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dimanche 23 février 2014

La pierre et le sabre - Yoshikawa Eiji


Attention, coup de coeur! Mais coup de coeur géant!
 voici donc "la Pierre et le sabre" de Yoshikawa Eiji.. un pavé (780 pages et ce n'est que le premier volume d'un dyptique!) qui narre les aventures de Takezô et Matahachi, têtes brûlées et mauvais garçons d'un village de campagne du Kansai ( région d'Ôsaka/ Kyoto) qui rêvent de gloire et de brillante carrière militaire dans un pays encore plus ou moins féodal, mais sur le point d'être unifié par le shogun Tokugawa Ieyasu.

Comme il s'agit d'un roman historique, la plupart des personnages et des rebondissements importants sont véridiques et font partie de l'histoire du Japon. Takezô deviendra sous le nom de Musashi le plus célèbre escrimeur du pays, le parangon du samouraï même. Cette première partie narre ses exploits ( assez souvent contestables d'ailleurs) depuis la bataille de Sekigahara (octobre 1600, qui voit la victoire de Tokugawa Ieyasu et son accession au pouvoir) et l'évolution mentale, morale et technique du sauvageon Takezô et sa transformation en véritable kendoka digne de ce nom.

J'ai lu ici et là beaucoup de commentaires qui comparent le roman à "autant en emporte le vent", allez savoir pourquoi, pour moi, c'est plutôt du côté des "trois mousquetaires" qu'il faut lorgner. Et même, question structure, du côté du western. avec Musashi en bon - mauvais côté compris, Matahachi en truand ( un truand un peu minable qui usurpe l'identité d'un samouraï reconnu pour son propre profit), et Sasaki Kojirô en brute fière aux méthodes coercitives et aux motivations encore floues.

La bonne, la très bonne surprise, c'est que le roman mi action/mi philosophique ne traîne pas en longueur, la narration est bien maîtrisée en dépit de coups de théâtre un peu faciles - personnages qui se croisent et se recroisent à 500 m près sans jamais se voir), mais comme l'action est bien menée, ça passe bien. Et cerise sur le gâteau, l'auteur délaisse parfois son personnage central au profit des personnages secondaires souvent plus intéressants. Notamment les femmes. Que se soit Ôtsu, la groupie - désolée il n'y a pas d'autre mot!- de Musashi qui bien qu'elle pleure souvent, sait se montrer une femme de caractère, Akemi la malchanceuse exploitée depuis son enfance par sa maquerelle de mère, Yoshino Dayû la geiko symbole d'éducation et de classe, toutes ont leurs petits moments de gloire avec même quelques notations discrètement féministes qui font plaisir. Et surtout, allez savoir pourquoi, j'adore Ôsugi, la veille dame acariâtre qui a décidé de se venger d'un tort imaginaire que lui aurait causé le héros, et le poursuit avec une opiniâtreté souvent comique, n'hésitant pas, à 60 ans passés à provoquer en duel un escrimeur reconnu.

Matahachi le double "raté" du héros est intéressant aussi, peu de choses séparent les deux amis, si ce n'est d'avoir été bien aiguillé en ce qui concerne Musashi, on a souvent la sensation qu'il s'en est fallu de peu pour que les choses soient totalement différentes. La rencontre avec le moine farfelu Takuan et ses leçons très peu orthodoxes, un peu de chance, un peu plus de discipline aussi.

Et, comme il y a un second volume , j'ai hâte de savoir  ce que vont devenir les héros en partance pour la nouvelle ville d'Edo (Tôkyô), d'en savoir plus sur le mystérieux et fanfaron Sasaki dont l'affrontement inévitable avec Musahi promet beaucoup, de retrouver Takuan l'imprévisible moine, et surtout la vieille rombière Ôsugi qui m'a bien fait rire à ses dépends. Tant de questions en attente de réponses!

et puis cerise sur le gâteau, comme tout le volume se passe dans le Kansai ou j'ai passé quelques jours, c'est un vrai plaisir de voir à quoi ressemblent les lieux auxquels il est fait référence. Alors pour le plaisir:
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A Nara (Livre II: l'eau) La pagode Kofûkji et le Todaiji (plus grand bâtiment en bois du monde qui contient une statue géante du bouddha)
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A Kyoto le Kyomizudera (livre II, mémé Ôsugi provoque Musashi en duel devant ce temple et les badauds médusés)
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Ginkakuji ( temple d'argent, mentionné plusieurs fois dans le livre IV)
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et Gion, le quartier des plaisirs célèbre pour ses geiko, mentionné aussi plusieurs fois.
Bon Osaka et Himeji sont aussi  évoqués, mais je ne suis allée à Ôsaka que de nuit, dans un quartier hypermoderne, et Himeji est en travaux depuis des années. Donc, pas de photo utilisable.

( remise à jour d'un article posté en 2010, les photos datent du printemps 2007, si vous êtes curieux)

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