'histoire
Il n'y a que moi qui ai pensé à Harry Potter en le voyant?

Après l'autre souci, c'est que Harry Jirô, le héros est à fond dans son travail. Mais vraiment à fond, ce qui en fait un personnage ni sympathique ni antipathique, mais constamment dans son monde qui ne voit ni n'écoute vraiment personne ( qui oublie constamment que sa soeur l'attend ou qui perd facilement le fil d'une conversation), ce qui n'aide pas non plus la narration.

Après je craignais une histoire d'amour un peu trop présente, on m'a dit "nonon, ça passe bien, en fait, ne ne voit quasiment pas la fille". Et je confirme. En fait, la fiancée, puis la femme du héros, qui est censé être le personnage triste -ou du moins à l'histoire tragique- est un personnage qui aurait gagné à être plus développé. Au départ elle est présentée comme une fille battante, qui veut lutter contre l'adversité que ce soit le tremblent de terre ou sa maladie, mais finalement.. pas grand chose.Jirô ne semble au final pas plus concerné que ça par l'état de santé de Naoko, du coup, le scénario s'en fiche un peu, et le spectateur également. C'est dommage, parce que c'est quand même le second personnage important de l'histoire.

par contre les représentations de mécanique, d'avions, de trains, de bus sont super fignolées, on sent qu'il s'est fait plaisir, ses machines ont un poids, une matière, une densité qui se ressentent bien à l'écran
Et comme toujours, j'ai préféré les personnages secondaires: le chef qui semble pénible au premier abord, mais s'avère un type compatissant, la soeur de Jirô, qui ressemble beaucoup à une version grande de Setsuko la petite fille boudeuse du Tombeau des lucioles. de même j'aurais apprécié d'en savoir plus sur le collègue de travail et copain de Jirô: une piste est lancée, lorsque le chef explique que Jirô ne devrait pas laisser son collègue utiliser ses plans, au risque de s'en faire un rival. Normalement, dans un film, ce genre  d'information sert un peu plus tard de ressort narratif, on s'attend à un développement que ce soit effectivement dans le sens d'une rivalité ou au contraire d'une amitié qui résiste à tout mais.. là aussi, la piste n'est pas exploitée, et c'est dommage. Pareil pour le type bizarre de l'hôtel où le héros prend ses vacances, j'ai presque cru que ça allait partir sur une intrigue d'espionnage, mais... non. Le problème de Jirô est qu'au final,il s'intéresse moins aux gens qui l'entourent qu'à son ami imaginaire, l'ingénieur italien qu'il voit en rêve. Espèce de nerd!

Bon, comme ça j'ai l'air d'être seulement négative, mais non, j'ai bien aimé, simplement ce souci de narration un peu floue, ces personnages secondaires qui aurait gagné à être plus caractérisés pour marquer mieux les esprits, ces pistes qui auraient pu être un peu plus exploitées font qu'à mon sens, c'est un sujet intéressant, mais un film qui restera secondaire dans la filmographie Ghibli.
Et c'est d'autant plus rageant qu'il ne manque pas grand chose pour en faire un bon film..
 Par contre il y a une chose en particulier que j'ai beaucoup aimé: le générique de fin, qui reprend tous les décors vus dans le film, en les vidant de leurs personnages, ce qui met en avant ce que j'adore en général chez Miyazaki: le sens du cadre et du décor, et le tout en 2D classique comme j'aime. Et il y a quelques références intéressantes ( Paul Valéry pour le titre, une mention de "la Montagne magique" de Thomas Mann, particulièrement à propos, puisqu'il y est aussi question d'un ingénieur en vacances à la montagne et du microcosme d'un sanatorium, l'authentique ingénieur italien Caproni et ses avions farfelus..) que j'ai appréciées.
J'aime beaucoup ce genre de plan, avec le personnage à peine visible qui donne un vrai effet de profondeur à l'image
Ou ça aussi, l'effet de flou sur les feuilles au premier plan est splendide


Enfin, à la sortie, il m'a quand même surtout donné envie de revoir Porco Rosso, qui était plus marquant sur une thématique proche.

Sinon, totalement en dehors, je me suis rappelé en voyant ce film que la loi sur le tabac, ben,ça n'est pas au Japon. Tout le monde passe son temps à fumer clope sur clope, ça m'a même étonnée que le gouvernement ne demande pas une censure comme ce fut le cas à un moment pour la pipe de Jacques Tati, effacée des affiches, ou la cigarette transformée en brin d'herbe de Lucky Luke. Pas que ça me dérange spécifiquement, mais juste que certaines scènes où on voit le héros fumer comme un pompier sont loooongues, looongues, sans que ça ne joue un rôle narratif , et auraient gagné à être écourtées, ou plus dynamiques. Voilà c'est ça, le scénario manquait d'ampleur, et m'a donc laissé suffisamment de temps pour me rendre compte de ça!

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